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5 mai 2017 5 05 /05 /mai /2017 22:55
Adieu aux bêtes, d'Antoine Jaccoud

Les bêtes auront disparu.

Retournées à la forêt pour quelques-unes.

Tout simplement disparues pour les autres.

 

Intituler son monologue Adieu aux bêtes, comme le fait Antoine Jaccoud, c'est admettre l'hypothèse de leur disparition, afin de nous rendre compte que nous n'aimons ces êtres que lorsqu'ils nous manqueront.

 

Si les bêtes disparaissent, ce ne peut être que de notre faute, prétend celui qui monologue. Il est, du coup, prêt à un arrangement pour qu'elles reviennent. Pourquoi ? Parce que nous avons besoin d'elles.

 

Elles devraient se laisser toucher parce que nous leur donnons de jolis noms: 

Aux choses, on ne donne pas de noms.

Pas de jolis noms en tous cas.

 

Aux choses, nous ne parlons pas. Enfin, en principe. Avec les bêtes, nous observons des rituels (qui sont souvent infantiles: ne le faisons-nous pas avec nos propres enfants quand ils sont encore tout petits ?).

 

Ces rituels existent parce que l'amour des bêtes est dans le sang de certains d'entre nous:

Soucis d'encre.

Bêtes à chagrin.

Hantise permanente de les perdre.

 

D'avoir cet amour dans le sang n'empêche pas d'aucuns de faire une différence entre les petits et les grands:

Manger les grands, les adultes, oui, à la rigueur, en tout cas à l'époque, à l'époque d'avant l'adieu aux bêtes, mais dévorer les petits, ronger les os des petits, ça non.

 

A toi, l'humain, le monologueur rappelle, en passant, que: où qu'elle soit la bête ramène le sale dans ton existence (alors que tu as appris dès l'enfance à ne pas l'être).

 

Ce n'est pas plus mal:

Le propre inhibe. Le sale fait de toi un homme libre.

Le sale est le jeu tandis que le propre est la punition.

 

De médire des bêtes ou de les manger, tu n'as pas de quoi être fier. A quoi bon t'en confesser, puisque le mal est fait de toute façon. Changer de pitance ne t'a en effet servi à rien, puisque d'autres que toi en ont pris prétexte pour accélérer le départ des bêtes...

 

Beau résultat, après quatorze mille ans :

Nous voilà seuls.

Entre nous, somme toute.

 

Francis Richard

 

Adieu aux bêtes, Antoine Jaccoud, 76 pages éditions d'autre part

 

(Ce monologue a été créé sous le titre Le Zoophile, au Théâtre de Vidy, à Lausanne, le 27 avril 2017)

 

Livre précédent chez le même éditeur:

 

Country (2016)

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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