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19 août 2016 5 19 /08 /août /2016 22:45
Guggenheim saga, de Gilberte Favre

Gilberte Favre vient de publier un livre trilingue, anglais, allemand, français, intitulé Guggenheim saga. Qui ne connaît le patronyme Guggenheim? Il est immédiatement associé à la défense de l'art contemporain et à une des plus grandes fortunes du monde.

 

Ce livre de Gilberte Favre raconte comment la branche de cette famille, originaire de Suisse, d'un village en Argovie, celle des descendants de Simon Meyer Guggenheim, est devenue riche après avoir connu la misère et la famine, et les discriminations.

 

Cette histoire commence en 1836, à Lengnau, la seule localité de Suisse, avec Endingen, où les Juifs ont le droit de résider depuis 1776. Simon Meyer Guggenheim vient de perdre sa femme Charlotte, qui lui a donné six enfants, cinq filles et un fils unique, Meyer.

 

Simon Meyer a bien du mal à concilier son métier de tailleur et ses responsabilités familiales. Il est humilié de devoir accepter l'aide de la commune juive de Lengnau. Meyer, son fils de huit ans, afin d'alléger la tâche de son père, exerce, parallèlement à l'école, le métier de colporteur...

 

Les Juifs ne sont pas encore considérés comme égaux en droit aux chrétiens (il faudra attendre 1863 pour que les restrictions les visant soient abolies et 1866 pour qu'ils soient libres de s'établir en Suisse). Le jeune Meyer n'a pas trop le choix: il sera tailleur comme son père.

 

En effet, au nom de lois absurdes, il est interdit aux Juifs, sur tout le territoire helvétique, d'acquérir de la terre et de la cultiver, d'accomplir des études et de devenir avocat ou médecin, par exemple.

 

En 1846, Meyer a dix-huit ans, son père Simon Meyer cinquante-quatre. Ce dernier veut se remarier avec une femme de quatorze ans plus jeune que lui, Rachel Weil Myers, mais les autorités de Lengnau interdisent ce mariage sous le prétexte qu'ils sont ... trop pauvres.

 

A eux deux, Simon Meyer et Rachel ont treize enfants: En raison de la ségrégation dont ils sont victimes, les amoureux ne souhaitent pas s'éterniser en Suisse. Et c'est ainsi qu'ils économisent sou après sou, vendent tous leurs biens et partent pour l'Amérique en 1847.

 

C'est à Philadelphie, en 1848, que Rachel et Simon Meyer se marient à la synagogue: Cette fois, les autorités ne mettront pas de veto à leur union... et que la collaboration entre Simon Meyer et son fils Meyer leur permet de faire fortune d'abord dans le commerce, puis dans l'industrie.

 

Rachel meurt en 1857, Simon Meyer en 1869. Celui-ci peut s'en aller dans la sérénité: Il savait que son fils, Meyer, veillerait sur ses soeurs comme il l'avait prouvé depuis ses huit ans. Dix-sept ans plus tôt, Meyer a épousé Barbara, une des filles de sa belle-mère. La saga continue...

 

Gilberte Favre fait le récit de cette fortune acquise par Meyer et ses fils dans des fabriques de broderie en Europe, dans des mines et des usines métallurgiques à travers le monde, du Colorado et du Mexique à l'Alaska, de la Bolivie au Chili et au Congo.

 

A la disparition de Meyer, chacun de ses enfants est multimillionnaire: Le natif de Lengnau savait qu'aucun d'eux n'aurait faim et que leurs enfants ne seraient jamais arrachés à leurs parents comme ses soeurs l'avaient été.

 

Gilberte Favre raconte ce que sont alors devenus ses descendants: ils se sont distingués dans les beaux-arts, bien sûr (De New-York à Bilbao, sans oublier Venise, le nom des Guggenheim brille au firmament universel de l'art), mais:

 

Les Guggenheim se sont aussi distingués dans les domaines de la médecine, de l'aéronautique, des sciences et de la technologie, de l'environnement, de l'archéologie et du journalisme, de l'éducation à la paix et de la littérature mais encore de la finance...

 

Comment expliquer la source de cette inépuisable activité?, se demande Gilberte Favre. Dans sa post-face, Roy Oppenheim donne un élément de réponse qui est plus que probable et donne matière à réflexion: 

 

Je pense que l'univers étroit et difficile du "ghetto" argovien est la clé qui permet de comprendre et d'expliquer l'extrême énergie, la vitalité débordante, la volonté indomptable qui anime la famille Guggenheim au fil des générations.

 

Quoi qu'il en soit, avec cet essai biographique, l'auteur livre au lecteur un document fabuleux, très documenté, illustré de photos en noir et blanc, sur la saga d'une famille hors du commun, de la Suisse à l'Amérique, propre à donner de sacrées leçons d'adaptation aux vicissitudes. 

 

Francis Richard

 

Guggenheim Saga - De la Suisse à l'Amérique, Gilberte Favre, 120 pages Editions Z

 

Livres précédents:

Des étoiles sur mes chemins, L'Aire (2011)

Corinna Bille, le vrai conte de sa vie, L'Aire bleue (2012)

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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