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12 novembre 2016 6 12 /11 /novembre /2016 19:30
Ce qu'elle ne m'a pas dit, d'Isabelle Bary

Ne pas savoir qu'on ne sait pas est une chose. Savoir qu'on ne sait pas est insupportable.

 

C'est ce que dit Alexandre Fransolet, Alex, à sa femme Marie, parce que depuis seize ans elle ne veut pas savoir ce que dit le dossier brûlant et bleu sur l'accident.

 

Marie, née Logan, 47 ans, a été élevée par sa grand-mère, Suzanne Levinson, alias Mamysuzy. Ses deux parents, Maïkan, alias Mike, et Lily, sont morts dans un accident de voiture le 23 juin 1971 au Canada. Elle ne sait pas dans quelles circonstances cet accident s'est produit et elle ne sait rien non plus de ses parents.

 

Après le décès de Mamysuzy, en 2000, une amie de celle-ci, Jeanne, apporte à Marie, qui a donné naissance deux mois plus tôt à Nola, un dossier bleu que Mamysuzy lui a confié pendant des mois. En le lui donnant elle trahit en quelque sorte sa vieille amie, mais, si elle ne le lui donnait pas, elle la trahirait, elle.

 

Ce dossier contient trois plumes blanches, une photo de Lily, une autre de Maïkan, une chemise plastifiée remplie de coupures de presse sur l'accident, et deux carnets bleus, l'un intitulé Lily et Mike, qu'elle lit (ses parents ont eu une vraie vie, plus étonnante que celle qu ['elle avait] imaginée) et l'autre L'accident, qu'elle n'ose pas lire.

 

La lecture du premier carnet bleu inspire à Marie cette adresse à Mamysuzy:

 

Ta fille adorée épouse un homme aux origines improbables. Pour une raison qui m'échappe, cette union te pose problème. Ils meurent dans un accident de voiture au Canada. Tu te charges de m'élever et de me chérir, mais les causes obscures de leur décès te poussent à me cacher jusqu'à l'identité de mon propre père.

 

Nola va avoir 16 ans. Elle surprend une conversation entre ses deux parents au sujet du dossier bleu. Maintenant elle sait que sa mère ne lui a rien caché de ce qu'elle savait, qu'elle ne sait toujours rien des détails sur l'accident qui a coûté la vie à ses parents, mais qu'elle aurait pu savoir, mais ne l'a pas voulu, pour se protéger elle et protéger sa fille.

 

Seulement Nola veut savoir: pour choisir quoi faire avec tout ça. Elle va tanner sa mère jusqu'à ce qu'elle lise le deuxième carnet bleu écrit par son arrière-grand-mère, et va chercher la vérité de son côté. Si bien que non seulement Marie va lire peu à peu le deuxième carnet bleu, mais qu'elle va en lire le début à sa fille.

 

Le récit de Ce qu'elle ne m'a pas dit se confond dès lors avec la découverte progressive de ce que contient le deuxième carnet bleu par Marie, Alex et Nola, avec les conséquences sur leur vie que ces révélations opèrent en eux. Isabelle Bary, comme dans une intrigue policière, ne révèle l'entière vérité du drame qu'à la fin...

 

A la fin justement, le lecteur comprend pourquoi l'auteur a placé en épigraphe cette phrase d'Alexandre Fransolet: Toutes les familles sont extraordinaires, ou alors, aucune. Elles sont en fait toutes extraordinaires et recèlent des récits fabuleux, grandioses ou honteux. N'est-il pas naturel, quand c'est possible, de les dévoiler, pour savoir d'où l'on vient?

 

Quoi qu'il en soit les quatre protagonistes du roman, Suzanne, Lily, Marie et Nola, forment une lignée de sacrées bonnes femmes! Et la fin montre que les deux survivantes sont dignes des deux qui les ont précédées. Aussi n'est-il pas besoin de se demander si le poète fou d'Elsa avait raison quand il écrivait:

 

L'avenir de l'homme est la femme

Elle est la couleur de son âme

Elle est sa rumeur et son bruit

Et sans elle il n'est qu'un blasphème.

 

Francis Richard

 

Ce qu'elle ne m'a pas dit, Isabelle Bary, 256 pages Éditions Luce Wilquin

 

Livre précédent chez la même éditrice:

 

Zebraska (2014)

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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