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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 12:00

Echec euroTelle était le titre de la conférence organisée à Genève, mercredi soir 21 novembre 2012, par l’Institut Libéral.

A cette question ont répondu deux intervenants, Philippe Simonnot et Pierre Leconte, qui ont traité chacun un thème connexe.

Philippe Simonnot, économiste, co-auteur de La monnaie, histoire d’une imposture, a montré dans sa communication que la manipulation monétaire était à la source des crises.

Qu’est-ce que la monnaie? La monnaie est à l’origine une marchandise, qui facilite l’échange volontaire entre deux parties qui y gagnent.

En l’absence de monnaie, plus le nombre de marchandises augmente, plus le nombre de prix nécessaires pour les valoriser entre elles, et les échanger, augmente. Ainsi l’échange de 100 marchandises nécessite-t-il la fixation de 4'950 prix. En présence de monnaie, chaque marchandise a son  prix. Il suffit donc alors de fixer 100 prix. Ce qui correspond à la loi humaine du moindre effort…

Quelles sont les qualités requises pour une monnaie? La facilité de transport, la sécurité, la divisibilité, la conservation de valeur à travers le temps.

Très naturellement, et très spontanément, les métaux précieux, qui ont ces quatre qualités, ont joué le rôle de monnaie-marchandise. Il n’y a pas eu besoin d’intervention de l’Etat pour ce faire, sinon, éventuellement, pour certifier leur aloi, comme peuvent être certifiés par lui les poids et les mesures.

Dans le cas des poids et mesures, l’intervention de l’Etat est bénéfique parce qu’ils ne sont pas facilement modifiables, tandis que, dans le cas de la monnaie, celle-ci étant modifiable à l’envi, elle peut ne pas l’être du tout. Car, la tentation est grande pour l’Etat de succomber au vice de modifier l’aloi, ce à quoi il s’est adonné sans vergogne quand il s’est finalement approprié la monnaie.

La monnaie-marchandise – c’est-à-dire les métaux précieux –, a été remplacée par de la monnaie de banque. A ce sujet, parmi les partisans de l’économie de marché, il y a deux écoles qui s’affrontent: celle qui défend les réserves à 100% et celle qui défend les réserves fractionnaires.

Dans le cas de 100% de réserves, les dépôts sont disponibles à tout instant, ce qui empêche toute utilisation frauduleuse, mais pose la question du paiement du service bancaire. Cette école s’inscrit dans la tradition du droit romain.

Dans le cas des réserves fractionnaires, les banquiers créent plus de monnaie qu’il n’y a de réserves. Les banquiers gagnent de l’argent et disposent d’un pouvoir explosif. Cette tradition remonte aux banquiers juifs et s’inscrit dans celle du talmud.

Le principal défaut de cette dernière école est que la concurrence aboutit à des oligopoles qui, étant de plus en plus gros, peuvent faire appel aux banques centrales, organismes étatiques, pour se refinancer. Se pose alors la question posée par Juvénal en son temps: qui garde le gardien? Autrement dit, qui empêche les banques centrales de créer de la monnaie indéfiniment ?

En matière monétaire le seul gardien possible est l’or. Il a été progressivement abandonné. En 1914 les gens ont pris peur et ont réclamé leur or et, en conséquence, l’étalon-or a été suspendu. A partir de là, par étapes successives – Gênes en 1922 et Bretton Woods en 1944 –, l’or a peu à peu perdu son rôle de gardien qui empêchait les crises.

Le 15 août 1971, la décision unilatérale de Richard Nixon de non convertibilité du dollar en or a parachevé la suppression de ce gardien, ouvrant la voie à toutes les crises qui ont suivi.

De Napoléon à la guerre de 1914 le franc français n’avait pas bougé. A partir de 1914 jusqu’à sa disparition, il a perdu 99,99% de sa valeur…

Pierre Leconte, président du Forum monétaire de Genève, dans sa communication, a expliqué pourquoi l’euro a échoué [la photo ci-dessus provient d'ici].

Selon lui il y a cinq niveaux d’explication:

-          L’euro n’a pas une qualité supérieure aux monnaies nationales: on est passé d’un monopole étatique au niveau national à un monopole étatique au niveau supranational;

-          La convergence entre les pays de la zone euro n’a pas eu lieu, que ce soit au niveau macro-économique ou au niveau micro-économique;

-          La zone euro n’a pas un caractère optimal;

-          La construction européenne n’est pas plus démocratique qu’auparavant, au contraire;

-          L’euro ne fait pas le poids dans la concurrence avec le dollar (62% des réserves des banques centrales sont libellés en dollars, 24% en euros). 

La construction européenne a échoué parce que les technocrates à la tête de l’UE ont dissimulé aux peuples que leur objectif réel était de créer un Etat supranational et parce qu’il s’agissait d’une construction constructiviste: ils pensaient se servir de l’union monétaire pour aboutir à l’union politique (et ils le pensent toujours).

Les hommes politiques comme Charles de Gaulle avaient opté pour une coopération intergouvernementale et le maintien des monnaies nationales. Au lieu de cela les hommes politiques européens ont préféré opter pour une intégration forcée.

De cette intégration forcée il est résulté une confiscation des processus démocratiques  – comme les peuples ne veulent pas de cette intégration, on ne les consulte plus –, et une régression sociale – dans certains pays le taux de chômage atteint 25 à 30%.

Les pays faibles de la zone euro ont, comme les autres pays de la zone, emprunté de manière colossale, l’argent étant créé sans frein par les banques centrales. Les critères de Maastricht n’ont été respectés par aucun de ces pays. Comme monnaie unique ne signifie pas taux uniques, les difficultés ont finalement grandi pour les pays les moins crédibles, qui s’étaient jusque-là comportés en passagers clandestins.

Au sein de cette construction forcée, les pays les moins touchés veulent de moins en moins venir au secours des plus touchés. Cela se passe de même à l’intérieur des pays entre régions plus ou moins riches. La mutualisation des dettes y est par conséquent impossible, de même que les transferts. Les divergences économiques ne permettent pas non plus d’union fiscale qui serait refusée par les pays les plus vertueux et qui serait pourtant indispensable à une union monétaire.

Des économistes qui ne sont pas libéraux, tels que Jacques Sapir, en viennent à dire que la fin de l’euro ne serait pas un drame…

Alors, comment en sortir?

Il faudrait ne pas oublier que, quand il n’y a pas liberté monétaire, il n’y a pas non plus de liberté économique, ni de liberté politique.

Il faudrait redonner à l’or son rôle de monnaie, et de gardien, non pas en fixant des parités à la faveur d’une conférence monétaire, qui n’aura jamais lieu, mais en faisant le pari du marché pour les déterminer.

L’annulation du cours légal de la monnaie et la suppression de la taxe fiscale sur l’or devraient alors permettre l’éclosion d’une concurrence des monnaies jusqu’ici taboue, où les banques aux réserves à 100% pourraient bien, par le marché, prendre l’avantage sur les autres. 

Francis Richard

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 23:00

Théorie KeynesLes idées keynésiennes ont la vie dure. Pourtant elles se sont avérées complètement fausses. On croyait qu'elles avaient disparu. Il n'en est rien. A la faveur de la crise, elles sont réapparues.

 

Dans une publication parue ce jour sur le site de l'Institut Libéral ici, Richard Ebeling, professeur à l'Université Northwood, Californie, explique leur persistance en revenant sur la pensée keynésienne.

 

Il rappelle d'abord quelles sont les deux idées principales de l'oeuvre majeure de John Maynard Keynes, intitulée Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie:

 

"D’une part, l’allégation que l’économie de marché serait essentiellement instable et susceptible de générer de longues périodes de chômage et de sous-utilisation des capacités de production, et, d’autre part, la supposition qu’il appartiendrait aux gouvernements d’agir contre ces dépressions économiques, à l’aide des divers outils de politique monétaire et budgétaire à leur disposition."


L'interventionnisme étatique avait trouvé son théoricien. De défendre un état activiste et planificateur faisait-il de Keynes un socialiste ou un communiste? Certainement pas au sens strict. D'autant qu'il se prétendait théoricien d'un nouveau libéralisme, tout en considérant "l'individualisme démodé et le laissez-faire" comme des "fardeaux du passé".

 

Keynes s'oppose en fait à la théorie économique traditionnelle. En vertu de celle-ci:

 

"Si pour une raison quelconque une vague de pessimisme économique devait conduire à une baisse de la demande d’emprunts pour investir, les taux d’intérêt baisseraient, ce qui rendrait l’épargne moins attractive. En conséquence, les dépenses de consommation augmenteraient en parallèle. De cette manière, alors même que les dépenses d’investissement diminuent, les dépenses accrues des consommateurs compensent la différence et assurent le "plein emploi" de la main d’œuvre et des ressources de la société."

 

Selon Keynes la capacité et les désirs des hommes à inventer des façons d'améliorer leur vie seraient limités. Il en résulterait une épargne non utilisée et non investie. L'épargne, qui serait malgré tout investie, le serait de manière imprévisible à cause de l'irrationalité des entrepreneurs face à un futur incertain. Ce qui expliquerait les alternances d'expansions et de récessions, les longues périodes de chômage élevé et les usines inactives.

 

Seul l'Etat, par des politiques monétaires et budgétaires appropriées, serait à même de jouer un rôle stabilisateur, permettant le plein emploi et une production stable. En intervenant et en dépensant lui-même l'épargne inutilisée, l'Etat stimulerait l'activité d'investissement, quel que soit celui-ci, cela n'a pas d'importance.

 

Keynes pense que l'Etat, au contraire des entrepreneurs, est seul capable de calculer calmement sur le long terme ce qui est socialement avantageux pour un pays. A condition que soient aux commandes ceux qui ont les bonnes idées et les bons sentiments. Il n'explique pas comment sont déterminés les membres de la société qui répondent à ces critères...

 

Richard Ebeling rappelle que Keynes se présente lui-même comme un immoraliste, qu'il trouve absurde de renoncer à un bénéfice immédiat pour un avantage douteux dans le futur et que le Devoir varie en fonction des circonstances si le Bien est immuable et distinct.

 

Là encore Keynes s'oppose aux libéraux qui voient la nature invariable de l'homme et constatent que des institutions sociales, telles que la propriété privée, l'échange volontaire et mutuellement bénéfique, la concurrence pacifique et ouverte, permettent non seulement, d'améliorer la condition de l'homme et de servir ses propres intérêts, mais de servir ceux des autres.

 

A l'instar de Frédéric Bastiat  ou de Friedrich Hayek, les libéraux et les économistes classiques ne se contentent pas de ce qu'ils voient à court terme mais essayent d'appréhender, du mieux possible, ce qu'ils ne voient pas à long terme:

 

"L'un des usages de l'économie est de nous aider, au moins qualitativement, à anticiper les contours et les formes de ce futur, de par notre compréhension des lois du marché."

 

Keynes, en réalité, avec ses agrégats macro-économiques, tourne le dos aux fondements de l'économie:

 

"Après plus de deux siècles [depuis Adam Smith jusqu'à l'Ecole autrichienne], les économistes en sont venus à comprendre plus clairement que rien ne se passe dans "la société" ou sur "le marché" qui ne commence d’abord par les actions et décisions d’individus. En effet, "le marché" n’est rien de plus qu’un terme qui résume le lieu où des multitudes d’individus se rencontrent et interagissent en tant que fournisseurs et consommateurs dans le but de réaliser des gains mutuels par l’échange."

 

L'internaute intéressé lira avec profit le développement que fait Richard Ebeling sur les lois du marchés auxquelles John Maynard Keynes tente d'échapper.

 

Mais ces lois du marché découlent surtout d'une vision de l'homme étrangère à Keynes, pour qui l'homme est une créature irrationnelle, en laquelle il n'est pas possible de faire confiance pour prendre les bonnes décisions, aussi bien dans le présent que dans le futur.

 

Richard Ebeling pose les questions qui, du simple  fait de les poser, comprennent implicitement les réponses de cette autre vision de l'homme dont découlent les lois du marché:

 

"L’homme a-t-il droit à sa propre vie, à sa liberté et à sa propriété acquise honnêtement ? Considérons-nous l’homme comme un être rationnel et pensant, capable de diriger et de guider sa propre vie ? Les relations humaines doivent-elles être fondées sur le choix volontaire et l’accord mutuel ? Chaque individu doit-il être en mesure de concevoir les projets de sa propre vie et de coordonner ses actions avec celles des autres par le biais d’interactions pacifiques et concurrentielles sur le marché libre ? Allons-nous limiter le rôle de l’État à celui d’assurer le droit de chacun à être protégé de la violence et de la spoliation?"

 

A ces questions beaucoup de soi-disants économistes répondent par la négative, se trompent et trompent les autres.

 

Francis Richard

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 23:05

Jesus-Huerta-de-Soto.jpgSous ce titre, l'Institut Libéral publie ce mois-ci un rapport ici du professeur Jesús Huerta de Soto [photo ci-contre qui provient d'ici]  qui devrait donner matière à réflexion et susciter de saines et fructueuses controverses au sein même des libéraux.

 

En effet il rend les banques centrales "responsables de tous les bouleversements économiques engendrés par la crise et la récession qui touchent le monde".

 

Et il donne comme priorité leur élimination "pour parachever la chute du mur de Berlin et se débarrasser du socialisme réel qui persiste encore dans le secteur du crédit et de la monnaie"...

 

Dans ce rapport percutant, il voit l'origine de tous nos maux dans la loi bancaire Peel, promulguée en Angleterre le 19 juillet 1844, qu'il considère comme la mère de toutes les lois bancaires qui ont suivi.

 

Cette loi obligeait les banques à conserver des réserves à 100 pour 100 sur les billets de banque émis, mais n'imposait pas la même chose sur les comptes de dépôt à vue. Au moins trois siècles plus tôt, les Scolastiques de l'école de Salamanque avaient découvert que ces comptes de dépôt faisaient partie de l'offre de monnaie. Ils qualifiaient le non maintien de réserves à 100 pour 100 sur ces comptes de crime de détournement...

 

Jesús Huerta de Soto montre que le seul processus vertueux d'accumulation de capital est basé sur l'épargne véritable.

 

Il explique que, quand se produit une baisse significative des ventes de biens de consommation, les entrepreneurs y voient le signal qu'ils doivent rediriger leurs investissements vers des industries de biens intermédiaires plus profitables. Alors l'épargne s'accroît. Le taux d'intérêt baisse. Les prix de biens de production augmentent. Des entrepreneurs investissent dans les industries des biens de production. Dans le même temps, les prix des biens de consommation stagnent ou baissent. Les entrepreneurs des biens de consommation cherchent "à substituer à la marge le travail par le capital". Leurs bénéfices augmentent en dépit de la baisse de leurs ventes. Leurs travailleurs se reconvertissent dans les industries de biens de production dont la demande s'est accrue.

 

En résumé, "cette nouvelle structure de production, plus intensive en capital, est tout à fait durable, puisqu'elle repose sur une véritable épargne".

 

Au contraire, quand les investissements sont financés "par un processus d'expansion artificielle du crédit, mené par les banques fonctionnant avec un système de réserves fractionnaires et dirigé par la banque centrale, prêteur de dernier ressort", des bulles se créent, suivies de récessions.

 

Les prêts accordés ont pour contrepartie de la monnaie scripturale, créée ex nihilo. Les investisseurs peuvent financer n'importe quel projet, même déraisonnable, à un taux d'intérêt très faible. Ils privilégient d'investir dans des industries de production. Mais cette fois des ressources productives des biens de consommation ne sont pas libérées. Tous les prix augmentent, qu'il s'agisse des prix des matières premières, des facteurs de production, des biens de production ou des titres qui les représentent. Tout le monde est content. En réalité une bulle s'est créée. Et se terminera par... une récession.

 

Car le marché aura découvert les erreurs commises et six causes entraîneront "le renversement du boom articificiel":

- l'augmentation du prix des facteurs de production

- l'augmentation subséquente et plus grande du prix des biens de consommation

- l'augmentation relative substantielle des profits des entreprises les plus proches de la consommation finale

- la baisse du salaire réel dans ces entreprise et la substitution du travail au capital, d'où la réduction de la demande pour les biens de production

- l'expansion du taux d'intérêt quand le rythme de l'expansion cessera de s'accélérer (les primes de risques seront plus élevées): les entrepreneurs qui auront fait de mauvais investissements demanderont des crédits additionnels

- la découverte de lourdes pertes par les entreprises qui évoluent dans les stades de production relativement plus éloignées de la consommation.

 

La crise bancaire résultera alors de la valeur plus basse des actifs bancaires par rapport au passif demeuré constant. Pour éviter l'écroulement du système bancaire la banque centrale viendra à son secours.

 

Le boom économique est en effet le résultat d'une illusion:

 

"L'expansion du crédit bancaire pendant la période de boom encourage les entrepreneurs à agir comme si l'épargne avait augmenté alors que cela n'est en réalité pas le cas."

 

La crise actuelle résulte d'une expansion artificielle majeure du crédit de l'investissement depuis 2001, qui n'a pas été soutenue par une expansion parallèle de l'épargne volontaire des ménages. La productivité a augmenté considérablement et la déflation naturelle qui aurait dû en résulter a été masquée jusqu'à ce que la récession ne se produise. Les facteurs déclencheurs de la crise ont été cette fois la hausse des matières premières, la crise des subprimes aux Etats-Unis, la faillite d'institutions financières dont la valeur des dettes excédait celle des actifs.

 

Jesús Huerta de Soto souligne, au passage, le rôle néfaste des nouvelles règles comptables internationales, qui, au lieu "de permettre une gestion prudente de chaque entreprise pour empêcher la consommation de capital", prétendent en refléter la "vraie" valeur...

 

Qui sont les responsables de la situation actuelle?

 

En premier lieu les banques centrales. Pourquoi? Parce que ces agences de planification centralisée dirigent la politique monétaire. Or "les planificateurs centraux de la monnaie centralisée sont incapables de connaître, de suivre ou de contrôler les changements tant dans la demande que dans l'offre de monnaie".

 

En second lieu les banques commerciales. Pourquoi? Parce que, pouvant utiliser un système de réserves fractionnaires, elles créent des "dépôts qui se matérialisent sous forme d'expansion de crédit, laquelle finit irrémédiablement par une crise et par une récession".

 

Quels sont les scénarios possibles?

 

- L'effondrement du système bancaire basé sur des réserves fractionnaires

- Le "remède inflationniste"

- Le crédit facile accompagné d'interventions étatiques, comme au Japon

- Le réajustement microéconomique par l'ordre spontané du marché, en dépit de toutes les interventions étatiques.

 

Pour que ce dernier scénario soit possible, encore faut-il que l'économie soit libéralisée à tous les niveaux, notamment à celui du marché du travail, que les dépenses publiques et les impôts soient réduits et que "le système financier et bancaire mondial soit entièrement refondé sur les principes généraux de propriété privée qui constituent la fondation essentielle du système capitaliste et qui requièrent une réserve à 100 pour cent pour tout contrat de dépôt".

 

Ce qui suppose l'élimination des banques centrales, "la privatisation totale de la base monétaire fiduciaire, actuellement émise de manière monopolistique par l'Etat, et son remplacement par un pur étalon-or classique".

 

Francis Richard

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 14:50

Peugeot-Logo.jpgToute la semaine qui vient de s'écouler les Français ont été tenus en haleine. Le gouvernement Ayrault avait un plan pour sauver l'industrie automobile française. On allait voir ce qu'on allait voir...

 

Comme c'est dans les vieux pots socialistes que l'on fait la meilleure soupe populaire, le gouvernement a décidé d'augmenter les dépenses publiques pour relancer la demande artificiellement.

 

Appliqué, ce plan serait désastreux comme je le montre dans l'article que je publie ce jour sur lesobservateurs.ch

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31 mai 2012 4 31 /05 /mai /2012 21:50

IMD.jpgL'IMD, l'International Institute for Management Development de Lausanne, effectue un classement annuel mondial de la compétitivité depuis 1989.

 

Pour la première fois la Suisse fait partie des 3 premiers pays sur les 59 qui sont pris en compte dans ce classement, derrière Hong Kong et les Etats-Unis ici.

 

Ce classement se base sur 329 critères. Pour deux tiers il s'agit d'indicateurs statistiques et pour un tiers de perceptions de 4'200 leaders d'opinion.

 

Pour apprécier la compétitivité d'un pays l'IMD ne se base donc pas uniquement sur la croissance, la richesse ou la taille économique. Il se base aussi, par exemple, sur les compétences humaines, sur l'esprit d'entreprise ou l'environnement favorable au business.

 

Au cours des dix dernières années, dans ce classement, la Suisse a progressé de la neuvième place, en 2003, en dépit de deux rétrogradations (de cinq rangs en 2004 et d'un rang en 2011) à la troisième place cette année.

 

Hong Kong occupe la première place en raison de son dynamisme en termes d'exportations, d'attitudes et de valeurs favorisant l'ouverture et l'échange; les Etats-Unis en raison de leur domination en termes de puissance économique unique, de dynamisme des entreprises et de capacités d'innovation.

 

Les appréciations sur la Suisse qui reviennent le plus sont:

 

- la stabilité politique et la prévisibilité

- la compétence de la main-d'oeuvre

- le régime fiscal compétitif

 

Le rapport souligne que les finances publiques y sont de fait bien gérées, que le frein à l'endettement voté en 2003 a fait ses preuves de manière durable et effective (la Suisse est peu endettée en comparaison de l'ensemble des pays) et que le taux de chômage y reste bas grâce à une évolution dynamique du marché du travail.

 

Le rapport fait toutefois part des craintes que suscite le franc fort (c'est pourquoi la politique du taux plancher de la BNS vis-à-vis de l'euro est approuvée), qui pourrait se traduire par la délocalisation de productions et de recherches et développements.

 

Ces craintes semblent injustifiées. En effet le franc fort oblige les entreprises helvétiques à faire des efforts de productivité incomparables, leur donnant de l'avance dans la compétition internationale, et leur permet d'acquérir à bon compte des unités à l'étranger. Ce qui ne peut être que bénéfique pour l'économie suisse tout entière.   

 

De même semblent injustifiées les craintes dues à la baisse de la demande dans les pays de l'UE, premier débouché des exportations suisses. En effet le rapport salue la diversification opérée par nombre d'entreprises helvétiques dans des niches de produits et services soumis à une moindre concurrence internationale, d'où une moindre vulnérabilité.

 

Dans le cas de la Suisse la compétitivité provient donc surtout d'un Etat plus stable, moins imprévisible, qui n'entrave pas la fluidité du marché du travail par des rigidités et qui est surtout moins endetté, donc moins confiscatoire que bien d'autres. 

 

Il y a donc de quoi se réjouir de la place obtenue par la Suisse dans ce classement. Qui récompense un moindre interventionnisme de l'Etat dans l'économie et administre la preuve que ce n'est pas la taille d'un pays qui fait son salut économique mais les libertés d'action qui sont laissées à ses entreprises.

 

Francis Richard

 

Présentation, en anglais, du rapport, par Stéphane Garelli, Directeur de l'IMD World Competitiveness Center :

 

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 21:00

Protectionnisme.jpgEn période de crise le libre-échange n'a pas bonne presse. Le protectionnisme [la photo provient d'ici] reprend des couleurs.

 

Le protectionnisme est pourtant une illusion d'optique. On voit la protection, on ne voit pas les chaînes.

 

Le protectionnisme est démagogique. Pour certains candidats à la présidentielle française il est la panacée, recommandée par des médias hexagonaux, de droite comme de gauche, pour, dit-on, faire face  à la crise.

 

Les médias suisses ne font pas exception, oubliant que la prospérité helvétique, dans bien des domaines, est due aux bienfaits de la liberté de ses échanges avec nombre de pays. Dans ce contexte de liberté, le franc fort ne s'est d'ailleurs pas révélé catastrophique pour la Suisse comme le prophétisaient des Cassandre. Il a plutôt servi d'aiguillon, qui l'a obligée à s'adapter.   

 

L'Hebdo, qui exerce un monopole hebdomadaire de fait dans la presse suisse romande et pour qui les tendances interventionnistes n'ont rien d'étranger, consacrait la semaine dernière pas moins de six pleines pages à justifier une dose de protectionnisme "pour rétablir des équilibres sociaux et environnementaux".

 

Dans un premier article, Philippe Le Bé la justifiait en six points :

 

1 Dans le monde, le protectionnisme est à la hausse : c'est tendance... 

2 Limiter le libre-échange, officiellement, c'est mal : c'est ce qu'on dit...

3 Nuire aux importations peut nuire aux exportations : on veut le beurre et l'argent du beurre...

4 Une dose de protectionnisme est parfois nécessaire : on est pour le libre échange avec modération... quand ça arrange...

5 Mesurer les normes environnementales, ce n'est pas simple : la nature est complexe...

6 Vers un "autoprotectionnisme intellectuel" : c'est une question de rééducation que de n'acheter que local ...

 

Dans le point 3, le journaliste de l'hebdomadaire romand nous faisait part de l'approche de l'économiste Jacques Sapir. Ce dernier justifie une dose de protectionnisme par la concurrence déloyale que feraient aux pays développés les pays où les rémunérations et la protection sociale sont basses.

 

Dans le point 5, il cite Adèle Thorens, conseillère nationale du parti des Verts : "S'il existait des règles au niveau mondial qui, dans la fixation du prix des marchandises, prenaient en compte les coûts sociaux et environnementaux, le protectionnisme que je n'apprécie guère serait inutile." (elle l'apprécie quand même un peu...).

 

Dans le point 6, il cite de nouveau Jacques Sapir, partisan d'"un juste échange". Selon ce dernier l'OMC , l'Organisation mondiale du commerce, devrait définir "de nouvelles normes adaptées à la productivité des pays ainsi qu'à leurs différentes branches de production". Il évoque la proposition de Robin Cornelius de rendre le consommateur responsable de ses achats en l'orientant dans ses choix par une sorte de sceau d'infamie qui serait apposé sur les produits à ne pas acheter à tel moment, ou pour telle raison.

 

Dans un deuxième article Philippe Le Bé recueille des propos de Pascal Lamy, qui est justement le directeur général actuel de l'OMC. Ce dernier dit fort justement : "Davantage d'échanges entraînent davantage d'efficience. Chacun produit ce qu'il produit le mieux et achète chez d'autres ce qu'il produit le moins bien."

 

Mais, inconséquent, il ajoute que si les marchés intègrent dans les prix le coût des atteintes à l'environnement, ils fonctionnent correctement, sinon qu'il faut les réglementer. Il s'enorgueillit des règles édictées par l'OMC qui permettent de dresser des barrières techniques pour restreindre les échanges, des mesures antidumping ou des clauses de sauvegarde qu'instrumentalise l'organisation mondialiste qu'il dirige.

 

Dans ces deux articles pas un mot pour dire sur quel principe se fonde le libre échange, pas un mot pour remettre en cause le modèle social des Etats-Providence, qui les entraîne pourtant toujours plus vers le fond, sans qu'il ne soit besoin de concurrence déloyale pour ce faire, pas un mot pour souligner le rôle néfaste des Etats ou des organisations internationales, dont les interventions sont à l'origine des dysfonctionnements.

 

"L'ECHANGE est un droit naturel comme la PROPRIETE" écrivait Frédéric Bastiat.

 

C'est pourquoi l'échange doit être aussi libre que doit être libre la disposition de ses biens au sens large, dans la mesure, bien sûr, où l'échange n'est pas utilisé contre l'ordre public ou les bonnes moeurs. L'empêcher de se faire librement, d'une manière ou d'une autre, par exemple en le taxant ou en imposant des normes, est, sous prétexte de protection, une spoliation, laquelle ne peut être que la manifestation d'une tyrannie.

 

Dans une tyrannie, qui peut prendre bien des formes, certains, protégés, sont favorisés aux dépens d'autres qui sont spoliés. A l'échelle internationale, on empêche, par exemple, des pays de se développer sous prétexte que ce sont des concurrents déloyaux, alors qu'ils ne font qu'utiliser les moyens à leur disposition, comme l'ont fait avant eux les pays dits développés, et, pour se donner bonne conscience, ces seconds pays accordent des aides aux premiers...

 

Face à des produits fabriqués dans des pays où les rémunérations et la protection sociale sont basses, les pays développés pourraient très bien rester compétitifs dans beaucoup de domaines, grâce à leur productivité très nettement supérieure, si les coûts de ces Etats-Providence n'étaient pas plombés par une protection sociale disproportionnée, laquelle n'encourage ni à la combativité, ni à la créativité, ni à l'innovation.

 

Dans d'autres domaines, ce que dit Pascal Lamy (voir plus haut) est frappé au coin du bon sens. Il faut faire ce que l'on sait bien faire et laisser faire par d'autres ce qu'ils savent mieux faire. Quand l'Etat intervient pour protéger un producteur national, il ne rend service à personne. Son intervention n'est utile que momentanément au producteur, et elle ne l'est de toute façon pas au consommateur qui aurait pu faire autre chose avec la différence de prix en payant moins cher son produit importé.

 

Les sociaux-démocrates, c'est-à-dire les socialistes convertis tardivement au marché, après les multiples et douloureuses expériences du XXe siècle, n'en ont pas compris le fonctionnement. Pour eux le marché doit tendre à la perfection. Comme il est imparfait, il suffirait, selon eux, de lui apporter des corrections, de le réglementer pour qu'il atteigne les buts définis par eux dans leur grande sagesse.

 

Or le marché n'a pas de buts déterminés. Il est certes imparfait, mais, quand il est vraiment libre, il émet des signaux qui permettent à ses acteurs de progressivement en tirer le meilleur parti après s'être parfois trompés. Les échecs sont d'une manière générale plus instructifs que les succès. Ils incitent à ne pas recommencer.

 

Les interventions des Etats, opérées à leur tête par des personnes qui se croient omniscientes, ont des effets la plupart du temps opposés aux buts recherchés par eux. L'échec patent des politiques étatiques de relance, qui se sont traduites par un accroissement des dettes publiques, vient d'en apporter une enième confirmation.

 

Il n'existe donc pas de juste échange qui serait une troisième voie entre le libre échange et le protectionnisme. Le juste échange n'est qu'un protectionnisme qui avance masqué. Il existe, par contre, une dynamique de la liberté qui a fait ses preuves, tandis que les politiques étatistes entravent et conduisent à la paupérisation.

 

Francis Richard

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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 11:45

wegelin-and-co.jpgLa Banque Wegelin & Co, dont la photo provient d'ici, est la plus vieille banque privée helvétique. Ses dirigeants sont des hommes responsables. Ils ne veulent pas que leurs clients et leurs collaborateurs paient la faute qu'ils ont commise en reprenant certains des clients américains de l'UBS en délicatesse avec le fisc de leur pays.

 

Chapeau !

 

Pour un libéral la liberté a pour contrepartie la responsablilité. Il n'y a pas de libre économie sans moralité, à ne pas confondre avec le moralisme entendu comme un formalisme moral. Ceux qui commettent des fautes, volontairement ou non, inconsciemment ou non, doivent en tirer les conséquences et accepter, éventuellement, d'être traduits devant les tribunaux pour en répondre.

 

La récente affaire Hildebrand a montré que la moralité doit l'emporter sur l'utilitarisme. La compétence n'absout pas le manquement à la morale, fût-ce même si la légalité est respectée. En démissionnant parce que sa femme, ou lui-même par approbation implicite, avait profité de sa situation professionnelle unique pour spéculer sur les monnaies, Philippe Hildebrand a réparé sa faute et s'est grandi aux yeux même de ses adversaires.

 

La Banque Wegelin & Co est une entreprise créée en 1741. A l'origine spécialisée dans le transport en liaison avec l'industrie textile, elle s'est lancée dans des activités bancaires au début du XIXe siècle. C'est une société en commandite (avec à sa tête, aujourd'hui, six associés responsables sans limites), qui s'est orientée vers la gestion de fortune dès 1930. Son effectif est passé de 30 collaborateurs il y a 20 ans à quelque 700 aujourd'hui. 

 

Les dirigeants de la Banque Wegelin & Co, dans un communiqué du 27 janvier 2012, ont annoncé qu'ils avaient tiré les conséquences de leurs démêlés avec le fisc américain. Ils ont d'abord transféré la clientèle et les collaborateurs de leurs activités de gestion de fortune sans rapport avec les Etats-Unis dans la Banque Notenstein ici qui leur appartient. Puis ils ont vendu les 13 bureaux de cette entité à Raiffeisen.

 

On ne connaît pas tous les détails des démêlés de la Banque Wegelin & Co, réduite à la portion congrue (il n'y a plus que 30 collaborateurs y compris les 6 associés), mais on sait que, début janvier, trois conseillers de la banque ont été inculpés par la justice américaine pour avoir aidé des citoyens américains à dissimuler 1,2 milliards de dollars au fisc.

 

Rappelons que le fisc américain est tout-puissant et que les citoyens américains, quel que soit leur lieu de résidence, doivent lui déclarer leurs avoirs et revenus dans le monde. Ce qui conduit des binationaux, de plus en plus nombreux, à renoncer à leur nationalité américaine pour échapper à cette institution inquisitoriale qui n'est pas à l'honneur d'un pays qui se veut le défenseur des libertés individuelles et qui devient de plus en plus un enfer fiscal.

 

L'exemple de l'UBS, qui a porté un grand coup au secret bancaire en obligeant la Suisse à renoncer à sa distinction entre évasion et fraude fiscales, n'a donc pas suffi. Comme le dit l'ex-patron de l'UBS, Oswald Grübel, qui a démissionné le 24 septembre 2011 à la suite de la fraude massive d'un trader de la banque basé à Londres, il s'agit de la part des dirigeants de Wegelin d'"une grande erreur d'appréciation".

 

Dans un entretien accordé à Pierre Bessard, dans L'AGEFI d'hier, Christoph Blocher propose aux banques suisses de renoncer au marché américain :

 

"Les Etats-Unis ne seront plus l'économie dominante à l'avenir, songez au dollar, à l'endettement, à la déliquescence de l'Etat de droit. Les puissances économiques futures se trouvent en Extrême-Orient."

 

Les banques suisses présentent de réels atouts :

 

"Contrairement aux banques américaines, elles bénéficient d'un large capital de confiance: c'est ce que me confirment régulièrement mes interlocuteurs dans la région. Les banques suisses ne dépendent pas du secret bancaire, mais de leur savoir-faire et de la certitude que les fonds qui y sont déposés s'y trouveront encore des générations plus tard."

 

Plutôt que d'être obsédé par l'Union européenne, qui n'est pas le marché le plus prometteur, même s'il est mieux structuré que celui des Etats-Unis, le Département fédéral de l'économie ferait bien maintenant de conclure rapidement un accord de libre-échange avec la Chine.

 

Le leader de l'UDC , réaliste, conclut toutefois l'entretien sur cette formule de regret, dont il a le secret :

 

"Le gouvernement préfère visiblement nous emmener sur le chemin de la Grèce que sur celui de la Chine..."

 

Comme c'est Christoph Blocher qui le dit, il ne peut qu'avoir tort...

 

Francis Richard

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 22:30

L'euroIl est pathétique de voir les dirigeants des Etats européens se débattre au milieu des calamités dont ils sont responsables de par les politiques publiques qu'ils ont menées. 

 

Pour s'en sortir ils vont, selon le principe de Poncins, corriger ces calamités par d'autres calamités :

 

"Une calamité d'origine publique conduit toujours à une autre calamité pour soi-disant corriger la première."

 

Pour relancer leurs économies, ils ont tous, peu ou prou,  creusé les déficits, par là même augmenté les dettes, alors que leurs Etats vivaient déjà au-dessus de leurs moyens. La croissance ne se fait pas en s'endettant mais en épargnant avant d'investir. Du coup, ils ont empiré la situation... en favorisant de mauvais investissements et en empêchant l'épargne privée de se constituer. 

 

Ils n'auraient pas pu se livrer à cette fuite en avant sans création monétaire artificielle. Les réglementations monétaire et financière l'ont permise. Comme le rappelle Alex Korbel dans un article publié le 13 octobre 2011 sur 24hGold ici:

 

"La banque centrale européenne (BCE), via les banques centrales nationales, rachète les obligations d'Etat aux banques privées en échange de leur refinancement, sans faire de différence significative entre obligations d'Etats endettés ou trop endettés."

 

Quand un ménage s'endette pour conserver son train de vie parce qu'il vit au-dessus de ses moyens, au bout du compte, qui arrive très vite, il ne lui reste plus qu'une solution, tout vendre, à bas prix, pour rembourser les dettes accumulées avant que rembourser ne soit plus possible.

 

Quand la vente de tous ses biens ne suffit pas, le ménage doit rembourser le solde pendant des années, sans parler des intérêts. Il ne peut pas émettre d'obligations que son banquier pourra revendre à une banque centrale. Ce qui est moral pour un Etat ne l'est pas pour un particulier...

 

Quand une entreprise dépose le bilan, si elle a de véritables perspectives de redressement, les créanciers plutôt que de tout perdre accepteront de réduire leurs créances, mais pendant le temps du redressement ils la feront payer au cul du camion, pour éviter de perdre davantage.

 

Un des volets du plan européen pour éviter que la Grèce ne fasse défaut - qu'en termes délicats ces choses-là sont dites - est l'abandon par les banques européennes de la moitié de leurs créances sur l'Etat grec. C'est mieux que de tout perdre. Mais la Grèce a-t-elle de réelles perspectives de redressement ?

 

La réduction de la dette publique grecque n'est certes pas négligeable - elle correspond à 100 milliards d'euros sur 350 milliards - mais cette dette publique ne pourra être ramenée à 120% du PIB - en 2020 ! - qu'après recapitalisation des banques grecques (30 milliards) et privatisations d'entreprises publiques grecques (15 à 28 milliards de recettes) et à condition, dit-on, qu'elle connaisse une croissance de 3,5% par an. On peut rêver...  

 

Pour que les banques européennes supportent le choc de leurs pertes assurées, l'objectif est de les recapitaliser de telle sorte qu'elles atteignent un ratio de fonds propres de 9%. Tout dépend bien évidemment de la définition de ce ratio... Elles se font fortes d'y parvenir grâce à des fonds privés. On peut parier qu'elles n'y parviendront pas et que l'argent public viendra une nouvelle fois à leur rescousse...

 

A propos d'argent public il n'est bien sûr pas question que les créances publiques d'autres pays sur la Grèce, que celles du FMI ou que les obligations grecques rachetées par la BCE subissent le même sort que les créances des banques privées, réduites de moitié. Au contraire la seconde tranche d'aide à la Grèce, annoncée en juillet dernier, est maintenant connue. Elle sera de 130 milliards d'euros [voir ici d'où provient la photo]...

 

Comme les Etats européens sont tous plus ou moins en mauvaise posture, pour prévenir le défaut de l'un d'entre eux, le Fonds européen de stabilité financière pourra lui racheter de la dette, s'il le demande. Sa capacité d'intervention était de 440 milliards d'euros, elle pourra désormais aller jusqu'à 1000 milliards. Sera-ce suffisant ? Au fait, c'est bien beau, mais qui lui prêtera ? Suivez mon regard du côté de la Chine et du FMI...

 

La flotille européenne prend eau de toutes parts... La Grèce n'est qu'une petite embarcation qui risque d'échouer, juste un peu plus tard que prévu ... En attendant, à qui le tour d'être sauvé ?

 

Francis Richard    

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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 19:55

Steve-Jobs.jpgSteve Jobs est mort le 6 octobre dernier [sa photo provient d'ici]. L'oeuvre qu'il laisse derrière lui a fait couler beaucoup d'encre et continuera certainement de le faire.

 

Jusqu'à présent je n'ai rien écrit sur le sujet, laissant à d'autres plus compétents le soin de parler de tout ce qu'il a apporté au monde de l'information.

 

Je n'aurais certainement rien écrit sur le sujet si je ne venais pas de lire deux articles qui illustrent, par leurs points de vue diamétralement opposés, les propos de Frédéric Bastiat sur ce qu'on voit et sur qu'on ne voit pas en économie et qui permettent de distinguer les bons des mauvais économistes.

 

L'un a paru aujourd'hui dans Le Monde ici sous la plume d'un certain Sylvain Cypel que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, évidemment à ma grande honte... 

 

L'autre ici est reproduit aujourd'hui sur le site de l'Institut Constant de Rebecque et est signé Emmanuel Martin que je connais un peu pour l'avoir entendu cet été à Aix-en-Provence ici et dont je recommande les articles qu'il publie sur le site Un Monde Libre ici.

Frédéric Bastiat disait :

 

"Dans la sphère économique, un acte, une habitude, une institution, une loi n'engendrent pas seulement un effet, mais une série d'effets. De ces effets, le premier seul est immédiat; il se manifeste simultanément avec sa cause, on le voit. Les autres ne se déroulent que successivement, on ne les voit pas; heureux si on les prévoit."
 
Sylvain Cypel se demande dans son article si Steve Jobs créait des jobs - on appréciera le jeu de mots laid employé par le folliculaire mondain, qui n'en est d'ailleurs pas très fier.

 

Après avoir remarqué qu'Apple a une des plus grosses capitalisations boursières au monde il souligne que l'Amérique ne produit plus et que l'entreprise californienne est à cette image, puisqu'elle se contente ... de concevoir et de commercialiser : l'Amérique ne contribue qu'à 6% du coût de fabrication d'un Iphone, Apple inclus, c'est tout dire...

 

Les jobs créés hors des Etats-Unis comptent pour du beurre... Sylvain Cypel, qui n'a pas dû créer beaucoup d'emplois dans sa vie - cela se saurait - ne voit pas plus loin que le bout de son nez, c'est-à-dire qu'il ne voit que les emplois d'Apple créés aux Etats-Unis, qui se comptent tout de même par milliers. 

 

Après avoir cité toutes les innovations récentes de la firme de Cuppertino, telles que l'Ipod, le MacBook, l'Iphone ou l'Ipad, Emmanuel Martin, lui, voit beaucoup plus loin :

"Nous ne pourrions nous passer de toutes ces innovations aujourd’hui tant elles génèrent des milliers de services qui nous facilitent la vie, nous font gagner du temps, de l’énergie, et constituent un instrument essentiel pour créer de la valeur. Elles sont à la source d’un pourcentage incroyable de la richesse créée dans l’économie."

Tandis qu'Emmanuel Martin souligne que c'est le système de liberté qui permet la créativité et l'innovation qui nous ont valu un Apple et tant d'autres miracles économiques, Sylvain Cypel laisse tomber :

"La fausse "révolution" du virtuel et du numérique serait aussi une source d'emplois très virtuelle."

Francis Richard

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11 août 2011 4 11 /08 /août /2011 21:00

LiquiditésLe franc suisse est surévalué, dit Jean-Pierre Danthine, numéro 3 de la BNS, Banque Nationale Suisse, dans un entretien accordé ce jour au Temps ici.

 

C'est une lapalissade, car c'est bien le propre des valeurs refuges d'être surévaluées au plus fort des crises de confiance.

Si l'euro et le dollar se sont fortement dépréciés par rapport au franc suisse depuis des mois, c'est justement parce que la confiance n'y est plus. Certes les efforts entrepris par les pays de la zone euro sont louables, mais largement insuffisants pour regagner la confiance des investisseurs, même s'ils sont nettement plus importants que ceux consentis par les Etats-Unis.

Or c'est bien cette crise de confiance qui est à l'origine du raffermissement du franc suisse. Celui-ci ne pourra se déprécier à nouveau vis-à-vis de ces deux monnaies, que lorsque la confiance sera retrouvée dans les autres pays occidentaux, riches surtout de dettes. Il n'y a pas de secret, ce sont les dettes publiques et les déficits publics qui alimentent la défiance.

 

Il faut donc réduire les dépenses publiques dans ces pays, sans augmenter les impôts, pour déjà rompre le cercle vicieux. Chercher à réduire les déficits ne suffira cependant pas à réduire les dettes. Il faudra renouer avec les excédents, autant dire que ce n'est pas demain la veille. Mais aller dans cette direction ne pourra que redonner une plus grande confiance. Ce sera toujours ça.

Les dépenses publiques ne génèrent pas de richesses comme le pensent un certain nombre d'acteurs politiques qui en sont restés aux erreurs keynésiennes. Au contraire elles en détruisent. L'argent rendu à l'économie par leur baisse ne peut que permettre une relance sur des bases saines.

Si l'on en croit le numéro 3 de la BNS, cette dernière n'exclut aucune mesure pour combattre le franc fort. L'injection de 40 milliards de francs en liquidités [la photo provient d'ici] est la première mesure annoncée hier. Cela a certes permis de faire baisser artificiellement les rendements de la monnaie helvétique. 
Et aujourd'hui l'euro contre franc a du coup repris des couleurs.

 

Il serait toutefois surprenant que cette remontée toute relative se poursuive, parce que les raisons fondamentales de défiance envers l'euro demeurent. Toutes les mesures évoquées par le numéro 3 de la BNS pour contenir la montée du franc auront le même effet temporaire et coûteront finalement cher à l'économie.

L'augmentation des liquidités opérée par la BNS répond à la définition de l'inflation qu'en donne Jörg Guido Hülsmann dans son livre L'éthique de la production de monnaie ici :

 

"On peut définir l'inflation comme l'augmentation de la quantité nominale d'un moyen d'échange au-delà de la quantité qui en aurait été produite sur le marché libre."

L'inflation ne se traduit pas toujours par une hausse de prix, comme beaucoup le pensent ingénument. Elle peut tout aussi bien empêcher ou masquer la baisse qu'ils auraient dû subir...

Reste à savoir si ces 40 milliards de francs de liquidités, en plus des 80 précédemment injectés, auront un effet quelconque... en regard de la masse totale de liquidités en francs suisses. C'est peut-être heureux qu'ils n'aient pas d'effet...

En dehors de la solution d'une plus grande confiance dans les pays de la zone euro, le franc suisse peut très bien perdre de sa superbe en raison d'une baisse de la croissance de l'économie suisse. Cela voudrait dire que celle-ci n'aura malheureusement pas réussi à s'adapter, parce que le deal était trop grand.

 

A tout prendre, il serait donc préférable que les pays riches, qui ont le plus grand poids économique, se montrent enfin plus vertueux, pour le bien-être de tous les autres.

 

Francis Richard 

 

L'internaute peut écouter ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 20:20

Alain Jeannet HebdoAlors que, par leur endettement, les états appauvrissent les peuples, certains le proposent comme remède au peuple suisse contre le franc fort. Il en est ainsi d'Alain Jeannet, [dont la photo provient d'ici] dans son éditorial de L'Hebdo du 4 août 2011 ici, que je découvre aujourd'hui en rentrant de vacances.

Le franc fort, paradoxalement, n'est pourtant pas l'épouvantail qu'agite le rédacteur en chef de l'hebdomadaire romand [voir mon article Le franc fort est une chance pour la Suisse ], qui écrit :

"Le franc est [...] devenu, avec l'or, la valeur refuge par excellence. Conséquence, on parle d'un risque de désindustrialisation, de bérézina touristique, de chômage..."

Ces risques en effet existent si les entreprises suisses ne s'adaptent pas à la situation et n'augmentent pas leur productivité. Je ne pense pas seulement aux entreprises de transformation qui importent des matières premières et qui peuvent déjà répercuter leur baisse dans leurs prix de revient. Je pense à toutes les autres qui y trouveront un stimulant pour être créatives et ne pas se laisser aller, et à celles, en particulier, qui prendront le risque d'investir à l'étranger au bon moment.

Evidemment s'adapter et augmenter sa productivité ne sont pas des solutions de facilité. A l'heure où tout le monde a l'adjectif durable à la bouche, ce sont cependant les seules solutions durables pour leur pérennité, car les efforts consentis aujourd'hui en période difficile donneront une nouvelle avance aux entreprises suisses sur leurs concurrentes étrangères, ce qui sera un atout formidable pour l'avenir, lequel verra de plus en plus grandir la compétition avec des entreprises de pays émergents.

Immanquablement les prix des produits importés, qui sont en grand nombre en Suisse, baisseront, même si pour le moment les importateurs ne répercutent pas encore vraiment la baisse induite par le franc fort. Ils y seront contraints ou perdront des parts de marché. Ces baisses profiteront aux consommateurs dont le pouvoir d'achat augmentera sans qu'il ne soit besoin d'augmenter nominalement les salaires. Or ce qui est important n'est pas le montant du salaire que l'on perçoit mais ce que l'on peut faire avec.

Avant d'en venir à sa solution "facile et utile" d'augmenter l'endettement public, l'éditorialiste de L'Hebdo écarte heureusement les solutions que d'autres évoquent encore, et qui sont effectivement inutiles et coûteuses, telles qu'"accrocher le franc à l'euro" ou "faire marcher la planche à billets". Il se rend bien compte intuitivement que ces solutions engendrent des dégâts.

 

Il préconise donc de suivre "une politique affichée d'endettement public" :

 

"La Suisse aurait tôt fait de tempérer les attraits de sa monnaie. A condition, bien sûr d'investir ces sommes de manière utile et durable tout en monétisant la dette (et sans élever les impôts)." 

En écrivant cela Alain Jeannet perd de vue tout d'abord que la dette publique helvétique est comparativement à celles des autres pays riches très largement inférieure et qu'il faudrait donc l'augmenter de manière très significative pour dissuader les acteurs économiques d'y trouver refuge [voir mon article Crise de l'endettement ? La Suisse connaît pas ]. Quel pourcentage arbitraire faudrait-il atteindre pour que le marché réagisse à la baisse et enregistre cette duperie ? 

 

Alain Jeannet oublie également que cette dette publique helvétique n'est déjà pas négligeable - il y a quelques décennies elle aurait été même considérée comme trop élevée ... - et que c'est autant qui n'est pas à disposition des entreprises et des habitants du pays pour épargner, investir et créer des richesses. Enfin quand il parle de monétiser la dette, cela signifie que cette dette est bien un vol programmé opéré sur tous ceux qui y souscriraient, puisque le remboursement ne se ferait pas par l'augmentation des impôts, autre vol caractérisé, mais en monnaie de singe.

 

Enfin qui déciderait de "la manière utile et durable" des sommes dérobées ? Alain Jeannet évoque la troisième voie entre Lausanne et Genève, les énergies renouvelables, la surélévation des barrages alpins, l'innovation dans les technologies vertes... autant de projets dont le bienfondé reste à prouver et qui seraient décidés arbitrairement par l'Etat.

Cette idée d'augmenter la dette pour faire baisser le franc est donc une nouvelle version de l'interventionnisme de l'Etat, une manière déguisée de socialiser davantage le pays. Ce dernier s'en sort pourtant mieux que les autres parce qu'il est moins atteint par cette nouvelle variété de socialisme.

 

Francis Richard  

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 20:45

Plafond dette américaineHier le deal entre les partis républicain et démocrate a permis d'éviter la cessation de paiement des Etats-Unis, son défaut, comme on dit dans le jargon de la finance, plus prosaïquement dit, sa faillite.

L'endettement y a atteint les 100% du PIB et, ô merveille, le plafond de la dette pourra être réhaussé de 14'300 milliards de dollars à 16'800 milliards de dollars [la photo provient d'ici]. 

 

Certes il y aura des coupes dans les dépenses publiques, mais ces coupes n'empêcheront pas les dépenses publiques de continuer à augmenter.

Elles permettront seulement de ralentir leur croissance. Autant dire que le problème a été repoussé à plus tard, mais n'a pas été résolu. Les déficits continueront d'augmenter et il n'y a aucune chance pour que la dette diminue.

 

La crise de l'endettement ne touche pas que les Etats-Unis. En se basant sur les statistiques d'Eurostat on peut en effet dresser le tableau suivant qui montre qu'aucun des grands pays européens ne sera capable de diminuer sa dette dans les années à venir, malgré tous les efforts entrepris pour seulement réduire les déficits, il n'est évidemment pas question d'excédents publics :

Pays Dette publique 2010 Résultat budget 2008 Résultat budget 2009 Résultat budget 2010
Grèce 142.80% -9.80% -15.40% -10.50%
Italie 119.00% -2.70% -5.40% -4.60%
Belgique 96.80% -1.30% -5.90% -4.10%
Irlande 96.20% -7.30% -14.30% -32.40%
Portugal 93.00% -3.50% -10.10% -9.10%
Allemagne 83.20% 0.10% -3.00% -3.30%
France 81.70% -3.30% -7.50% -7.00%
U.K. 80.00% -5.00% -11.40% -10.40%


Dans ce tableau les pays sont classés dans l'ordre de leur endettement en % du PIB. Les résultats budgétaires, tous des déficits, sont également exprimés en % du PIB. Je n'ai reproduit que les 8 pays les plus endettés, dans l'ordre décroissant, un palmarès édifiant.

Les plus grands pays de l'Union européenne, qui se permettaient naguère de donner des leçons de moralité à la Suisse, je pense plus particulièrement à l'Italie, l'Allemagne et la France, vivent tous au-dessus de leurs moyens et volent donc, et voleront, leurs ressortissants, en particulier les plus humbles.

Informons donc ces donneurs de leçons, ce que la Suisse réalisait tandis qu'ils dilapidaient les fonds publics pour, entre autres, se donner bonne conscience en relançant prétendument leurs économies, ce qui ne s'est évidemment pas produit, sinon de façon artificielle et non durable.



La dette publique totale de la Suisse, comprenant les dettes de la Confédération, des Cantons et des Communes, était de 43.4 % du PIB en 2007, de 40.9 % en 2008, de 38.8 % en 2009 et de 38.2 % en 2010. Miracle ? Non pas, gestion avisée des finances publiques, qui s'est traduite par un excédent public de 1.8% en 2007, de 2% en 2008, de 0.4% en 2009 et, il est vrai, d'un déficit de 1.3% en 2010...

Pour réduire la dette publique d'un pays, il n'y a pas 36 moyens il faut retrouver le chemin des excédents publics, et pour ce faire couper dans les dépenses publiques, sans augmenter les impôts pour ne pas casser la croissance. Autrement dit l'Etat doit cesser de jouer les nounous et remplir ses fonctions régaliennes, qu'il néglige bien trop souvent en s'occupant de ce qui n'est pas sa raison d'être.

 

Francis Richard

L'internaute peut écouter ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

 

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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 22:00

Evolution dollar chfLe franc suisse s'est apprécié considérablement comme on dit dans le jargon de la finance par rapport aux deux principales monnaies internationales que sont le dollar et l'euro, ce continûment depuis des mois, voire des années [les représentations graphiques proviennent d'ici]. A cela il n'y a rien de surprenant.

 

Les Etats-Unis comme les pays de la zone euro sont surendettés et accumulent les déficits, ce qui signifie qu'ils ne seront jamais capables de rembourser leurs dettes, sinon en fausse monnaie. Il ne suffit pas de réduire un peu les déficits comme certains pays européens le font - ce qui est louable mais insuffisant -, il faut encore être bénéficiaires.

 

Certes la Suisse est également endettée, mais c'est sans commune mesure et elle alterne bénéfices et déficits, les premiers l'emportant toujours au final sur les seconds. C'est ce qui lui a permis de réduire sa dette souveraine au moment où les autres pays accroissaient les leurs. Il n'est pas besoin d'être Einstein pour comprendre que la confiance aille à la Suisse et déserte les autres. 

 

Face à des pays qui vivent largement au-dessus de leurs moyens et qui, pour relancer leurs économies défaillantes, ont augmenté leurs dettes inconsidérément en y injectant inutilement des sommes publiques folles, la Suisse a su raison garder, au grand dam de la gauche locale séduite par les sirènes keynésiennes. Bien lui en a pris puisqu'aujourd'hui, grâce à une quasi absence de relance, la Suisse inspire cette confiance méritée qui se traduit par le franc fort.

Le franc fort est une chance pour la Suisse parce qu'il oblige les entreprises helvétiques à s'adapter, particulièrement quand elles sont exportatrices. Elles sont contraintes à l'excellence. Il leur faut trouver moyen à la fois de réduire leurs prix de vente et de réduire leurs coûts.

 

Evolution euro chfCertaines entreprises suisses ont donc déjà augmenté leur temps de travail sans hausse de salaires, telles que le groupe pharmaceutique Lonza ou la PME zurichoise Oertli. D'autres commencent à répercuter la baisse de leurs approvisionnements en euros ou en dollars dans leurs prix de vente.

 

Le franc fort donne enfin l'opportunité à des entreprises suisses de faire des investissements à l'étranger à moindre coût.

 

Le franc fort se traduira tôt ou tard par des baisses de prix pour le consommateur, qui, sinon, s'approvisionnera de plus en plus dans les pays voisins ou recourra de plus en plus à des achats en dollars ou en euros sur Internet.

 

Comme je le disais plus haut la seule issue pour les pays surendettés est de payer leurs dettes furtivement en monnaie de singe, ce qui va se traduire par des hausses de prix pour les consommateurs de ces pays. Ce sera en quelque sorte la répartition hypocrite de la dette, au lieu de la trop visible hausse des impôts et taxes.

 

Le marché est moral puisque la Suisse économe échappera à ce cercle vicieux. Elle n'aura pas besoin de tricher sur sa monnaie et les prix des produits importés baisseront pour le consommateur.  

 

La semaine dernière le Conseil fédéral a donc eu raison de se refuser à tout interventionnisme sous forme d'intérêts négatifs, de contrôle des mouvements de capitaux ou de baisse de la TVA ou de l'impôt sur les sociétés pour une catégorie d'entreprises. Une baisse généralisée serait d'ailleurs tout autrement efficace...

On a vu ce qu'il en a coûté à la BNS, Banque nationale suisse, de vouloir soutenir le franc suisse par rapport à l'euro : une perte de 19,17 milliards de francs en 2010.

Au lieu de se lamenter et de faire appel à l'intervention de l'Etat, les entreprises suisses sauront trouver elles-mêmes la parade.

Francis Richard

L'internaute peut écouter ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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