Dans Citadelle de sable, Frédéric Mairy, Helvète d'adoption, tente de savoir ce qui le rattache à son pays d'origine, la Belgique. Après avoir écarté patrie, racines, il se dit que provenance conviendrait peut-être.
Il essaie de ressusciter le portrait mythifié que sa mémoire a gardé de ses grands-parents, Albert et Emma, à qui il rendait visite à Namur avec ses parents, même si c'est une image morcelée, comme celle du pays.
Il tente de savoir d'où il provient et ce qu'il y laisse. En faisant ses études à Strasbourg, il aura touché inconsciemment au trait d'union entre son pays natal et celui où il ne peut s'empêcher de rentrer sans y avoir vécu.
Un tout autre lien unit les membres de sa famille, tant paternelle que maternelle, le scoutisme, dont la devise est d'être toujours prêts. Il cite alors Shakespeare, qui fait dire à Hamlet: The readiness is all, et il commente:
L'essentiel est d'être prêt, non pas à s'entraider, à s'engager, ou à être un citoyen actif, mais à l'avènement du grand départ, notre seule certitude.
Avant le grand départ, il y a toutefois l'éternel retour dans ce pays si attachant, une terre magique, peuplée d'esprits facétieux et de fantômes, située aux portes d'un monde auxquelles sans cesse [il reviendra] frapper.
Sur cette terre se trouvait la citadelle d'Emma et d'Albert, un parallélépipède au toit plat fascinant, dont ce dernier avait signé les plans et dont les images auront façonné l'auteur comme tant d'autres paysages.
Seules les pages impaires de ce livre sont noircies de caractères. Elles sont autant de touches d'une fresque intime qui conduisent à l'essentiel et qui, comme l'écrit l'auteur in fine, débouchent sur ce simple constat:
De la bougie, seule danse la flamme, le reste n'est que fumée.
Francis Richard
Citadelle de sable, Frédéric Mairy, 116 pages, éditions d'autre part