En France le gouvernement socialiste a décidé pour 2013 de réduire les dépenses publiques de 10 milliards d'euros et d'augmenter les recettes publiques de 20 milliards.
Et de faire (quand?) un même effort de réduction des dépenses publiques, foi de Cahuzac, pour financer pour moitié son plan de compétitivité.
Pour se faire une idée de ce qu'un effort de réduction des dépenses publiques de 10 milliards d'euros représente, je me suis mis en quête des seuls chiffres disponibles sur une année entière, ceux de 2011.
En 2011, la dette publique s'élevait à 1'717 milliards d'euros (86% du PIB), les recettes publiques à 1'012 milliards d'euros (50,7% du PIB) et les dépenses publiques à 1'115 milliards d'euros (55,9% du PIB). Le déficit public s'établissait par conséquent à 103 milliards d'euros (5,2% du PIB).
Entre parenthèses le nombre de fonctionnaires en France était de 5,3 millions en 2008, sans compter les salariés des entreprises
publiques, ce qui portait le nombre des emplois publics à 7 millions (d'après un rapport de la Cour des comptes de décembre 2009) sur 26 millions d'emplois, soit 27% des emplois totaux. C'est
dire si la France est un pays ultra-libéral...
En admettant que tous les chiffres de 2011 ci-dessus sont figés (ce qui ne peut pas être le cas: la situation a empiré) et qu'augmenter les impôts ne revient pas à baisser les recettes publiques (alors qu'en réalité trop d'impôt tue l'impôt et qu'inversement moins d'impôt le ressuscite), force est de constater que ces mesures d'austérité ne servent à rien et qu'une telle réduction des dépenses publiques est ridicule au regard de l'ampleur du problème.
En effet cette réduction des dépenses publiques ne représente que 0,9% de celles-ci. Cela ne permet qu'une chose: maintenir au chaud une clientèle électorale de privilégiés qui n'a pas conscience de l'être ou fait mine de ne pas le savoir. Cela ne permet en tout cas pas de stabiliser la dette, encore moins de la réduire et de relancer l'économie en libérant les énergies.
Pour bien comprendre ce qui se passe, prenons, par analogie, l'exemple d'un ménage qui gagne par mois 3'000 euros, nets d'impôts et de charges sociales, ce qui correspond à 36'000 euros par an. Ce ménage dépense 39'664 euros par an. Chaque année il dépense donc plus qu'il ne gagne, exactement 3'664 euros par an. Or il est endetté et ses dettes s'élèvent à 71'000 euros. Cela ne peut évidemment pas continuer ainsi.
L'exemple venant de haut, ce ménage décide de faire comme le gouvernement français, c'est-à-dire de réduire son train de vie de 0,9%. Ce qui correspond à 357 euros par an... Admettons qu'il escompte une augmentation de ses revenus de 714 euros. Cela suffira-t-il réellement à le sortir d'affaire ? Non. Car sa dette va tout de même augmenter de 2'593 euros par an et sa banque va prendre peur. Ce ménage doit donc impérativement équilibrer ses comptes pour ne pas se faire saisir ses biens par un huissier.
Comment équilibrer ses comptes ? En réduisant drastiquement son train de vie. Comme il n'est pas sûr du tout d'être augmenté de 714 euros - les temps sont durs -, la prudence doit le conduire à réduire son train de vie des 3'664 euros qu'il dépense en trop. Seulement cela représente 10,2% de ses revenus actuels, autrement dit plus de 11 fois ce qu'il s'apprêtait à faire en suivant l'exemple du gouvernement socialiste français...
En fait pour être plus à l'aise, pour réduire plus vite sa dette qui correspond à près de deux ans de revenus nets, ce ménage doit se serrer davantage la ceinture. Sa réduction des dépenses doit se situer au-delà même des 10,2 %. Au lieu de prendre exemple sur la France, il doit par conséquent s'inspirer de ce qu'ont fait le Canada ou la Nouvelle Zélande...
Francis Richard