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5 mars 2009 4 05 /03 /mars /2009 23:00

Nicolas Sarkozy a déclaré lors du sommet de Berlin du 1er mars (photo ci-contre, tirée du Figaro du 4 mars et illustrant l'article intitulé Les Européens veulent sanctionner les paradis fiscaux ici )  :

" Nous voulons créer des sanctions pour mieux nous protéger contre les dangers émanant des juridictions non coopératives, notamment les paradis fiscaux ".

Angela Merkel  a surenchéri le même jour :

" Il nous faut une liste de ceux qui refusent la coopération internationale ".

Mardi soir, Mark Branson, directeur financier de la gestion de fortune de l'UBS, planchait devant une commission du Sénat présidée par le sénateur démocrate Carl Levin. Comme le rapporte 24 Heures ( ici ) , Mark Branson a expliqué :

" L'UBS ne peut pas transmettre au fisc américain de nouvelles données (voir mon article Secret bancaire : le "sauvetage" de l'UBS risque de coûter très cher ), sinon elle exposerait sérieusement ses collaborateurs au risque de poursuites juridiques selon le droit suisse ".

Carl Levin l'a mal pris. Il a considéré que cette réponse était une véritablement déclaration de guerre " contre les contribuables américains honnêtes et qui travaillent dur ".

Il s'est fait alors menaçant :

" Nous sommes déterminés à contre-attaquer et mettre fin aux abus qui nous sont infligés par ces paradis fiscaux. Nous ne pouvons modifier les lois en Suisse, mais nous pouvons faire en sorte que les lois américaines punissent sévèrement de telles pratiques aux Etats-Unis ".

Pour ce faire, avec l'appui du gentil Barack Obama, encore récemment adulé par une large majorité de Suisses, une loi sera proposée pour rendre " difficile sinon impossible " l'ouverture par les Américains d'un compte dans un paradis fiscal.

Pour tous ces braves dirigeants américain, français et allemand - qui mettent en coupe réglée leurs ressortissants par leur incurie et leur incompétence -, secret bancaire = paradis fiscal. Ce qui est complètement faux (voir mon article La Suisse, paradis fiscal ? Si seulement... ). Aussi bien est-ce surtout au secret bancaire qu'ils en ont, à cette protection de la vie privée, dont ils n'ont rien à cirer.

Pourquoi, tout d'un coup, le secret bancaire est-il devenu la cible des Etats-Unis, de la France et de l'Allemagne ?

Parce que ce sont de mauvais élèves sur le plan économique, conséquence de l'intervention de l'Etat qu'ils veulent encore renforcer...

Passons en revue les différents résultats qui permettent d'apprécier une économie.

Commençons par le chômage. A fin 2008 il était de 7.6% aux Etats-Unis, de 7.8% en France et de 7.9% en Allemagne. Et en Suisse ? de 3%.

Continuons avec la croissance. En 2008 il y a eu 1,1% de croissance du PIB aux Etats-Unis, 0,8% en France et 1,3% en Allemagne. Et en Suisse ? 1,6%.

Poursuivons avec la dette publique en 2008. Elle est montée à 65,6% du PIB aux Etats-Unis, 66,7% en France, 63,1% en Allemagne. Les plans de relance inutiles (voir mon article Les politiques de relance de l'économie par l'Etat échouent toujours ), lancés par les Etats-Unis et la France, leur permettront d'atteindre allègrement une dette publique représentant 80% du PIB, en 2010 selon les propres dires de leurs dirigeants. Et en Suisse ? La dette représentait 44% du PIB en 2008.

Ces résultats montrent bien où se situent les mauvais élèves et pourquoi leurs ressortissants fuient leurs prélèvements confiscatoires. Ces prélèvements, qui frappent de préférence les riches, c'est-à-dire la plupart du temps les créateurs de richesse, sont d'autant plus immoraux qu'ils contribuent à plomber leurs économies et à engendrer des prélèvements toujours plus grands.

Alors le secret bancaire devient le bouc émissaire tout trouvé pour détourner l'attention des peuples de l'incurie et de l'incompétence de ceux qui les gouvernent et font croître l'Etat de manière démesurée. Or ce n'est pas en prenant dans la poche de ceux qui créent et qui entreprennent qu'ils résoudront leurs problèmes de gabegie. C'est le réflexe des incapables, qui lorgnent la réussite des autres et la trouvent insupportable au point de vouloir s'en accaparer. Au lieu de regarder la paille dans l'oeil de leur voisin ils feraient mieux de regarder la poutre qui est dans le leur.

Carl Levin, le sénateur américain farouchement anti-secret bancaire et férocement liberticide, a même eu l'aplomb de dire mardi soir :

" La Suisse est aussi fière du secret bancaire que les Etats-Unis de la liberté et de la démocratie ".

Sur les terrains de la liberté et de la démocratie la Suisse ne souffre pourtant pas la comparaison avec l'Amérique d'Obama, qui va restreindre toujours davantage la liberté de ses ressortissants à disposer des biens qu'ils ont durement acquis, et qui va permettre de les espionner davantage dans leur vie privée. S'ils ne sont pas d'accord avec les mesures qui leur seront infligées ils n'auront même pas la possibilité, comme en Suisse, de recourir à la démocratie directe pour se faire entendre ... 

Comme le soulignait récemment Jan Krepelka (voir mon article A lire : "Le secret bancaire : un impératif moral" de Jan Krepelka ) :

" Les reproches contre le secret bancaire retombent souvent sur le mythe du bon citoyen censé n’avoir rien à cacher: ainsi, il n’aurait rien à craindre de la multiplication des caméras de surveillance, de l’abolition du secret bancaire, ou encore de l’extension des pouvoirs de l’Etat de le contrôler, de le fouiller, de lire ses courriers, d’écouter ses conversations téléphoniques, etc. ".

Obama reprochait à Bush de ne pas respecter le droit, il s'apprête à faire de même ... sous couvert d'une loi d'inspiration totalitaire.

Francis Richard

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commentaires

B
En Suisse il existe une longue tradition de "bonne morale de paiement". Je me souviens que pour mes parents, le fait de ne pas payer un dû dans les délais impartis constituait une honte pour la famille. <br /> A ma connaissance, la Suisse est un des seuls pays où on peut encore commander une marchandise ou un service et les payer dans les 30 jours après réception. En France par exemple, on paie le plus souvent 30% à la commande et on paie le solde au moment de la réception, par chèque. On paie quasiment le bras tordu.<br /> C'est presque une question de *culture".
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F
<br /> Merci beaucoup pour ce commentaire. Il illustre effectivement la différence essentielle de culture entre la Suisse et la France : d'un côté une société qui reste basée sur la confiance et de<br /> l'autre une société où le contribuable, le consommateur, le justiciable etc. sont considérés comme des suspects, envers lequels toutes les inquisitions sont permises. La<br /> différence de résultats obtenus en découle.<br /> <br /> Il faut toutefois préciser qu'il n'en a pas toujours été ainsi. Les mentalités ont changé quand la France est devenue progressivement socialiste, c'est-à-dire quand elle a fait peu à peu de<br /> l'irresponsabilité généralisée une vertu, ce qui a constitué une véritable inversion de la moralité.   <br /> <br /> <br />

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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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