Dans un article paru sur le site de l’Institut Constant de Rebecque ici et mis en ligne le 2 juin 2008, Guido Hülsmann explique quelles sont les racines de ce qu’il appelle la « finance exubérante ». Cela peut se résumer en une phrase lapidaire : « Les gains sont privés, les pertes sont socialisées ». Qu’est-ce que cela signifie ? Que « les intermédiaires financiers participent pleinement aux gains de leurs placements si tout va bien, tandis qu’ils ne subissent pas les pertes si l’investissement tourne mal ».
Comment la crise des marchés financiers a-t-elle été rendue possible ? Les financiers seraient-ils « exubérants » par nature ? Les instruments et les pratiques financiers
seraient-ils devenus trop compliqués ? Ces deux explications ne tiennent pas. Dans un marché réellement concurrentiel le consommateur a tôt fait, même s’il n’est pas expert, de séparer le
bon grain de l’ivraie. Il lui suffit de comparer entre eux les intermédiaires financiers qui se font concurrence, l’un ou l’autre de ces intermédiaires se chargeant au besoin de les aider dans
cette tâche, parce qu’il y a intérêt.
En fait Guido Hülsmann explique que le mécanisme concurrentiel a été neutralisé et perverti par l’interventionnisme monétaire : « Les banques centrales (…) viennent à la rescousse des
firmes en difficulté, soit par une création monétaire en leur faveur, soit par la reprise plus ou moins gratuite de leurs actifs au prix nominal ». Elles constituent donc pour les
intermédiaires financiers une bouée étatique leur permettant d’échapper à la noyade quelles que soient leurs imprudences. Ils peuvent donc se montrer imprudents sans risque. Ils sont
déresponsabilisés et les consommateurs, rassurés, perdent de leur vigilance.
Le plus beau, si je puis dire, est que les intermédiaires financiers et leurs consommateurs directs finissent toujours par s’en sortir et ne paient pas les pots cassés. Guido Hülsmann l’explique
ainsi : « Lorsque les banques centrales mettent en branle la planche à billets, elles provoquent à terme une augmentation des prix au-delà du niveau qu’ils auraient autrement
atteint ». Ce sont les citoyens qui, via l’inflation, paient les imprudences des intermédiaires financiers, encouragés par les banques centrales à se montrer imprudents.
Le remède de la crise récurrente des marchés financiers ne se trouve donc pas dans la réglementation toujours plus sévère des intermédiaires financiers, comme le suggèrent la plupart des
« économistes », mais dans la re-définition du rôle des banques centrales. J'ajoute que d'aucuns évoquent même leur suppression...
Francis Richard