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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 09:25

Taxer-les-expatries.jpgLes caisses sont vides en France, comme dans la plupart des pays européens.

 

Certes on va faire marcher la planche à billets, inflation à la clé, qui ne se mesure pas seulement à l'indice des prix... La contribution des riches ne suffira pas. Mais les faire cracher au bassinet permettra de faire payer tout le monde, de rendre la pilule moins amère, pense-t-on.

 

Dans cet esprit le bouclier fiscal a été supprimé. On a fait une petite concession. Le seuil d'imposition sur la fortune est passé de 800'000 € à 1'300'000 €. Ce qui ravira les moins riches d'entre les riches qui étaient devenus redevables par la seule vertu de la dépréciation monétaire et de la hausse corollaire des prix de l'immobilier.

 

Les riches français vont donc être mis à contribution de solidarité. Cette contribution relève du code de la sécurité sociale et non pas du code des impôts. La légalité est sauve puisqu'ainsi la Constitution de la République est respectée. Mais la morale ? 

 

Pour échapper à cet enfer fiscal, qui se dessine toujours plus nettement pour eux, les riches français peuvent toujours s'évader fiscalement. Mais, s'ils le font comme naguère de manière furtive, ils risquent de plus en plus, en cas de maladresse, l'échange de données avec la France de la part de la banque suisse qui détient leurs fonds.

 

La relocalisation devient donc de plus en plus un moyen de se soustraire aux impôts confiscatoires français. Mais le fisc français, qui n'est jamais à court d'idées pour tondre le contribuable, a déjà réussi à faire passer dans la loi de finances pour 2011 une "exit tax". Ce qui veut dire que le candidat français à la relocalisation doit s'acquitter d'une taxe sur ses plus-values avant de s'en aller vers d'autres cieux fiscaux plus paradisiaques.

 

Pour éviter d'être considérée par la Cour de justice européenne comme une entrave à la libre circulation des personnes, cette taxe de sortie ne s'applique qu'aux candidats à la relocalisation dans un pays hors Union européenne. Les experts se disputent encore pour savoir si elle s'applique à la Suisse qui a conclu des accords bilatéraux avec ladite Union européenne...

 

En Suisse il y a deux sortes de français relocalisés : les résidents qui ont une activité lucrative et ceux qui n'en ont pas.  

 

Ceux qui n'ont pas d'activité lucrative peuvent, essentiellement dans les cantons latins, être au bénéfice d'une imposition sur la dépense, très intéressante fiscalement. C'est ce qu'on appelle de manière erronée un "forfait fiscal". Sur les 5'445 bénéficiaires actuels, 2'000 environ sont français... Le canton de Zurich qui a cru bon de supprimer cette disposition s'est privé bêtement de rentrées fiscales conséquentes et a vu fuir vers d'autres cantons les plus mobiles de ses "forfaitaires". 

 

Les autres résidents français sont imposés comme les Suisses et c'est loin d'être le paradis, l'esprit inquisitorial et policier qui caractérise le fisc français en moins. André Figueras parlait il y a plusieurs décennies de gestapo fiscale... Car le secret bancaire helvétique n'est pas un vain mot pour eux comme pour les Suisses qui sont très attachés à cette disposition qui relève du droit de tout homme à sa sphère privée.

 

La dernière livraison du magazine Bilan [ici d'où est extraite la photo] , consacrée aux 300 plus riches de Suisse, révèle qu'après l'"exit tax" l'étape pourrait bien être la taxation sur le modèle américain, l'exterritorialité :

 

"Un tel système présupposerait l'installation à l'étranger de représentants du fisc français chargés, entre autres, de recueillir les déclarations de revenus des expatriés et de vérifier leur sincérité."

 

Ce n'est pas une vue de l'esprit, ni une pure conjecture. Le magazine économique cite notamment l'amendement au projet de loi de finances 2011, qui va dans ce sens et qui a été déposé en octobre 2010 par un certain Jérôme Cahuzac, proche de François Hollande... Bilan ajoute :

 

"Les partisans d'un lien entre imposition et citoyenneté font notamment valoir que 2,5 millions de Français vivent à l'étranger, l'équivalent de la population de la Lorraine."

 

Des contribuables potentiels qui pourraient bigrement intéresser le fisc français...

 

Reste une dernière parade pour les riches français de Suisse, et d'ailleurs, d'échapper à l'enfer fiscal, la renonciation à la nationalité française, du moins pour les binationaux. C'est ce que font de plus en plus de citoyens américains persécutés.

 

Avant de poursuivre cette chasse aux riches, la France, comme les autres pays européens, devraient bien réfléchir. Fabrice Delaye, toujours dans Bilan, écrit :

 

"Quand on regarde les impôts, il ne faut pas se contenter d'observer l'évolution des taux mais aussi leur assiette. Or à cette aune, les chiffres de l'OCDE indiquent que la baisse de leurs taux d'imposition a, en réalité, été un moyen de faire beaucoup plus contribuer les riches."

 

Exemples à l'appui :

 

"Ainsi aux Etats-Unis, la part de 1% des plus hauts revenus est passée de 28% en 1988 à 40% en 2006 dans les rentrées de l'impôt sur le revenu. En Grande-Bretagne, elle a augmenté de 21% en 1999 à 28% en 2009."

 

Il conclut :

 

"Certes, pour une part, cette augmentation de la part des riches est due à l'augmentation de leurs revenus. Mais cette croissance de l'assiette imposable est aussi la preuve qu'avec des taux réduits les riches prennent plus de risques, s'enrichissent plus et in fine contribuent plus."

 

Oui, mais ce n'est pas vendeur politiquement dans un pays comme la France, où l'envie n'est plus un péché capital mais une vertu cardinale...

 

Francis Richard 

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 19:30

Accord-du-21-septembre.jpgLe 21 septembre 2011 les ministres des finances suisse, Eveline Widmer-Schlumpf, et allemand, Wolfgang Schäuble, signent l'accord fiscal ici et ici [d'où provient la photo] entre l'Allemagne et la Suisse qui avait été paraphé par les négociateurs des deux pays le 10 août 2011 ici et ici.

  

Comme cet accord doit encore être entériné par le Bundesrat et que la majorité sociale-démocrate de cette chambre, où sont représentés les Länder, est hostile à la version actuelle de cet accord, il est vraisemblable que l'Allemagne demandera de le renégocier d'ici peu ici.

  

Pour préserver ce qui restait du secret bancaire helvétique, mis à mal, entre autres, par des voleurs de données, l'Allemagne et la Suisse avaient accepté le principe de compenser son maintien en taxant les revenus des détenteurs allemands de comptes en Suisse de la même manière qu'ils l'auraient été s'ils avaient été perçus en Allemagne.

  

Avec cet accord, l'Allemagne ne perdait rien financièrement parlant et la Suisse maintenait le droit de l'homme à sa sphère privée dont le secret bancaire fait ici partie. Ce qui devrait, entre parenthèses, être le cas partout ailleurs. Tout le monde aurait dû donc être content de cet accord, même s'il ne plaisait pas à la Commission européenne, composés d'eurocrates à l'âme policière.

 

Ce plan de compensation était une idée de l'Association of Foreign Banks in Switzerland ici, qui l'avait baptisé Rubik. Le nom de ce plan était en effet "inspiré par le célèbre puzzle tridimensionnel, dont il faut regrouper les couleurs sur chacune des faces d'un cube" ici. Selon ses promoteurs, son but n'était-il pas, par analogie, de "remettre de l'ordre dans un secteur en grande confusion" ?

 

Au moment de son adoption je me demandais s'il était bien moral de monnayer un droit de l'homme, d'autant que c'était un encouragement aux faux-monnayeurs et aux mauvais gestionnaires de persévérer dans leurs vols légaux et leurs turpitudes publiques.

 

Mais le pragmatisme germano-suisse a malheureusement prévalu sur les principes. Les principes subissaient d'ailleurs une autre entorse puisque la Suisse s'engageait à livrer en pâture au fisc allemand quelques 500 évadés par an.

 

Les sociaux-démocrates allemands trouvent maintenant que les évadés du fisc qu'ils appellent des fraudeurs s'en tirent à trop bon compte. Sous cette couverture morale, ils voudraient donc que davantage d'évadés soient livrés chaque année au fisc allemand et que ceux qui souhaiteraient garder l'anonymat sans être découverts soient taxés davantage qu'en Allemagne, c'est-à-dire au taux de 35%, qui est le taux moyen de l'Union européenne.

 

Ne fallait-il pas se douter qu'à partir du moment où la Suisse acceptait de marchander son secret bancaire, les enchères monteraient, comme dans tout chantage, surtout en présence de sociaux-démocrates allemands qui comptent dans leurs rangs, rappelons-le, ce fou furieux de Peer Steinbrück ici ?  

 

Francis Richard

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 18:40

Nouvelle-convention.jpgLe 14 mars 2008 la Banque nationale suisse, BNS, concluait une convention avec le Conseil fédéral sur la distribution de son bénéfice.

 

Il s'agissait de distribuer, entre 2008 et 2017, un montant de 2,5 milliards de francs sur le bénéfice de la banque dans la proportion de deux tiers, un tiers, entre les cantons et la Confédération.

 

En 2008 le bénéfice distribuable de la BNS était de - 5,736 milliards. Pour respecter la convention signée en début d'exercice la BNS a donc puisé dans la réserve pour distributions futures un montant de 8'237,5 milliards pour amortir la perte enregistrée, distribuer les 2,5 milliards promis aux cantons et à la Confédération et verser à ses actionnaires 1,5 millions de francs de dividendes.

 

En 2009 le bénéfice distribuable de la BNS était un vrai bénéfice, 6,900 milliards. Ce qui a permis d'affecter 4,399 milliards de francs à la réserve pour distributions futures, de distribuer les 2,5 milliards prévus par la convention de 2008 et de verser 1,5 millions de francs de dividendes.

 

En 2010 le bénéfice distribuable de la BNS était de nouveau négatif, fortement négatif, - 20,807 milliards de francs. Il a fallu cette fois prélever 24,033 milliards de francs pour faire la distribution convenue, celle des dividendes et amortir cette perte record, en grande partie due au résultat des positions en monnaie étrangère, consécutive à l'achat massif de devises par la BNS pour lutter contre le franc fort. Déjà.

 

Après cette dernière distribution la réserve pour distributions futures, qui était encore de 19,033 milliards de francs à fin 2009, affichait un solde négatif de 5 milliards en début d'année. Les comptes intermédiaires au 30 septembre 2011 avaient été établis en conservant ce solde négatif de 5 milliards. Le bénéfice improbable, de 5,827 milliards, à cette dernière date ne permettait pas d'envisager la possibilité de faire une distribution de bénéfice, comme les années précédentes, au titre de 2011.

 

C'est pourquoi une nouvelle convention, signée le 21 novembre 2011 entre la BNS et le Département fédéral des finances, en gestation depuis le début de cette année, vient de voir le jour [la photo provient d'ici]. Cette nouvelle convention porte sur les exercices de 2011 à 2015. Le montant a été singulièrement réduit puisqu'il a été ramené de 2,5 milliards de francs à 1 milliard de francs. Mais surtout, comme le dit le communiqué de la BNS du 21 novembre 2011 ici :

 

"Elle prévoit qu’une nouvelle distribution ne pourra avoir lieu que lorsque la réserve pour distributions futures sera redevenue positive. Le cas échéant, un montant annuel de 1 milliard de francs sera distribué. L’année de la prochaine distribution dépend toutefois de l’évolution des marchés financiers et reste donc incertaine."

 

Il n'est donc pas sûr du tout que même un milliard soit versé à la Confédération et aux cantons au titre de 2011... Or, ne plus recevoir qu'un milliard serait déjà un sacré coup dur pour les cantons ici :

 

"Pour les cantons, ne recevoir plus qu'un milliard à se partager avec la Confédération est un coup dur: ils vont au devant de gros problèmes, estime le président de la Conférence des directeurs cantonaux des finances (CDF) Christian Wanner."

 

Alors s'il n'y a rien du tout à recevoir ...

 

Qui a du souci à se faire ? Les cantons ? Ou les contribuables ?

 

Francis Richard

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 20:25

Commission-europeenne.jpgIl y a deux semaines Nicolas Sarkozy prononçait une petite phrase assassine contre la Suisse ici.

 

Il avait profité de la tribune que lui offrait la présidence du G20 à Cannes pour dire que la Suisse ne serait pas qualifiée en phase 2, celle de l'application du standard de l'OCDE en matière de transparence fiscale, en raison de "déficiences identifiées". Autrement dit elle restait un affreux paradis fiscal.

 

Comme je l'ai montré [voir mon article du 7.11.2011 sur La petite phrase de Sarkozy au G20 sur la Suisse ], c'était une curieuse extrapolation de ce que disait le Forum mondial dans son rapport sur la Transparence fiscale pour l'OCDE. Le Secrétaire général de l'OCDE, lui-même, démentait que la Suisse ne serait pas qualifiée. Depuis l'établissement du rapport, la Suisse avait en effet fait le nécessaire pour se conformer au standard de l'OCDE.

 

Dans cet article j'écrivais que Nicolas Sarkozy voulait "en fait faire pression sur [la Suisse] pour obtenir davantage que la Grande-Bretagne et l'Allemagne qui ont accepté que le secret bancaire helvétique soit conservé moyennant le paiement d'un impôt à la source [voir mon article Le secret bancaire suisse maintenu contre paiement: est-ce bien moral ? ]. C'est clairement l'échange automatique d'informations qui est souhaité par Nicolas Sarkozy pour les relations entre la France et la Suisse, échange automatique qui ne fait pas partie du standard de l'OCDE...".

 

Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que tel était le but poursuivi par la France au bord de la faillite et qui a de gros gros besoins d'argent. 

 

Hier donc, François Baroin, ministre français des Finances, déclarait que la France refusait de conclure avec la Suisse un accord similaire à ceux que celle-ci a conclus avec l'Allemagne et la Grande-Bretagne... ici

 

Aujourd'hui, la Commission européenne renchérit et demande à l'Allemagne et à la Grande-Bretagne de renégocier les accords fiscaux qu'ils ont conclus avec la Suisse... ici [d'où provient la photo].

 

Ce qui montre la connivence du président français - qui a réussi l'exploit de faire avaler le Traité de Lisbonne sans consulter les peuples - avec l'eurocratie toute-puissante de Bruxelles.

 

Au soir de la petite phrase de Nicolas Sarkozy au G20 sur la Suisse, la présidente de la Confédération, Micheline Calmy-Rey, avait déclaré à la Télévision Suisse Romande :

 

"Nicolas Sarkozy a probablement un problème avec nous, je ne sais pas lequel."

 

Faisait-elle allusion au passé d'avocat de Nicolas Sarkozy ? 

 

A la fin des années 1990, le futur président de la République française "accompagnait ses clients fortunés pour gérer leurs affaires en Suisse"... ici. Peut-être, l'âge venu, ne trouve-t-il plus moral d'avoir ainsi dû gagner son pain à la sueur de son front dans un affreux paradis fiscal, qui accueillait alors nombre de ses amis, grands sportifs et grands chanteurs. S'il tente d'oublier ce passé, des banquiers genevois s'en souviennent... 

 

Peut-être trouve-t-il plus moral, après avoir achevé de ruiner son pays, par des dépenses inconsidérées, dans la lignée de ses prédécesseurs, socialistes et gaullistes, de lancer ses limiers fiscaux sur la trace de ceux qui, pour ne pas tout perdre, cherchent à s'évader de ce véritable enfer fiscal qu'est devenue la France pour tous ceux qui entreprennent.

 

Enfer fiscal ? La France serait un enfer fiscal ?

 

"En 2011, c’est à partir du 22 juillet que les Français cesseront de travailler pour le seul profit de la sphère publique et pourront enfin bénéficier des fruits de leur labeur. Entre 1999 (date de la première célébration du Jour de libération fiscale par Contribuables Associés) et 2009, ce jour avait oscillé entre le 10 et le 17 juillet. C’était déjà accablant pour le contribuable ! Cette année, c’est le 22 !" [ voir ici, sur le site de Contribuables Associés].

 

Francis Richard  

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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 20:30

Indignes-zurich.jpgIl y a un an paraissait un texte très court, signé Stéphane Hessel. Ce texte, Indignez vous !, publié par Indigène Editions ici, a connu un succès immédiat, considérable et surprenant, compte tenu à la fois de la minceur du propos et de sa teneur.

 

En effet Stéphane Hessel s'indignait que les valeurs de la Résistance française, à laquelle il avait appartenu, et que le parti communiste français dominait alors de son ombre, ne soient plus à l'honneur.

 

Ces valeurs, qui n'étaient pas, de loin pas, celles de tous les résistants français, se traduisaient par :

 

- l'instauration de la Sécurité sociale 

- la poursuite du système de retraites par répartition instauré par Vichy

- la nationalisation des sources d'énergies, des assurances et des banques

- la primauté de l'intérêt général sur l'intérêt particulier

- la défense d'une presse indépendante des puissances d'argent et des influences étrangères

- la possibilité donnée à tous les enfants français de bénéficier de l'instruction la plus développée.

 

Très largement ces "conquêtes sociales de la Résistance" recouvrent ce qu'il est convenu d'appeler l'Etat-Providence français, en totale faillite aujourd'hui.

 

Or Stéphane Hessel demandait dans son texte de s'indigner contre la remise en cause de ce modèle qui, implicitement, selon lui, était la cause de l'immense écart entre riches et pauvres, des atteintes aux droits de l'homme et de l'état de la planète, c'est-à-dire de son réchauffement climatique.

 

Un seul passage du texte contredisait cet ensemble de valeurs d'inspiration anticapitaliste :

 

"Sartre nous a appris à nous dire : "Vous êtes responsables en tant qu'individus." C'était un message libertaire. La responsabilité de l'homme qui ne peut s'en remettre ni à un pouvoir ni à un dieu. Au contraire, il faut s'engager au nom de sa responsabilité de personne humaine."

 

Mais ce passage était unique en son genre. Sur cette base de la responsabilité individuelle, le raisonnement, mené jusqu'au bout, n'aurait pas conduit à soutenir ces prétendues conquêtes sociales de la Résistance, lesquelles s'avèrent ruineuses aujourd'hui.

 

Les jeunes indignés suisses, pour ce que j'en sais, expriment la même colère et la même révolte que le nonagénaire Stéphane Hessel à l'égard du capitalisme. Il y a un mois ils ont manifesté sur la place des Nations à Genève et sur la Paradeplatz à Zurich. Depuis le 17 octobre dernier jusqu'à hier - ils ont été délogés par la police municipale [la photo provient d'ici] - ils campaient à Zurich dans le parc de Lindenhof. Ils campent toujours au parc des Bastions de Genève.

 

Leur indignation semble intacte en dépit du peu d'écho qu'elle trouve ici en Suisse. Elle est pathétique parce que la crise économique n'est pas celle du capitalisme mais celle de l'Etat-Providence qui a fortement amoindri les bienfaits de ce dernier en le régulant, en le mettant sous tutelle, en l'entravant, en distribuant arbitrairement les richesses produites grâce à lui, en accordant à certains, entreprises ou particuliers, des privilèges au détriment de tous.

 

Au lieu de s'indigner contre le capitalisme, il conviendrait de s'indigner contre tous ceux qui, en passagers de moins en moins clandestins, et de plus en plus nombreux, invoquant un intérêt général hypothétique et subjectif dont ils sont les bénéficiaires, montent dans la barque de l'Etat-Providence au point de la faire couler.

 

Francis Richard

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 19:55

Manifestation-a-Nyon-12.11.11.jpgLe 25 octobre 2011 la société Novartis annonçait la suppression sur un effectif de 120'000 personnes, présentes dans 140 pays, de 2'000 postes dans le monde, dont 1'100 à Bâle et 320 à Prangins près de Nyon. Les médias et les politiciens ont aussitôt été offusqués par l'annonce de ces licenciements ici, faite le même jour que l'annonce d'excellents résultats de l'entreprise ici. Ils ne comprennent pas qu'une entreprise puisse licencier alors qu'elle est en bonne santé, encore en bonne santé.

 

Depuis lors médias et politiciens n'ont de cesse de faire pression sur Novartis pour qu'il reconsidère sa position sur les suppressions d'emploi envisagées. Ils ne sont pas convaincus par les arguments de Novartis qui estime nécessaire de prendre ces mesures "en vue de maintenir la santé de la société dans un environnement imposant des baisses de prix conjuguées à l'augmentation de la dette publique de nombreux pays, aux fluctuations des devises et aux incertitudes économiques".

 

Les médias et les politiciens ne veulent évidemment pas entendre ce que leur dit le CEO de Novartis, Joseph Jimenez :

 

"Les collaborateurs potentiellement concernés seront assistés dans leur recherche d'emploi. Nous ferons tout notre possible pour leur assurer une transition en douceur malgré les circonstances, ce qui comprend également un plan social responsable."

 

Ils ne voient qu'une chose : des emplois seront supprimés alors que l'entreprise se porte bien. Ils ne voient pas qu'elle risque de se porter moins bien si elle ne le fait pas. Faut-il attendre qu'une entreprise se porte mal pour accepter qu'elle licencie ? Question qui peut se reformuler ainsi : faut-il attendre qu'il soit trop tard ?

 

Depuis l'annonce du 25 octobre 2011 une fronde émotionnelle s'organise contre Novartis ici :

 

- manifestation samedi 12 novembre 2011 en présence de nombreux élus de quelques milliers de personnes à Nyon - c'est la deuxième depuis trois semaines ici [d'où provient la photo]

 

- boycott de Novartis organisé par un rhumatologue genevois

 

- révélations par un tabloïd que des médicaments du groupe bâlois ne sont pas fabriqués en Suisse alors qu'une de ses publicités prétendrait le contraire.

 

A ma connaissance seules deux personnes dans la presse ont fait preuve de bon sens dans cette affaire. Elles ont toutes deux écrit des articles sensés, qui montrent que, dans un pays de libre entreprise, ce n'est pas aux médias, aux politiciens, aux syndicats, aux employés de diriger les entreprises mais aux patrons. Coïncidence, ils ont publié le même jour - le 11 novembre 2011 -ces deux articles, dont je n'ai pris connaissance qu'aujourd'hui après deux jours de repos (à la suite d'un examen médical éprouvant effectué le jour de leur parution).

 

Ces deux articles sont réconfortants. Leurs auteurs n'ont pas cédé à un populisme facile qui peut rapporter gros à ceux qui s'y livrent, mais qui apporte surtout la preuve de leur incompétence en matière d'économie et de leur irresponsabilité. Il s'agit de Philippe Barraud qui signe un article intitulé La récession de 2012 sur son site Commentaires.com ici et Marie-Hélène Miauton qui signe un article intitulé Chacun son boulot dans Le Temps ici.

 

Que dit cette dernière ?

 

"Dans le canton de Vaud, tous s'y sont mis, même les plus libéraux parmi les élus cantonaux et nationaux, pour lancer un appel ferme à Novartis à revoir sa décision. Mascarade ! Leur boulot [...], c'est surtout de veiller à améliorer les conditions-cadres faites à l'économie afin que le marché de l'emploi reste aussi sain qu'il l'est aujourd'hui."

 

Que dit le premier sur la récession prévisible en 2012 ?    

 

"Des craquements dans de grandes entreprises ont sonné l'alarme, voire la mobilisation politique générale, dans le cas de Novartis à Nyon. [...] Ces entreprises ont dégagé beaucoup de profit et généré beaucoup d'emplois pendant des années, et tout le monde en a profité. Il est peut-être un peu court de leur tomber dessus aujourd'hui, alors que les affaires vont moins bien, et qu'elles prennent, logiquement, des mesures stratégiques destinées à assurer la viabilité de l'entreprise à long terme."

 

Philippe Barraud met en garde contre l'immixtion de l'Etat "dans la gestion économique des entreprises" et défend "la plus grande souplesse possible en termes de main-d'oeuvre" :

 

"Que se passe-t-il si cette souplesse est entravée par des contraintes politiques ? Les entreprises n'embauchent qu'au compte-goutte, sachant qu'elles auront mille difficultés à revenir en arrière. Et si décidément les commandes exigent un accroissement de la production, elles n'hésiteront pas à la délocaliser sous des cieux moins procéduriers."

 

Au final écrit-il à ce propos :

 

"On est en droit de considérer que c'est injuste, cynique, pas sympa : sans doute, mais une entreprise vivante vaut toujours mieux qu'une ancienne entreprise tuée par les contraintes sociales."

 

Les médias, les politiciens, les syndicats, les employés devraient méditer cette vérité économique...

 

Francis Richard   

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 20:15

Sarkozy-G20-2011.jpgLors d'un point presse à l'issue du G20 [ici], le 4 novembre dernier, le président français, Nicolas Sarkozy [la photo provient d'ici], a dit une petite phrase sur la Suisse :

 

"La Suisse et le Liechtenstein ne seront pas qualifiées en phase deux de l'examen de transparence fiscale tant qu'ils ne remédieront pas à certaines déficiences qui sont identifiées."

 

Dans son communiqué final le G20 déclare ici :

 

"In the tax area, we welcome the progress made and we urge all the jurisdictions to take the necessary actions to tackle the deficiencies identified in the course of the reviews by the Global Forum, in particular the 11 jurisdictions identified by the Global Forum whose framework has failed to qualify."

 

Ce qui peut se traduire ainsi :

  

"En matière fiscale nous saluons les progrès réalisés et nous demandons instamment à toutes les juridictions de prendre les mesures nécessaires pour remédier aux déficiences identifiées lors des révisions faites par le Forum Mondial, en particulier aux 11 juridictions identifiées par le Forum Mondial dont le cadre juridique [phase 1] ne leur a pas permis de se qualifier."

 

La Suisse fait-elle partie de ces 11 parias sur les 59 juridictions révisées par le Forum Mondial ? A première vue oui.



Il y a en fait 9 juridictions sur ces 11 qui ne pourront pas accéder à la phase 2, celle de la mise en application du standard OCDE. Il s'agit d'Antigua et Barbuda, de la Barbade, du Botswana, de Brunei, de Panama, des Seychelles, de Trinidad et Tobago, de l'Uruguay et du Vanuatu.



Les 2 autres juridictions, la Suisse et le Liechtenstein, pourront accéder sous conditions.



Que dit le rapport 2011 du Forum Mondial sur la Transparence fiscale à propos de la Suisse ici : 

 

"In the case of Switzerland two elements were also found not to be in place (availability of ownership and identity information and exchange of information mechanisms to the standard), with three other elements needing improvement. Moving to Phase 2 is conditioned upon adoption of an interpretation of its new treaties in accordance with the international standard. Since its initial report, Switzerland has introduced bills to address this issue."

  

Ce qui peut se traduire ainsi :

  

"Dans le cas de la Suisse deux éléments ne sont pas encore en place (la disponibilité de l'information sur la propriété et l'identité et les mécanismes d'échange d'information conformes au standard), ainsi que trois autres éléments qui nécessitent amélioration. Passer à la phase 2 nécessite l'adoption de ses nouveaux traités en conformité avec le standard international. Depuis son rapport initial, la Suisse a introduit des lois pour s'occuper de ce problème." 

 

Nicolas Sarkozy est donc allé un peu vite en besogne avec sa petite phrase, en omettant cette dernière phrase du rapport. Ce que confirme une déclaration au Temps du 5 novembre 2011 du secrétaire général du Forum Mondial, Pascal Saint-Amans qui souligne "les progrès importants effectués mais il faut encore que la législation entre en vigueur pour qu'elle sorte de la liste" ici.

 

En montrant du doigt la Suisse, Nicolas Sarkozy veut en fait faire pression sur elle pour obtenir davantage que la Grande-Bretagne et l'Allemagne qui ont accepté que le secret bancaire helvétique soit conservé moyennant le paiement d'un impôt à la source [voir mon article Le secret bancaire suisse maintenu contre paiement: est-ce bien moral ? ]. C'est clairement l'échange automatique d'informations qui est souhaité par Nicolas Sarkozy pour les relations entre la France et la Suisse, échange automatique qui ne fait pas partie du standard de l'OCDE...



Quand on dirige un Etat-Providence en faillite, qui est le prochain sur la liste après la Grèce, l'Italie et l'Espagne, on est prêt à tout pour faire rentrer de l'argent dans les caisses, voir le plan de mesures révélé aujourd'hui par le gouvernement français, même de porter atteinte au droit de tout homme à sa sphère privée, dont le secret bancaire fait partie et qui est impensable dans un Etat devenu policier comme la France - ce dont ses habitants ne se rendent même plus compte.

 

Francis Richard

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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 21:55

BNSSur les neuf premiers mois de l'année la BNS [dont la photo provient d'ici] s'en sort pas trop mal. Son bénéfice de 5,8 milliards de francs est le résultat des fortes fluctuations en sens contraires sur les marchés de l'or, des changes et des capitaux, qu'elle ne maîtrise pas, et qu'elle ne peut pas maîtriser. Tant mieux si le solde est positif...

 

La bonne surprise est que l'or de la BNS, dont le stock est resté le même depuis le début de l'année, a généré une plus-value de 4,993 milliards sur 9 mois (en fait, de 6,543 milliards au 3e trimestre 2011, compensant la moins-value des 9 premiers mois).

 

Les pertes de change ont été limitées par le cours plancher décidé le 6 septembre dernier - c'est le bon côté de l'opération. Elles étaient de 10,7 milliards à fin juin. Elles ne sont plus que de 4,704 milliards de francs à fin septembre 2011.

 

Ces dernières pertes et les pertes de cours sur les titres de participation et les instruments de participation (3,041 milliards) ont été compensées par les produits d'intérêts (4 milliards), le produit des dividendes (443 millions), les gains de cours sur les titres porteurs d'intérêts et les instruments sur taux d'intérêts (3,663 milliards) : merci à la situation actuelle des taux d'intérêt.

 

La BNS reconnaît dans son communiqué de ce jour qu'"il n'est que difficilement possible de tirer des conclusions pour le résultat de l'exercice 2011". Dans ces conditions il serait imprudent de promettre une distribution de dividendes aux actionnaires et de bénéfice à la Confédération et aux cantons [voir mon article Qui fera les frais des pertes probables de la BNS ? du 17 septembre 2011]. 

 

Cette prudence est d'autant plus justifiée que deux chiffres du bilan ne laissent pas d'inquiéter.

 

A l'actif  les placements de devises, qui étaient de 197 milliards à fin juin et de 253 milliards à fin août, sont de 305 milliards à fin septembre. Il suffirait que le dollar plonge à nouveau et que l'euro tente de passer en-dessous du plancher de 1,20 franc pour que de grandes pertes de change soient de nouveau au rendez-vous.

 

Au passif la réserve pour distributions futures est de moins 5 milliards, alors qu'elle était d'un peu plus de 19 milliards au 31 décembre 2010. Cela signifie qu'à l'heure actuelle la BNS n'est pas en mesure d'honorer la convention du 14 mars 2008 de verser 2,5 milliards de bénéfice à la Confédération et aux cantons dans la proportion d'un tiers deux tiers.

 

Ce résultat improbable de 5,826 milliards des 9 premiers mois ne permet donc pas de pavoiser...

 

Francis Richard

 

PS

 

Tous les chiffres proviennent du site de la BNS ici

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 20:35

Eveline WidmerLes résultats des élections fédérales - ils devraient ravir Alain Jeannet, le rédacteur en chef de L'Hebdo , qui rêvait de voir l'UDC maigrir - ont donc démenti les sondages préélectoraux, ce qui ne surprend pas la présidente de MIS Trend, Marie-Hélène Miauton, qui, en professionnelle des sondages, confie au Temps de ce jour ici :

 

"Une élection à la proportionnelle dans 26 cantons est très compliquée à anticiper."

 

Elle constate que ces sondages "n'ont rien vu sur trois mouvements de sièges importants de ce dimanche électoral : le recul de l'UDC et la défaite lourde des Verts n'ont pas été anticipés; et le recul des libéraux-radicaux se révèle inférieur à la débâcle annoncée".

Parlons du recul indéniable de l'UDC, Union démocratique du Centre, qui a perdu 3,6% entre 2007 et 2011, 25,3% des voix en 2011 contre 28,9% en 2007. Ce qui montre, entre parenthèses, qu'une campagne à coup d'argent ne préfigure pas les résultats des élections: que n'a-t-on pas dit sur les moyens financiers de l'UDC, en omettant de préciser que c'est finalement peu en considération de tout l'argent dépensé par l'ensemble des médias pour médire d'elle pendant quatre ans.

 

A la TSR le recul de l'UDC, qui a fait une campagne molle cette fois-ci et qui le paie vraisemblablement - la modération ne lui va pas bien au teint - était présenté de la manière formelle, mais fallacieuse, suivante : 62 sièges en 2007 et 55 en 2011, comme si une scission en son sein et la création du PBD, Parti bourgeois démocratique, n'étaient pas intervenues entre-temps, en 2008.

 

En cours de législature 5 conseillers nationaux ont en effet quitté les rangs de l'UDC pour rejoindre le PBD. Il n'y avait donc plus que 57 conseillers nationaux UDC, qui ne sont en définitive plus que 54 maintenant. Le PBD, selon la TSR, était parti de 0 pour atteindre maintenant 9 conseillers nationaux... alors qu'en fait ils étaient passés de 5 à 9, ce qui relativise tout de même un peu leur progression.

 

Marie-Hélène Miauton a raison de dire :

 

"L'affaiblissement de l'UDC traduit la perte de l'électorat modéré de ce parti qui se retrouve dans le PBD issu de la crise interne à l'UDC après l'élection de Mme Widmer-Schlumpf au Conseil fédéral à la place de Christophe Blocher."[la photo provient d'ici]

 

Globalement la gauche recule autant que la droite. Cela ne se voit pas bien dans le cas du PSS, Parti socialiste suisse, puisque des apparentements lui permettent de gagner 3 sièges tout en reculant de 1,9% des voix, 17,6% des voix en 2011 contre 19,5% en 2007. C'est surtout la lourde défaite des Verts, qui perdent 5 sièges, avec 8% des voix en 2011 contre 9,6% en 2007 - et se retrouvent à 15 sièges -, qui souligne ce recul.

 

Le centre grossi des sièges et des voix perdues à droite et à gauche - environ 3,5% des deux côtés - s'émiette. Les Verts libéraux sont les grands vainqueurs puisqu'ils passent de 3 à 12 sièges et atteignent les 5,2%; ils prouvent que l'écologie n'est pas l'exclusivité de la gauche. On l'a vu le PBD passe de 5 à 9 sièges avec 5,2% des voix, tandis que le PDC, Parti démocrate-chrétien, passe de 31 à 28 sièges - et de 14,7% des voix en 2007 à 13% en 2011 - et le PLR, le Parti libéral radical, de 35 à 30 sièges - et de 15,8% des voix en 2007 à 14,7% en 2011.

En résumé il y a une gauche et une droite amaigries, qui tournent chacune autour de 26% des voix et qui sont relativement cohérentes, et un gros centre droit autour de 39%, complètement émietté, en quatre morceaux.

 

Marie-Hélène Miauton s'en afflige :

 

"Je suis malheureuse de l'émiettement du centre droit. C'est un processus inquiétant pour la future gouvernance de la Suisse. Ce n'est pas sain pour le parlement. Les rapports de force deviennent moins lisibles, plus aléatoires. Cela favorisera la tentation de négocier ses voix de façon non transparente. Ce n'est pas bon pour la démocratie."

 

Cette observation devrait se confirmer lors de l'élection des Conseillers fédéraux le 14 décembre prochain...

 

Francis Richard

 

PS du 27.10.2011 

 

Voici les résultats publiés sur le site de la Confédération : 

 

 

Sigle Parti % des voix Conseillers nationaux
PLR Parti libéral-radical 15.1 30
PDC Parti démocrate-chrétien 12.3 28
PSS Parti socialiste suisse 18.7 46
UDC Union démocratique du centre 26.6 54
PES Verts  8.4 15
PVL Verts libéraux 5.4 12
PBD Parti bourgeois démocratique 5.4 9

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 18:30

pro-jura.chCela commence par des visiteurs de mon blog en provenance d'un site que je ne connais pas : http://www.pro-jura.ch . Par curiosité je me rends sur le site en question.

 

C'est celui de Dominique Baettig, candidat UDC au Conseil national dans le Jura, où 16 candidats se disputent ... les 2 sièges à pourvoir. Une petite enquête m'apprend que le lancement de ce site s'est fait de manière originale.

 

Il y a tout juste une semaine, le 10 octobre 2011, un tout-ménage, prospectus distribué dans toutes les boîtes aux lettres, fait son apparition dans le Jura. En haut de page de ce document que je me suis procuré, République et Canton du Jura, 23 octobre 201, suivi de cette phrase sibylline :

 

"Quand il s'agit de leurs enfants et de l'avenir de leur canton, les Jurassiennes et les Jurassiens votent avec leurs têtes et même pour une "forte tête"."

Le lendemain, 11 octobre 2011, la radio locale RFJ écrit ici :

 

"Le voile de fumée s’est dissipé. Le tract anonyme distribué lundi dans les boîtes aux lettres du canton du Jura a livré mardi matin le nom de son auteur. Il s’agit du conseiller national jurassien UDC Dominique Baettig, soutenu par un comité de citoyens. Le feuillet incite les Jurassiens à se rendre sur le site www.pro-jura.ch. Le président de l'UDC Jura, Romain Schaer, a appris la nouvelle par nos soins. Il estime que "si des gens trouvent des fonds ailleurs pour se faire de la pub personnelle, ça ne dérange pas le parti cantonal, pour autant que ça ne dérape pas.""

 

Pourquoi figuré-je parmi les liens du site ?

 

Si je n'ai rien écrit sur les séquelles de la vaccination contre le virus A(H1N1), ni sur l'agriculture avec du lait payé 20 centimes le kilo, ni sur l'allemand obligatoire à l'école, ni sur les candidats jurassiens au Conseil national, mes articles sur la BNS et sur la démocratie directe m'ont peut-être valu de figurer parmi les liens "informatifs" du site.

 

Comme mon but est de propager un certain nombre d'idées et de valeurs auxquelles je tiens, même si je suis loin de partager toutes les idées du candidat UDC à sa propre succession dans le Jura - notamment en matière de théorie du complot -, je renvoie volontiers l'ascenseur à celui qui me l'a envoyé.

 

Il faut dire que j'aime bien les cavaliers seuls ... et que j'essaie de n'avoir pas de préjugés. C'est ainsi que j'ai découvert que Dominique Baettig n'avait pas chômé durant les quatre ans où il a représenté le Jura à Berne. La liste de ses interventions est impressionnante et certaines ne sont pas dénuées d'intérêt.

 

Cela vaut le détour, sinon l'adhésion. 

 

Francis Richard 

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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 08:35

Toni BrunnerDans son éditorial de L'Hebdo du 13 octobre 2011 ici, Alain Jeannet joue implicitement les prophètes à dix jours des élections fédérales :

 

"Contrairement aux élections de 2007, l'UDC ne maîtrise plus l'agenda politique. Ses provocations tombent à plat. Ses héros semblent fatigués. D'aucuns en déduisent l'annonce d'un déclin."

 

Alain Jeannet reste prudent. D'aucuns ? Il pourra toujours dire que ce n'est pas lui qui annonçait ce déclin qu'il souhaite pourtant ardemment.

 

Même s'il ne s'agit que d'un sondage, le dernier de gfs.berne  publié le 12 octobre 2011 ici, [d'où provient la photo de Tonni Brunner, le président de l'UDC suisse] montre que l'UDC serait en légère progression (29.3% contre 28.9%) par rapport aux élections de 2007, en dépit de l'apparition du PBD (3.6% contre 0%), qui résulte d'une scission au sein de l'UDC après l'élection de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf au siège de Christoph Blocher.

 

A propos de Christoph Blocher, Alain Jeannet parle de pleurnicheries. Le chef de l'UDC qui doute de son élection, à Zurich, au Conseil des Etats, se plaindrait dans le SonntagsBlick, le plus fort tirage de la presse dominicale :

 

"Les journalistes auraient décidé de se liguer contre lui, l'UDC subirait une sorte de boycott médiatique."

 

Et d'ajouter : "On se pince".

 

Sous la plume d'Alain Jeannet cela ressemble à une galéjade puisque, dans l'hebdomadaire dont il est le rédacteur en chef, il ne se passe pas de semaine sans que l'UDC ne soit prise pour cible, comme dans les autres médias, à l'exception notoire de la Weltwoche.

 

L'autre semaine faisait également exception. Le conseiller d'Etat Jean-Claude Mermoud, après son décès, a été ménagé. Comme les antisémites ont leur bon juif, les anti-UDC ont leur bon UDC. Mais cette exception confirme la règle de systématiquement s'en prendre à l'UDC, quoique ses représentants disent. Avec eux les nuances ne sont pas de mise.

Alain Jeannet ne sous-estime cependant pas sa meilleure ennemie :

 

"Au fil des années, l'UDC a formé une armée de militants. Plus qu'un parti, c'est un mouvement, qui s'est construit autour de thèmes travaillés à fond. Sur la durée. Contrairement à ses adversaires, il mobilise l'essentiel de son électorat potentiel."

 

Bref, pour l'éditorialiste, "l'UDC reste une redoutable machine de guerre".

 

 Certes une grande partie des résultats de l'UDC sont obtenus grâce à ses militants. Qu'elle bénéficie de fonds importants c'est indéniable, mais cela contrebalance-t-il le dénigrement systématique des commentateurs médiatico-politiques à son égard ?

 

Les succès de l'UDC viennent plutôt de ce qu'elle est à l'écoute des vrais problèmes rencontrés par les citoyens. On peut être pour la libre circulation des personnes et se poser des questions sur l'immigration. On peut être pour la défense de la sphère privée et se poser des questions sur l'insécurité grandissante (dans mon immeuble, à Lausanne, 4 appartements sur 24 ont été cambriolés il y a trois semaines...).

 

Au vu des résultats en Suisse romande il faudra voir, dans huit jours, si L'Hebdo, qui a ici le monopole de fait en tant que news magazine, aura eu une influence, si cette machine de guerre contre l'UDC aura fait autre chose que des ronds dans l'eau du lac Léman.

 

Francis Richard   

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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 09:00


Daniel VasellaDans le dernier numéro de Bilan ici daté du 5 octobre 2011, sont publiés les résultats d'un sondage mené en juillet dernier par Demoscope ici auprès de 1009 habitants de la Suisse.

Il ressort de ce sondage qu'une majorité de 58% des personnes interrogées "pense que l'Etat devrait légiférer sur les revenus des dirigeants", contre 34% des personnes qui estiment que c'est une décision libre des actionnaires et 8% sans opinion. 

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à souhaiter cette intervention de l'Etat ; les personnes de plus de 55 ans plus nombreuses que celles de moins de 35 ans ; les personnes à faibles et moyens revenus plus nombreuses que celles à revenus plus élevés ; les personnes les moins éduquées plus nombreuses que les plus éduquées.

Pourquoi l'intervention de l'Etat est-elle souhaitée ? Pour fixer des limites :

 

"L'idée serait [...] de se baser sur une limitation des écarts entre le salaire le plus bas dans l'entreprise concernée et le salaire le plus haut."

 

Ce qui revient à dire que l'on trouve exagéré ces écarts. Autrement dit, on est mû par un sentiment d'inégalité, qui ne repose sur rien d'objectif, qui est purement émotionnel, qui provient de la comparaison entre ses propres revenus et ceux des dirigeants.


L'article de Bilan ne donne pas d'explications sur les motivations des différentes catégories de personnes qui se sont prononcées pour une fixation des limites du salaire des dirigeants par l'Etat. On peut cependant tenter de donner des explications, catégorie par catégorie.

Comme les femmes sont effectivement moins bien payées que les hommes et qu'elles sont moins nombreuses à occuper des postes de dirigeants, il n'est pas surprenant qu'elles soient en majorité favorables à l'intervention de l'Etat.

Les personnes âgées de plus de 55 ans ont bien souvent atteint le maximum des revenus qu'elles pouvaient espérer, ce qui n'est évidemment pas le cas des plus jeunes qui ont encore toute leur carrière devant eux.

Pour les personnes à faibles et moyens revenus les écarts sont encore plus criants que pour les personnes aux revenus les élevés. Bien souvent le niveau du revenu va de pair avec l'éducation. Aussi n'est-il pas non plus surprenant que les personnes les moins éduquées ressentent davantage ces écarts.

Pourquoi cette comparaison est-elle faite ? C'est l'envie, à l'origine de toutes les politiques d'intervention de l'Etat pour réduire arbitrairement les inégalités qui en est le moteur. L'envie est évidemment habillée des vêtements honorables de la justice sociale, sinon comment justifier cette intrusion de l'Etat dans les affaires privées ?

De quoi parle-t-on en matière de salaire des dirigeants ? Ce sont surtout les salaires des hauts dirigeants qui suscitent la réprobation, au vu de leurs résultats.

Le montant total des rémunérations des conseils d'administration et de la direction générale de 49 sociétés, toutes comprises dans le SMI,  Swiss Market Index, et le SMIM, son indice complémentaire, s'élèverait à 1,27 milliards de francs, selon Ethos ici [voir l'article du Temps du 3 juillet 2011 de Mathilde Farine ici] , qui s'indigne de leur hausse entre 2009 et 2010 :

"En moyenne et quel que soit le secteur, un membre de la direction générale a reçu près de 3 millions de francs (+19%), le président du conseil d’administration 1,9 million (–5%), et un administrateur 300 000 francs (+6%)."

Est-ce exagéré ? Si l'on compare ces revenus avec les revenus des personnes les moins rémunérées de ces entreprises, certainement. Mais c'est purement subjectif. Comparaison n'est pas raison.

 

Il y a en effet un marché des hauts dirigeants et il ne semble pas que les hauts dirigeants suisses soient payés davantage que leurs confrères des pays les plus riches. Par ailleurs ne serait-il pas plus juste par exemple de comparer ces rémunérations à l'effectif des entreprises en question ? Ou à leurs chiffres d'affaires ?

C'est pourquoi la définition des écarts entre les plus hauts revenus et les plus bas d'une entreprise donnée ne peut être qu'arbitraire. Les écarts devraient-ils être de 1 à 12 comme le proposent les Jeunes socialistes suisses ici ? Mais pourquoi pas de 1 à 7 ou de 1 à 20...

 

L'Etat fait déjà beaucoup trop de choses. La plupart du temps il les fait moins bien que ceux qui sont directement intéressés et il ne s'occupe pas bien de la sécurité intérieure et extérieure qui devraient être ses principaux soucis.

On ne voit donc pas pourquoi il devrait se mêler des revenus des hauts dirigeants qui est affaire privée et qui ne peut être résolue que contractuellement, au cas par cas.

Francis Richard


La photo de Daniel Vasella, patron de Novartis, qui illustre cet article provient d'ici.

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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 21:30

Mesures-31-aout-Conseil-federal.jpgAprès un mois d'août 2011, au cours duquel la Banque nationale suisse, BNS, aura injecté 200 milliards de liquidités, le mois de septembre 2011 n'aura pas été moins funeste pour l'économie helvétique.

 

Le 6 septembre 2011 la BNS décide de maintenir l'euro à un cours plancher de 1.20 franc suisse ici, c'est-à-dire de lier le sort du franc suisse à celui de l'euro.

Le 30 septembre 2011, c'est-à-dire demain, seront enterinées définitivement par le Parlement les mesures présentées par le Conseil fédéral le 31 août 2011 ici [la photo de cette conférence de presse provient d'ici].

Dans peu de temps on connaîtra le coût réel de cet interventionnisme étatique dans l'économie et on pourra regretter l'occasion manquée que procurait un franc fort. C'était en effet une véritable opportunité pour les entreprises suisses de marquer des points par rapport à leurs concurrentes européennes, que les autorités helvétiques n'auront pas saisie, dans tous les sens du terme.

 

Bientôt nous aurons une idée de ce qu'aura coûté l'achat d'euros par la BNS pour maintenir le franc suisse à un cours plancher arbitraire. Il suffira de jeter un coup d'oeil sur le montant des placements de devises de la BNS au 30 septembre 2011. On ne le saura vraisemblablement qu'une fois passées les élections fédérales du 23 octobre prochain, dans un mois... A fin août 2011 ces placements représentaient 253 milliards de francs, contre 197 milliards à fin juin 2011...

La plus grande part du plan contre le franc fort, qui sera adopté demain, et applicable dès le lendemain, s'élève à 500 millions de francs et est destinée à permettre l'indemnisation d'éventuelles réductions d'horaires de travail. Cela veut dire que, si cette éventualité se présente, on sera prêt à colmater les brèches. C'est aussi admettre que l'économie suisse est sur la défensive...

 

N'aurait-il pas mieux valu rendre les entreprises suisses plus compétitives en abaissant leurs coûts, par exemple en abaissant l'impôt sur les sociétés comme le suggérait Victoria Curzon-Price dans un article du Temps du 14 septembre 2011 ici ? Ce qui n'enlève pas la contrainte bénéfique pour les entreprises d'améliorer encore leur productivité par l'innovation et la créativité. 

Les autres mesures qui seront adoptées définitivement demain - 212,5 millions pour la technologie et la recherche, 100 millions pour l'hôtellerie, 46,5 millions pour les transports, 10 millions pour les exportations de produits agricoles transformés - sont toutes des mesures sectorielles qui favoriseront automatiquement certaines entreprises en mauvaise posture aux dépens de celles qui se portent bien.

 

Comme le soulignait Victoria Curzon-Price dans l'article cité plus haut :

 

"Il n’y a rien de plus détestable en politique économique que d’imaginer des mesures qui font de la discrimination, en l’occurrence entre les secteurs exposés à la concurrence internationale et les secteurs «intérieurs». Non seulement ce genre de distinction est contraire à l’esprit du droit – il est injuste – mais il n’a aucun fondement économique. Tout étant lié à tout dans l’économie, ces distinctions n’ont aucun sens."

Cet interventionnisme donne donc l'impression d'être une réponse précipitée plutôt que réfléchie à la situation. Il faut dire que dans un peu plus de trois semaines ont lieu les élections fédérales ... et que le gouvernement, de même que les parlementaires, doivent montrer justement qu'ils ne sont pas restés les bras croisés devant cette situation. Ceci explique cela...

 

Francis Richard 

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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