Dès l'introduction de son livre, L'envie d'y croire, Éliette Abécassis annonce la couleur: Le tyran GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) séduit la foule par ses multiples divertissements pour mieux l'asservir.
Et elle n'est guère plus tendre à l'égard des multiples réseaux sociaux... et autres smart-phones auxquels elle reconnaît être elle-même accro.
Certes elle modère tout de suite son propos quand elle dit que retrouver la foi en nous, en l'autre, en notre humanité, afin de combattre la virtualité du monde qui nous entoure [...] passera par la déconnexion.
(eh oui, personne n'est obligé de rester addict à la connexion numérique, c'est-à-dire esclave de ce qu'elle appelle plus loin l'ogre technologique)
C'est-à-dire: Non pas par la suppression de la technologie, chose impossible, non souhaitable en raison de toutes les avancées qu'elle apporte, mais par le fait de trouver des moments où l'on se retire du virtuel, des moments à soi, des moments pour soi.
Pour ne pas faire bonne mesure, elle accuse donc l'hypercapitalisme ou le capitalisme numérique d'être responsables de cette servitude volontaire (en référence au célèbre Discours d'Étienne de la Boétie) et des comportements déshumanisés qui en résultent.
Peut-être confond-elle les effets avec les causes, alors qu'elle les donne pourtant elle-même: le déclin des religions (et le vide spirituel qu'ainsi elles ont laissé) et la crise des valeurs.
Alors, par exemples:
- elle préconise de lire: le livre ouvre les esprits à une forme de contestation qui ne laisse personne indemne
- elle se prononce pour une laïcité religieuse et pour une religion laïque, car pour être religieux il faut être laïc
- elle estime que la vie de l'homme a plus de valeur que celle de l'animal: ne serait-ce que parce que le seul être au monde apte à protéger la vie animale, c'est justement l'homme
- elle pense que la philosophie marquera une pause dans le tout technologique et posera un regard critique sur la doxa de la science
Etc.
Et elle conclut:
Aujourd'hui, plus qu'hier, pour renouer avec l'humain perdu dans la technique, il faut retrouver le chemin du sens. Nous avons besoin d'une éthique fondée sur la responsabilité, qui n'est pas simple à mettre en oeuvre, mais qui dépend de chacun de nous, des hommes. Et qui sera notre chemin si nous choisissons d'y croire.
Francis Richard
L'envie d'y croire, Éliette Abécassis, 216 pages, Albin Michel
Livres précédents d'Éliette Abécassis chez Flammarion:
Philothérapie (2016)
L'ombre du Golem (2017)
Chez Albin Michel:
Et te voici permise à tout homme (2011)
Le palimpseste d'Archimède (2013)
Alyah (2015)
Le maître du Talmud (2018)