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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 21:10

Nul n'a le droit de mourir iciDepuis la nuit des temps, les hommes cherchent le moyen de retrouver leur jeunesse ou de prolonger leur vie.

 

De nos jours, la chirurgie esthétique permet de rajeunir les visages et la petite pilule bleue permet de ranimer la vigueur sexuelle de messieurs en débandade. Mais ne sont-ce pas là des simulacres de jouvence?

 

Sur ce thème de la recherche d'une jeunesse sinon éternelle, du moins retrouvée ou prolongée, Yan Walther a écrit et mis en scène une pièce, Nul n'a le droit de mourir ici.

 

 

Trois intrigues parallèles se déroulent sur scène et, de temps en temps, se rejoignent à la faveur d'une géométrie qui n'a rien d'euclidienne. 

 

Le docteur Serge Voronoff (Bernard Escalon) est mort en 1951 au Lausanne-Palace, mais son fantôme y rôde encore.

 

Dans les années 1920 il a greffé des tissus de testicules de jeunes animaux sur de vieux animaux et leur a redonné à la fois vigueur sexuelle et physique. Pendant la représentation une feuille est d'ailleurs distribuée aux spectateurs sur laquelle on voit un vieux bélier en 1918 avant une telle greffe et le même, complètement revigoré, cinq ans et demi plus tard après la greffe.

 

Sont insérés dans la pièce des extraits de l'oeuvre de Voronoff intitulé Vivre. Etude sur les moyens de relever l'énergie vitale et de prolonger la vie.

 

Serge Voronoff est surtout célèbre pour avoir greffé sur les testicules de centaines d'hommes fortunés des tissus de testicules de singes. Au cours de la pièce est décrite par le menu une telle transplantation...

 

Serge Voronoff était-il un charlatan ou un visionnaire? Les résultats positifs de ses interventions ont été attribués à l'effet placebo. Ce à quoi il répondait:

 

"L'autosuggestion, l'imagination, l'espoir, la foi ne sauraient pas remplacer une glande endocrine déficiente."

 

Un couple de personnes fortunées s'est fait ravalé la façade dans une clinique de chirurgie esthétique. Ils occupent la suite impériale du palace lausannois où est mort le docteur Voronoff d'une chute dans sa baignoire.

    

Habillés de robes de chambre, ils apparaissent la tête dissimulée sous des bandages au début de la pièce et n'arrêtent pas de se disputer, même après que leurs bandages ont été retirés...

 

Les flèches qu'envoie la femme (Monica Budde) à son mari (François Florey) sont venimeuses. Cependant, si elles manquent leur cible, elles ne manquent pas de provoquer, par leur venin particulier, l'hilarité des spectateurs.

 

Quant au mari, il n'est pas avare de citations d'auteurs qui sont devenues de véritables lieux communs. Il se croit spirituel, mais ses plaisanteries tombent à plat et ne font rire que lui, en tout cas pas sa femme.

 

Tandis que sa femme s'ennuie, il lit Les contes et légendes du Japon et finit par lui raconter à sa façon le conte du bûcheron Yoshida et de sa femme qui ont retrouvé leur jeunesse en buvant l'eau d'une source magique.

 

Un jeune couple (Mélanie Foulon et Laurent Baier) met au lit d'essai toutes les chambres du même palace lausannois, où ils sont employés. C'est le deal. Après, leur histoire sera finie.

 

Lui aimerait bien pourtant, par un renversement des rôles traditionnels de l'homme et de la femme, qu'ils continuent de vivre ensemble et qu'ils fondent un foyer...

 

Comme ils sont jeunes encore et fougueux, après s'être dévêtus à plusieurs reprises - elle se retrouve alors en soutien-gorge et petite culotte noirs en dentelle et lui en slip à rayures -, ils se livrent à des ébats vigoureux et sonores, dissimulés sous un drap ou sous un lit, dont ils secouent toute la structure.

 

Ce qui provoque inévitablement les rires de la salle, tant c'est caricatural...

 

Cette pièce est donc un mélange de sérieux et de drôlerie.

 

Hier soir, le parterre était, pour l'essentiel, composé d'une classe de jeunes filles en fleurs. Elles ont ri de bon coeur aux disputes du vieux couple et aux parties de jambes en l'air du jeune. Elles étaient beaucoup plus silencieuses quand le docteur Voronoff, dessins à l'appui, parlait avec force détails techniques de sa méthode...

 

Cette douche écossaise, voulue par l'auteur et metteur en scène, présent ce soir-là, est magnifiquement administrée par le jeu des comédiens.

 

C'est certainement un trait de notre époque que de vouloir non seulement trouver d'une manière ou d'une autre l'élixir de la jeunesse sexuelle, physique et mentale, mais aussi de ne pas vouloir regarder la mort en face... au point de s'accrocher, parfois ridiculement, à la vie...

 

Francis Richard

 

Nul n'a le droit de mourir ici se joue au Pulloff Théâtres, Rue de l'Industrie 10 à Lausanne (1005), jusqu'au 17 novembre 2013:

 

me/ve 20h30

ma/je/sa 19h00

di 18h00

 

Et sera jouée au Petithéâtre de Sion, Rue du Vieux-Collège à Sion (1950) les 21, 22 et 23 novembre 2013:

 

je 19h00

ve 20h30

sa 19h00

 

Présentation rapide de la pièce sur Youtube:

 

 

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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