Comme le nom l'indique, ce livre, publié aux Editions First (ici), est un plaidoyer pour le capitalisme libéral. Il n'est pas destiné aux convaincus, mais à tous ceux - et ils sont pléthore - qui se laissent bercer par les sirènes de l'interventionnisme de l'Etat ou par les détracteurs de l'économie de marché, qui bien souvent s'en prennent à sa caricature.
Dans ce livre didactique l'auteur montre qu'en réalité le capitalisme remonte à la nuit des temps. Au cours des siècles, l'humanité a dû son développement phénoménal, qui s'est accéléré avec la révolution industrielle, aux libertés économiques, c'est-à-dire au libéralisme.
Il serait plus juste d'ailleurs de parler de libéralismes au pluriel, ce qui révèle bien la richesse de la pensée libérale. L'auteur distingue ainsi le libéralisme constitutionnel, l'économie politique "du droit naturel", l'économie politique "de l'utilité", le libéralisme social et le libéralisme radical. Mais tous ces courants se retrouvent dans la primauté donnée à la liberté, considérée comme un facteur fondamental d'accomplissement moral et social.
Que serait la liberté sans responsabilité ?
Les libéraux ne connaissent que les droits individuels et rejettent toute idée de droits collectifs.
De même la liberté et la propriété privée ne vont pas l'une sans l'autre:
La propriété privée constitue le meilleur support et la meilleure expression possible de la liberté individuelle dans un contexte concurrentiel.
Il est de bon ton de mettre devant le terme de libéralisme des préfixes, dans le but de le discréditer :
Le néolibéralisme est une invention des adversaires du libéralisme. Il n'y a jamais eu de "néo" ni d'"ultra" libéralisme. Comme il n'existe pas de "néostalinisme" ou de "néonazisme". On est stalinien ou non. On est fasciste ou on ne l'est pas.
Au contraire du fascisme ou du communisme, le libéralisme n'est pas une idéologie. L'auteur cite Jean-François Revel, qui dans La Grande Parade, écrivait :
Le libéralisme n'a jamais eu l'ambition de bâtir une société parfaite. Il se contente de comparer les diverses sociétés qui existent ou qui ont existé et de retenir les leçons à tirer de l'étude de celles qui fonctionnent ou ont fonctionné le moins mal.
Le libéralisme serait-il responsable de la crise économique que nous connaissons ? Les lecteurs de ce blog savent qu'il n'en est rien. Nicolas Lecaussin rappelle à son tour que c'est l'Etat américain qui a mis en place une politique d'accès à la propriété totalement insensée et qui a mené une politique monétaire risquée et imprévisible, en pratiquant tantôt des taux trop élevés, tantôt trop bas.
Nicolas Lecaussin a également beau jeu de tourner en ridicule l'accusation selon laquelle les déboires de l'agriculture seraient dus au libéralisme, alors que c'est le secteur le plus subventionné, par conséquent le plus éloigné du libéralisme.
Nicolas Lecaussin n'a aucun mal non plus à montrer que l'économie américaine est très réglementée, ce qui n'a pas empêché, au contraire, la crise d'y éclater :
Les réglementations aux Etats-Unis représentent plus de 75 000 pages d'écriture chaque année dans le Federal Register, 238 351 fonctionnaires (une hausse de 63% depuis 1980) et 40,8 milliards de dollars de dépenses fédérales. Rien que le contrôle des banques et du marché financier phagocyte un budget de 2,3 milliards de dollars par an.
Plutôt que le libéralisme c'est en fait l'étatisme qu'il faudrait mettre en accusation.
L'exemple de la France est particulièrement éloquent. Avec plus 6 millions de fonctionnaires (25% de la population active), la France est un des pays les plus étatisés d'Europe. Et les résultats sont loin d'être mirobolants.
Le taux de chômage y est de 10% en moyenne depuis la fin des années 1970, avec des pics à 14% et un creux à un peu moins de 8%. La France étatisée s'appauvrit :
Notre Etat qui confisque la moitié des richesses créées par les Français compte 11% de pauvres, 1 million d'enfants pauvres, 3 millions de personnes en manque de soins réguliers et 2,6 millions de personnes ayant besoin d'une aide alimentaire.
Comment l'Etat utilise-t-il la moitié des richesses du pays qu'il confisque ?
Pour partie il joue à l'entrepreneur. Nicolas Lecaussin évoque le désastre de Bull (coût : 6 milliards d'euros), celui du Crédit Lyonnais quand il était encore aux mains de l'Etat (coût : 15 milliards d'euros), les pertes de France Telecom entre 1995 et 2002 (cumul de 68 milliards d'euros de pertes) et... la participation des salariés de la SNCF à des bénéfices qui n'existent pas puisque l'entreprise est sous perfusion permanente (subventions annuelles : 11 milliards d'euros).
Pour partie il gère mal et dilapide l'argent public - les collectivités locales ne valent d'ailleurs guère mieux. En se basant sur les rapports de la Cour des comptes et des chambres régionales, l'addition estimée atteint au bas mot 100 milliards d'euros.
Dans ces conditions il n'est pas étonnant que la dette du pays culmine officiellement en 2008 à 1'200 milliards d'euros, soit 67% du PIB. Ce que ne dit pas le livre, c'est que, de l'aveu même de François Fillon, le Premier ministre français, la dette atteindra bientôt officiellement 84% du PIB. Or les chiffres officiels ne sont même pas fiables. Traduction :
Un jeune homme de 20 ans aujourd'hui peut se dire qu'il aura encore à rembourser la dette de 2008 lorsqu'il aura 70 ans...
Enfin Nicolas Lecaussin fait quelques rappels sélectifs des scandales de corruption politique qui ont émaillé les trente dernières années, au fur et à mesure de l'étatisation massive initiée par les socialistes français au pouvoir dès 1981.
Le comportement de l'Etat français soulève donc le doute sur son aptitude à même remplir ses tâches dites régaliennes telles que la sécurité, la justice et la défense.
Pour sortir de la crise Nicolas Lecaussin prend le contre-pied de tout ce qui se dit ici ou là :
Remettre l'Etat à sa place, voilà l'une des premières solutions. Mais un Etat réduit au minimum. Ce qu'il faut aujourd'hui c'est moins d'Etat interventionniste et moins de dépenses publiques. Sinon, le scénario risque de se répéter.
La conclusion de l'auteur résume l'ouvrage qu'il faut lire pour se désintoxer si besoin est :
"Pour détruire l'Occident, il suffira de pervertir sa monnaie", disait Lénine. Ce ne sont pas les communistes qui ont réussi à la pervertir (la monnaie), mais les mauvaises politiques publiques et monétaires. La meilleure réglementation est faite par le marché lui-même. C'est l'offre et la demande qui régulent l'environnement économique et financier. Et c'est l'innovation et la création des individus qui font vivre l'économie. N'en déplaise à ses détracteurs, aucune intervention de l'Etat ne pourra se substituer à (ou compenser) la vitalité créatrice de l'individu qui a besoin d'un marché libre et concurrentiel.
Francis Richard
Alternative Libérale (ici) a posté sur Dailymotion un entretien avec Nicolas Lecaussin que je me fais un plaisir de mettre à la disposition de l'internaute :