Au Graduate Institute Geneva, Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement, du 14 au 16 avril 2016, s'est tenu un colloque sur Wilhelm Röpke (1899-1966), économiste libéral et philosophe social allemand.
Le cinquantenaire de sa disparition est l'occasion de faire connaissance avec ce penseur qui a vécu une trentaine d'années en Suisse au XXe siècle, qui a justement enseigné au Graduate Institute Geneva, et qui a aimé la Suisse, où le libéralisme est mis en pratique.
Röpke bénéficie d'une entrée dans le Dictionnaire historique de la Suisse:
Ce colloque a été organisé par l'Institut Libéral, représenté par son directeur, Pierre Bessard, en collaboration avec le , l'Aktionsgemeinschaft Soziale Marktwirtschaft, représenté par son président du Conseil, Nils Goldschmidt, le Wilhelm Röpke Institut, représenté par son vice-président, Stefan Kolev, et l'Agora - Université de Cergy-Pontoise, représentée par Patricia Commun, professeur d'études germaniques:
Le colloque s'est déroulé en trois parties:
- le colloque proprement dit avec dix-sept interventions académiques en anglais
- une intervention publique du président de l'Institute for Liberty and Democracy, Hernando de Soto, en direct depuis le Pérou
- une conférence publique avec huit interventions (une en anglais, trois en allemand et quatre en français)
Au terme de ces trois journées denses et fécondes, que retenir de ce qui a été dit sur Wilhelm Röpke par les différents intervenants?
Röpke a dû quitter l'Allemagne en 1933 lors de l'arrivée des nazis au pouvoir. Après guerre, ce combattant des idées sera tout autant opposé au totalitarisme communiste qu'il l'aura été au totalitarisme nazi. Pour des raisons similaires. Après trois ans passés à Istanbul, il s'établit à Genève.
Etait-il conservateur? Les réponses divergent. Sans doute parce que tout le monde ne s'accorde pas sur la définition du mot. Une chose est sûre, il accordait beaucoup d'importance aux vertus individuelles, telles que le respect, l'honnêteté, la déférence, la politesse, l'humilité dans l'échange avec les autres et s'affligeait de la perte du sens communautaire.
L'ensemble des intervenants s'accorde à dire qu'il était pessimiste. Mais le pessimisme ne va-t-il pas de pair avec le réalisme? En tout cas, il craignait que le collectivisme ne l'emporte dans le monde. A son époque, cette crainte n'était-elle pas fondée? Aujourd'hui, ne l'est-elle pas, d'une autre manière?
Röpke se situait lui-même entre le capitalisme et le communisme. Il se disait favorable à une troisième voie, mais n'était pas pour autant keynésien. Promoteur d'une économie sociale de marché, il voulait surtout donner un cadre éthique et légal au marché.
Etait-il interventionniste pour autant? Ludwig von Mises ne disait-il pas lui-même que soutenir et assurer la propriété privée n'étaient pas des interventions? En tout cas Röpke ne voulait pas comme Keynes que le marché soit régulé par l'Etat, par exemple par la pratique de politiques de relance.
Etait-il libéral? Indéniablement puisqu'il était pour un état de droit, un gouvernement limité, le respect de la propriété privée, la liberté humaine et la responsabilité qui lui est indissociable. Mais il ne croyait pas que l'économie de marché soit suffisante pour créer une société libérale.
Röpke pensait que le social était l'affaire de tous et non pas des pouvoirs. Il se méfiait des monopoles, quels qu'ils soient, et souhaitait leur contrôle. Il était opposé notamment à celui de la morale que s'arrogent des pouvoirs civils ou religieux.
A la différence d'autres libéraux - le libéralisme est polyphonique, dixit Alain Laurent -, , ce culte de l'individu concentré sur lui-même.
Francis Richard