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Kadhafi, juché sur ses tas de sable, a obtenu presque tout ce qu'il voulait, hormis des excuses : son fils Hannibal et sa femme ont été libérés sous caution au bout de 48 heures seulement. Les domestiques, auxquels ces charmants patrons avaient infligés des sévices (voir mon article L'emploi chez les Kadhafi c'est sévices compris ), ont abandonné leur plainte, vraisemblablement contre monnaie sonnante et trébuchante (voir mon article Affaire Kadhafi : pour Muammar il est urgent d'attendre des excuses ) et, dans la foulée, le procureur de la république de Genève a abandonné ses poursuites pour contrainte.
Comme tous les maîtres-chanteurs, Kadhafi fait monter la pression et les enchères (voir l'article de 24 Heures ici ). Maintenant il ne se contente plus seulement d'excuses de la part des autorités helvétiques, il veut que les responsables de l'arrestation de son fils soient châtiés et qu'une rançon soit versée. Celle-ci s'élève à 300'000 francs que la Suisse devrait verser à l'UNICEF. Kadhafi entend ainsi jouer au Père Noël, aux frais du contribuable suisse, et se donner le beau rôle puisque l'UNICEF ( ici ) est une organisation humanitaire onusienne s'occupant de la survie, de la protection et de l'éducation des enfants à travers le monde. Ce dont, en réalité, il doit se soucier comme d'une guigne...
Là-dessus on apprend dans 24 Heures qu'un des ténors du barreau de Genève, Maître Charles
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On veut bien. Si cela s'avère exact, ce n'est pas bien. Mais cela ne justifie pas les accusations de maltraitance proférées - et le châtiment demandé - à l'encontre des responsables de l'arrestation d'Hannibal et de sa femme Aline, qui s'en sortent bien parce que leur papa, et beau-père, est un potentat sans vergogne. Cela ne justifie pas davantage le chantage exercé par ce dernier. Car il n'en demeure pas moins que les responsables de l'arrestation des époux libyens maudits ont mis un terme à des sévices corporels commis sur le sol helvétique et qu'ils ont eu raison de le faire, même si, ce faisant, ils ont commis des maladresses de procédure, qui restent d'ailleurs à prouver.
Le Matin ( ici ), sous la plume de Fabian Muhieddine, explique que la Suisse s'est embourbée dans cette affaire parce qu' "elle manque d'un accès direct à Kadhafi", parce qu'"elle n'a plus d'alliés diplomatiques" et que "la Libye a des moyens de pression". C'est bien dans la stratégie des maîtres-chanteurs de ne pas être atteignables pour discuter. Ils pratiquent toujours le tout ou rien et ... plus le temps passe plus leurs exigences sont grandes. Dire que la Suisse n'a plus d'alliés diplomatiques est faux. Il serait plus juste de dire que les intérêts économiques de ses alliés passent aujourd'hui avant leurs principes sur lesquels ils s'assoient allègrement.
Pour s'en sortir la Suisse n'aurait pas dû se défaire du seul atout qui lui restait : les poursuites pour contrainte. En l'occurrence le fédéralisme a bon dos puisque l'abandon des poursuites c'est Genève qui l'a décidé sans ... consulter Berne. Il ne reste à Madame Calmy-Rey ( ici ) que le choix entre baisser sa jupe - ce qui serait céder au chantage, et créerait un précédent croustillant - ou, en abandonnant momentanément ses ressortissants à leur triste sort, laisser faire le temps, la patience ou, sait-on jamais, .... la baisse du prix du pétrole qui pourrait mettre à genoux ce fou furieux.
Francis Richard
L'internaute peut écouter sur le site de Radio Silence ( ici ) mon émission sur le même thème.