Il existe pourtant en France plusieurs rues Frédéric Bastiat, notamment à Paris, à Mont-de-Marsan et à Mugron, dans les Landes, d'où sa famille est originaire.
A l'angle de la rue parisienne et de la rue d'Artois se trouve un pub, The bowler, qui a servi de point de rendez-vous vendredi soir dernier à des amis sur Facebook, pour célébrer ce Français inconnu, qui a tout de même inspiré aussi bien Margaret Thatcher que Ronald Reagan, noms que Nicolas Bourcier ne doit, à l'évidence, pas connaître non plus...
En deux mots rappelons donc que Frédéric Bastiat, mort à Rome le 24 décembre 1850, était tout à la fois un économiste défenseur de la liberté des échanges et des choix économiques par les individus, un philosophe défenseur de la liberté individuelle et de la responsabilité, un homme politique défenseur du désengagement de l'Etat dans les activités pour lesquelles les individus peuvent se passer de lui.
Au cours des échanges de ceux qui ont commémoré l'anniversaire de Bastiat, une nouvelle réjouissante a été annoncée par l'une d'entre eux : Atlas shrugged d'Ayn Rand va être publié le 22 septembre prochain en français. Ceux qui ne lisent pas l'anglais vont enfin pouvoir répondre à la question : who is John Galt ?
Après avoir vidé quelques bières les participants [la photo ci-contre n'en montre qu'une partie] se sont rendus dans un restaurant de la rue de La Boëtie pour y partager un repas, continuer leurs échanges sur la situation économique actuelle de la France, aborder d'autres sujets et faire réellement connaissance parfois, puisque certains ne se connaissaient que via Facebook.
Le lendemain 1er juillet 2011 commençait à Saint Paul-lès-Dax Le Week-End de la Liberté organisé par le Cercle Frédéric Bastiat, dont l'objet est de "perpétuer la mémoire de Frédéric Bastiat et de propager sa philosophie de liberté, d'initiative et de responsabilités". ici.
Parti de Paris plus tard que prévu, votre serviteur n'a pas pu assister au cocktail et dîner du premier jour. Pendant les deux jours suivants il a eu le bonheur de suivre les huit conférences consacrées à La souveraineté de l'individu et [à] la coopération spontanée.
Jean-Pierre Ferro, ancien officier de la police nationale, a participé à la lutte contre le grand banditisme, la drogue, le terrorisme et le kidnapping à Paris, Bordeaux, Madrid et en Colombie. Les menaces mondiales ont augmenté, les budgets ont diminué. Au cours des quinze dernières années la sécurité privée a pris une importance considérable, sous des formes très diverses, jusqu'au point de représenter des milliers de milliards de dollars de chiffre d'affaires.
La légitime défense n'est pas interprétée de la même manière dans tous les pays. En Belgique, Marc Cools, professeur de criminologie à l'Université de Bruxelles et de Gand, explique qu'elle n'est justifiée que pour les personnes et non pas pour les biens. Or de plus en plus le monopole légal de la sécurité est remis en cause du fait que les droits de propriété sont de plus en plus mal défendus. Hobbes était le plus grand menteur qui soit quand il affirmait : "L'Etat vous protège". La sécurité privée est l'alternative. D'autant que des études sur les armes menées en Irlande, en Grande-Bretagne, en Ecosse, en Australie et aux Etats-Unis, montrent que celles-ci ne sont pas un facteur d'augmentation de la criminalité.
Patrick Simon, avocat, montre toute la différence qui existe entre la loi, c'est-à-dire le droit décrété, et le droit naturel. La loi est édictée par l'Etat, elle impose des règles, l'autorité fait la loi, la loi est instable, elle dit le bien et le mal, elle a besoin d'un support matériel. Le droit naturel énonce des principes généraux nés de l'expérience, les règles sont spontanées, la justice fait le droit naturel, il s'agit de trancher entre un bien et un autre bien, le droit naturel évolue et résulte d'un processus de découverte, il existe sans qu'un support matériel ne soit nécessaire. Quand le droit naturel n'est pas respecté, la sanction arrive. La loi de 1948 de blocage des loyers en France s'est traduite par le fait que les propriétaires n'avaient plus intérêt à entretenir leurs biens...
Après
un rappel historique sur la
monnaie Philippe
Nataf, professeur à
l'Université Paris IX Dauphine, montre tout l'intérêt que représentent les banques libres. Cela suppose l'abolition du cours légal des monnaies, la liberté pour les banques d'ouvrir des comptes
en or et la liberté pour elles de frapper des pièces en or.
Jacques de
Guenin, fondateur du
Cercle Frédéric Bastiat, rappelle qu'une entreprise résulte de contrats privés dont l'Etat ne devrait pas se mêler. Dans une économie libre les salaires devraient être librement
négociés, en se souvenant qu'un salarié n'est pas employable si son coût marginal est supérieur au profit marginal que son employeur peut en retirer. Pour vivre l'entreprise doit
continuellement s'adapter. C'est ainsi que le plein emploi peut être obtenu. Il n'y a pas besoin d'autorité extérieure pour répartir le temps entre le travail et les loisirs. Cela se fait par
la négociation de même que la résolution des conflits.
Les interventions
de l'Etat, en France, au contraire, provoquent le chômage. Le SMIC empêche l'embauche et coûte plus de deux fois ce que perçoit le salarié. Le Code du
Travail empêche de se séparer des personnes qui ne font pas l'affaire et de diminuer les effectifs quand c'est nécessaire. Les 35 heures payées 39 ont peut-être
créé 300 000 emplois de fonctionnaires mais ce sont autant de biens et de services dont les entrepreneurs et les consommateurs ont dû se priver. Car un emploi public est plus onéreux qu'un
emploi privé, il est la plupart du temps inutile, voire nuisible, puisque rien n'empêche que sa productivité marginale soit inférieure à son coût marginal. Enfin les syndicats
subventionnés par l'Etat n'existent que pour mettre de l'huile sur le feu. Dans le privé la syndicalisation est inférieure à 5%... et les conflits beaucoup plus rares que dans le
public.
Quelle serait
la constitution de la liberté ? C'est à cette vaste question qu'a tenté de répondre Jean-Philippe Feldman, avocat, professeur de droit à l'Université
de Rennes. Pour les libertariens il n'est pas besoin de constitution. Pour les libéraux, ce n'est pas le cas. Après avoir passé en revue les différents types de démocraties,
Jean-Philippe Feldman dessine le portrait de ce que devrait être, selon lui, le régime le plus à même de défendre la
liberté.
Il s'agirait d'une démocratie bi-camérale, où les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire seraient réellement séparés. Le scrutin devrait être majoritaire à un tour pour éviter l'instabilité et les manoeuvres entre partis. La constitution devrait être courte et simple à comprendre par ...les hommes politiques et par les citoyens. Sans être hostile à la démocratie semi-directe le conférencier évoque ses craintes en matière de souveraineté de l'individu et de la part des groupes de pression. Il n'aime pas non plus la rhétorique souvent employée dans ce cadre à l'égard de l'oligarchie.
Dans sa conclusion Patrick de Casanove, [voir photo ci-dessus] médecin, président du Cercle Frédéric
Bastiat, cite Michel Guenaire :
"Le libéralisme c'est la morale de la liberté."
Le fait est que la loi ne crée pas la morale. C'est la morale qui doit inspirer la loi.
La morale de la liberté repose sur les six derniers des dix commandements :
- Tu aimeras ton prochain
- Tu ne tueras pas
- Tu ne voleras pas
- Tu ne convoiteras pas le bien d'autrui
- Tu ne mentiras pas
- Tu honoreras ton père et ta mère
Elle considère que les hommes sont inégaux mais également dignes.
L'Etat libéral laisse faire les bons et punit les mauvais. Il laisse faire la concurrence et le libre choix. Il est opposé à la spoliation légale, à l'arbitraire, à la soumission, à
l'irresponsabilité collective, au mépris de l'individu. Tout homme a des capacités et des talents utiles à l'humanité.
La charité libre permet à l'homme de sublimer son destin dans l'amour du prochain :
"Faites aux autres ce que vous voudriez que les autres fissent pour vous" disait Frédéric Bastiat
Francis Richard