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4 février 2025 2 04 /02 /février /2025 18:55
Pierre Dudan - Le vagabond de la chanson, de Jean Pierre Pastori

Le 4 février 1984, deux êtres qui m'étaient chers ont disparu: mon grand-père maternel et Pierre Dudan, l'un à Uccle (près de Bruxelles), où je suis né, l'autre à Épalinges (près de Lausanne, où je réside).

 

Le livre de Jean Pierre Pastori a donc remué des souvenirs que j'avais enfouis et m'a beaucoup appris sur celui que l'auteur surnomme Le vagabond de la chanson. Merci à lui et aux éditions Favre.

 

Je savais que Pierre Dudan n'était pas seulement musicien et chanteur1, qu'il avait joué dans des films (et au théâtre), mais je ne m'attendais pas à une telle filmographie, pendant plus de deux décennies.

 

Je ne l'ai pas connu quand il l'était et qu'il réussissait dans la chanson, encore qu'il ait reçu, pour Ballades de tous les temps 2, en 1977, le Grand prix d'honneur "in honorem" de l'Académie Charles Cros.

 

En fait, je ne l'ai connu que pendant une courte période, durant les années 1970. Mes lecteurs ne s'en étonneront pas, ce sont surtout des livres de lui qui me l'ont fait connaître en dehors de nos rencontres.

 

Il y a eu d'abord Autodévermination, dont Pastori se demande s'il était bien nécessaire qu'il le publie en 1973, juste avant sa rentrée parisienne, où il ne cache pas ses idées de droite dans un milieu de gauche 3.

 

Puis Trous de mémoire, en 1978, qu'il me dédicace de coeur franc, une autobiographie dont s'est largement inspiré Pastori, et où j'apprends toute l'étendue de ses vagabondages artistiques et amoureux.

 

Enfin Antoine et Robert, qu'il me dédicace le 4.4.81, à l'ami retrouvé, de grand coeur! Pastori le résume bien en le disant dialogue apocryphe [...] nourri de citations originales de Saint-Exupéry et Brasillach. 

 

Dudan n'est pas antisémite, c'est à Brasillach, le poète, que va sa ferveur 4 : il le compare à deux poètes, André Chénier, guillotiné sous la Terreur, Federico Garcia Lorca, fusillé par des rebelles franquistes.

 

Parmi la foule qui se presse, en 1977, à Paris pour l'applaudir au Lucernaire, je me trouve avec celle que j'épouserai. Il écrira ironiquement à ce sujet dans une lettre adressée à Philippe Grumbach le 31.12:

 

La semaine dernière, neuf personnes en six soirs. Ce pourrait être pire: six personnes en neuf soirs... Mais je ne perds pas l'espoir de battre mon propre record: zéro. Il faut garder foi en l'adversité.

 

Pierre Dudan repose au Cimetière du Bois-de-Vaux, à Lausanne. J'irai me recueillir sur sa tombe, regrettant que la Municipalité ait refusé, dans une lettre du 8.12.98 à Pierre Jobin, qu'une rue porte son nom. 

 

Francis Richard

 

1 - Il est l'auteur de quelque 1700 chansons...

2 - Le seul 30cm de lui que je possède, et qui comporte une dédicace de Georges Brassens.

3 - Nos deux signatures voisinent alors dans l'éphémère hebdomadaire Sept jours en bref, où je tiens la chronique des livres et où il publie deux billets, et qui est dirigé par Jean-Marie Reber, le futur Chancelier de l'État de Neuchâtel, de 1981 à 2009.

4 - C'est aussi le poète qui m'enchante: mon père, qui comme lui se prénommait Robert et était son contemporain, un soir, alors que j'avais douze ans, nous avait fait écouter les Poèmes de Fresnes dits par Pierre Fresnay...

 

Pierre Dudan - Le vagabond de la chanson, Jean Pierre Pastori, 176 pages, Favre

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1 janvier 2025 3 01 /01 /janvier /2025 20:40
1er janvier 2024 à La Lignière.

1er janvier 2024 à La Lignière.

Il y a un an, je me trouvais, depuis le 26 décembre 2023, à La Lignière pour réadaptation cardio-vasculaire après mon opération à coeur ouvert du 24 novembre 2023 au CHUV.

 

L'année 2024 me paraissait un himalaya à escalader. Après plusieurs péripéties médicales, il m'avait fallu plus d'un mois pour arriver dans cette clinique de Gland, près du lac.

 

Comme j'avais surmonté de nombreuses épreuves, le sketch de Robert Lamoureux, intitulé La chasse au canard, me trottait dans la tête et je m'identifiais à son célèbre canard.

 

En effet, comme lui, j'étais toujours vivant et je me disais, à l'instar de Letizia Bonaparte, la mère de Napoléon, après chaque nouvelle épreuve surmontée: Pourvu que ça dure!

 

Je n'étais pourtant pas au bout de mes peines, mais je me sentais soutenu par tous les témoignages de sympathie qui m'étaient adressés sur Facebook, Instagram  ou X.

 

Avec moi j'avais emporté La Sainte Bible, traduite en français par l'École biblique de Jérusalem, éditée en 1965 par Desclée de Brouwer, et lu Les prophéties de Daniel.

 

À vrai dire je n'y avais rien compris, mais j'avais essayé, avant d'entreprendre la lecture du manuscrit de mon ami Georges-Éric, qu'il avait rédigé dans sa prison de Bochuz.

 

Mes journées étaient bien remplies: marches, exercices en salles, repas etc. Bien qu'ayant réussi à emporter mon ordinateur dans mes impedimenta, je n'étais pas en état d'écrire...

 

Tout a changé quand je suis rentré à Lausanne le 15 janvier 2024 et que j'ai pu prendre connaissance des livres qui m'avaient été adressés en service de presse par des éditeurs.

 

Il m'a fallu encore attendre un mois, le 15 février 2024, pour conduire ma voiture et aller nager à la piscine couverte de Pully, où je parcourais péniblement 750m en nage libre.

 

Peu à peu, à partir du 16 janvier 2024, j'ai repris la plume et retrouvé mes fidèles lecteurs qui avaient attendu patiemment mon retour et ne devaient décidément pas m'abandonner.

 

Toutefois, après une IRM cardiaque, passée à la Clinique de la Source le 8 mars 2024, j'apprenais que je devrais, hélas, subir une deuxième opération du coeur le 8 avril 2024.

 

Dans l'intervalle, je reprenais lectures, écritures, nages, qui maintenaient mon moral au beau fixe, si bien que le jour de mon opération, je pouvais même refuser d'être endormi.

 

De plus, ce jour-là, je retournais à pied de la Clinique Cecil à mon logis d'Ouchy, au grand dam du personnel soignant qui me fit moult recommandations pour mon trajet solitaire.

 

Un mois plus tard je nageais à nouveau, au rythme de 1500 m par jour, à l'exception de quelques jours, où, par exemple, je devais me rendre à un enterrement1 ou un examen...

 

Mon bilan personnel de l'année 2024, qui, par ailleurs, a été néfaste dans le monde, a donc été globalement positif pour reprendre l'expression surprenante de Georges Marchais2.

 

En 2024, j'aurai réussi à rédiger et publier 174 articles, à parcourir plus de 400 km en nageant (dont plus de 60km entre le 15 février et le 8 avril), à Paris, Lausanne, Pully et Prilly.

 

Cette réussite, je la dois à tous ceux3 qui m'ont soutenu pendant cette année de transition. Je leur en sais infiniment gré et les en remercie du fond du coeur - c'est le cas de le dire.

 

Au début de cette année 2025, je souhaite donc le meilleur à tous ceux qui m'aiment, et, même, à tous ceux qui ne m'aiment pas. Et leur dis, comme on dit en Suisse: Tout de bon !

 

Mon millésime, 1951, serait-il gage de longévité? En effet, en politique, mes contemporains français ne sont-ils pas Jean-Luc Mélenchon, Michel Barnier et François Bayrou?

 

Évidemment à ces blanchis sous le harnais, je préfère un autre contemporain, Fabrice Lucchini, avec lequel j'ai eu un échange surréaliste il y a longtemps, rue de La Gaîté à Paris.

 

Francis Richard

 

1 - Ma belle-mère est décédée le 8 mai à Versailles, mon ami Georges-Éric le 28 octobre au CHUV, à Lausanne.

2 - Le secrétaire général du PCF avait employé cette expression le 12 novembre 1989 au Club de la Presse d'Europe1 pour qualifier le bilan des pays de l'Est, sous le joug du communisme, qui avait fait 100 millions de morts dans le monde...

3 - Pluriel neutre.

 

Sketch de Robert Lamoureux, avec une magnifique faute d'orthographe entre parenthèses:

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6 décembre 2024 5 06 /12 /décembre /2024 17:10
Photo de Jo Bernardo prise par André Cros le 4.09.1952 lors de son mariage à Toulouse.

Photo de Jo Bernardo prise par André Cros le 4.09.1952 lors de son mariage à Toulouse.

Le 6 décembre 2023, Jo Bernardo, mourait à l'âge de 94 ans. Ce n'est que récemment que j'ai appris cette nouvelle, qui m'a autant attristé que le décès de sa fille, que j'ai connue, sur la Côte, dans mon jeune temps.

 

Ce jour-là, celui de la Saint Nicolas, je passais ma dernière journée au CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois) après y avoir été opéré à coeur ouvert le 24 novembre par le Professeur Matthias Kirsch.

 

Le lendemain je devais partir pour l'Hôtel des patients à Lausanne avant d'être transféré, en principe, une semaine plus tard, tout au plus, à La Lignière à Gland pour y suivre une réadaptation cardio-vasculaire...

 

(Pour la petite histoire, le jour où j'arrivais là-bas, le 15 décembre, une sévère arythmie m'était diagnostiquée, avec pour conséquence un retour d'urgence par ambulance au CHUV où je subissais une transfusion salvatrice devant un aréopage de soignants...)

 

Souvent je pense à Jo(seph) Bernardo, surtout depuis que je me limite quotidiennement à parcourir 1500 m en nage libre, c'est-à-dire un mois après ma deuxième opération du coeur, le 8 avril de cette année.

 

En effet je lui serai éternellement reconnaissant de m'avoir appris la nage libre à la piscine de l'Hôtel de Paris à Monte-Carlo et de m'y avoir fait parcourir mes premiers 1500 m homologués le 22 avril 1965 1.

 

Jo Bernardo avait été multiple champion de France de cette épreuve, en 1949, 1952, 1953 et 1954. Il m'a communiqué le virus, si j'ose dire et, aujourd'hui encore, j'ai persévéré à au moins tenir cette distance.

 

Évidemment j'ai bien des années devant moi pour atteindre l'âge respectable où Jo Bernardo a rendu son âme à Dieu, mais point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer.

 

C'est aussi aujourd'hui la fête de Saint Nicolas, chère à mes ancêtres maternels flamands. Je ne me souviens plus très bien, j'ai la mémoire qui flanche, mais il me semble que nous la célébrions à la maison.

 

Quoi qu'il en soit, pour terminer ce billet sur une note optimiste, je ne résiste pas à l'envie de reproduire une chanson que nous entonnions enfants, qui commence bien tristement et se termine en apothéose.
 

Francis Richard

 

1 - Voir mon article du 26 janvier 2016.

 

La légende de saint Nicolas

 

II était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

 

Ils sont allés chez le boucher
Boucher, voudrais-tu nous loger?
Entrez, entrez petits enfants
Y'a de la place assurément

 

II était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

 

Ils n'étaient pas plutôt rentrés
Que le boucher les a tués
Les a coupés en p'tits morceaux
Mis au saloir comme pourceaux

 

II était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

 

Saint Nicolas au bout d'sept ans
Vint à passer dedans ce champ
Alla frapper chez le boucher
Boucher, voudrais-tu me loger?

 

II était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

 

Entrez, entrez Saint Nicolas
Y'a de la place, il n'en manqu'pas
II n'était pas plutôt entré
Qu'il a demandé à souper

 

II était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

 

Voulez-vous un morceau d'jambon?
Je n'en veux pas, il est pas bon
Voulez-vous un morceau de veau?
Je n'en veux pas, il est pas beau

 

II était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

 

Du p'tit salé je veux avoir
Qu'il y a sept ans qu'est dans l'saloir
Quand le boucher entendit ça
Hors de sa porte il s'enfuya

 

II était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

 

Boucher, boucher ne t'enfuis pas
Je suis le grand Saint Nicolas
Et le saint étendit trois doigts
Les p'tits se lèvent tous les trois

 

II était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

 

Le premier dit: 'J'ai bien dormi'
Le second dit: 'Et moi aussi'
Et le troisième répondit: 'Je croyais être au paradis'

 

II était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

 

Interprétée par Henri Dès:

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10 août 2024 6 10 /08 /août /2024 19:20
Coeur atteint par une amyloidose (HUG)

Coeur atteint par une amyloidose (HUG)

L'amyloïdose est une maladie rare et méconnue.

 

Un colloque sur cette maladie a eu lieu le 17 mai 2024 au CHUV, Centre hospitalier universitaire vaudois, à Lausanne, alors que, malheureusement, je me trouvais à Paris. Il s'agissait de répondre à la question: C'est quoi au juste?

 

(Les vidéos de ce colloque sont consultables sur la page des cardiomyopathies restrictives infiltratives des HUG, Hôpitaux universitaires de Genève.)

 

Pourquoi suis-je intéressé par cette maladie? Parce qu'elle m'a été diagnostiquée.

 

Il y a trois sortes d'amyloïdose. Il faut donc parler de maladies, au pluriel. Ce qu'elles ont en commun, c'est l'accumulation dans différents organes du corps d'une protéine sous forme d’agrégats ou substance amyloïde, de fibrilles.

 

Dans les deux premières sortes, plus les dépôts de cette protéine, la transthyrétine, deviennent importants, plus l’organe touché a du mal à fonctionner. Dans mon cas c'est le coeur qui est atteint. Mais cela peut être les nerfs, le tube digestif ou les reins.

 

Les trois sortes d'amyloïdose sont:

  • l'ATTR-wt, dite amyloïdose sauvage,
  • l'ATTR-h, dite amyloïdose héréditaire,
  • l'AL, dite amyloïdose à chaînes légères.

 

Le lecteur, qui me lit régulièrement, ne sera pas surpris que ce soit la sauvage qui ait jeté son dévolu sur mon coeur, avec pour conséquence une  insuffisance cardiaque que je ne ressens que depuis un an et demi et qui se traduit maintenant, en dépit des médicaments prescrits, par:

  • un peu d'essoufflement
  • une petite intolérance à l'effort.

 

Depuis plus de vingt ans une insuffisance aortique m'avait été diagnostiquée, qui était vraisemblablement de naissance et ne me gênait pas outre mesure1. Mais un électro-cardiogramme a révélé des arythmies. C'est alors que j'ai subi plusieurs examens, en quelques semaines:

  • une échographie d'effort
  • une coronarographie
  • une IRM cardiaque
  • une échographie transthoracique
  • une échographie transoesophagienne
  • une scintigraphie osseuse
  • un scanner cardiaque.

 

C'est alors qu'il a été décidé le remplacement de ma valve aortique par une valve biologique introduite par sternotomie. Cette première opération du coeur, effectuée le 24 novembre 2023, a été l'occasion de faire une biopsie qui a confirmé mon amyloïdose, que les examens précédents présumaient.

 

Une nouvelle IRM cardiaque effectuée le 8 mars 2024 a été décisive pour que je subisse une deuxième opération. Un défibrillateur automatique implantable et de resynchronisation cardiaque m'a été implanté le 8 avril 2024. Cet appareil sophistiqué se déclenche s'il y a bradycardie, arythmie ou tachycardie...

 

Pour ce qui est de l'atteinte aux nerfs que peut provoquer l'amyloïdose, une seule est possible, pour le moment, dans mon cas. En effet, depuis cinq ans, j'ai des troubles de l'équilibre et de la marche. Mais il se peut qu'ils soient les effets d'une autre cause...

 

Pour le moment je ne remplis pas les critères pour le traitement coûteux de l'amyloïdose existant et peut-être ne les remplirai-je jamais. Je fais tout pour qu'il ne soit pas nécessaire de me l'administrer. Scrupuleusement je suis les recommandations de La Fondation suisse de cardiologie qui préconise notamment:

  • une alimentation saine,
  • une activité physique régulière d'intensité légère ou modérée.2

 

Depuis cinquante ans je ne fume pas, et, depuis cinq, je ne bois pas. Je n'ai donc pas de mérite à me priver de tabac ou à ne consommer que peu d'alcool.

 

Bref je fais tout pour rester ici-bas, aussi longtemps que Dieu me prêtera vie, bien sûr. Le lecteur n'est donc pas près de me voir passer l'arme à gauche, côté sinistre comme chacun sait.

 

Francis Richard

 

1 - J'avais tout de même arrêté le karaté-do shotokan par prudence, il y a maintenant seize ans, à mon grand regret et à celui de mon sensei.

2 - Tous les jours:

  • je fais un quart d'heure de gymnastique, synthèse d'exercices de physiothérapie contre les pertes d'équilibre et pour le soulagement de mon hernie discale cervicale, d'échauffement musculaire appris quand je pratiquais un art martial, d'entraînement de l'armée américaine, de rééducation cardio-vasculaire enseignés à La Lignière,
  • je parcours 1500m de nage libre en piscine pendant 40 à 44  minutes, alors qu'il y a deux ans encore, dans le même temps je parcourais 2000m...

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

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25 janvier 2024 4 25 /01 /janvier /2024 18:20
Il y a cinquante ans, jour pour jour...

Il y a cinquante ans, jour pour jour, le 25 janvier 1974, mon diplôme d'Ingénieur Mécanicien m'était remis par Maurice Cosandey, Président de l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne, à l'aula de l'école, qui est devenue aujourd'hui Aula des Cèdres.

 

Habitant à proximité du bâtiment de l'école, qui se trouvait avenue de Cour, à côté de l'aula, et où a élu domicile la Haute École Pédagogique, je m'y suis rendu, en pèlerinage, en début d'après-midi: le diplômé est, en quelque sorte, revenu sur les lieux de son diplôme...

 

Il me semble que la cérémonie de collation s'est déroulée hier. Ma mère, Nicky, mon père, Robert, mon grand-père maternel et parrain, Daddy, ma marraine, Gilberte, et son mari, Louis, tous aujourd'hui disparus, étaient dans l'assistance et heureux de ma réussite.

 

Le littéraire contrarié que je suis était devenu un scientifique digne de ce nom, continuait de se conformer au modèle de l'Honnête Homme, au sens du XVIIe siècle, cet idéal classique auquel toute ma vie j'ai aspiré: être un homme du monde accompli, un esprit cultivé.

 

Je n'imaginais pas que je reviendrais à Lausanne et y travaillerais, pendant plus de dix-huit ans, dans une entreprise d'informatique, située à deux pas de là, où j'assumerais la responsabilité de l'administration des ressources humaines et la gérance de la caisse de pension.

 

Polytechnicien n'est pas un vain mot. Cette formation m'a appris à apprendre et à aimer apprendre, m'a permis d'embrasser diverses techniques - mécanique, gestion comptable et financière, ressources humaines, prévoyance professionnelle - et de tendre vers l'excellence.

 

Comme je l'ai raconté ici naguère, je dois ce que je suis devenu principalement à mon père, mais aussi à mon grand-père maternel, qui, par son exemple, m'a inculqué l'esprit de résistance, quelles que soient les circonstances, et m'a appris à ne pas craindre la mort.

 

Ma reconnaissance va donc en ce jour anniversaire à la formation que j'ai reçue, à tous les hommes et toutes les femmes qui m'ont guidé dans l'existence, m'ont fait battre le coeur, réparé il y a deux mois, et apporté un supplément d'âme, qui manque tellement à l'époque.

 

Francis Richard

Il y a cinquante ans, jour pour jour...
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5 novembre 2023 7 05 /11 /novembre /2023 19:00
Robert Richard

Robert Richard

Mon père qui es aux Cieux - du moins je l'espère et prie Dieu qu'il en soit ainsi, je me suis recueilli ce matin devant le caveau familial à Issy-les-Moulineaux.

 

Il y a longtemps, Papa, que je n'avais pas accompli ce pèlerinage aux sources paternelles. Mais je ne pouvais oublier de le faire en ce 5 novembre 2023.

 

Le 5 novembre 1983, tu nous as quittés. C'était un samedi. Je voulais te rendre visite, parce que ton état s'était aggravé, mais je l'ai remise au lendemain.

 

Il faut dire que je travaillais dur pour diriger l'entreprise familiale que tu m'avais léguée et que je ne m'arrêtais que le jour de repos choisi par le Seigneur.

 

En me recueillant ce matin, je me suis souvenu que, pour te voir une dernière fois, j'étais parti de Versailles, dans la nuit, pour l'hôpital de la Pitié à Paris.

 

Tandis que je contemplais ton corps inanimé, tes yeux noirs se sont grands ouverts, par un réflexe qui m'a saisi d'effroi et m'a fait croire que tu me regardais.

 

Je t'ai regardé, rempli de tristesse, mais, comme ce matin, je t'ai rendu hommage et remercié du fond du coeur de m'avoir engendré et fait ce que je suis.

 

Certes je n'ai jamais fait dans ma vie ce que j'aurais voulu faire, puisque je voulais devenir écrivain et assurer mon ordinaire en étant journaliste ou enseignant.

 

Tu m'en as dissuadé et sans doute avais-tu raison. À quatorze ans, tu m'as proposé de prendre ta suite parce que j'étais le seul garçon de tes quatre enfants.

 

Sans toi aurais-je été au lycée Henri IV à Paris, même si j'ai réussi à passer haut la main l'examen d'admission, le lendemain de notre entrevue avec le proviseur?

 

Sans toi aurais-je été à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne, même si j'ai réussi à l'intégrer après un an préparatoire au Cours de Mathématiques spéciales?

 

Sans toi aurais-je été dirigeant d'une Petite et Moyenne Industrie pendant près de vingt ans, même s'il était risqué de l'être dans une France de plus en plus socialiste?

 

Sans toi aurais-je pu, grâce à ce curriculum, exercer, après la fin de l'aventure industrielle, trois autres métiers dans le domaine desdites ressources humaines?

 

Car, grâce à toi, j'ai appris à apprendre et à m'adapter aux circonstances, fussent-elles difficiles, et réserver mes loisirs aux sports et... aux arts et lettres que j'aime.

 

Je ne crois pas t'avoir jamais remercié de vive voix, même si nous étions complices, quand nous avons travaillé ensemble et après que tu as pris une retraite tardive.

 

Quarante ans après, je t'ai remercié ce matin, dans l'intimité, devant la famille paternelle réunie, ce soir je te remercie publiquement, par écrit, sur ce blog-notes.

 

J'espère seulement que je n'aurai pas trop démérité ici-bas et que je pourrai vous rejoindre un jour, toi, Maman et ma soeur Chantal, aux corps encore dispersés.

 

En attendant, puisque nul ne sait ni le jour ni l'heure, je pense fortement à vous trois, comme aux autres défunts de la famille, et, confiant, prie Dieu pour tous.

 

Francis

 

Concession à perpétuité Famille Richard - Faureau

Concession à perpétuité Famille Richard - Faureau

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11 novembre 2021 4 11 /11 /novembre /2021 23:15
Mon grand-père maternel, ce héros de la guerre de 1914-1918

En ce jour du 11 novembre 2021, j'ai une pensée émue pour mon grand-père maternel, Arthur Van Poucke, ce héros, qui aura influencé toute ma vie jusqu'à aujourd'hui et, si Dieu me prête vie, pendant encore quelque temps. N'est-ce pas le rôle que doit jouer un parrain pour son filleul?

 

Daddy - c'est ainsi que mes trois soeurs et moi l'appelions -, était né à Sint-Niklaas, en Belgique, le 27 décembre 1895. Aussi, quand la guerre de 1914-1918, se déclenche, étant de la classe 15, n'a-t-il pas l'âge requis pour être mobilisé comme le sont un certain nombre de ses camarades. 

 

 

PARTIR POUR L'ANGLETERRE

 

Il aurait pourtant bien aimé servir dans l'aviation. De toute façon il y a moins d'avions disponibles que de volontaires. Comme il n'est pas question de ne pas agir, il décide de partir pour l'Angleterre en passant par les Pays-Bas, et franchit les fils de fer barbelés qui séparent les deux pays.

 

Avant de gagner l'Angleterre, il passe par le bureau belge de Flessingue, chargé d'orienter les volontaires. Le 19 novembre 1914, il part depuis cette ville hollandaise qui se trouve à l'embouchure de l'Escaut et arrive deux jours plus tard à Folkestone où se trouve le bureau de passage.

 

Tous les éléments lui sont donnés pour poursuivre sa route. À Londres les Anglais lui demandent ce qu'il vient faire là. Il explique qu'il a des camarades au front et qu'il ne veut pas rester en Belgique à ne rien faire tandis qu'ils se battent. Au bout de huit jours, ils le renvoient à Folkestone.

 

 

"UNE TRÈS BONNE ÉCOLE"

 

Là-bas on lui dira ce qu'il doit faire. On lui donne des papiers pour circuler, ainsi qu'une carte sur laquelle est inscrite une adresse. Une fois sur place, il croit s'être trompé. Il se trouve en effet dans une rue d'un quartier résidentiel devant une vieille maison, blanchie à demi-étage.

 

Il frappe à la porte qui n'a pas de sonnette. Une sentinelle anglaise lui ouvre. Il est introduit dans une pièce où il n'y a pour tout mobilier qu'une table en bois blanc et des chaises en paille. Un officier, qui s'avère être un colonel, l'attend, lui demande une fois de plus ce qu'il vient faire là.

 

Après l'avoir écouté, le colonel anglais lui dit qu'il ferait mieux de retourner chez lui. Mais Daddy ne l'entend pas de cette oreille. Tout feu tout flamme, il n'a pas fait tout ce voyage pour rien et ne veut pas retourner comme ça en Belgique. Alors le colonel lui dit de retourner à Londres:

 

- On va vous enseigner. Vous aurez une très bonne école. Il paraît que vous n'aimez pas l'uniforme. Eh bien on vous donnera quelque chose de mieux et vous serez très content. Vous verrez. Puis vous rentrerez dans le pays, mais vous n'irez pas au front. Il y aura mieux à faire.

- Qu'est-ce que je devrais faire là-bas?

- Cela, on vous le dira.

- Merci Monsieur!

 

 

L'ENTRAÎNEMENT INTENSIF

 

Retourné à Londres, on l'envoie aussitôt à Cheltenham, où il reçoit des cours poussés. Il y apprend, entre autres, à se défendre et à utiliser le morse. Ce sont trois mois d'entraînement intensif, de six heures du matin jusqu'à minuit. Parfois même des cours spéciaux ont lieu pendant la nuit.

 

Lui, qui est plutôt d'un naturel peureux, apprend à maîtriser sa peur, si bien qu'à l'issue de ces cours, on peut lui tirer un coup de feu derrière le cou, il ne bouge pas d'un cil. Finalement il aurait plus peur de bouger un trait de son visage que de recevoir un coup de revolver...

 

Avant de retourner en Belgique, il passe toutefois encore un mois en Angleterre pour faire connaissance avec ceux qui seront envoyés comme lui en Belgique, mais également en Allemagne, en France, en Suisse. Il s'agit pour eux d'être capables de se reconnaître les uns les autres à la voix.

 

Daddy retourne en Belgique chez ses parents à Vilvorde par le même itinéraire qu'à l'aller. Les fils de fer barbelés ne sont pas encore électrifiés et il n'y a pas encore de sentinelles tous les kilomètres. Il passe donc sans encombre. Plus tard, des équipes spécialisées s'occuperont de ce passage de frontière.

 

 

LE TRAVAIL DU RENSEIGNEMENT

 

Pour l'heure, il prend contact avec le service homologue de l'armée belge, qui s'est mis en action dès l'occupation allemande, et il suit les instructions données par Londres. Le plus gros travail du renseignement consiste à noter tous les mouvements de trafic ferroviaire et les véritables destinations des trains, notamment en direction du front de l'Yser.

 

Le travail consiste également à savoir ce qui est transporté et en quelles quantités. Les effectifs des Allemands sont connus grâce à leur bêtise. Dans les casernes ils inscrivent sur des tableaux noirs les quantités de pains ou de pommes de terre nécessaires aux troupes. D'après les plaques d'immatriculation des voitures des officiers on sait, à condition d'avoir une bonne mémoire, quels sont les régiments qui sont là et quels sont leurs déplacements.

 

 

INTERPELLÉ

 

En août 1916, Daddy faillit se faire prendre dans un tram à vapeur entre Vilvorde et Anvers, alors qu'il était accompagné d'Alice, qui est alors âgée de 14 ans et qui est une soeur de celle qui sera ma grand-mère, Mammy. Or il n'avait pas le droit de circuler entre Vilvorde, située en zone d'étape, et Anvers, située en zone libre. Il est interpellé et, à Malines, il doit descendre.

 

Il a heureusement eu le temps de remettre à Alice les plis qu'il transporte et qu'elle a mis dans son bas. À l'officier qui l'interroge, il dit qu'il voulait aller à Anvers pour s'inscrire dans une école technique. Il fait le bête. Il doit se déshabiller et il n'a rien de compromettant sur lui, et pour cause. Aussi l'officier lui donne-t-il un billet pour aller s'inscrire. Il obtient même un abonnement hebdomadaire pour ses trajets.

 

Quant à Alice, elle a continué son chemin sans être inquiétée. Elle a attendu Daddy pendant trois heures au terminus. Celui-ci peut alors remettre les plis dans une taverne de marins.

 

Près de Charleroi il lui arrive une autre histoire dans un tram à vapeur. Il était cette fois dans la zone de front et n'était pas en règle. Il est donc à nouveau interpellé. La Kommandantur se trouvait dans une maison de maître. On le conduit dans le bureau d'un officier et on lui demande de s'asseoir. L'officier continue son travail sans lever les yeux de ses papiers. À dix-huit heures, il se lève et ne s'occupe pas de Daddy, qui est toujours assis dans son fauteuil. Dix minutes plus tard, Daddy se lève à son tour, sort de la maison et reprend tranquillement le tram.

 

 

ARRÊTÉ

 

En dehors des missions de renseignement, Daddy a effectué d'autres missions dont il n'a jamais voulu me parler... Il m'a seulement dit qu'il était allé plusieurs fois en Angleterre pendant ses quelque deux ans au service secret de Sa Majesté.

 

Un jour, un courrier tombe entre les mains des Allemands. Après avoir été torturé, il révèle où il portait les plis. Son responsable, un homme plus âgé que Daddy, est torturé à son tour et donne finalement les noms qu'il connaissait.

 

À la sortie de l'église, un dimanche, Daddy aperçoit des Allemands qui l'attendent. Il parvient à passer à travers les mailles du filet. Rentré chez lui, il détruit tous les documents qui s'y trouvent. Pendant trois semaines il échappe aux recherches des Allemands, alors qu'ils connaissent son nom.

 

Dans un café, où il ne se rend jamais, mais où il a accompagné exceptionnellement son beau-père, le deuxième mari de sa mère, il est arrêté. On l'emmène à la caserne de Vilvorde, près des fours à coke, sur la route qui mène à Malines. Il y reste une journée, puis il est emmené à la prison de Saint Gilles où il est torturé après avoir cassé la jambe d'un des soldats allemands. On le tire par les cheveux. Il est suspendu par les pouces pendant cinq minutes.

 

 

LES PREUVES 

 

Daddy est transféré à Anvers au bout de trois quatre jours. Il est alors amené devant le juge d'instruction, qui lui dit qu'ils ont les preuves contre lui. Il s'absente et le laisse à la garde de son frère Franz. Les preuves se trouvent dans une enveloppe. Il s'agit de plis. Pendant que Franz tourne le dos, Daddy avale le contenu de l'enveloppe.

 

Pour punition, il est privé de nourriture pendant trois jours et trois nuits. En catimini, un gardien lui donne à manger chaque jour à onze heures du soir, des tartines de pain blanc avec de la confiture, en lui demandant de ne laisser aucune miette.

 

Il subit deux trois heures d'interrogatoire par jour. Du 19 novembre 1916 au 21 juillet 1917, il reste à Anvers, où il peut recevoir des colis, jusqu'à sa condamnation.

 

 

CONDAMNÉ À MORT

 

Daddy passe devant une cour martiale, où il est défendu par un avocat allemand. Elle est composée d'un général, de quatre colonels et de deux sergents. Il est condamné à mort sans preuves le 8 juin 1917, après neuf jours de procès.

 

Les seuls témoins à charge ont été le courrier qui s'est fait prendre et son chef qui a donné les noms. Daddy prétend ne les avoir jamais vus. Quant au juge d'instruction et à son frère Franz, ils se sont bien gardés, pour ne pas avoir d'ennuis, de parler au procès des preuves que Daddy a avalées.

 

Pendant un mois et demi, du 8 juin jusqu'au 21 juillet 1917, il est placé dans une cellule de trois mètres sur trois, qui est d'une saleté repoussante. Pour tout repas, il reçoit un carré de pain le matin, et un carré de pain le soir. À midi le repas est composé de feuilles de betterave à l'eau et parfois de riz noir.

 

 

MARIÉ

 

Daddy refuse de signer son recours en grâce parce qu'il ne veut pas reconnaître sa culpabilité. En juin 1917, il accepte de se marier avec une voisine, qui sera ma grand-mère, Mammy.

 

Le 5 juillet 1917, il se marie donc à la même table sur laquelle se trouvait l'enveloppe des plis compromettants qu'il a mangés. Le mariage religieux a lieu dans la chapelle des religieuses de la prison.

 

Le recours en grâce a été demandé pour le couple. Une comtesse a remis cette demande au général Ludwig von Falkenhausen, gouverneur de Belgique. Mais ce recours en grâce n'aboutit pas.

 

 

COMMUTATION DE PEINE

 

Le 14 juillet 1917, à quatre heures du matin, on emmène Daddy avec d'autres prisonniers au quatrième étage. Un prêtre donne la confession. Un auditeur militaire vient avec son greffier. Il donne à Daddy lecture de la commutation de sa condamnation à mort en condamnation aux travaux forcés à perpétuité. D'autres de ses camarades sont exécutés le soir même par un peloton venu d'Ostende, celui d'Anvers s'étant récusé le matin.

 

Le 21 juillet 1917, il est transféré en Allemagne, par train, en quatrième classe, à la forteresse de Rheinbach, au sud de Cologne. La prison d'Anvers était tellement sale qu'il trouve que cette nouvelle prison est un véritable paradis en comparaison, excepté les dimensions de sa cellule qui ne mesure que 87 cm sur 2,80 m.

 

À Anvers il n'avait pas le droit de lire. En Allemagne, des livres sont mis à sa disposition. Il lit tout le temps, en allemand. Il reste là jusqu'en juillet 1918 et est alors renvoyé, en raison des troubles qui secouent l'Allemagne, à la Correction de Vilvorde, près du canal.

 

 

ÉPILOGUE

 

Quinze jours avant le 11 novembre 1918, les petits condamnés sont déjà relâchés. Lui ne l'est que le 11 novembre 1918 à 11 heures 11...

 

Le 8 novembre 1918, il a été mentionné par le Field Marshall Sir Douglas Haig for gallant and distinguished services in the Field et Winston Churchill, Secrétaire d'État à la Guerre, a reçu l'ordre du Roi d'enregistrer sa haute appréciation des services rendus.

 

Le 26 février 1920, par arrêté royal, la Croix de Chevalier de l'Ordre de Léopold II avec ruban à rayure d'or lui est décernée. C'est cette date qui est retenue pour son admission dans l'Ordre de Léopold, avec, en lieu et place, la Croix de Chevalier avec ruban à liserés d'or, le 14 juillet 1939.

 

Par erreur, Arthur Van Poucke figure au nombre des fusillés sur le monument érigé dans la salle des séances du Conseil Provincial d'Anvers, en l'honneur des civils qui y furent condamnés à la peine de mort, par un tribunal de guerre allemand, pendant l'occupation ennemie et inauguré le 23 octobre 1921...

 

En fait, Daddy est mort bien plus tard, le 4 février 1984, de sa belle mort, muni des Sacrements des malades, en me serrant la main et en nous souriant, à tous les trois, ma mère, mon oncle et moi, non sans avoir bu au préalable, avec bonheur, un dernier verre de bière.

 

Pendant la Seconde mondiale, il aura repris du service pour Sa Majesté britannique. Mais c'est une autre histoire...

 

Par son exemple, Daddy m'aura inculqué l'esprit de résistance, quelles que soient les circonstances, et appris à ne pas craindre la mort.

 

Francis Richard

Monument dans la salle des séances du Conseil Provincial d'Anvers

Monument dans la salle des séances du Conseil Provincial d'Anvers

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17 novembre 2020 2 17 /11 /novembre /2020 18:00
Deux anniversaires avec Jean Starobinski

Jean Starobinski , qui a écrit entre autres des livres sur Rousseau, Montaigne et Montesquieu, est né le 17 novembre 1920 à Genève, il y a 100 ans aujourd'hui. Le 2 mai 2003, il a fait une conférence à l'EPFL, dans le cadre des 150 ans de l'École, qui, à ses débuts, était une école privée, s'appelait l'École spéciale de Lausanne et n'avait que onze élèves...

 

C'est la seule et unique fois dans ma vie que j'ai eu l'occasion d'approcher ce Professeur honoraire à la Faculté des Lettres modernes de l'Université de Génève, mais ce fut mémorable parce qu'il nous a donné ce jour-là une leçon insigne d'intelligence et de jeunesse.

 

Le thème de sa conférence était: Le langage scientifique et le langage poétique, c'est-à-dire deux langages auxquels, ingénieur et blogueur, je suis sensible. Pour illustrer son propos, Jean Starobinski a utilisé deux pages d'un ouvrage de Sir Arthur Eddington, intitulé La nature du monde physique.

 

Sir Eddington, astronome et physicien, qui a vérifié la relativité d'Einstein en astronomie, parle dans ces deux pages d'une part de l'équation qui permet de déterminer la dimension des vagues en fonction de la vitesse du vent et d'autre part de six vers sur les vagues de Ruppert Brooke.

 

L'équation qui rend compte de la dimension des vagues n'est pas une petite équation. Elle occupe deux pages pleines. Sir Eddington se contente d'en citer les deux premiers termes.

 

Ruppert Brooke est un poète anglais mort d'une infection généralisée, le 23 avril 1915, pendant la Grande Guerre, sur un navire-hôpital, au cours de l'expédition désastreuse des Dardanelles.

 

Dans son poème de six vers, Brooke évoque les vagues soumises aux vents et éclairées par de riches cieux pendant la journée, figées par le gel qui leur donne gloire et paix brillante pendant la nuit.

 

Or, selon Sir Eddington, il s'agit de la même réalité.

 

Marcel Raymond, le maître de Jean Starobinski à l'Université de Genève, a étudié ces deux pages. Il ne croit pas pour sa part qu'il s'agisse de la même réalité. Dans son livre, Être et dire, il dit de l'équation qu'il s'agit d'une représentation figurée alors que les vers de Brooke sont un composé psychique. Il y a de l'incommensurable entre les deux langages. Le physicien opère en retrait de la réalité. Le poète, au contraire, est mêlé au plein des choses. Le premier observe et calcule, tandis que le second chante et aime.

 

Gaston Bachelard ne disait pas autre chose quand il disait que le scientifique travaillait sur des systèmes isolés alors que le poète rêvait et imaginait.

 

Marcel Raymond ajoutait que l'équation ne pouvait pas rendre compte, comme le poème, du déroulement de la journée.

 

Jean Starobinski a voulu aller plus loin. C'est ainsi qu'il a découvert que les six vers cités par Sir Eddington étaient en fait les deux tercets d'un sonnet intitulé Le mort.

 

Or, de quoi parlent les huit premiers vers du sonnet? De tout ce qui remplit la vie des hommes avant qu'elle ne soit fauchée par la guerre. Et le huitième vers se termine par tout cela est fini. Les six vers apparaissent alors tout autres qu'ils n'étaient apparus, sortis de leur contexte. Il s'agit d'une allégorie, d'une métaphore, comme d'une pierre tombale, qui répond aux deux quatrains. Brooke y témoigne encore d'un romantisme patriotique, qui tendra à s'atténuer après quelques temps de guerre.

 

Dans le premier quatrain il est question d'aube et de crépuscule et dans les deux tercets de jour et de nuit. Il existe comme un parallélisme entre eux. Le gel apparaît alors comme ce qui réunit tous les morts. Jean Starobinski ne manque pas de faire le rapprochement avec Ombre, le poème de Guillaume Appolinaire, où, cette fois, c'est l'ombre qui réunit les morts.

 

Tandis que Appolinaire décrit vraiment la guerre, avec le fracas des armes, avec ses obus et ses réelles blessures, Starobinski voit chez Brooke une euphémisation des morts au combat, qui sera d'ailleurs critiquée, après la guerre, par un certain nombre de survivants.

 

Si Starobinski est d'accord avec Marcel Raymond pour dire qu'il y a un écart entre les deux réalités, celle de l'équation et celle du poème, ce n'est pas pour les mêmes raisons. L'incommensurabilité entre les deux provient du fait qu'une équation ne peut donner un sens à la vie et au sacrifice de la vie:

 

Ce n'est pas en savant que l'on choisit de vouer sa vie à la science.

 

En effet, si la science a pour but de maîtriser la nature, elle n'a rien à dire sur le sens à lui donner, parce qu'elle est désintéressée et parce qu'elle est abstraction. Alors qu'au contraire le poème permet d'aller plus loin et de trouver ce que Yves Bonnefoy appelle le monde indéfait.

 

Jean Starobinski a choisi dans son exposé de montrer ce qui écarte le langage poétique du langage scientifique, de souligner le conflit radical entre eux dans la saisie du vrai du monde. L'expérience sensible ne se dit pas dans le langage scientifique mais dans le langage poétique. En revanche, comme le dit fort bien Éric Weil dans son texte intitulé De la nature, la poésie permet de comprendre et de contempler le monde, mais pas de le connaître.

 

Et de conclure que, s'il y a deux mondes, l'un n'efface pas l'autre, et de faire l'éloge du bilinguisme.

 

Francis Richard

 

 

Annexe I :

 

The Dead

 

These hearts were woven of human joys and cares,

Washed marvelously with sorrow, swift to mirth.

The years had given them kindness. Dawn was theirs,

And sunset, and the colors of the earth.

 

These had seen movement, and heard music; known

Slumber and waking; loved; gone proudly friended;

Felt the quick stir of wonder; sat alone;

Touched flowers and furs and cheeks. All this is ended.

 

There are waters blown by changing winds to laughter

And lit by the rich skies, all day. And after,

Frost, with a gesture, stays the waves that dance

 

And wandering loveliness. He leaves a white

Unbroken glory, a gathered radiance,

A width, a shining peace, under the night.

 

Ruppert Brooke

 

 

Annexe II :

 

Ombre

Vous voilà de nouveau près de moi

Souvenirs de mes compagnons morts à la guerre

L'olive du temps

Souvenirs qui n'en faites plus qu'un

Comme cent fourrures ne font qu'un manteau

Comme ces milliers de blessures ne font qu'un article de journal

Apparence impalpable et sombre qui avez pris

La forme changeante de mon ombre

Un Indien à l'affût pendant l'éternité

Ombre vous rampez près de moi

Mais vous ne m'entendez plus

Vous ne connaîtrez plus les poèmes divins que je chante

Tandis que moi je vous entends je vous vois encore

Destinées

Ombre multiple que le soleil vous garde

Vous qui m'aimez assez pour ne jamais me quitter

Et qui dansez au soleil sans faire de poussière

Ombre encre du soleil

Écriture de ma lumière

Caisson de regrets

Un dieu qui s'humilie

 

Guillaume Appolinaire

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7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 22:00
Hommage à Jean-Laurent Cochet par lui-même

Il y a quelque neuf ans, le 22 janvier 2011, je m'étais rendu à la Salle Gaveau à Paris pour entendre lire par Jean-Laurent Cochet une des dix séquences nocturnes, d'une heure et demie chacune, de l'intégrale d'Albertine disparue de Marcel Proust.

 

Comme je n'étais pas seul, je n'avais pas voulu infliger à la personne qui m'accompagnait la lecture intégrale, qui lui aurait fait passer une nuit blanche, et m'étais donc contenté d'écouter un dixième de ce texte mémorable pour les amateurs de La Recherche. A la suite de quoi j'avais écrit le 28 janvier 2011 un billet pour en rendre compte.

 

Quelque temps plus tard, un ami de longue date, personnalité de Neuchâtel, m'avait demandé de transmettre le texte d'une pièce qu'il venait d'écrire à des animateurs de théâtre que je connaissais à Paris. J'avais remis son texte à Jean-Luc Jeener et l'avais adressé à Jean-Laurent Cochet.

 

Pour ce qui concerne ce dernier, j'avais joint mon billet sur sa véritable performance physique à la Salle Gaveau. Dans ce billet, j'écrivais notamment ceci:

 

Mes proches vous diront que je ne suis pas objectif quand il s'agit de Jean-Laurent Cochet. Immanquablement, à chaque fois que je le revois, il me fait penser à mon père : le même timbre de voix, la même posture, les mêmes gestes et le même bedon... Seules diffèrent leurs formes de tête. Tandis que celle de mon père était nettement ovale, celle de Jean-Laurent Cochet est plutôt ronde en comparaison.

 

Il y a vingt ans Jean-Laurent Cochet était passé à Chatou où il nous avait enchantés avec des citations de Sacha Guitry. A la fin du spectacle il signait son livre, Mon rêve avait raison, ce qui m'avait donné l'occasion de lui dire dans quel trouble me jetait sa voix, quand, fermant les yeux, je croyais entendre mon père disparu quelques années plus tôt. A la suite de quoi nous avons eu un bref échange épistolaire... alors qu'il habitait les Batignolles.

 

Le titre de son livre me faisait également souvenir de la pièce de Guitry, Mon père avait raison, qu'il avait mis en scène au Théâtre Hébertot, quand il en était le directeur, dix ans plus tôt. J'habitais alors au début de la rue de Tocqueville, tout près de la place de Villiers, où commence justement le boulevard des Batignolles, où se situe ce théâtre. J'avais eu le privilège d'y voir Paul Meurisse dans le rôle du père, peu de temps avant sa mort, que son courage sur scène ne laissait nullement présager.

 

Au fond, à la faveur de son exploit, j'ai eu beaucoup de plaisir à réentendre Jean-Laurent Cochet, qui, indépendamment de mon admiration pour l'oeuvre lue et sa manière de la faire vivre, agit en quelque sorte sur moi, de par sa voix, comme une madeleine de Proust et me permet d'évoquer sans nostalgie, mais avec gratitude, un temps retrouvé.

 

A ma grande surprise en rentrant chez moi à Lausanne, le 26 mars 2011, je découvrais sur mon répondeur un message de Jean-Laurent Cochet qui, quand je l'entends encore aujourd'hui, comme je viens de le faire, ne laisse pas de me bouleverser, parce que je n'ai pas eu souvent dans ma vie de tels témoignages de reconnaissance:

 

Monsieur Francis Richard, que personnellement je gratifie du titre de Seigneur de Chatou, c'est Jean-Laurent Cochet à l'appareil.

 

Comme je n'ai pas le loisir en ce moment, submergé que je suis, de vous écrire, je me suis décidé à vous laisser un message pour vous parler en direct - ce sera encore plus agréable -, pour vous remercier sans perdre de temps de votre envoi,

 

(naturellement j'ai tout de suite mis de côté la pièce de X... pour la lire le plus vite que je pourrais; ça ne va pas être très très vite, mais ça va être le plus vite possible)

 

vous remercier - ça m'a profondément ému, énormément touché - de votre texte personnel.

 

Ah là vous m'avez atteint au coeur. Je trouve ça de toute beauté. Je trouve ça très émouvant. Je trouve ça fait avec infiniment de charme, d'élégance, de chaleur. Cela m'a beaucoup, beaucoup atteint.

 

Eh bien j'espère que peut-être on pourra se parler une autre fois en direct. Je vous laisse mon numéro à tout hasard. Donc moi je suis à Paris. C'est le 01 47 ** ** **. Quoi qu'il en soit, il y a toujours mon répondeur même quand je suis là, et c'est seulement quand on se nomme que, si je suis là, je réponds.

 

Voilà, mais encore merci, comme je le fais très mal avec les pauvres mots qu'on emploie au téléphone, mais merci vraiment, cela m'a infiniment touché. A très bientôt.

 

Cette minute quarante-trois de bonheur, je n'en ai pas reproduit la transcription par vanité, mais pour montrer quel homme était Jean-Laurent Cochet: il avait pris la peine de rechercher mon numéro de téléphone dans l'annuaire téléphonique et de me laisser ce message chaleureux, plein de bienveillance et de générosité. Avec sa disparition, c'est à nouveau un père que je perds...

 

Francis Richard

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31 décembre 2019 2 31 /12 /décembre /2019 23:00
Cinquante ans avant 2019, cet annus horribilis...

2019 aura été un annus horribilis à bien des égards, sur lesquels je ne m'appesantirai pas à l'exception d'un seul parce qu'il explique la plupart d'entre eux.

 

Personnellement j'ai fait retraite cet annus-là et ai connu peu de temps après un problème de santé qui persiste depuis six mois et m'invalide: je suis sujet sans raisons à des vertiges...

 

Et ce n'est pas une métaphore...

 

La France que j'aime connaît elle aussi un problème de santé qui persiste depuis des décennies et continue de l'invalider: le collectivisme... et l'individualisme néfaste qui va de pair avec lui...

 

Frédéric Bastiat l'avait diagnostiqué:

 

L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.

 

Cette grande fiction est une triste réalité en France et la source d'innombrables calamités dont les dernières en date ne sont pas les moindres: la retraite universelle par répartition et la grève d'une minorité de nantis...

 

Il y a dix-neuf ans maintenant que les vers de Victor Hugo me trottent dans la tête. Il avait choisi l'exil à Jersey, j'ai préféré Lausanne, où ma vie s'est orientée par deux fois il y a cinquante ans:

 

J'accepte l'âpre exil, n'eût-il ni fin ni terme,

Sans chercher à savoir et sans considérer

Si quelqu'un a plié qu'on aurait cru plus ferme,

Et si plusieurs s'en vont qui devraient demeurer.

Cinquante ans avant 2019, cet annus horribilis...

Le 8 février 1969, lors d'une réunion littéraire à Lausanne, je fais la connaissance d'un philosophe, Alonso Diez, né en 1893 au Chili. Il habite au troisième étage du 27 des escaliers du Marché, où se trouve alors un bar à café, le Barbare, qui fait parler de lui...

 

En souvenir de cette rencontre, Alonso Diez m'offre un exemplaire de Lachès, le dialogue de Platon sur le courage dont il a établi en français une version personnelle à partir d'anciennes traductions.

 

N'étant guère platonicien, je suis pourtant séduit par ce texte parce que Socrate se garde de conclure et d'élucider cette énigme.

 

En épigraphe à ce livre édité par lui en 1958, Alonso Diez écrit:

 

Le courage n'est pas seulement le ressort de l'action droite, mais encore la source du savoir profond, sans lequel l'action ne saurait être droite, c'est-à-dire sage.

 

Et, dans sa postface, il écrit que le courage vrai est [...] à la fois savant et ignorant, lucide et aveugle, bien que la lucidité l'abolisse comme l'abolit l'aveuglement.

Cinquante ans avant 2019, cet annus horribilis...

Paul Valéry dit: Que de choses il faut ignorer pour agir.

 

A l'automne 1969, quand j'entre en première année de l'EPFL, École Polytechnique Fédérale de Lausanne, j'ignore encore tout de ce qui m'y attend, bien qu'ayant reçu un sévère avertissement: la conclusion du test psychologique auquel je viens de répondre me déclare inapte aux études que j'entreprends...  

 

De ce test je ne parle évidemment pas à mon père, pour qui je voue une grande admiration et que je ne veux pas décevoir. Je fais toujours de mon mieux pour honorer mes parents...

 

L'année précédente déjà, vu les notes obtenues à mon bac que j'ai passé à l'issue des événements (j'ai raté toutes les épreuves scientifiques et réussi toutes les littéraires), le président de l'EPUL, École Polytechnique de l'Université de Lausanne, Maurice Cosandey, ne m'admet qu'au CMS, Cours de Mathématiques Spéciales.

 

Quatre ans et quelque plus tard, je deviens Ingénieur Mécanicien avec les honneurs...

 

Aujourd'hui, avec le recul, je crois que j'ai alors fait preuve d'un courage vrai au sens où Alonso Diez employait l'expression et que ce ressort m'a animé tout au long de mon existence. Car c'est lui qui permet de surmonter les avanies.

 

Aussi de l'annus horribilis qui vient de s'écouler ne veux-je retenir que ces deux cinquantièmes anniversaires.

 

Retenir ce qui en vaut la peine de tout ce que j'aborde, que ce soit par exemple à la faveur de rencontres ou de lectures, n'est-ce pas finalement ce qui me guide en ce monde et m'évite de juger les autres tout en profitant des leçons qu'ils m'apportent?

 

De mes études scientifiques je retiens également ce que disait Socrate (cela me permet de discerner le soi-disant savant de celui qui l'est vraiment):

 

Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien.

 

Francis Richard

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4 septembre 2019 3 04 /09 /septembre /2019 19:30
Visite de Bibliomedia Lausanne

Hier soir avait lieu l'Assemblée générale de l'association littéraire Tulalu!? dans une salle de formation de Bibliomedia Lausanne.

 

Bibliomedia Lausanne se trouve au 34 de la rue César-Roux, c'est-à-dire tout près de la place de l'Ours, en face du Gymnase du Bugnon.

 

Les membres de l'association y ont été accueillis par le directeur des lieux, Laurent Voisard, qui leur a présenté son établissement, lequel n'est habituellement pas ouvert au public.

 

Bibliomedia Suisse, a-t-il rappelé, est une fondation de droit public, créée en 1920, à partir du fonds de la bibliothèque du soldat constituée pendant la Grande Guerre.

 

Les buts de Bibliomedia Suisse sont exposés à l'article 2 de son Acte de fondation:

 

La fondation favorise le développement des bibliothèques de lecture publique en Suisse, notamment dans les régions insuffisamment pourvues. En leur procurant livres et autres médias, elle contribue ainsi à un certain équilibre entre les régions et les populations. Elle contribue à la promotion de la lecture et au libre accès à l'information.

 

Les lieux de Bibliomedia Lausanne ont une histoire. A l'origine, ils ont été construits en 1848 pour l'administration des douanes. Puis ils ont été transformés pour devenir l'École de médecine, de 1888 à 1959.

 

(On raconte que, depuis, des esprits hantent le bâtiment, où des cadavres étaient disséqués... Une certaine Helga se manifeste ainsi de temps en temps...)

 

Enfin, depuis 40 ans cette année, depuis précisément le 30 août 1979,  Bibliomedia Lausanne est installée dans ces lieux.

 

En dehors des prêts de livres papier et de livres numériques aux bibliothèques de lecture publique, Bibliomedia mène à bien diverses opérations, telles que:

- Né pour lire, destinée aux tout-petits;

- Wilkommen, destinée aux réfugiés et aux migrants;

- Lectures suivies, destinée aux écoles.

 

Chaque année la Fondation décerne un prix à un auteur romand, prix qui est doté de 5000 francs pour l'auteur et dont une centaine d'exemplaires sont achetés et distribués dans les bibliothèques publiques. Le lauréat 2019 est Daniel de Roulet, pour Dix petites anarchistes.

 

Le financement de la Fondation provient pour 51% de la Confédération, pour 42% des cantons et des communes et pour 7% des prêts (c.f. le rapport annuel 2018).

 

Après avoir vu tous les livres en dépôt à la rue César-Roux, environ 75000, le mot de Cicéron ne peut que venir à l'esprit:

 

Une pièce sans livres, c'est comme un corps sans âme.

 

Certes, encore faut-il les lire pour lui permettre de s'ouvrir...

 

Francis Richard

Caisses en bois dans lesquelles les livres circulaient de 1920 à 1960

Caisses en bois dans lesquelles les livres circulaient de 1920 à 1960

Rayons de bibliothèques des livres en dépôt

Rayons de bibliothèques des livres en dépôt

Hall de Bibliomedia Lausanne vu depuis le premier étage

Hall de Bibliomedia Lausanne vu depuis le premier étage

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24 juillet 2018 2 24 /07 /juillet /2018 21:45
Journal décalé ou l'apologue de la roue de secours

Chatou, le samedi 21 juillet 2018

 

Aujourd'hui, c'est la fête nationale belge et... le jour où je vais atteindre les quatre cents kilomètres de nage depuis le début de l'année. Bref, c'est une journée ... faste.

 

Notre garagiste habituel n'a pas voulu s'occuper de la crevaison du pneu avant gauche de la voiture familiale survenu l'avant-veille:

 

- Voyez avec votre assistance.

 

Oui, mais nous sommes samedi et je ne trouve pas trace d'une société d'assistance dans le dossier du contrat d'assurance. Nous allons donc nous assister nous-mêmes...

 

Comme je vis dans un pays (la Suisse) où deux fois par an on change ses quatre roues pour les chausser de pneus d'été, puis de pneus d'hiver, arrivé ici la veille au soir, ce n'est pas une affaire pour moi de changer une malheureuse roue...

 

Comme la photo le montre, l'espace pour opérer est étroit, mais je ne suis pas excessivement gros... Cela devrait donc jouer.

 

Dans la famille nous avons quatre véhicules: il y a neuf millésimes d'écart entre le premier (qui se trouve à Lausanne) et les deux suivants, neuf ans entre ceux-ci et le petit dernier, qui vient tout juste d'être acquis.


A l'école de conduite, mon fils, qui vient d'avoir son permis et son premier véhicule, celui de la présente année, n'a pas appris à changer une roue. Qu'à cela ne tienne, je vais lui apprendre...

Journal décalé ou l'apologue de la roue de secours

Pour ce faire, il faut que je lise la notice. Désorienté je suis: la notice en effet ne parle pas de roue de secours mais de galette. Et ladite galette ne se trouve pas dans le coffre...

 

En fait, il faut tourner un écrou situé dans le coffre, sous une trappe, avec la clé démonte-roue... pour descendre jusqu'au sol la galette, suspendue à un fil...

 

Je crois pouvoir la dégager, mais elle reste attachée à son cordon ombilical. Pour me donner le temps de la réflexion, je remonte la galette dans son logement et cherche en vain le cric dans le coffre... Mon fils me rejoint...

 

Sa venue a pour effet de faire tomber mon stress d'un cran et de libérer mes neurones. Du coup je lis la notice avec plus d'attention et je tourne l'écrou davantage: la galette peut enfin être dégagée du fait qu'il y a du mou...

Journal décalé ou l'apologue de la roue de secours

La galette est une roue équipée d'un pneu plus étroit: elle est prévue pour un usage temporaire; il ne faut pas rouler à plus de 80 km/h; et le pneu doit être gonflé à 4,2 bars...

 

Mon fils me conduit à une station-service et j'ajuste la pression de la galette qui était initialement de 1 bar... à la pression recommandée sur la jante.

 

Voilà. Maintenant il faut démonter la roue au pneu crevé... Solidaire de la galette, il y a une boîte contenant le cric et un démonte-cabochons.

 

Car les écrous de la roue sont revêtus de cabochons en plastique. La pince jaune pour les enlever s'avère inopérante. Pour mieux y accéder, j'enlève l'enjoliveur et les cabochons s'en vont avec parce qu'ils ne font qu'une seule et même pièce... Éclat de rire...

Journal décalé ou l'apologue de la roue de secours

C'est bien beau, mais maintenant il faut faire réparer le pneu crevé. Un voisin qui passe nous recommande le Feu Vert de Montesson... Nous nous y rendons à deux voitures.

 

Les pneus avant sont usés, ce qui explique la crevaison... La révision chez le garagiste habituel remonte à seulement fin mars...

 

Il est convenu d'inverser les pneus: les pneus arrière passeront devant, de nouveaux pneus seront mis à l'arrière. La voiture sera prête à 18 heures.

 

Vers 15 heures, appel de Feu Vert: les plaquettes de frein arrière sont usées... Il faudrait les changer... Va pour les changer! Le garagiste habituel a pourtant révisé le véhicule fin mars...

Journal décalé ou l'apologue de la roue de secours

Nouvel appel vers 15 heures 30: la voiture est prête. Nous allons la chercher et revenons soulagés de quelques euros...

 

Mon fils s'inquiète et vient me trouver:

 

- Je ne trouve ni roue de secours, ni galette dans mon coffre, contrairement à ce qu'indique la notice...

 

Il y a pourtant bien tout le matériel sous le tapis du coffre (cric, pince jaune, clé démonte-roue), mais pas de roue de secours, ni de galette.

 

Le tout a été remplacé par un kit, situé en-dessous du matériel inutile: il comprend une bombe anti-crevaison et un manomètre pour contrôler la pression...

 

Moralité:

 

Avant, il y a dix-huit ans, en cas de crevaison, il était nécessaire de savoir changer une roue par une autre, il y a neuf ans, le progrès aidant, ce n'était plus vrai, enfin plus tout-à-fait puisque la roue de secours était remplacée par une galette, et maintenant ce ne l'est plus du tout...

 

J'oubliais : le nom et le téléphone de la société d'assistance se trouvait sur la Carte verte d'assurance...

 

C'était bien un jour faste, puisque j'ai encore eu le temps d'aller nager mes deux kil... et d'avoir une douce pensée pour ma mère qui était belge, côté flamand...

 

Francis Richard

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24 mai 2018 4 24 /05 /mai /2018 06:00
Lycée Notre Dame de Boulogne, à Boulogne-Billancourt

Lycée Notre Dame de Boulogne, à Boulogne-Billancourt

Le chiffre 8, 发, dans la symbolique chinoise, signifie faire fortune, s'enrichir...

 

Et le chiffre 88, 拜拜, que l'on place à la fin d'un SMS, au-revoir, autrement dit...bye-bye.

 

1958

 

Le 19 mars, j'ai eu sept ans, l'âge que l'on dit de raison. En septembre je vais à l'école des garçons et je rencontre le premier jour des classes mon premier véritable ami, Jean-Luc K., que j'ai un peu perdu de vue ces temps mais qui reste mon plus vieil ami.

 

Pendant deux années scolaires et un tiers (du troisième trimestre de l'année scolaire 1955-1956 à juin 1958), je suis allé à l'école des filles, le Cours Dupanloup, tout proche, également à Boulogne-Billancourt, où ma soeur aînée m'a précédé et où mes soeurs cadettes me succéderont.

Cours Dupanloup 1955-1956: je suis le quatrième enfant assis à partir de la gauche...

Cours Dupanloup 1955-1956: je suis le quatrième enfant assis à partir de la gauche...

Mais, maintenant, je suis un grand. Je quitte l'univers mixte des petites filles et des petits garçons pour l'univers unisexe des sales galopins.

 

De toute façon je connais encore l'univers mixte à la maison puisque j'ai trois soeurs; la troisième est tout juste arrivée en janvier...

 

Je ne sais pas que j'en ai pris pour huit ans à l'École Notre Dame de Boulogne, devenue aujourd'hui, par la grâce de l'État, un lycée.

 

Je ne sais pas non plus que le germe libéral me sera inoculé quand mon professeur de français-latin de troisième sera viré par l'État, faute de diplôme, une fois l'école passée sous contrat...

Lycée Henri IV, à Paris

Lycée Henri IV, à Paris

Depuis 1965, je suis au Lycée Henri IV, un lycée prestigieux dans lequel j'ai été accepté à la suite d'un examen écrit.

 

Cette année 1965, mon père va bientôt avoir cinquante-neuf ans. Il me demande - je n'ai que quatorze ans - si je veux bien prendre sa suite à la tête de l'entreprise familiale.

 

Mon père est riche, pas mal riche même (j'apprendrai que sa plus grande richesse est son intelligence des êtres et des choses...). Bien que mes goûts personnels me destineraient plutôt aux lettres, j'accepte (le goût du lucre, certainement, déjà...), ce qui veut dire que je dois faire des études dites scientifiques...

 

Pour mettre toutes les chances de mon côté, mon père, qui connaît le proviseur d'Henri IV, me le fait rencontrer un dimanche après-midi de printemps.

 

Le lendemain matin, je passe l'examen - je n'ai pas le temps de stresser - et je suis le seul reçu sur les quelques deux cents candidats, avec un élève de troisième du lycée que cet examen rattrape...

Terminale à Henri IV: je suis le premier lycéen assis à partir de la gauche

Terminale à Henri IV: je suis le premier lycéen assis à partir de la gauche

1968

 

Pendant trois ans je vais donc apprendre à devenir un bon élève scientifique.

 

Tant bien que mal je le deviens, mais je reste d'une timidité maladive: toujours la peur de dire des bêtises, qui m'a empêché de dire un seul mot à mes parents avant mes quatre ans... Je préfère d'ailleurs toujours, et de loin, l'écrit à l'oral. Manque de chance, cette année-là, très particulière, le bac est entièrement oral.

 

Le littéraire contrarié refait surface: j'ai des notes mirobolantes dans les matières littéraires: en français, en philosophie, en anglais, en allemand, en histoire-géographie, et des notes catastrophiques dans les trois matières scientifiques: mathématiques, physique, sciences naturelles, où les coefficients sont les plus forts...

 

Résultat: j'ai mon bac C, bien sûr, malgré tout (la natation m'a donné des points supplémentaires...), mais, sans mention, je ne suis pas admis en prépa. Je dois quitter le lycée... et c'est ainsi, qu'après quelques péripéties, je me retrouve à l'École Polytechnique de l'Université de Lausanne...

Les établissements J.Richard & Cie, à Clamart

Les établissements J.Richard & Cie, à Clamart

1978

 

Mon père, après que lui et moi avons passé seulement trois ans ensemble à la direction de l'entreprise familiale, décide de prendre sa retraite à soixante-douze ans, à compter du 1er janvier 1979...

 

Au Tribunal de Commerce de Paris, pour devenir mandataire social, on me demande un extrait d'acte de naissance. Or je suis né le 19 mars 1951 à Uccle, Commune de l'Arrondissement de Bruxelles-Capitale, Province de Brabant, Royaume de Belgique.

 

Né à l'étranger, il me faut m'adresser au Service central de l'état civil du Ministère des Affaires Étrangères à Nantes. La réponse tombe le 28 novembre:

 

J'ai l'honneur de vous faire savoir que l'acte demandé n'a pas été retrouvé dans les registres détenus par mon service, m'écrit le Chef de cette administration.

 

En clair: ma naissance n'a pas été transcrite sur les registres consulaires de France en Belgique et je ne suis donc pas français, alors que j'ai accompli mon service national d'un an...

 

Après quelques péripéties juridiques et administratives, je deviens tout de même français...

Livret du pèlerin de Paris à Chartres de 1988

Livret du pèlerin de Paris à Chartres de 1988

1988

 

Si je ne suis pas un héros, ni un saint, je suis catholique, de tradition, notamment maternelle (le frère de ma mère est prêtre): personne n'est parfait...

 

Cette année 1988 est la dernière où les catholiques de tradition font ensemble, à la Pentecôte, le pèlerinage de Paris à Chartres.

 

C'est le deuxième pèlerinage, après celui de l'année précédente, que je fais avec le chapitre de Notre Dame des Armées, la chapelle de Versailles que je fréquentais quand j'y habitais avant de m'établir à Chatou.

 

Ma nature profonde refuse le sectarisme. Même si je garde des contacts amicaux avec ceux qui suivent alors Monseigneur Lefebvre après qu'il a consacré des évêques le 30 juin, je ne me reconnais pas dans cette mouvance qui se sépare de Rome.

 

Je m'y reconnais d'autant moins que je n'ai pas bien supporté les attaques dirigées par elle contre les prélats et les prêtres qui sont restés fidèles au pape et qui continuent de me guider spirituellement... Je ne trouve pas cela... chrétien.

 

Ces religieux, qui me guident avec bonté, ne font pas que de beaux sermons: ils prêchent d'exemple, vivent vraiment le rite tridentin et le chant grégorien, dont la beauté sublime (seule la liturgie des chrétiens orthodoxes rivalise...) me transporte jusqu'aux confins de la transcendance, si bien que je peux non pas dire que je crois en Dieu, mais que je Le sens...

 

Comme j'ai fait le voeu de faire une neuvaine de pèlerinages sur la route de Chartres, je vais respecter cet engagement les années suivantes (à l'exception de 1994) jusqu'en 1997, soit en tout dix pèlerinages, une de mes longues ascèses de l'époque (je ne compte pas dans ma neuvaine l'année où je n'ai fait qu'une partie du parcours...).

 

En 1991, j'écris un long Chant à Notre Dame, (seize quatrains) sur un rythme de Péguy, qui commence ainsi:

 

Nous revoici au pied de votre cathédrale.

Une année a passé, nous éloignant de vous,

Et nous tremblons de froid dans la bise qui râle

Parce que Mai l'oblige à se moquer de nous.

 

Nous sommes prêts à partir et à quitter Paris.

Nous n'attendons qu'un ordre et nous mettons en route.

Sur le dur asphalte nous faisons le pari

De marcher tout du long sans avoir aucun doute.

 

Nous savons bien pourtant ce qui lors nous attend.

Nos pieds endoloris qui se couvrent d'ampoules;

Le soleil qui nous brûle ou le très mauvais temps;

La chaleur ou le froid donnant la chair de poule;

 

Les chemins caillouteux succédant au bitume;

L'herbe foulée au pied par ceux qui vont devant

Et qui le lendemain suivant notre coutume

Se trouveront derrière à marcher dans le vent;

 

[...]

Londres cosmopolite, en 1998: au premier rang un Français (moi) et une Japonaise (Akiko), au second un Brésilien et une Kazakh

Londres cosmopolite, en 1998: au premier rang un Français (moi) et une Japonaise (Akiko), au second un Brésilien et une Kazakh

1998

 

En février, l'entreprise familiale est liquidée à ma demande.

 

Certes elle aurait pu continuer à vivoter et j'aurais pu continuer à la diriger, après l'avoir fait pendant près de vingt ans, mais le coeur n'y est plus. Je ne supporte plus le système économique et social de la France, paraît-il providentiel, que le monde entier lui envierait mais qu'il se garde bien de reproduire.

 

Après quelques péripéties, notamment un séjour à Londres de deux mois (pendant lesquels j'apprends à prononcer des mots de la langue de Shakespeare que j'ai lus en silence pendant des années), une recherche active d'emploi, une période pendant laquelle je suis indépendant, je m'exile en Suisse, pour respirer un air plus libre.

 

Fin 2000, je fais en effet la connaissance d'un patron à Lausanne, originaire du Pays Basque, qui me propose d'accompagner le développement de son entreprise (où je travaille encore, bien qu'il l'ait maintenant vendue), en m'occupant de l'administration des ressources humaines.

 

Les millésimes en 8, comme autant de ruptures

2008

 

Cette année-là, sur le conseil de mon cardiologue, j'arrête de me livrer à une autre de mes ascèses, celle du karaté-do que j'aurai pratiqué pendant quinze ans. Mon insuffisance aortique s'est aggravée depuis qu'elle a été diagnostiquée cinq ans plus tôt...

 

A partir du 24 mai, après quelques péripéties sur la Toile, je suis l'exemple de Michel de Poncins, qui a créé un blog sur la plate-forme Overblog, qu'il m'avait dit, à raison, facile d'emploi: j'y crée le mien, où j'ai fait paraître jusqu'à aujourd'hui plus de deux mille billets.

 

Si un de mes lecteurs, curieux, prend la peine de lire les premiers de ces billets et les compare avec les derniers, il se rendra compte de tout le chemin parcouru pendant ces dix ans...

 

Je suis un autre, ce qui est bien différent de la formule rimbaldienne (Je est un autre), et je suis le même. Je suis l'illustration même de ce que je pense intimement depuis toujours, à savoir que dans tout être humain il y a de l'inné et de l'acquis, sans qu'il soit possible de déterminer quelles en sont les parts respectives.

 

2018

 

Cette année, le 1er avril, j'aurais dû partir à la retraite. Je l'avais annoncé neuf mois plus tôt à mon employeur, mais, entre le moment de cette annonce et le terme de mon délai-congé, un incident indépendant de ma volonté s'est produit qui m'a contraint moralement à rester, jusqu'à peut-être un an de plus.

 

C'est pourquoi je me demande, en ce jour du dixième anniversaire de ce blog, quelle sera la rupture que devrait, en principe, augurer ce millésime en 8...

 

En attendant, comme je suis un homme de devoir tout autant que d'ardeur (je respecte en cela la devise que j'ai mise en tête de ce blog), je n'ose pas croire que l'actuel millésime en 8 bafouillera et que je devrais dire définitivement bye-bye à mes lecteurs...

 

Francis Richard

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Présentation

  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.

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