Le 14 février 1929, le jour de la Saint-Valentin, sept personnes sont assassinées à Chicago. Le commanditaire est un certain Al Capone... Les meurtres de la Saint-Valentin, de Jean-Marie Reber, sont en nombre plus modeste.
Il n'y a en effet que deux victimes dans ce polar et elles sont mortes la veille de la Saint-Valentin, un samedi, le 13 février donc, dans "une petite ville qui se situe au coeur de l'Europe géographique et qui, par modestie, souhaite rester anonyme".
Le premier crime est commis à 20 heures dans une petite cour intérieure, "située au milieu d'un petit passage d'une quarantaine de mètres qui reliait la rue du Seyon à la place du Marché". La victime, Sylvie Meier, est une jeune fille de dix-sept ans. Elle a reçu un coup de couteau en plein coeur.
Sylvie a été découverte aussitôt après la commission du meurtre, d'abord par
, et par une vieille dame de 84 ans, fort diserte, Brigitte Poret.
Le second crime est commis la même soirée,
entre 22 heures et minuit. La scène de ce crime-ci est un studio occupé par une autre jeune fille, Chloé Frossard. Cette fois, c'est la mère de celle-ci qui l'a découverte, gisant derrière la porte et baignant dans son sang.
Le mode opératoire de ce second crime est différent du premier. Cette fois, la victime a reçu deux balles de 9 mm en plein coeur. Un voisin a vu un bel homme, "méditerranéen d'allure", quitter les lieux, semble-t-il vers 21 heures. Mais ce n'est qu'estimatif.
La meilleure amie de Sylvie, c'est Chloé, mais cela ne veut pas dire que les deux crimes soient liés. Sylvie a un petit ami attitré, Sébastien Burnier, avec lequel elle n'est pourtant jamais passé à l'acte, et un amant, Paolo Bianchi, la quarantaine, qui l'a mise enceinte et qui se trouve être le mari de la marraine de Sébastien, Léa, et, également, l'amant de... Chloé.
La mère de Sylvie, Nathalie, est divorcée. Son mari, Sylvius, vit en Allemagne. Les parents de Chloé, Pierre et Marinette, n'ont pas accepté de gaieté de coeur que Chloé prenne son indépendance et habite seule un studio. Maintenant ils regrettent amèrement de ne pas l'en avoir empêchée...
L'enquête est menée par l'inspecteur Fernand Dubois et son équipe, composée de Karen Jeanneret, célibataire, et de Jésus Minder, en couple instable avec Julie. L'inspecteur Dubois, 50 ans, est marié avec Giselle. Ils ont deux enfants, des jumeaux de 8 ans, les "jujus", Grégoire et Francine.
Tout cela pour dire que, parallèlement, à l'enquête, l'auteur ne cache rien de la vie privée de ceux qui la mènent, les rendant familiers au lecteur et les présentant somme toute comme des personnes ordinaires, ayant une vie ordinaire en dehors de leur vie professionnelle qui l'est beaucoup moins.
Comme dans tout bon whodunit, l'auteur explore toutes les pistes possibles: Sébastien Burnier, Paolo Bianchi-Girardin, le coupable idéal, vers lequel convergent tous les indices et toutes les présomptions, sa femme Léa, riche héritière de la famille horlogère Girardin... Quel motif a guidé la main du ou des meurtriers? La jalousie? La réputation compromise? L'argent?
Ce polar est bien construit, et bien écrit, ce qui ne gâte rien. Le lecteur attentif, qui prend des notes en lisant, a sous les yeux tous les éléments pour résoudre l'énigme. Mais l'auteur prend un malin plaisir à brouiller les pistes de manière à l'égarer jusqu'au moment où il dénoue l'affaire. De la belle ouvrage...
Ce polar vient après un premier opus où déjà l'inspecteur Dubois menait l'enquête. La parution de deux autres volumes avec ce protagoniste est prévue en 2016. Fernand Dubois, inspecteur couleur locale, pourrait bien, si ses apparitions se poursuivent à ce rythme, s'inscrire dans la lignée d'un Jules Maigret ou d'un Antoine Bourrel...
Francis Richard
Les meurtres de la Saint-Valentin, Jean-Marie Reber, 252 pages, Nouvelles Editions
Livre précédent chez le même éditeur:
Le parfum de Clara (2015)