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13 octobre 2023 5 13 /10 /octobre /2023 22:20
Sans raison, de Marie-Christine Horn

En ce jour de juin aux températures estivales de l'année précédente, Salvatore avait ouvert le feu à plusieurs reprises sur la place de jeux situé sous la fenêtre de l'appartement qu'il occupait dans un immeuble de Lausanne, tuant trois enfants, en blessant quatre autres, et privant une famille de leur femme, mère, fille, enceinte de huit mois.

 

À la sortie du tribunal qui condamne à la réclusion à perpétuité Salvatore, conduit ici par les incohérences et [...] l'injustice de ce monde, deux femmes font connaissance, l'une d'un certain âge, l'autre prénommée Margot, qui comprend le condamné, ayant éprouvé les mêmes frustrations et sacrifices non récompensés:

 

Son coeur n'était pas assez généreux pour excuser ses actes bien qu'elle en comprenne les causes. De son point de vue, le malheur d'un individu ne justifiait pas d'être la source de celui des autres.

 

Cette rencontre est décisive pour Margot, parce que sa gentillesse naturelle est enfin récompensée. Grâce à sa nouvelle amie, prénommée Marguerite, sa vie change. Celle-ci réside dans un petit camping de pêcheurs situé entre un lac et une rivière au bout du canton de Neuchâtel et la prévient qu'une place s'est libérée.

 

C'est une aubaine pour Margot qui compare le prix annuel de l'emplacement avec le loyer mensuel de son deux-pièces en ville de Fribourg. Elle s'y installe après avoir fait l'acquisition d'une caravane avec le solde de son compte épargne et y rejoint des gens, aux prises avec une misère provisoire, qui y habitent à l'année.

 

Le contraste est saisissant entre la nouvelle vie de Salvatore dans sa cellule et celle de Margot dans son camping, entre la solitude de l'un et l'entourage quasi familial de l'autre. Car au petit camping, le quotidien est simple et joyeux, les campeurs sont serviables, les infrastructures, suffisantes, l'amitié est omniprésente.

 

En apparence, Salvatore a tué Sans raison, mais comment expliquer l'inexplicable à ceux qui n'ont jamais su écouter? A contrario, si Margot n'a jamais été logique nulle part, elle reste volontiers dans son petit camping amical pour la simple raison qu'on y [veut] bien d'elle sans jamais la questionner sur qui elle [est].

 

Le roman de Marie-Christine Horn est tragique parce que la vie n'y est pas dissociée de la mort et qu'il décrit avec réalisme et justesse l'existence misérable des gens d'en bas que broie sans vergogne un système technocratique et déshumanisé, comme l'illustre l'exemple absurde qu'elle donne et qui est plus que plausible:

 

Pour refaire une carte d'identité, on doit être inscrit dans une commune. Donc pas de domicile légal égal pas d'attestation, pas d'attestation égal pas de carte d'identité, pas de carte d'identité égal pas de domicile.

 

Ce roman n'est cependant pas tout noir. Au système bureaucratique inhumain, auquel sont confrontés les laissés-pour-compte du petit camping, s'oppose finalement la belle famille qu'ils ont choisie de former délibérément, une famille, qui n'est pas toujours celle qu'on croit, celle qu'est marquée sur le livret à la naissance.

 

Francis Richard

 

Sans raison, Marie-Christine Horn, 136 pages, BSN Press - OKAMA

 

Livres précédents:

 

Le nombre de fois où je suis morte, Marie-Christine Buffat, 128 pages, Xenia (2012)

Tout ce qui est rouge, Marie-Christine Horn, 386 pages, L'Âge d'Homme (2015)

La piqûre, Marie-Christine Horn, 288 pages, Poche Suisse (2017)

24 heures, Marie-Christine Horn, 96 pages, BSN Press (2018)

Le cri du lièvre, Marie-Christine Horn, 112 pages, BSN Press (2019)

Dans l'étang de feu et de soufre, Marie-Christine Horn, 136 pages, BSN Press (2021)

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11 octobre 2023 3 11 /10 /octobre /2023 20:40
Un dernier verre pour la route, de Philippe Erard

La villa de Jean et Annelise était sans prétention, mais le soin avec lequel ils l'entretenaient lui donnait un air de dignité, de coquetterie, et même d'élégance, qui les ravissait.

 

Jean est né en 1958, Annelise en 1956. Jean est ingénieur mécanicien, diplômé de l'École polytechnique fédérale de Lausanne, et travaille chez LapSA à Renens. Annelise est secrétaire de direction chez Nestlé, à Vevey.

 

En 1983, ils se rencontrent en Angleterre au Swiss Centre de Londres, à l'occasion de la fête nationale: le coup de foudre. En 1985, ils se marient. En 1987 naît leur fille Catherine, qui meurt en faisant du ski en 2008.

 

En 2018, Jean et Annelise Magnin se décident à mettre fin au mausolée qu'est la chambre de leur fille depuis sa disparition et à déposer ses cendres au cimetière avec la bénédiction du Père Meier qui les avait mariés.

 

Jean met alors à exécution son projet de transformation de leur villa, où la chambre de Catherine devient un espace de deux bureaux, un pour chacun. À la Noël 2019, ils partent en croisière de luxe dans l'Antarctique.

 

Ils semblent avoir tourné la page du malheur. Mais, à leur retour, en janvier 2020, ils apprennent qu'un virus couronné est apparu. Un malheur ne venant jamais seul, en mars, Annelise est emportée par un infarctus.

 

Le problème est que Jean avait averti LapSa qu'il anticiperait sa retraite en décembre 2021, afin de passer plus de temps auprès de sa chère Annelise, et qu'il se retrouve tout seul désormais dans leur grande et belle maison.

 

Il y est d'autant plus seul qu'avec la pandémie, il doit beaucoup télétravailler et se voit coupé socialement du reste du monde. Moralité: il faut certes faire des projets dans la vie mais sans assurance qu'ils se réalisent jamais.

 

Quand, décidément, ses projets sont contrariés, il reste toujours une option, une fois que la retraite a bel et bien sonné, sans pouvoir y rien changer, c'est de s'adapter à la solitude et de boire Un dernier verre pour la route... 

 

Le récit humain et bien écrit de Philippe Erard n'est guère réjouissant, malgré de bons moments, puisqu'une famille, qui devrait être heureuse, est à la fin réduite à un individu, qui, face à l'adversité, au moins réagit.

 

Francis Richard

 

Un dernier verre pour la route, Philippe Erard, 64 pages, Éditions de L'Aire

 

Livres précédents:

 

La dernière carte de Marcel Fischer (2019)

Les trois fous et la fin du monde (2020)

Berthe Ruffieux (2021)

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10 octobre 2023 2 10 /10 /octobre /2023 22:45
La danseuse, de Patrick Modiano

C'était un temps où l'on prenait beaucoup moins de photos qu'aujourd'hui.

Et pourtant certains détails demeurent assez présents. Il faudrait en faire une liste. Mais il serait très difficile de suivre l'ordre chronologique.

 

Le temps dont parle le narrateur remonte à plus de cinquante ans. Et il ne suit effectivement pas d'ordre chronologique pour le ressusciter.

 

Tous les personnages qu'il décrit n'ont pas tous un nom, à commencer par lui-même et La danseuse qui donne son titre à ce roman mémoriel.

 

Car c'est bien de mémoire dont il s'agit avec ses trous et ses détails, qui ne les comblent certes pas tous, loin de là, et entretiennent le mystère.

 

Si la danseuse n'a qu'un surnom, elle a un fils prénommé Pierre, dont le narrateur avec Hovine, un ami d'enfance à elle, s'occupe à sa place.

 

Hovine fait les courses. Lui va chercher Pierre au cours Dieterlen, une école du quartier du dix-septième arrondissement de Paris où elle habite.

 

Avant de loger à la Porte Champerret, la danseuse a vécu depuis l'enfance à Saint-Leu-la-Forêt et avait confié Pierre à des parents, en province.

 

Par hasard il a été mis en contact par une agence avec un dénommé Serge Verzini, qui lui a loué une chambre et qui avait en fait aidé la danseuse.

 

Verzini l'avait connue à Saint-Leu-la-Forêt ainsi que le père de Pierre, du temps où lui comme ce dernier n'étaient guère recommandables.

 

Le narrateur vient souvent au studio Wacker chercher la danseuse, rencontrée un soir dans un restaurant et laissée seule avec lui en en sortant.

 

Depuis ils se promènent dans le quartier à partir du cours de danse ou encore d'un autre lieu plus ou moins éloigné de la Porte Champerret:

 

Au début, j'avais du mal à la suivre, mais je finissais par m'habituer à son rythme. [...] C'était comme si elle m'entraînait et m'aidait à remonter à la surface.

 

Selon Kniaseff, le professeur de la danseuse, il faut que le corps s'épuise pour atteindre à la légèreté et à la fluidité des jambes et des bras:

 

Un jour qu'il se trouvait seul avec elle, il lui en avait expliqué le sens: oui, il s'agissait à force d'exercices de "dénouer les noeuds", et c'était douloureux, mais, une fois qu'ils étaient "dénoués", alors on éprouvait un soulagement, celui d'être libéré de la pesanteur, comme dans les rêves où votre corps flotte dans l'air ou dans le vide.

 

Les souvenirs ne lui viennent que par bribes: au lecteur de reconstituer le puzzle; et quand il y parvient, le narrateur lui dit ce qui importe:

 

Ni la danseuse ni Pierre n'appartenaient à un passé mais à un présent éternel.

 

Ce présent-là n'a assurément rien à voir avec le présent temporel où le narrateur déambulant dans le Paris d'aujourd'hui ne le reconnaît plus...

 

Francis Richard

 

La danseuse, Patrick Modiano, 112 pages, Gallimard

 

Article précédent sur l'auteur:

Patrick Modiano à Stockholm (8 décembre 2014)

 

Livres précédents:

L'herbe des nuits, 192 pages (2012)

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, 160 pages (2014)

Souvenirs dormants, 112 pages (2017)

Encre sympathique, 144 pages (2019)

Chevreuse , 176 pages (2021)

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9 octobre 2023 1 09 /10 /octobre /2023 18:25
Made in Korea, de Laure Mi Hyun Croset

Il passait la majeure partie de son temps assis à son bureau ou couché sur son canapé, dans le royaume du gras et du sucré. À dire vrai, son univers se résumait à ses écrans et à son réfrigérateur.

 

Grâce ou à cause de sa cousine, ce concepteur de jeux vidéos se rend chez la généraliste qui se trouve dans le même immeuble que lui. Deux prises de sang plus tard, vu les résultats, il doit changer de vie s'il ne veut pas mener son existence dans un état dégradé:

 

Il devait faire l'inverse de son quotidien: pratiquer une demi-heure de sport par jour et se nourrir de végétaux.

 

Pourquoi ne pas joindre l'utile à l'agréable? Enfant abandonné à deux ans, Made in Korea, il décide de partir pour sa terre natale où il pourra vivre sainement et découvrir sa culture d'origine, et, en guise d'activité physique, pratiquer le taekwondo, l'art martial de là-bas. 

 

La Corée du Sud décrite par Laure Mi Hyun Croset n'est pas celle qu'imaginait son lecteur ou son personnage solitaire, et gagné par le diabète... Ainsi les Coréens ne semblent jamais vivre seuls et consomment de l'alcool, moins proscrit aux diabétiques que le sucre...

 

Le cours de taekwondo est dispensé par Dave, un Américain. Quant à lui, son apparence asiatique le sauve aux yeux des participants plus jeunes. Il y fait la connaissance de Tim, un Irlandais, puis, en un autre lieu, de Dae-ho, avec lesquels cet introverti se lie d'amitié.

 

Le lendemain, au dojang, il n'est pas frais, ayant bu davantage que de raison, alors qu'auparavant il ne buvait presque jamais, mais Tim lui tend un breuvage coréen qui remédie à sa gueule de bois... et l'emmène, après, tester une haejangguk, soupe qui a le même effet.   

 

Quoi qu'il arrive désormais il n'est plus seul, même s'il avait déjà des parents adoptifs et un frère d'origine vietnamienne, adopté lui à la naissance. Originellement coréen, la Corée l'a certes adopté, mais il se sait différent et n'appartiendra jamais à son peuple si aimable...

 

Le récit des tribulations en Corée de ce personnage attachant est non seulement plein d'humour, mais de sagesse: il est possible de changer de vie, physiquement et moralement, et, pour vaincre ses préjugés et quitter sa zone de confort, une amitié vraie peut être décisive.

 

Francis Richard

 

Made in Korea, Laure Mi Hyun Croset, 112 pages, BSN Press - OKAMA

 

Livres précédents:

 

Les velléitaires Éditions Luce Wilquin (2010)

Polaroids Éditions Luce Wilquin (2011)

On ne dit pas je BSN Press (2014)

S'escrimer à l'aimer BSN Press (2017)

Le beau monde Albin Michel (2018)

Pop-corn girl BSN Press (2019)

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8 octobre 2023 7 08 /10 /octobre /2023 15:25
Dans l'ombre du Mont Olympe, d'Elio Sottas

L'embarcation s'immobilisa juste devant le corps inanimé d'un homme maintenu hors de l'eau par un gilet de sauvetage qui lui compressait le buste et les épaules. Les deux policiers le hissèrent à bord. Il portait un costume deux-pièces et de longues chaussettes rouges. Son visage pâle et la température de ses membres ne laissaient aucun doute quant à son état: il était mort.

 

Le ton du roman d'Elio Sottas est donné. C'est un polar qui va tenir ses promesses d'appartenance à la Collection Frisson des éditions Plaisir de Lire. Le lecteur se réjouit d'avance.

 

Le lecteur se réjouit d'autant plus que très vite le livre tient les promesses de son titre. Dans l'honorable quotidien La Chronique genevoise paraît le même jour ce message anonyme:

 

À force de jouer trop près du soleil, Apollon s'est brûlé. Si vous autres, locataires du Mont Olympe, riez de votre momentanée toute-puissance, n'oubliez pas que de dieu à mortel, il n'y a qu'une étincelle.

 

Les dieux de l'Olympe sont-ils douze ou quatorze1? L'auteur penche pour douze comme la suite de l'histoire le dira, mais au moins a-t-il connaissance de la mythologie grecque2...

 

En tout cas, Dans l'ombre du Mont Olympe se cachent des locataires d'un très mauvais genre, pour reprendre une expression qui, ces jours, fait florès dans la littérature romande.

 

L'inspecteur principal Markus Ederlang est chargé de l'enquête sur cette simple noyade ou peut-être ce meurtre, car un énorme "I" était scarifié sur [le] ventre de la victime...

 

Y a-t-il un lien entre le message anonyme et la découverte du cadavre dans les eaux du Léman? Ce qui n'est peut-être qu'une coïncidence a de toute façon des conséquences.

 

En effet les douze locataires de l'Olympe ne seraient-ils pas les sept conseillers d'État du canton et les cinq conseillers administratifs de la ville? Ne faut-il pas les protéger?

 

Si le message et la découverte lacustre sont liés, il est à ce moment-là curieux que le mort fasse partie des douze cibles, puisqu'il était depuis vingt ans simple comptable de l'État.

 

Aussi l'inspecteur Ederlang et ses acolytes vont-ils s'orienter vers une piste plus prometteuse, que la couverture du livre préfigurait, celle du club de poker, dont il était membre.

 

Pour satisfaire à l'esprit du temps, Ederlang essaie de retrouver la forme en faisant du jogging et a pour compagne, Louise, une femme transgenre incomprise de ses parents.

 

Pour satisfaire aux règles du genre polar, pas si mauvais que ça et même excellent, l'histoire est pleine de rebondissements, destinés à mettre le lecteur en haleine jusqu'au bout...

 

Francis Richard

 

1 - Zeus, Héra, Aphrodite, Athéna, Hermès, Apollon, Poséidon, Héphaïstos, Arès, Artémis, Hestia, Hadès, auxquels d'aucuns ajoutent Déméter et Dionysos...

2 - La maire républicaine d'une grande ville française a récemment ignoré l'existence du roi de Phrygie qui est une figure de cette même mythologie...

 

Dans l'ombre du Mont Olympe, Elio Sottas, 272 pages, Plaisir de Lire

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4 octobre 2023 3 04 /10 /octobre /2023 11:55
Crime au col et autres fugues, d'Alain Campiotti

Fugues ou fuites? Fugues sur la couverture, fuites sur la page de titre. Ce n'est pas tout-à-fait la même chose, encore que fuite ait la même acception que fugue quand elle signifie l'action de s'enfuir... C'est le fil rouge des textes de ce recueil, que l'échappée soit volontaire ou contrainte.

 

Il n'est pas fortuit que le premier de ces textes soit Crime au col qui donne son titre à l'ensemble. C'est le plus mystérieux puisque Jean, en passant par le Gothard, veut quitter le continent, sa grisaille et sa mauvaiseté dans lesquels on crève, quitte à mourir dans le sud qu'il n'atteindra pas...

 

Nicolas Bouvier, après avoir lu d'un coup L'Arrangement d'Elia Kazan, qui en a tiré le film homonyme, n'a plus pensé qu'à s'enfuir, prêt à quitter femme et enfants. Il ne l'a pourtant pas fait, a continué à voyager. Son premier livre, L'Usage du monde, préfigurait ce genre d'accablement...

 

Dans le texte consacré à Jean-Luc Godard, l'auteur raconte son bannissement par ce créateur d'objets picturaux en mouvement. Que lui reprochait-il? De ne pas tenir promesse. Ce qui était obscur, car cela pouvait s'entendre dans un double sens: ne pas tenir parole ou ne pas être à la hauteur...

 

L'auteur, devenu ami avec Wendula, la dernière compagne du sculpteur André Lasserre, s'est engagé à raconter leur histoire, à condition qu'elle ait un regard préalable sur tout ce qu'il écrirait. Quand sa santé à elle se détériore, peu à peu il l'oublie, une indifférence qu'il paiera en remords... 

 

Ces quatre exemples, parmi les onze textes du recueil, montrent que ces fugues, qui rappellent la forme musicale, prennent des chemins à chaque fois singuliers et que le lecteur, pour les apprécier, doit accepter, en connaissance de cause, de s'y plonger pour, bien volontairement, s'y perdre...      

 

Francis Richard

 

Crime au col et autres fugues, Alain Campiotti, 196 pages, Éditions de l'Aire

 

Livre du même auteur chez le même éditeur précédemment chroniqué:

 

La Rue Longue (2015)

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30 septembre 2023 6 30 /09 /septembre /2023 17:00
Timidité des cimes, de Maxence Marchand

- Vous avez remarqué comme là-haut, tout en haut, aucune des branches, entre les différents arbres ne se touche?

- Oui, ça crée comme des canaux. Le bleu, c'est l'eau.

- C'est un phénomène appelé la timidité. La timidité des cimes.

 

Cet échange est un des seuls qu'il y aura entre Luisa et un homme solitaire qui, en général, ne donne pas son nom.

 

Elle est une voyageuse, une femme tout récemment arrivée dans l'avenir, qui a subi des violences dans le passé.

 

Pour son acclimatation, elle vit dans un appartement communautaire, avec deux de ses semblables, Julia et Nadia.

 

Fait partie de sa thérapie de se rendre dans le parc voisin, qui est payant et l'un des derniers espaces verts de la ville.

 

Dans le passé, des voitures circulaient encore. C'est rare dans ce monde d'après. De toute façon Luisa ne conduit pas.

 

Un bruit et une lumière, chaque soir, rythment la vie de Luisa avant qu'elle ne s'endorme, le menton dans les mains.

 

Le bruit, c'est celui des nettoyeurs du sol: de petits triangles à trois roues  et d'autres modèles, de forme humanoïde.

 

La lumière, c'est la lumière ultraviolette, le nettoyant que ces robots déploient pour que tout soit propre et purifié.

 

Luisa et l'homme sans nom se sont rencontrés dans le parc, assis sur leur banc, regardant dans la même direction.

 

Un jour, la première fois dans l'avenir, il lui évoquera sinon le passé, du moins la possibilité même de son existence:

 

Là où je suis né, et là d'où je viens, ce n'est pas exactement la même chose. C'est un peu comme un arbre: on le voit jusqu'au sol, là où il est né; on voit le morceau de terre d'où il est sorti, mais après, il y a les racines.

 

Leurs chemins se sépareront. Lui, l'infâme, qui n'avait pas voulu laisser de traces de son passé, en laissera chez Luisa:

 

Convoquer sa présence, par moments, semblait abolir les frontières.

 

Francis Richard

 

Timidité des cimes, Maxence Marchand, 80 pages, La Veilleuse

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29 septembre 2023 5 29 /09 /septembre /2023 10:30
Rencontre à La Boisserie, de Christophe Gaillard

Deux anciens élèves d'un même collège parisien se rencontrent près de quarante-cinq ans plus tard, auréolés de gloire, mais désespérés de constater que les hommes ne savent que faire de leur liberté retrouvée.

 

Qui sont ces élèves? Georges Bernanos (1888-1948) et Charles de Gaulle (1890-1970).

 

Le collège parisien? Le collège de l'Immaculée Conception, 291 rue de Vaugirard.

 

Où se sont-ils rencontrés? À La Boisserie, gentilhommière champenoise, demeure des de Gaulle, à Colombey-les-Deux-Églises, où ils ont échangé céans, dans le jardin et dans la ménagerie.

 

Quand? Pendant la matinée du 5 décembre 1946, avant de partager un repas avec d'autres invités, dont André Malraux.

 

Que se sont-ils dit? C'est là que Christophe Gaillard fait oeuvre de romancier, mais très documenté, si bien que les tirades, entrecoupées de quelques longues didascalies, que l'un et l'autre s'adressent, sont plausibles, sinon probables.

 

Car, qui connaît les écrits et les actes de ces deux protagonistes, dont la considération de l'un pour l'autre est avérée, reconnaîtra que l'auteur a fait là de la belle ouvrage et ne les a pas trahis.

 

Bernanos et de Gaulle ont tous deux quitté la France en hommes libres, tous deux y sont revenus et n'ont jamais craint aucune férule ni aucun bâton.

 

Tous deux écrivent, de Gaulle au milieu de ses livres, proche de ses documents, Bernanos dans des endroits inconnus, sans se laisser influencer.

 

De Gaulle déplore le climat moral et intellectuel de la  France - sa grandeur est présentement mise à mal, son héroïsme discrédité, sa langue méprisée - et Bernanos que les gens courageux soient rares:

 

Comme de Gaulle, Georges Bernanos devenait un étranger dans ce monde nouveau. Un profond sentiment d'abandon, exacerbé par la honte des compromissions et des vilénies, l'empêchait d'écrire. Jamais la France n'avait connu de régime plus lamentable, jamais une telle corruption n'avait atteint ce degré dans le marchandage des postes et l'étalage des médiocrités assouvies.

 

Que diraient-ils l'un et l'autre aujourd'hui?

 

Peut-être qu'il est urgent, avant d'agir, de retrouver une vie intérieure, à laquelle nous convient les saints, les héros et poètes de France, et de ne pas désespérer, car ce pays s'est toujours redressé quand il semblait perdu, grâce aux mots et aux actions d'hommes tels que tous deux furent.   

 

Francis Richard

 

Rencontre à La Boisserie, Christophe Gaillard, 236 pages Éditions de l'Aire

 

Livres précédents:

Une aurore sans sourire (2015)

Chienne de vie magnifique (2018)

La glorieuse imposture (2021)

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26 septembre 2023 2 26 /09 /septembre /2023 16:45
Vie et oeuvre de Marcel Parnaan, de Joan Suris

S'il se cherchait, il n'a pas mis longtemps à se trouver. Visiblement il se sentait plus à l'aise chez les autres que chez lui-même.

Dit de lui T.S. Gervais, l'un des camarades d'études de Marcel Parnaan.

 

Tout indique qu'il s'intéressait de plus en plus aux peintres en tant que personnages, et non seulement en tant que créateurs.

Dit de lui Aristide Victor, l'historien de Swiss Wave: les artistes suisses à la conquête du monde.

 

On ne peut pas effacer toute trace de Marcel Parnaan de l'histoire de l'art. Son empreinte y est indélébile.

Dit de lui Patricia Sampere, journaliste intéressée par l'avant-garde artistique, et qui a omis de le compter parmi les Cinq artistes contemporains suisses qu'il faut connaître.

 

Pour écrire la Vie et oeuvre de Marcel Parnaan, Joan Suris donne donc la parole à ces trois témoins de cette figure de l'art contemporain, à chaque étape de son existence.

 

Aux yeux de tous, Marcel, qui raille l'arrogance des artistes qui se croient supérieurs au reste en leur lançant son T'es qui, toi ?, imite d'abord Robert Delaunay, puis Paul Klee, Claude Monet, Vassily Kandinsky, Jackson Pollock, Pablo Picasso, enfin des victimes contemporaines: Lionel Desforges, ré°èto, T.S. Gervais.

 

En fait Marcel Parnaan, ce génie des performances, n'imite pas, il incarne tour à tour chacun de ces artistes, suscitant l'incompréhension: un par an, au début, pendant cinq ans, et, après une interruption de dix ans, à la suite de l'incendie de son atelier, à un autre rythme, en s'attaquant aux plus célèbres de son temps.

 

À un moment, T.S. Gervais cite cette phrase tirée de son carnet de notes des Beaux-Arts:

Les bons artistes copient, les grands artistes volent.

Il omet de dire qu'elle est de Pablo Picasso, mais c'est un hommage indirect à Marcel.

 

En tout cas, l'art a transformé la vie de Marcel: il aura été non seulement sa raison d'être mais le véhicule de son existence, pour reprendre l'expression d'Aristide Victor.

 

Le dernier mot cependant, me semble-t-il, doit être laissé à Patricia Sampere qui ne doit pas trahir la pensée de son créateur romanesque:

Son commentaire tacite de l'élitisme du monde de l'art est formidable...

 

Francis Richard

 

Vie et oeuvre de Marcel Parnaan, Joan Suris, 132 pages, Presses Inverses

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25 septembre 2023 1 25 /09 /septembre /2023 20:15
Dystopique Cahier 1, de Léa Brach

Je m'appelle Mia, j'ai presque quinze ans et si tu lis ces lignes c'est que, comme moi, tu penses que le monde ne tourne plus très rond et que t'essaies de trouver des solutions.

 

Cette première phrase de Dystopique Cahier 1 est un bon début parce que de plus en plus de gens pensent, à raison,  que le monde actuel ne tourne plus très rond. 

 

La suite de ce cahier déçoit en bien le lecteur, comme on dit dans le canton de Vaud, parce qu'il sait que la fiction dont il est question n'est pas si dystopique que ça.

 

Certes nous n'en sommes pas encore là où le récit de Léa Brach  nous mène, mais nous n'en sommes plus très loin et ce bien malgré nous, contraints et forcés.

 

Le monde aseptisé, propre et sécurisé, qu'elle décrit n'est pas sans rappeler celui dans lequel l'Occident en particulier est tombé depuis les trois dernières années.

 

L'histoire se situe deux à quatre ans après, dans un avenir proche. Ce n'est guère rassurant parce que les probabilités sont grandes que le monde devienne tel quel.

 

La mère de Mia, Sophie, pharmacienne est devenue nettoie-tout, maniaque du propre. Son père, Jean, architecte, télétravaille sur un projet qui n'est pas emballant:

 

Je dois pointer les emplacements des nouvelles caméras de surveillance d'un collège.

 

C'est en effet un monde de surveillance dans lequel les gens vivent désormais, où la méfiance détruit les liens sociaux et où l'Autorité dicte les comportements.

 

Sa dernière trouvaille, ce sont les Thalès. Il s'agit de parfaits chiens-robots introduits dans les familles pour veiller à leur sécurité, leur santé et... leur bien-être.

 

En fait ce sont de redoutables mouchards programmés pour remettre les gens dans le droit chemin tracé par l'Autorité et lui dénoncer tous ceux qui s'en écartent.

 

N'en pouvant plus, Mia et son père décident de s'évader de ce monde infernal et liberticide. Pour ne pas être contrôlés par l'Autorité ils passent par les égouts...

 

Contre l'Autorité des rebelles se sont dressés, ils se nomment les Incognitos. Alexis, le voisin du dessus, le seul garçon resté en contact avec elle, les a rejoints...

 

La suite de l'histoire montre que le monde ne tourne plus très rond nulle part, que la société de surveillance mise en place par l'Autorité gangrène tout, partout.

 

L'espoir réside dans de jeunes personnes comme Mia, qui a du caractère et chez qui l'esprit critique et la soif de liberté n'attendent pas le nombre des années.

 

Mia a son franc-parler, proche du langage parlé de ses quinze ans, ses codes à elle pour résumer ses sentiments, qu'elle a la gentillesse d'expliciter au lecteur.

 

Son cahier est comme une bouteille à la mer adressée à celui-ci pour qu'il le transmette à son tour. Qui sait, la rencontrera-t-il peut-être un jour, en dissidence.

 

Francis Richard

 

Dystopique Cahier 1, de Léa Brach, 112 pages, crp'

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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 08:00
Vie imaginaire de Cornelius G., de Marie Perny

Ce jour-là, à ce moment-là, il est 21 heures, la vie de Cornelius G. bascule. A cet instant, il provoque le courroux des cieux en faisant une déclaration embrouillée relative à l'argent liquide qu'il porte sur lui, une somme pourtant inférieure à ce qu'il est obligatoire de déclarer aux douanes.

 

Cornelius vient de faire l'aller-retour Munich-Zurich dans la même journée. Un collègue du douanier qui l'a interrogé se souvient de lui à l'aller. Il n'en faut pas davantage pour que, l'incident étant signalé à leurs supérieurs, une enquête soit ouverte sur lui.

 

Au terme de cette enquête d'un an, il s'avère que ce vieux monsieur, quatre-vingts ans, a deux domiciles, l'un à Munich, l'autre à Salzbourg, et qu'il est allé chercher de l'argent sur un compte en Suisse pour financer le changement de ses valves cardiaques.

 

En septembre 2011, son appartement munichois est perquisitionné: il détient des tableaux et des dessins que son grand-père et sa tante ont peints ou acquis, des archives cachées par son père dans les tiroirs d'une commode aux tiroirs sans clés. Tout est saisi:

 

Lui, les oeuvres, c'est la même chose. Il en était le gardien. C'était sa mission.

 

Ce sont ses derniers liens avec ses morts, surtout avec son père. Celui-ci a été licencié de son poste de directeur du musée de Zwickau parce qu'il défendait l'art moderne allemand. Métis juif, sous les nazis il est devenu marchand d'art par la force des choses.

 

La collection paternelle, constituée avant et pendant la deuxième guerre, à son issue a été confisquée par les Américains puis lui a été rendue, les soupçons pesant sur lui ayant été levés; il n'avait pas été nazi, ni participé à l'extermination, ni n'en avait tiré profit:

 

Oui, en tant que quart-juif il a lui-même souffert de persécutions, oui il peut reprendre ses biens et le cours de sa vie.

 

En novembre 2013, alors que le vieil homme se bat pour récupérer la collection, un article paru dans un magazine parle de trésor nazi, accuse son père d'avoir travaillé pour Hitler et une tempête souffle sur lui, sur l'Allemagne, sur l'Europe, jusqu'aux États-Unis.

 

De cet homme réel, en lutte jusqu'au bout pour remplir la mission confiée par son père, mort avant de lui dire ce qu'il devait faire de la collection, Marie Perny fait un personnage de roman. Son livre n'est pas sa biographie, mais la Vie imaginaire de Cornelius G.

 

Ce personnage, plutôt spectateur qu'acteur, reposera finalement en paix. Sa fin venue, les oeuvres auront été mises à l'abri, du moins celles qui n'auront pas été restituées à leurs propriétaires et qui avaient été acquises sans savoir qu'elles leur avaient été volées.

 

Lui qui a peint quelques toiles pourra dire d'outre-tombe à propos de toutes ces oeuvres qui étaient sa vie: Vous resterez pour toujours. [...] Vous êtes la trace inoubliable que quelque chose fut pour toujours. Toujours. Ce mot n'a aucun sens à l'échelle humaine... 

 

Francis Richard

 

Vie imaginaire de Cornelius G., Marie Perny, 96 pages, Éditions de l'Aire

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22 septembre 2023 5 22 /09 /septembre /2023 12:30
IMMpact, de Sébastien Devrient

Il y a quelque temps, je suis tombé par hasard sur un document qui depuis ne cesse de me hanter. Il s'agit d'un film réalisé par une femme lors de son expédition dans le Grand Nord sibérien. Son récit m'a bouleversé. J'ai voulu en savoir plus sur son histoire, sur cette femme, sur ce qui lui était arrivé. Alors j'ai mené une enquête.

 

Ainsi commence le préambule du roman de Sébastien Devrient.

 

Le fruit de l'enquête 1 menée par le narrateur sur Liza Andrée, ce sont huit pièces qu'il a rassemblées et qu'il livre au lecteur, pour qu'il juge par lui-même.

 

Au fil du récit, il se contente, en guise de liaison entre ces documents, de faire quelques brèves descriptions (en italique) pour situer les évènements dans le temps et dans l'espace...

 

Et, à la fin du récit, dans une postface, il ébauche une conclusion, analogue à celle que peut faire le lecteur après avoir pris connaissance du dossier.

 

Les pièces sont:

1. Un article paru dans Le Temps.

2. La déposition de Jean-Claude Butonnier, auteur de l'article.

3. Le journal de Liza Andrée.

4. Une description des dernières minutes de son film.

5. La traduction d'une autobiographie en anglais d'un certain Robert Arnaud.

6. La transcription d'un fichier audio enregistré par Liza Andrée.

7. Un mail de Jean-Claude Butonnier à un certain Pieter Van Geschloss.

8. La lettre de Liza Andrée laissée dans son appartement à son ex-mari.

 

Dans l'article du Temps, daté du 3 décembre 2016, Jean-Claude Butonnier donne les éléments essentiels sur l'expédition de Liza Andrée. Le lecteur doit les avoir à l'esprit s'il veut suivre les méandres de IMMpact 2:

 

  • Des géologues découvrent dans le cratère de Chukcha un cercle parfait de vêtements usés partiellement ensevelis et en son centre des bobines de Super 8.
  • Liza Andrée, après voir visionné ces enregistrements, décide de partir à la recherche de l'homme qui s'est filmé et d'en faire à son tour un film.
  • Elle part avec deux hommes, Hector et Tarek, respectivement preneur de son et cameraman.
  • L'équipe parvient au cratère mais Hector disparaît avec la même mise en scène que l'homme dont ils ont suivi les traces:

 

Quelque chose d'autre existait là-bas. Hector a eu le courage d'aller jusqu'au bout. Pour nous, il n'avait pas disparu, mais il était parti, seul, dans une nouvelle réalité, confie Liza Andrée au journaliste suisse.

 

Tous les autres documents du dossier précisent les éléments parus dans Le Temps, mais, quand le lecteur croit avoir compris de quoi il retourne en les parcourant, les doutes l'assaillent sur cette aventure aux frontières de l'imaginable.

 

Le livre pose en somme une question existentielle, c'est-à-dire que tout le monde peu ou prou se pose: existe-t-il un autre monde? Il va même plus loin, sans, bien sûr, apporter de réponse définitive: le passage entre la vie et la mort est-il à sens unique?

 

Francis Richard

 

1 - Sur son site, l'auteur publie douze clichés qui illustrent son récit.

2 - Sur la signification de ce titre, le lecteur ne sera pas plus avancé s'il fait une recherche sur internet qu'après avoir lu le livre, parce qu'il se trouvera face à différents acronymes sans rapport évident avec l'histoire.

 

IMMpact, Sébastien Devrient, 252 pages, Plaisir de Lire

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17 septembre 2023 7 17 /09 /septembre /2023 20:10
Le retour du bourdon, d'Hélène Dormond

J'ai conquis ma hiérarchie en passant pour un visionnaire: le Marcel, vu des hautes sphères, est un as du leadership collaboratif, subtil cocktail de confiance en soi, d'allocentrisme et de modestie.

 

Marcel Tribolet, le bourdon, n'est rien de tout ça. C'est bien sûr un terrible malentendu, mais il lui doit d'avoir été promu chef de la comptabilité et d'être même considéré comme un chef avant-gardiste.

 

Il défend tous les éléments de sa petite team face au DRH. Son animal totem assoit sa survie sur la variété, alors que Bonnard, le Self-fulfillement Chief Officer veut sarcler son carreau professionnel.

 

Il propose, pour souder son équipe, un escape game, animé par Amandine, son amie, la rousse incandescente. Bonnard approuve et obtient de lui in extremis son numéro pour faciliter les contacts...

 

Marcel a le béguin pour la belle Amandine mais n'a pas assez confiance en lui pour le lui dire. Elle est pour lui la reine des abeilles mais il redevient un lourdaud bourdon quand il la voit s'envoler.

 

Marcel est prêt à rendre service à tout le monde, notamment à sa voisine, madame Bally, qui, depuis qu'elle est veuve, a reporté toute sa tendresse sur son chat Félix, mais cela ne lui réussit pas.

 

Finalement, alors que ses initiatives semblent tourner court à chaque fois, le sort ne lui est pas si défavorable que ça, dans l'entreprise, dans ses relations avec sa voisine ou avec la belle Amandine.

 

Dans ces nouvelles tribulations de son bourdon, Hélène Dormond fait rire le lecteur, par les situations dans lesquelles elle le met, par les réflexions qu'elle lui prête, par les quiproquos qu'il génère.

 

Au-delà de son bourdon timide et attachant, son livre est une satire du monde, surtout professionnel, dans lequel nous vivons, qui se déshumanise et se ridiculise avec son vocabulaire anglo-saxon.

 

En tout cas, avec ses allures de pavé, Le retour du bourdon se lit d'une traite et le lecteur regrette, après l'avoir fini, qu'il ne se prolonge pas davantage et se prend à espérer en un autre come-back.

 

Francis Richard

 

Le retour du bourdon, Hélène Dormond, 404 pages, Presses Inverses

 

Livres précédents:

 

Liberté conditionnelle, Plaisir de Lire (2016)

L'envol du bourdon, Hélice Hélas (2017)

L'air de rien, Plaisir de Lire (2018)

Zone de contrôle, Plaisir de Lire (2021)

Sous les pavés, la rage, Plaisir de Lire (2022)

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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