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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 19:45

Tran Khai Thanh Thuy et sa filleLe traitement que le régime communiste vietnamien a réservé à l'écrivain Tran Khai Thanh Thuy montre bien que ce régime a encore beaucoup de chemin à parcourir en matière de respect de la personne humaine.

  

Tran Khai Thanh Thuy a d'abord connu la prison pendant 9 mois en 2007, pour "trouble à l'ordre public". Puis le 8 octobre 2009 elle a été arrêtée pour les "coups et blessures" qu'elle a reçus, ce qui est, il faut bien l'admettre, un motif de poursuite judiciaire tout à fait inédit.

  

Ce jour-là cette femme redoutable, d'un mètre cinquante-deux, 50 ans aujourd'hui,  a en effet eu la mauvaise idée de vouloir assister au procès de six militants pro-démocratie. Arrêtée une première fois, elle est libérée et rentre chez elle. Elle et son mari, Do Ba Tan, y sont alors agressés par un inconnu, un certain Diep.

  

La police arrive peu après le départ de l'agresseur, sur plainte de ce dernier, qui accuse le couple de "coups et blessures". Pour preuve une photo, montrant leur "victime blessée", datée du ... 28 février 2005, prise donc plus de quatre ans avant les fameux "coups et blessures". 

Le 5 février 2010, au terme d'un simulacre de procès, tout aussi bidon que le chef d'accusation, Tran Khai Thanh Thuy et son mari Do Ba Tan sont condamnés respectivement à 42 mois d'emprisonnement et à 24 mois d'assignation à résidence.

Ces dissidents courageux font alors appel de ce jugement et la sentence tombe le 16 avril 2010 à l'issue d'un procès qui n'aura pas duré quatre heures : leurs condamnations sont bien sûr confirmées, ce qui ne surprendra personne, dans un pays où l'arbitraire règne.

 

Après l'inauguration du Chemin des Libertés, le 30 avril 2010 ici, l'assistance se rend à la mairie du Grand-Saconnex pour un verre de l'amitié. Au cours de cette réunion une toute jeune fille, étudiante à Montpellier, prend la parole.

 

Cette jeune fille, Do Thuy Tien, s'adresse au maire, Jean-Marc Comte, pour lui demander d'intercéder auprès du Ministre suisse des Affaires étrangères en faveur de sa mère, Tran Khai Thanh Thuy, condamnée à trois et demi de prison pour délit d'opinion, maquillé en violence grâce à un montage digne des heures soviétiques les plus sombres.

 

A la suite de cette réunion Jean-Marc Comte, dépose un dossier complet à la Mission du Vietnam auprès des Nations-Unies. En Suisse, avant cette condamnation, comme le rappelle un communiqué du Cosunam ici, daté du 26 juin 2011, "à l'initiative du Cosunam et du Viet Tan, de nombreuses personnalités politiques sont intervenues en sa faveur auprès des représentants de Hanoi".

Le communiqué du Cosunam rappelle aussi qu'"en octobre 2010, le secrétaire général du parti Radical genevois Rolin Wavre s'est rendu au Vietnam pour rendre visite à sa famille et à son mari et obtenir un droit de visite".

Ces interventions, de même que la pression internationale, ont porté leurs fruits, puisque, le 23 juin 2011, Tran Khai Thanh Thuy a été libérée de prison et expulsée aussitôt vers les Etats-Unis "pour des raisons humanitaires". Elle est arrivée le même jour à San Francisco avec sa fille de 14 ans [la photo provient d'ici].

S'ils ne respectent pas la dignité humaine, les régimes totalitaires ont un souci de respectabilité fort intéressée... C'est pourquoi ils n'aiment pas les campagnes d'opinion internationales qui montrent que leur progrès en matière de droits de l'homme n'est qu'une façade. Ces campagnes pourraient remettre en cause des relations internationales indispensables à leur survie.

En expulsant Tran Khai Thanh Thuy les dirigeants vietnamiens savaient ce qu'ils faisaient. Il y a quelques années, en 2007, après sa première libération, cette femme courageuse s'était refusée à quitter le pays :

"Les complaintes d’un oiseau en cage, avait-elle dit alors, ont plus de chance d’être entendues que celles d’un oiseau qui s’envole parmi tant d’autres."

Francis Richard

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Écrivains et journalistes réduits au silence, <br /> ne les oublions pas<br /> <br /> Nous sommes tous conscients du danger que l’impunité pour les crimes contre les écrivains et les journalistes représente pour la liberté, la démocratie et la paix. Au Mexique, ce mois de novembre, chaque jour est le Jour des Morts. La récente tragédie des étudiants disparus nous rappelle que là-bas et partout ailleurs dans le monde, nos écrivains et journalistes deviennent des otages. <br /> Souvenons-nous que le 15 novembre, c’est la Journée de l’Ecrivain emprisonné, et le 23 novembre, la Journée contre l’Impunité. Nos écrivains et journalistes, porteurs de rêves et d’aventures, témoins des réalités humaines, ont été agressés, torturés, emprisonnés, portés disparus ou contraints à l’exil à cause de leurs écrits ou leurs paroles. Le Comité de PEN International des écrivains en prison a recensé plusieurs centaines de cas d’attaques pendant les 12 derniers mois. Des centaines de prisonniers croupissent dans les camps de travail forcé. Ultime forme de censure: tuer l’auteur dont les mots dérangent. Une trentaine d’assassinats ont été révélés: <br /> Désiré OUÉE (Côte d’Ivoire), Adel Mohsen HUSSEIN, Kawa Ahmed GERMYANI et Samira Saleh AL-NAIMI (Irak), Miguel Ángel GUZMÁN GARDUÑO, Jorge TORRES PALACIOS, Octavio ROJAS HERNÁNDEZ, Abdul Rasool KHATTAK, Irshad MASTOI, Víctor PÉREZ PÉREZ, Jesús Antonio GAMBOA URÍAS et María del Rosario FUENTES RUBIO (Mexique), Abrar TANOLI, Abdul Rasool KHATTAK, Irshad MASTOI et Nadeem HYDER (Pakistan), Rubylita GARCIA (Philippines), Sai REDDY (Inde), Suon CHAN (Cambodge), Kamol DUANGPHASUK (Thaïlande), Timur KUASHEV (Russie), Vyacheslav VEREMYI (Ukraine), Isaiah Diing Abraham Chan AWUOL (Soudan Sud), Hashem SHAABANI (Iran), Mo’az AL-KHALED (Syrie), Sardar AHMAD et Palwasha Tokhi MERANZAI (Afghanistan), Mayada ASHRAF (Egypte), Pablo MEDINA VELÁZQUEZ (Paraguay), Aung Kyaw NAING (Birmanie), Meftah BOUZID (Libye), Pedro PALM (Brésil).<br /> Célébrant ces événements de novembre, PEN International porte son regard sur 5 situations représentatives de la répression sans frontières: Gao YU, journaliste et professeur, disparue le 23 avril 2014 (Chine), Azimjon ASKAROV, journaliste ouzbèk, prison à perpétuité en juin 2010 (Kirghizistan), Mahvash SABET, poète et professeur, 20 ans de prison en juin 2010 (Iran), Dieudonné Enoh MEYOMESSE, poète, 7 ans de prison en décembre 2012 (Cameroun) et Nelson AGUILERA, écrivain et professeur, 30 mois de prison en novembre 2014 (Paraguay). <br /> En octobre dernier, le Congrès du PEN International à Bichkek, en Kirghizistan, a exprimé ses profondes inquiétudes face à la situation dégradante de la liberté d’expression et d’opinion en Russie, en Ukraine, à Cuba, au Mexique, en Chine, au Tibet, en Xinjiang, en Ethiopie, en Iran, en Turquie, au Honduras, en Syrie, en Corée du Nord, au Kirghizistan, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis, en Azerbaidjan, en Erythrée et au Viet Nam. <br /> Dans ce dernier pays, plusieurs écrivains, journalistes, blogueurs, avocats et défenseurs des droits humains ont été condamnés à de lourdes peines de prison, suite à des procès inéquitables. Les plupart de ces prisonniers sont en très mauvaise santé. Les cas que nous trouvons particulièrement préoccupants comprennent, parmi tant d’autres : <br /> 1.- Ho Thi Bich Khuong, blogueuse, défenseur des droits de l'homme et auteure d'un mémoire en prison, de poèmes satiriques et d'articles en ligne. Interviewée par une radio étrangère, elle a dénoncé les abus de pouvoir à l'encontre de paysannes pauvres. Elle a été arrêtée en décembre 2010 et condamnée en décembre 2011 à 5 ans de prison et 3 ans de détention probatoire, après avoir purgé deux peines de prison en 2005 et 2007. Elle avait auparavant été violemment agressée et soumise à de brèves détentions. En prison, elle a été torturée et sévèrement tabassée par des détenues de droit commun. D'autres agresseurs lui ont fracturé le bras gauche au cours de la détention précédant le jugement. Elle est tenue à l'isolement et en très mauvaise santé; <br /> 2.- Ta Phong Tan, blogueuse prolifique, juriste, membre du Club des Journalistes Libres banni. Elle a été arrêtée en septembre 2011 et condamnée en septembre 2012 à 10 ans de prison et 3 ans de détention probatoire. Elle est l'auteure de plus de 700 articles sur la corruption, les abus de pouvoir, les confiscations arbitraires de terres et la maltraitance d'enfants. Ses écrits sur le blog ont été les plus lus dans de nombreux médias importants et de services de diffusion étrangers. Depuis 2008, elle a été brutalement harcelée et brièvement détenue bien des fois. Le 30 juillet 2012, sa mère est décédée après s'être immolée pour protester contre la détention arbitraire de sa fille. Elle se trouve en très mauvaise santé. Par ailleurs, le régime de Hanoi sans scrupules utilise des écrivains et journalistes emprisonnés comme monnaie d’échange. Contre la signature d’éventuels contrats lui permettant surtout d’acheter des armes de guerre jusque-là interdits. Il relâche les prisonniers de conscience malades, au compte-goutte et les contraint à l’exil à l’étranger immédiatement. Leurs peines sont suspendues mais non pas annulées. <br /> Exprimons donc notre indignation, écrivons notre solidarité avec les gens de plume et les professionnels de l’information contre l’ombre du menace, de la complicité et de la complaisance. Elevons notre voix, même brisée, pour allumer une bougie, si fragile soit-elle, contre la nuit glaciale de l’indifférence, du silence et de l’oubli. <br /> Nguyên Hoàng Bao Viêt <br /> Centre Suisse Romand de PEN International<br /> (Comité des Ecrivains en Prison CODEP/WIPC)<br /> -------------------------------------------------------------------------------------------
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L
<br /> <br /> En Chine comme au Vietnam, les dissidents sont expulsés à l'étranger. Mais un jour, comme en Egypte et en Tunisie, la démocratie et les droits de l'homme triompheront.<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Ils triompheront.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En attendant les dissidents expulsés témoignent de l'enfer qu'ils ont vécu dans des paradis qui s'ignorent.<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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