Comment? Par l'échange, plus précisément, en matière de protection sociale, par l'échange de services.
Le secteur de la Santé est un secteur économique comme un autre, n'en déplaise aux utopistes. Il obéit à la loi de l'offre
et de la demande. Comme dans tous les secteurs économiques, les besoins - ici, besoins de soins - ne peuvent être satisfaits que dans une société d'abondance, où les nouvelles technologies
s'épanouissent et où les innovations se multiplient sans être bridées par l'Etat.
Dans un échange librement consenti, qui repose donc sur la confiance, chaque partie trouve son compte en poursuivant son
intérêt personnel. En France, en matière de santé, la liberté de choix est pourtant refusée au profit de la coercition exercée par l'Etat:
"L'Etat prend aux uns pour donner aux autres et les sommes prélevées sont immédiatement
dépensées. Il n'y a pas d'épargne, ni de trésorerie. C'est de la cavalerie. Il ne peut y avoir d'équilibre et encore moins d'excédent."
Le contraire de ce qui se passe dans une économie libre où l'épargne générée est massive, ce qui est bénéfique non
seulement pour le domaine de la santé, mais aussi pour l'économie toute entière.
La Sécu est en définitive un système de solidarité publique bien moins efficace que la charité privée, parce qu'elle
déresponsabilise:
"La solidarité forcée n'a aucune valeur. Elle est destructrice de richesses matérielles et
de richesse morale, parce qu'elle crée l'indifférence et détruit la responsabilité personnelle."
A contrario, dans le cas de la charité privée, qui, par exemple, est très développée aux Etats-Unis, où les grandes
fortunes créent des fondations:
"Les personnes aidées sont rigoureuses car elles savent qu'en cas de gaspillage, corruption,
absence de résultat, l'aide sera suspendue. Elles n'ont pas de pouvoir de chantage sur le donateur privé parce qu'elles ne l'ont pas élu, il ne dépend pas de leurs voix pour
survivre."
Certes le monde est imparfait et la malhonnêteté existera toujours, mais il n'en est pas moins vrai que la malhonnêteté
est intrinsèque à toute forme de collectivisation, telle que la Sécu:
"Tout règlement engendre une fraude, plus il y a de règlements plus il y a de fraude. Plus
la contrainte est grande, plus il y a de fraude parce que cela s'oppose au naturel. C'est plus facile d'obtenir un bien ou un avantage du pouvoir politique que par son mérite et son
travail."
Quant aux gaspillages ils proviennent du détournement de sommes gigantesques qui sont enlevées au libre choix des gens et
livrées à l'arbitraire des politiciens. La spoliation légale, la contrainte légale sont-elles morales? Evidemment que non. Seule est morale la liberté de faire ce que l'on veut avec ce que
l'on a, dans le respect, bien entendu, de tous les droits naturels d'autrui.
L'auteur sait bien qu'en France la Sécu est un sujet tabou. Pourtant la Sécu n'atteint pas son objectif de "permettre à tous de rester en bonne santé et de bénéficier de soins de qualité en cas de besoin", parce que l'Etat décide arbitrairement "qui sera soigné, comment et pour quoi".
Il faut libéraliser, privatiser, tourner le dos à l'Etat providence, qui se traduit par des lois et des règlements
envahissants, des prélèvements obligatoires écrasants, des dettes massives, des déficits, des dépenses publiques sans cesse accrues. Il faut en conséquence permettre le libre-échange entre
individus responsables de leurs soins.
L'auteur propose donc:
- de réduire l'Etat au minimum, celui des fonctions régaliennes: en France, où les prélèvements obligatoires représentent
56% du PIB, elles ne représentent qu'à peine 3% du PIB (1,5% défense, 1% intérieur, 0,4% justice)...
- de rendre aux Français leur salaire complet, c'est-à-dire sans être amputé des cotisations sociales, salariales ou
patronales: ils choisissent alors en matière d'assurance maladie et de retraite leurs prestataires mis en concurrence
- de libérer la propriété foncière et immobilière: les règlements de toutes sortes engendrent pénurie et cherté
- de réduire les prélèvements obligatoires au strict minimum: contribution unique et proportionnelle, c'est-à-dire
"une fiscalité faible, proportionnelle, fiable, simple et claire", pour financer les fonctions régaliennes et un filet de sécurité, dont "bien peu de personnes auront besoin" dans une société libre.
Ces éléments réunis il sera possible de privatiser la protection sociale, de la mettre en concurrence avec le secteur
privé et de rembourser pendant une période de transition la phénoménale dette sociale.
Patrick de Casanove propose concrètement dans le dernier quart de son livre l'adoption d'une charte, "panier de soins, de prestations, socle de la protection sociale", la création d'un compte épargne santé.
Il souligne les bienfaits de la concurrence non seulement dans le choix des couvertures de risques et des différentes
médecines, mais aussi dans le choix des médicaments et des médecins, dont les prix doivent pouvoir être fixés librement.
Est-ce utopique que de vouloir libérer les Français de leur culte séculaire rendu à l'Etat?
"Leur étatisme est héréditaire, il n'est en aucun cas génétique." répond Patrick de
Casanove.
De par son impact, une telle réforme du système de santé, mise en oeuvre rapidement, pourrait bien lui porter un coup
fatal. C'est pourquoi le livre de Patrick de Casanove est à diffuser largement, sans modération.
Francis Richard
Sécu: comment faire mieux, Patrick de Casanove, 176 pages, Tatamis ici