Hier j'ai lu tous les communiqués du Conseil fédéral. Pas un mot sur un quelconque sauvetage d'une banque, alors que la rumeur circulait. J'en ai conclu hâtivement que
l'affaire était entendue et qu'il n'y en aurait pas. Avec sérénité j'ai écrit un article dans lequel je me réjouissais un peu trop vite : Les banques suisses s'en sortent sans intervention de l'Etat .
Patatras : ce matin un peu avant huit heures j'apprends sur La Première, la station d'information de la Radio Suisse Romande, que via la BNS (Banque nationale suisse) l'Etat
finalement veut intervenir pour sauver l'UBS. Cette intervention est destinée à rassurer. Elle me produit l'effet inverse : l'UBS est donc si mal en point qu'il faille intervenir.
Le communiqué de l'ATS de 7:50 est clair (reproduit par 24 Heures ici ) : "La Confédération décharge le bilan du numéro un bancaire helvétique
d'actifs illiquides pour un montant maximal de 60 milliards de dollars. Ces éléments seront transférés dans une société ad hoc, entièrement contrôlée par la Banque nationale suisse (BNS)."
Il ajoute : "Ce fond séparé sera financé par l'UBS à hauteur de 6 milliards de dollars et par un prêt octroyé par la BNS de 54 milliards de dollars au maximum". Les 6 milliards lui seront
apportés par ailleurs sous forme d'emprunt convertible en actions, la Confédération se retrouvant au bout du compte détenir 9,3 % du capital de l'UBS.
Pour noyer le poisson on annonce en parallèle que le Crédit Suisse va de son côté procéder à une augmentation de capital de 10 milliards, ce qui ne devrait pas présenter de difficulté. La
différence est toutefois de taille, le Crédit Suisse ne recevra pas un sou de la Confédération.
Cela dit l'affaire n'est pas encore dans le sac. Si ce plan de sauvetage de l'UBS, concocté par le Conseil
fédéral, la Commission fédérale des banques et la BNS, a été approuvé par la Délégation des finances, les Chambres fédérales doivent encore l'approuver : une belle bataille en
perspective.
Faut-il faire comme les autres, sous-entendu comme les EU et l'UE, ou autrement ? Doit-on privilégier une banque au détriment des autres ? Le spectre de Swissair ne viendra-t-il pas de
manière bénéfique hanter les parlementaires ? Réponse lors de la prochaine session parlementaire.
Francis Richard