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15 juillet 2010 4 15 /07 /juillet /2010 20:40

Dominique BaettigOn se souvient que le colonel Kadhafi avait déclaré au début du mois de juillet 2009 ici  que :

 

"[La Suisse] est formée d'une communauté italienne qui doit retourner en Italie, d'une autre communauté allemande qui doit retourner en Allemagne et une troisième communauté française qui doit retourner en France."

 

Dans la foulée, en septembre 2009,  il avait déposé à l'ONU une requête, non retenue, demandant le démantèlement de la Suisse qu'il considérait comme "une mafia mondiale et non un Etat".

 

Prenant le contre-pied complet, le 18 mars de cette année, Dominique Baettig, Conseiller national UDC du Jura [dont la photo ci-dessus provient du site du Conseil national ici], avait déposé la motion suivante ici n°10.3215 au Conseil national :

 

"Le Conseil fédéral est chargé de proposer un cadre constitutionnel et légal permettant d'intégrer, en tant que nouveau canton suisse, des régions limitrophes dont une majorité de la population en ferait la demande."

 

Quelle était son argumentation ?

 

"Considérant le manque d'intérêt de la classe politique nationale et européenne dont souffrent certaines régions limitrophes, leur volonté croissante d'obtenir de l'autonomie par rapport à l'Etat central (ou Bruxelles), le Conseil fédéral est chargé de proposer dans les meilleurs délais à l'Assemblée fédérale un cadre constitutionnel et légal opérationnel, qui permettrait éventuellement, si une majorité de la population en faisait la demande, aux départements, provinces et länder limitrophes suivants:

 

Alsace (F); Aoste (I); Bolzano (I); Jura (F); Vorarlberg (A); Ain (F); Savoie (F); Bade-Wurtemberg (RFA); Varese (I); Como (I) ou autre (liste ouverte!), qui ont déjà exprimé un tel intérêt démocratique par le passé, de rejoindre la Confédération helvétique en qualité de nouveaux cantons suisses, avec, à la clé, le droit d'Initiative et de référendum, avantages d'un système de démocratie directe. Ces régions limitrophes disposent d'une longue tradition et volonté politique de souveraineté de leurs citoyens, de démocratie de proximité, à échelle humaine et leur intégration à la Confédération serait bénéfique bilatéralement et ne causerait pas de problèmes politiques insolubles. Il s'agit d'un signe politique d'ouverture à l'extension d'un modèle de souveraineté suisse, proactif, plutôt que de laisser l'initiative du grignotage d'adhésion à l'Union européenne, dont les institutions centralisatrices sont coupées des aspirations de ses citoyens."

 

Le Conseil fédéral n'avait pas goûté ce qu'il avait considéré comme une plaisanterie et avait répondu notamment le 19 mai 2010 :

 

"Une révision de la constitution fédérale qui aurait comme objet de donner aux régions limitrophes à notre pays la possibilité de rejoindre la Confédération suisse serait un acte politique inamical, que les Etats voisins pourraient considérer, à juste titre, comme provocateur. Elle nuirait donc de manière grave aux relations avec les Etats concernés.

 

Cette révision serait non seulement politiquement inadéquate, mais problématique sur le plan du droit international. Elle violerait les règles fondamentales du droit international, qui ne reconnaît pas un droit général à la sécession. Un droit de sécession ne peut constituer qu'une "ultima ratio" dans des circonstances exceptionnelles, circonstances qui ne sont évidemment pas données en l'espèce."

 

Et fait le même jour la déclaration suivante :

 

"Le Conseil fédéral propose de rejeter la motion."

 

Bref, pour le Conseil fédéral, les régions limitrophes étaient condamnées à rester attachées à leur pays d'origine et à ne même pas pouvoir envisager leur sécession. Tant pis pour elles, elles feraient automatiquement partie ad vitam aeternam de l'Union européenne, ce bateau qui coule et qui entend que toutes les régions embarquées, a fortiori limitrophes de la Suisse, coulent avec lui.

 

Le 22 juin dernier Le Figaro, sous la plume de Marie Maurisse ici, s'en prenait en ces termes à l'initiateur de la motion :

 

"Boutefeu, ce psychiatre loufoque est membre de l'Union démocratique du centre (UDC), le premier parti de Suisse. Habituée aux provocations, cette formation nationaliste est notamment à l'origine de la votation contre les minarets. À Berne, 26 députés UDC n'ont pas hésité à cosigner le texte de leur collègue."

 

Quand on n'a pas d'arguments...

 

L'hebdomaire suisse-allemand Weltwoche a eu la facétieuse idée de demander leur avis aux habitants de ces régions limitrophes ici. Les résultats du sondage réalisé par l'institut Swiss-Opinion, publiés aujourd'hui, montrent que la motion de Dominique Baettig n'était pas aussi utopique que cela :

 

"Dans le Vorarlberg (Autriche), 52% des personnes interrogées soutiennent l'idée de rejoindre la Suisse, 35% sont opposées et 13% ne savent pas. En Savoie-Haute-Savoie (France), l'idée séduit 48% des sondés, contre 39% hostiles et 13% sans opinion. Dans le Bade-Wurtemberg (Allemagne), c'est oui à 48% et non à 40%, alors que la proportion est de 52% en faveur et de 44% contre dans la région Côme-Varèse (Italie)." [voir Le Matin en ligne du 14 juillet 2010 ici]

 

Ce qui attire les candidats au rattachement ?

 

"L'un des arguments principaux qui parlent en faveur de la Suisse, c'est la démocratie directe. De plus, selon l'enquête, entre 70% et 80% des personnes interrogées trouveraient la Suisse intéressante également économiquement et fiscalement."

 

Le quotidien italien La Provincia di Como ici fait un sondage sur le Net. Question : "Volete che Como sia annessa alla Svizzera?" [Voulez-vous que Côme soit annexée à la Suisse] ? Résultat : 77% de réponses affirmatives !

 

Ce n'est pas pour demain que tous ces braves gens des régions limitrophes, qui veulent échapper à la servitude socialiste, nationale et eurocratique, verront leurs voeux exaucés.

 

Enfin, la motion n'a pas, à l'heure qu'il est, était examinée par le Conseil national...

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

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commentaires

J
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Etant double national franco-suisse, j’adore tout autant chacun de mes 2 pays, avecr leurs qualités comme leurs défauts, mais il faut quand même bien reconnaître que d’un côté il y a un<br /> système qui marche et de l’autre un système qui ne marche pas. Pour preuve, un taux de chômage deux fois plus bas dans le Jura suisse que dans le Jura français alors que ce sont pourtant à peu<br /> près les mêmes mentalités (régions sérieuses, pacifiques et qui payent bien leurs impôts)   et les mêmes atouts économiques (micromécanique,<br /> horlogerie, fromage, tourisme, ski…). La Franche-Comté est quand même plus proche de la Suisse que de la Corse ou de la Guadeloupe ! En tous cas il est incontestable que si les hasards de<br /> l’histoire avaient que la Franche-Comté soit aujourd’hui canton suisse, tout comme Genève ancien département français qui sauf erreur ne demande pas à revenir, on y vivrait beaucoup mieux et la<br /> région en tant que telle serait enfin émancipée et respectée dans  sa culture, son identité et son histoire.    <br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Merci pour votre témoignage qui apporte des éléments au débat.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> En plus d'être utopique, n'est-ce pas simplement bêtement provocateur?<br /> Si ces régions étaient indépendantes, pourquoi pas (le Lichtenstein par ex, mais lui, ne le veut pas).<br /> <br /> <br /> Avoir des vues sur le territoires du voisins a depuis toujours été un excellent pretexte de conflit. Peu étonnant donc que la proposition provienne de l'UDC qui se nourrit de la peur de<br /> l'autre. <br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Il ne s'agit pas de conquérir les territoires des voisins mais de leur laisser la possibilité de choisir. C'est ainsi que la Confédération s'est constituée au fil du temps.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> <br /> Utopique, la proposition l'est à mon avis, en tout cas à l'heure actuelle - il faudrait des référendums de part et d'autre de la frontière. Mais effectivement, il y a de la demande dans les<br /> régions frontalières (voir "Le Matin" de ce matin).<br /> <br /> Mme Maurisse oublie par ailleurs de signaler qu'en France, un certain Jean-Philippe Allenbach, homme politique de gauche intéressé par la présidence, proposait aussi de rattacher la<br /> Franche-Comté à la Suisse. Le jeu des frontières n'est donc pas l'apanage d'un parti suisse de droite.<br /> <br /> Quant à l'affaire de Savoie, qui proposait le rattachement du Chablais et du Faucigny à la Suisse dans les années 1860, elle a été verrouillée par un référendum où les Savoyards se prononcèrent<br /> pour la France. Mais la Suisse pouvait faire valoir un droit sur ces régions, alors en déshérence, paraît-il, entre l'Italie et la France.<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Bien sûr que c'est utopique à l'heure actuelle, mais cela traduit un réel malaise.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Parfait ! Dès que la Constitution Suisse l'aura dit officiellement, je proposerai aux habitants de la Chalosse ( partie la plus riche et la plus traditionnelle) des Landes de Gascogne de devenir<br /> le Xème Comté Suisse... OUF ! Finie la dictature des "politichiens" français et de leur anti-justice policière. Je suis certain que nous ferons des émules dans toute la Gascogne. On va foutre un<br /> tel "B.....l" dans la dictature républicaine totalitaire française que ce sera un vrai plaisir !<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Pour le moment il n'est question que des régions limitrophes, mais cela pourrait faire tache d'huile entre les Landes et la Savoie...<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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