Alors que tout autour d'elle les pays souffrent de leur Etat providence, la Confédération helvétique s'affirme de plus en plus comme un Etat nounou. A l'instar de ses
voisins en faillite. Avec les mêmes conséquences funestes et irresponsables.
Les trois objets soumis à votation le 3 mars en apportent la preuve s'il en était besoin:
- avec l'arrêté fédéral du 15 juin 2012, il s'agit de "protéger" les familles en prenant
des "mesures permettant de concilier la vie de famille et l'exercice d'une activité lucrative ou une formation";
- avec l'initiative populaire fédérale "contre les rémunérations abusives", il s'agit de limiter par le haut les rémunérations des patrons d'entreprises cotées en bourse;
- avec la loi sur l'aménagement du territoire, il s'agit de "préserver le paysage" pour le bien de tous et, éventuellement, contre leur gré.
Le premier objet est typique d'un Etat nounou. Au propre et au figuré. Bien que l'on sache que tout ce qui vient de l'Etat est
plus cher, beaucoup plus inefficace et se traduit au final par de la solidarité forcée et de la liberté sous tutelle, les politiciens, pour se donner de l'importance, et flatter leurs électeurs,
ont décidé de créer des crêches et des garderies publiques, aux frais du contribuable. Quel en sera le coût? Aucune importance. Les plus riches paieront.
Le deuxième objet est typique de l'interventionnisme économique. L'Etat s'immisce cette fois dans la gestion des entreprises cotées en bourse. L'Etat fait fi des réalités économiques et du marché. Car il y a un marché des dirigeants, comme il y a un marché de toutes les compétences.
Pour ce faire l'Etat impose de modifier les statuts des entreprises pour donner plus de droits aux actionnaires. Il interdit
certaines formes de rémunérations telles que les primes de départ ou d'arrivée. Il oblige les caisses de pension à exercer leurs droits de vote. Etc. Bref l'Etat s'oppose à la liberté
contractuelle, à la liberté tout court et réglemente à tout va. Et le contre-projet indirect est du même tonneau. En light.
La population serait outrée par les salaires versés aux dirigeants de sociétés cotées en bourse. Alors, il faut faire plaisir à la population, encourager chez elle l'envie, ce péché capital, qui est à l'origine de toutes les interventions de l'Etat pour réduire les inégalités. Or ce ne sont pas les inégalités qui sont scandaleuses, mais l'appauvrissement, dont l'Etat est toujours le plus grand fauteur.
Au lieu de comparer la rémunération d'un dirigeant ou d'une équipe dirigeante au chiffre d'affaires, aux résultats, ou encore au nombre de salariés, qui sont des indicateurs de l'importance de la tâche accomplie, on la comparera au plus modeste des employés. Là encore cela offre aux politiciens l'occasion de se donner de l'importance et de flatter les électeurs, en faisant valoir une volonté de justice fallacieuse.
A l'extrême, entre un salaire minimum, sur lequel on votera prochainement, et un salaire maximum, on croit naïvement que la
prospérité surviendra comme par magie à l'issue de la mise en application de cet égalitarisme niveleur et on ne peut plus incitatif... On devrait se souvenir que c'était l'objectif de feues les
républiques populaires socialistes, dont il est superflu de rappeler quel fut leur sort économique...
Le troisième objet est typique de l'illusion que l'Etat et ceux qui le représentent sont omniscients et qu'ils connaissent mieux que les autres ce qui est bon pour eux. L'Etat seul saurait comment il faudrait utiliser le sol, comment il faudrait l'aménager.
Hier l'Etat maudissait l'urbanisation trop dense. Il aurait fallu installer les villes et les usines à la campagne. Maintenant l'urbanisation est trop éparse. Il y aurait trop de terrains à bâtir. L'Etat, n'étant pas à une contradiction près, remarque que 20% de ces terrains ne comportent pas de constructions et qu'il faudrait contraindre les propriétaires à construire.
Comme l'Etat est un tiroir-caisse avant tout, redistributif en partie, si la baisse de l'offre de terrains à bâtir se traduit par une plus-value des terrains qui le restent, il veut sa commission, d'au moins 20% - 20% doit être un pourcentage fétiche - pour dédommager - qu'il dit - ceux dont les terrains seraient dévalués par le dézonage... Gageons qu'il en gardera une bonne part au passage.
Comme on le voit, la Suisse n'échappe pas - ce n'est pas nouveau - aux mirages de la redistribution, de la réglementation et de la planification.
Frédéric Bastiat disait :
"L'Etat est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde."
Les votations du 3 mars 2013 en sont une fois de plus l'illustration.
Francis Richard
Le dessin qui illustre cet article provient d'ici.
Cet article est reproduit sur lesobservateurs.ch.