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16 novembre 2024 6 16 /11 /novembre /2024 20:10
F... moi la paix..., de Barbara Polla & Co

Dans ce beau volume illustré, Barbara Polla livre le fruit d'une expérience qui s'est déroulée dans sa galerie Analix Forever à l'été 2023.

 

Il s'agissait pour les artistes qu'elle avait réunis de créer en paix et de créer la paix, bref, pour ce faire, il fallait les laisser vivre.

 

Elle souhaitait qu'ils répondent à son voeu de travailler sur la paix - pour elle-même et non en opposition  à la guerre.

 

Certes la paix dans le monde est une utopie, puisque, à de rares espaces de temps près, le monde fut et est en guerre.

 

Pour que cette utopie, comme d'autres avant elle, devienne réalité, que faut-il donc faire? Autrement dit comme faire pour qu'elle soit agissante?

 

L'être humain est mû à la fois par une pulsion érotique, c'est-à-dire une pulsion de vie, et par une pulsion de mort, ce que les Grecs désignaient par Éros et Thanatos:

La paix résulte de la pulsion de vie; la guerre, de la pulsion de mort.

 

Pour que la paix soit pensée, encore faut-il qu'elle soit mise en images, c'est le projet auquel s'est attelée Barbelé1, en faisant appel à des artistes qu'elle connaît.

 

La condition, préalable et indispensable, de la création artistique, comme de la paix, c'est la liberté.

 

L'autre condition est de réunir des artistes. Abdul Rahman Katanani sera le médiateur entre elle et Serwan Baran et Said Baalbaki,

 

Comment peut-on créer en paix et créer la paix, sinon en accueillant en soi autrui, qui n'est pas un concept mais qui est visage.

 

Parmi les oeuvres produites et inspirées par la paix cet été-là, dans un espace sans possession et sans pouvoir, il y a donc des visages, mais aussi des tentes, qui sont, peut-être des modèles d'hospitalité et de paix, et des abstractions.

 

Pour que la paix irradie, encore faut-il qu'elle émane de la paix intérieure de l'artiste, qu'elle lui soit personnelle, que son action soit micro-politique.

 

De l'image au spectacle il n'y a qu'un pas qu'il faut peut-être franchir pour que soit bousculé l'imaginaire que notre esprit véhicule en réponse au mot paix.

 

Ainsi Barbara Polla suggère-t-elle que la musique, le chant, le film, l'écriture, la description, la danse, la langue de l'autre, l'espace public génèrent des images persistantes, des désirs d'en voir davantage, de revoir, d'y penser encore...

 

Alors que, dans nos sociétés, les États prennent une place de plus en plus grande, l'auteure regrette avec Randolph Bourne que la guerre soit leur principale fonction et cite Emmanuel Levinas:

L'anarchie de la paix n'est [...] pas ce qui nie l'inéluctable destin de la guerre, mais ce qui le trouble de l'intérieur et ne permet plus au destin d'avoir le dernier mot.

 

Et Jean Giono:

Qu'elles soient défensives, offensives, civiles, pour le droit, pour la liberté, toutes les guerres sont inutiles.

 

En somme, elle pense que par l'art, quelle que soit la forme qu'il prend - jusqu'aux jeux vidéo -, en changeant l'imaginaire, on peut changer le réel. 

 

Francis Richard

 

1 - Comme d'aucuns l'appellent affectueusement.

 

F... la paix ... , Barbara Polla & Co*, 104 pages, La Muette - Le Bord de l'Eau

 

* Ont contribué à ce volume:

Said Baalbaki, Serwan Baran, Melissa Cascarino, Brice Catherin, Guillaume Chamahian, Rose Issa, Abdul Rahman Katanani, JiSun Lee, Tuomo Manninen, Giuseppe Merrone, Robert Montgomery, Sarkis, Monika Schmutz Kirgöz, Marc-Olivier Wahler, Yes Men.

 

Livres précédents de l'auteure:

Victoire, L'Age d'Homme (2009)

Tout à fait femme, Odile Jacob (2012)

Tout à fait homme, Odile Jacob (2014)

Troisième vie, Editions Eclectica (2015)

Vingt-cinq os plus l'astragale Art & Fiction (2016)

Femmes hors normes, Odile Jacob (2017)

Le nouveau féminisme, Odile Jacob (2019)

 

Livres précédents avec Julien Serve:

Ivory Honey, New River Press (2018)

Moi, la grue, éditions Plaine page (2019)

Paul pris dans l'écriture , La Muette - Le Bord de l'Eau (2020)

 

Collectifs sous sa direction ou sa coordination:

Noir clair dans tout l'univers, La Muette - Le Bord de l'Eau (2012)

L'ennemi public, La Muette - Le Bord de l'Eau (2013)

Éloge de l'érection, La Muette - Le Bord de l'Eau (2016)

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11 août 2023 5 11 /08 /août /2023 18:25
Juste à côté, de Laurent Pizzotti

Juste à côté de là où Laurent Pizzotti travaille depuis quarante ans, 8 rue de la Grotte, à Lausanne, où il est né et qu'il aime, dans le quartier auquel il est attaché, les changements se sont succédé de 2008 à 2021.

 

Alors il les a pérennisés par des aquarelles, accompagnées de textes courts qui en disent long sur ces transformations:

  • Il y avait un platane de septante ans juste en face de son studio de graphiste: il a été abattu en 2008.
  • En 2009, le bâtiment de Beauséjour a laissé place à un superbe terrain vague.
  • En 2010, des bâtiments y ont poussé.
  • En 2011, il peint les deux maisons du bas de la rue de la Grotte, à gauche celle de l'éditrice (Vera Michalski) et à droite celle qui se déglingue mais qui est belle comme ça.

Etc.

 

Pour le promeneur lausannois, l'Explorateur de proximité, comme l'appelle Jacques Poget, dans le texte qui suit le sien, fixe par l'écriture et la peinture des détails auxquels il n'aurait sans doute pas pris garde.

 

Du portrait que dresse Jacques Poget, devenu lecteur, il retiendra que Laurent Pizzoti est ambidextre du cerveau et que ce que son oeil a saisi, via les lobes de son cerveau, sa main le dessine ou l'écrit a minima.

 

Laurent Pizzoti, qui est de 1943, aurait pu en soixante-deux ans d'activité graphique offrir davantage encore d'aquarelles et de textes lapidaires mais il était si occupé à déployer tous azimuts sa prétendue paresse...  

 

Francis Richard

 

Juste à côté, Laurent Pizzotti, 64 pages, Editions de l'Aire (2022)

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19 juin 2023 1 19 /06 /juin /2023 19:55
Depardieu chante Barbara

La tournée 2023 de Depardieu chante Barbara comprenait dix villes de France, du 19 avril au 15 juin. Quand elles n'ont pas été annulées, ces représentations ont été perturbées par des féministes (voir Le Figaro du 11 juin 2023).

Depardieu chante Barbara

Ce qui a déclenché la fureur de ces féministes est la publication par Mediapart, le 11 avril 2023, d'un article signé Marine Turchi, dans lequel sont rapportés les témoignages de treize femmes accusant Gérard Depardieu de violences sexuelles, notamment pendant le tournage de onze films sortis entre 2004 et 2022.

 

(Le média participatif est bien connu pour sa morale sélective.)

 

Accuser quelqu'un de violences sexuelles ne suffit pas à le rendre coupable. Mais ces accusations apportent de l'eau au moulin de la plainte pour deux viols de la comédienne Charlotte Arnould qu'elle a déposée en 2018.

 

Le procureur de Paris, après un classement sans suite du parquet en 2019, a mis en examen le comédien en mars 2022, en raison d'indices graves ou concordants.

 

Toutefois une mise en examen ne signifie pas davantage culpabilité: c'est bien pourquoi cette qualification a remplacé l'inculpation il y a tout juste trente ans.

 

Ces manifestations de justicières intolérantes correspondent à ce qu'on appelle le néoféminisme dans lequel ne se reconnaissent d'ailleurs pas les pionnières de l'égalité en droits des femmes. 

Depardieu chante Barbara

Ceux qui sont attachés aux libertés individuelles, et notamment à la liberté d'expression, ne peuvent que condamner ces manifestations destinées à empêcher le public de voir et d'entendre qui il veut.

 

Même si le comédien est reconnu un jour coupable et qu'il n'est pas privé de liberté, ce ne sera toujours pas une raison pour perturber ses spectacles ou pour tenter de les faire interdire.

 

Dans une société libre, chacun a le droit d'assister à la représentation qu'il veut, quand bien même elle offenserait (?) certains, qui sont libres de n'y pas participer.

 

De même que ceux qui n'ont pu voir en salle le film Vaincre ou mourir ont pu le visionner après sa parution en DVD, n'en déplaise à ces furies de l'époque, il est possible d'écouter sur CD les quatorze chansons enregistrées, en 2017, par Gérard Depardieu et Gérard Daguerre, le pianiste, compagnon de route de Barbara, dans sa dernière maison de Précy-sur-Marne.

 

Il n'y a aucun doute que la Dame en noir aurait apprécié cet hommage, où le comédien dit plutôt qu'il ne chante, elle qui avait tant aimé se produire avec lui sur la scène du Zénith de Paris, du 21 janvier au 19 février 1986, dans Lily Passion.

 

Francis Richard

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13 mai 2023 6 13 /05 /mai /2023 10:40
Un souffle à l'aube, de Sarah Najjar

Un souffle à l'aube est un roman graphique: sur la page le texte fusionne avec l'image en toute liberté et légèreté.

 

Le texte, poétique, de Sarah Najjar raconte l'histoire d'Alma, insomniaque depuis que son amie s'est donné la mort.

 

L'image est soit encre de Chine, soit aquarelle; le noir et blanc y alterne avec la couleur, la netteté avec la douceur.

 

Alma habite Lausanne et travaille à Berne. Sa vie, depuis son deuil, se résume à métro, boulot, et pas dodo...

 

Pour s'en sortir elle consulte, mais le médecin diagnostique une dépression et lui prescrit des comprimés.

 

Ses autres tentatives pour être soignée ailleurs s'avérant infructueuses, elle se résout à prendre ses cachets.

 

Mais les pilules ne résolvent pas son problème, au contraire. Elle finit aux urgences, puis en arrêt de travail.

 

Son loisir forcé conduit son esprit à des lectures sur la mort et la vie, son corps à des postures de yoga.

Un souffle à l'aube, de Sarah Najjar

Après avoir repris le travail, elle continue dans les bonnes résolutions en s'inscrivant à un cours de méditation.

 

Alma ne renonce pas au yoga, une nouvelle façon de vivre beaucoup plus centrée sur le corps et ses sensations.

 

Si l'insomnie ne disparaît pas, plutôt que de lutter contre, elle l'accepte et, quand elle prend le train, elle médite.

 

Au boulot, elle n'est guère satisfaite. Comme son père lui dit: entre l'être et l'avoir, il faut trouver le bon équilibre.

 

Un jour, le plus beau de sa vie, elle réussit à accueillir tout avec bienveillance et dort enfin, et change de vie:

 

Chaque petite parcelle de mon être

était à la fois détendue et pleine d'énergie.

Un souffle à l'aube, de Sarah Najjar

Quand elle se rend à Genève, dans le cimetière des Rois où son amie est enterrée, elle s'incline sur sa tombe.

 

Alma, après s'être connectée enfin avec le monde qui l'entoure, peut réduire la nuit à ce qu'elle est:

 

Une inspiration au crépuscule,

et un souffle à l'aube.

 

Francis Richard

 

Un souffle à l'aube, Sarah Najjar, 224 pages, Slatkine

 

Rendez-vous avec Sarah Najjar:

 

  • 3 mai - 12 juin: exposition de scènes inédites d'Un souffle à l'aube à la Bibliothèque de Carouge (dessins qui ne figurent pas dans le roman)

  • 13 mai: dédicaces de 14h à 16h à la librairie Sacrées bulles, Yverdon

  • 4 juin: dédicaces de 12h à 14h à la librairie Librerit, Carouge, Genève

  • 17 juin: dédicaces de 16h à 18h à la librairie Payot Morges

  • 18 juin: dédicaces au festival Delémont'BD

  • 24 juin: dédicaces de 10h-12h // 15h-18h chez Cultura, Ville-la-Grand, France

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15 janvier 2023 7 15 /01 /janvier /2023 23:10
Un homme à la mer, Philippe Jean, à la Galerie du Château, à Renens

Ce week-end des 14 et 15 janvier 2023 avait lieu une prolongation de l'exposition Un homme à la mer de Philippe Jean qui s'était tenue initialement du 16 au 18 décembre 2022.

 

La soirée de finissage de cette exposition à la Galerie du Château aura lieu le 20 janvier 2023 de 17h30 à 20h. Elle sera musicale et poétique: des poèmes sur la mer de Gil Pidoux et de Charles Baudelaire y seront lus.

 

(Le 1er mars 2023 Philippe Jean participera à une exposition collective à Croy-Romainmôtier, en compagnie de Gil Pidoux et d'André Jaccard.)

 

Le samedi 14 au soir fut un moment privilégié pour les quelques heureux qui étaient présents. Il y avait à mon arrivée vers 18 heures le galeriste Greg et le peintre Philippe.

Greg et Philippe

Greg et Philippe

Un peu plus tard sont arrivés les musiciens Gabor, d'origine hongroise, et Veronica, d'origine flamande. L'art est international...

Gabor et Veronica

Gabor et Veronica

L'homme à la mer, c'est bien sûr Philippe Jean. Quelques tableaux sont plus parlants que n'importe quel commentaire.

Écoute l'Océan

Écoute l'Océan

Lumières provisoires

Lumières provisoires

De gauche à droite, de haut en bas: Petit nuage marque-pages, Sur l'épure de la page, Emmène-moi, Énigme magnétique

De gauche à droite, de haut en bas: Petit nuage marque-pages, Sur l'épure de la page, Emmène-moi, Énigme magnétique

Philippe Jean ne serait pas Philippe Jean, si ses fameuses têtes, qui donnent à réfléchir, ne trouvaient pas leur place dans une de ses expositions. Un homme à la mer ne fait pas exception.

Étonnement

Étonnement

Open up

Open up

Les deux musiciens ne sont pas venus sans instruments. Ils ont en quelque sorte apporté leur touche musicale aux tableaux. Trois courts extraits permettent de l'apprécier.

 

Philippe Jean ne peint pas avec un fond sonore. Ce qui ne veut pas dire que la musique ne l'inspire pas.

 

Dire que la peinture demeure parce qu'elle est matière et que la musique s'envole parce qu'elle ne l'est pas est une erreur: les oreilles retiennent ce qu'elles ont écouté et les yeux ce qu'ils ont vu...

 

Aussi Philippe Jean, qui se laisse guider par ses marines ou par ses portraits, a-t-il présents à l'esprit des morceaux de musique quand il peint, car c'est de tout son corps et de toute son âme qu'il pratique son art.

 

Francis Richard

 

Expositions précédentes de Philippe Jean relatées ici:

 

Tête à Tête, à la Galerie du Château, à Renens (2017)

Têtes à Tête, au Vieux Pressoir, à Onnens près Grandson (2018)

Face à la mer, à la Galerie du Chateau, à Renens (2020)

Ouvertures sur la mer, à la Galerie du Vieux Pressoir, à Onnens près Granson (2020)

 

Renseignements pratiques:

 

Galerie du Château

Av. du Château 16

1020 Renens-CH

 

Jeudi et vendredi de 16h30 à 18h30

Samedi de 14h30 à 17h00

 

Sur rendez-vous : 0041 (0)76 527 90 43

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17 août 2022 3 17 /08 /août /2022 22:55
Manet, de Georges Bataille

Paru il y a deux tiers de siècle, cet essai de Georges Bataille était lumineux, le reste, le restera: manet, manebit. Tous ceux qui aiment l'art, apprécieront cette analyse subtile et convaincante de Manet.

 

Avec beaucoup de finesse, l'essayiste dessine les traits qui font d'Edouard Manet un peintre en rupture avec les conventions du passé et en opposition complète avec le goût du public de son époque.

 

Manet était une belle personne, élégante, effacée et tourmentée: un homme un peu superficiel, mais sur les nerfs, possédé par un but qui le débordait, qui le laissait insatisfait et l'épuisait, dit Bataille.

 

C'est ce tourment impersonnel qui aura été son guide et qui lui aura permis de se libérer et de libérer les autres des contraintes, de l'ennui, des mensonges que le temps révélait dans des formules mortes:

 

L'épuisement de la peinture éloquente, que rien de vrai n'animait plus, ouvrait les voies d'une forme nouvelle de peinture qui nous est familière aujourd'hui, mais que d'avance personne n'envisagea, que seules atteignirent les étranges réactions et la recherche hasardée, angoissée, d'Édouard Manet. Du peintre qui introduisait du désordre dans la pose.

 

Avec Manet, l'art n'est plus l'expression de formes souveraines. Les images ne tirent plus leur majesté d'une signification politique, mais de la place qu'il donne à l'art, devenu pour lui la valeur suprême.

 

Le scandale que produisit L'Olympia, ce chef-d'oeuvre, dont un détail figure en couverture du livre (les rires coléreux que le tableau suscita firent douter le peintre de lui-même) en illustre le dessein:

 

Ce qui domine si nous regardons l'Olympia est le sentiment d'une suppression, c'est la précision d'un charme à l'état pur, celui de l'existence, ayant souverainement, silencieusement, tranché le lien qui la rattachait aux mensonges que l'éloquence avait créés.

 

Le secret du changement opéré par Manet réside dans son indifférence au sujet, qui se traduit par la sobriété et l'effacement, i.e. par la négation d'un monde convenu, puis par la déception d'une attente.

 

Passé le doute, Manet parvient au sommet de son art, et a le goût de la pleine matité de l'accord. Ses aplats accusés, par leur nouveauté, l'aident à dégager la peinture du vieil enlisement de l'éloquence:

 

Ils aident à glisser au moment où l'objet attendu n'est plus rien, sinon cette sensation inattendue, cette vibration pure et suraiguë qui s'est rendue indépendante de la signification prêtée.

 

Il est un principe auquel tint Manet: Jamais il ne manqua de faire uniquement "ce qu'il voyait", d'où sa verdeur d'expression, au service de mises en page imprévues, et sa sensibilité d'homme authentique.

 

Francis Richard

 

Manet, Georges Bataille, 160 pages, L'Atelier contemporain (édition de 2021, illustrée de 44 reproductions en noir et blanc)

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5 novembre 2021 5 05 /11 /novembre /2021 21:00
L'art est une fête, de Barbara Polla et Julien Serve

L'Art est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles

J'y passe à travers des forêts de symboles

Qui m'observent avec des regards amusés

 

Barbara Polla a composé cette épigraphe baudelairienne. Elle y a remplacé La Nature par L'Art, L'homme par J', l' par m', familiers par amusés. Bref, elle a personnalisé les premiers vers de Correspondances.

 

Cette collectionneuse des âmes a consacré à l'art les trente dernières années. Aussi aux correspondances naturelles de Charles Baudelaire a-t-elle substitué les rencontres personnelles, non moins instructives.

 

Car c'est bien l'autre qu'elle a toujours aimé rencontrer: les femmes, les hommes, ses patients quand elle était médecin, les artistes quand elle est devenue galeriste, si bien qu'elle aurait pu devenir psychiatre.

 

Cela aurait été le cas si elle n'avait pas autant aimé les images. Ce n'est donc pas fortuit que son livre soit illustré par les dessins de Julien Serve, ce qui doit la combler: Les images racontent et recréent des mondes.

 

Le nom de sa galerie, Analix, fait penser à Astérix, mais son étymologie n'est pas du tout gauloise. Ce nom insolite provient de celui du laboratoire de son oncle Charles Wakker, chimiste et criminologue:

 

Analyse au Spectromètre à Rayons X.

 

Elle y installa sa première galerie, 39 avenue de la Praille, à Carouge. Son dernier domicile connu se trouve 10 rue du Gothard à Chêne-Bourg, où AMI, Anne-Marie Imhoof, sa mère, avait son atelier de peintre.

 

Car L'art est une fête est une histoire de famille, au sens restreint, et au sens élargi aux artistes, aux amis, aux professionnels dont les noms cités occupent quelque cinq pages, sur deux colonnes en fin de volume.

 

Pour elle, l'art ne peut se résumer au seul dessin. La musique est également convoquée très tôt. Mais, si elle aime l'art, elle ne le connaît pas et doit l'apprendre. Cela tombe bien: elle aime apprendre et sait écouter.

 

Elle va apprendre auprès des artistes, des professionnels, des amis. Elle va devenir galeriste mais aussi commissaire d'exposition, qui ne sont pas métiers incompatibles, n'en déplaise à ceux qui préjugent:

 

Les artistes ont eux aussi besoin d'argent pour vivre.

 

Elle va non seulement apprendre l'art fixe de la photo, mais celui mouvant de la vidéo, les rudiments de l'art numérique. Elle apprend quelque chose de plus rare: à être les artistes comme d'aucuns seront elle.

 

Sa galerie, devenue Analix Forever, a fait le libre choix de poursuivre son chemin avec de petits moyens et de laisser partir les artistes qui le souhaitent, ce qui, paradoxalement et sereinement, crée de vrais liens.

 

Aussi est-elle toujours désargentée, d'autant que pour elle la gestion n'est pas une fête. Le secret de la pérennité d'Analix Forever? La passion que la galeriste a pour l'art, les artistes, les oeuvres et son plaisir de vendre:

 

Il est un plaisir plus délicieux encore à vendre une oeuvre d'art que le fait d'avoir de l'argent pour continuer.

 

La galeriste continue à mettre en mouvement sa galerie d'oeuvres d'art, qui se confond avec une galerie de belles personnes, dont, pour certaines, elle a la nostalgie quand elles ne sont plus ou qu'elles ont disparu.

 

Ce qui la meut, elle, c'est d'apprendre: Parce que c'est jouissif. Parce que c'est ma vie. Ce désir d'apprendre, qui devient également désir tout court, est inextinguible. Elle l'exprime en écrivant proses et poèmes.

 

Cette nomade a un programme à accomplir, inépuisable, comme sont perpétuels la fête de l'art et l'art de la fête. Quoi qu'il arrive, ça va aller et elle continuera sa guerilla culturelle, en se réjouissant d'être petit.

 

Pour elle, l'art est une fête et une célébration de l'humain.e. Pour un Baudelaire humaniste, c'était, s'adressant au Seigneur, dans Les Phares, le meilleur témoignage/que nous puissions donner de notre dignité...

 

Francis Richard

 

L'art est une fête, Barbara Polla et Julien Serve, 240 pages,  Slatkine

 

Livres précédents de l'auteure:

Victoire, L'Age d'Homme (2009)

Tout à fait femme, Odile Jacob (2012)

Tout à fait homme, Odile Jacob (2014)

Troisième vie, Editions Eclectica (2015)

Vingt-cinq os plus l'astragale Art & Fiction (2016)

Femmes hors normes, Odile Jacob (2017)

Le nouveau féminisme, Odile Jacob (2019)

 

Livres précédents avec Julien Serve:

Ivory Honey, New River Press (2018)

Moi, la grue, éditions Plaine page (2019)

Paul-pris-dans-l'écriture, La Muette - Le Bord de l'Eau (2020)

 

Collectifs sous sa direction ou sa coordination:

Noir clair dans tout l'univers, La Muette - Le Bord de l'Eau (2012)

L'ennemi public, La Muette (2013)

Éloge de l'érection La Muette (2016)

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9 mai 2021 7 09 /05 /mai /2021 12:30
Je ne suis pas mort... je dors !, de Michel Sardou

Michel Sardou est bien vivant. C'est pourquoi il ne faut pas l'enterrer. Pas encore. Même si sa femme, Anne-Marie, a déjà tout prévu pour le jour inévitable où il s'en ira.

 

S'il était besoin de montrer qu'il est vivant, son livre, Je ne suis pas mort... je dors!, en administrerait la preuve éclatante. Et il n'est pas nécessaire d'être fan pour l'apprécier.

 

Bon, c'est une autobiographie, d'accord. Mais, cela ne veut pas dire pour autant qu'il se présente toujours sous le meilleur jour. Son authenticité s'y opposerait de toute façon.

 

C'est d'ailleurs une autobiographie singulière. Il se met en scène à travers trois moi, au lieu d'un. Il ne suit pas une chronologie précise. Il saute tout le temps du coq à l'âne.

 

Les anecdotes qu'il raconte le révèlent. C'est un homme actif qui faisait plein des bêtises et qui prenait le temps d'apprendre à piloter un avion, à naviguer, à monter à cheval...

 

C'est un homme couvert de femmes, mais, finalement, il s'appuie sur celle qu'il a épousée en dernier et qui l'a changé. Son livre lui est dédié et elle est pour lui sa seule certitude.

 

D'aucuns voudraient le mettre dans un casier, lui coller une étiquette, mais il est inclassable. Si, il n'est pas de gauche, ce qui ne veut pas dire - trop facile - qu'il soit de droite.

 

Il ne manie pas la langue de bois. Comment ne pas trouver de vertus à un homme qui dit, sans se sentir coupable: Clint Eastwood a toujours été mon acteur et réalisateur préféré?

 

Comment ne pas avoir d'affinités avec un homme qui n'est bien nulle part, qui n'appartient à aucun bord et qui, spontanément, sans honte, dit être plus français que le roquefort?

 

Comment ne pas approuver ce que cet homme libre dit de la France actuelle, où l'État, devenu obèse, exerce tout son poids sur les gens et s'ingénie à leur compliquer la vie: L'État ne nous conduit plus, il nous pèse. La démocratie, certes, reste la moins mauvaise façon de gouverner mais où en est-elle? Tout est compliqué, tout est procédure, remise en cause. Les lois s'ajoutent aux lois et quelquefois les contredisent. Je me perds dans les règlements incompréhensibles et trop nombreux d'une bureaucratie pléthorique?

 

Il a quitté la scène de la chanson pour celle du théâtre, ce qui correspond à ses premières amours. Pourquoi? Parce qu'il s'est mis à rêver d'autre chose que d'écrire et chanter.

 

Comme tant d'autres, il n'a pas fait de fausses sorties à répétition. Il a arrêté il y a trois ans. Maintenant il joue, dans des salles plus petites, enfin quand les théâtres ne sont pas fermés.

 

Ils sont nombreux à penser que les chansons qu'il chante reflètent ce qu'il pense. Ils se trompent, comme ils se tromperaient s'ils l'identifiaient aux rôles qu'il incarne au théâtre.

 

À le lire, en tout cas, on sent bien que l'amitié est pour lui quelque chose qu'il place très haut et ce n'est pas la moindre des qualités de coeur qui le rendent fort sympathique.

 

Aussi un ami de gauche, tel que Guy Bedos, ne pouvait-il pas l'abandonner, quand d'autres le vouaient aux gémonies. Il se contentait de dire: Il chante juste, mais il pense faux...

 

Alors, une fois refermé son livre, le lecteur a hâte de le retrouver sur scène, au théâtre cette fois, sachant que, de toute façon, il peut écouter ses chansons via vinyles, CD ou MP3...

 

Francis Richard

 

Je ne suis pas mort... je dors!, Michel Sardou, 160 pages, XO Éditions

 

Réécouter la chanson éponyme (2005)? La voici:

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4 octobre 2020 7 04 /10 /octobre /2020 18:55
Ouvertures sur la mer, Philippe Jean, Galerie du Vieux pressoir, à Onnens près Grandson

Philippe Jean, après s'être mis Face à la mer, peint maintenant des Ouvertures sur la mer.

 

Aujourd'hui avait lieu, de 15h00 à 18h00, le vernissage de son exposition homonyme à la Galerie du Vieux Pressoir à Onnens près Grandson, dans le canton de Vaud.

 

La Covid-19 oblige, la tenue de rigueur était masquée à l'intérieur (les masques tombaient heureusement à l'extérieur).

Ouvertures sur la mer, Philippe Jean, Galerie du Vieux pressoir, à Onnens près Grandson

Philippe Jean peint au sol, ce qui suppose une belle visualisation dans le cas de grands formats. Sur une photo prise en 2004, qui figure dans la vitrine ci-dessus, on le devine en pleine action, avec cette légende humoristique:

 

Prière de ne pas nourrir les artistes.

 

Tous les tableaux sont titrés. Sur les 42 titres, les mots qui ont la plus grande occurence sont:

Mer (sept fois)

Bleu (trois fois)

Gris (deux fois si l'on ne compte pas Grey...)

Vague (deux fois)

 

L'artiste n'a pas osé employer l'expression Deuxième vague... ce qui, dit-il, n'aurait peut-être pas été vendeur...

Ouvertures sur la mer, Philippe Jean, Galerie du Vieux pressoir, à Onnens près Grandson

Philippe Jean peint surtout et volontiers sur des supports de récupération et plus particulièrement sur des surfaces provenant d'emballages:

 

- Boîtes à gâteau (il aime les pâtisseries)

- Cartons IKEA

- Enveloppes photo (dans une autre vie il était photographe)

Etc.

 

L'oeuvre ci-dessus est l'exception qui confirme cette règle...

Ouvertures sur la mer, Philippe Jean, Galerie du Vieux pressoir, à Onnens près Grandson

Philippe Jean ne croit pas à l'inspiration, mais au travail. Il fait preuve d'ailleurs d'une grande persévérance puisqu'un tableau peut lui demander plusieurs semaines de travail. Il faut bien que la peinture à l'huile sèche...

 

Dans les tableaux présentés, les mers sont peintes à l'huile et les ciels sont le résultat d'un mixte de peinture acrylique et de peinture à l'huile, ce qui donne à ces derniers profondeur et légèreté.

Ouvertures sur la mer, Philippe Jean, Galerie du Vieux pressoir, à Onnens près Grandson

Philippe Jean ne peint pas d'après ce qu'il voit, que ce soit sur place ou d'après des clichés. Il peint toutes ses ouvertures sur la mer de mémoire, à laquelle il ajoute une bonne dose d'imagination.

 

Car on voit bien - le masque n'empêche heureusement pas de voir - qu'il y a un monde propre à Philippe Jean. S'il a abandonné de peindre des têtes - pour le moment il n'est pas tenté d'y revenir -, il y a une indéniable parenté entre ses têtes et ses mers. Les unes et les autres sont en effet empreintes de mystère, pour lequel il a une forte dilection.

 

Francis Richard

Ouvertures sur la mer, Philippe Jean, Galerie du Vieux pressoir, à Onnens près Grandson

Exposition jusqu'au 25 octobre 2020:

Du jeudi au dimanche de 15h00 à 19h00

 

Lieu:

Galerie du Vieux Pressoir

Michel et Ute Kunz

CH -1425 Onnens près Grandson

 

Contact:

Tél.: 079 375 23 13

Ouvertures sur la mer, Philippe Jean, Galerie du Vieux pressoir, à Onnens près Grandson
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24 janvier 2020 5 24 /01 /janvier /2020 23:15
Face à la mer, Philippe Jean, à la Galerie du Château, à Renens

Philippe Jean abandonne (provisoirement) Les Têtes, qu'il exposa naguère en ce même lieu:

Tête à Tête, Philippe Jean, à la Galerie du Château, à Renens (2017)

puis en un autre:

Têtes à Tête, Philippe Jean, au Vieux Pressoir, à Onnens près Grandson (2018)

 

Un jour, pour se changer de ce sujet, qu'il a arpenté depuis plus de vingt années, il a l'envie impérative de peindre la mer, donc le ciel...

 

Comme il le dit fort bien les deux sont liés:

 

Là où commence le ciel s'arrête la mer. Là où finit la mer commence le ciel. Et la mer ne finit pas.

 

Il aime les variations et, dans ce travail, il varie les proportions:

 

La mer peut déborder la toile, et revendiquer l'entier du territoire. Ou alors elle s'incline face au ciel, et se fait très basse sur l'horizon, laissant au ciel tout le temps pour se déployer.

 

La mer et le ciel peuvent même prendre la place l'une de l'autre. Philippe Jean en fait la démonstration en retournant un de ses tableaux...

Face à la mer, Philippe Jean, à la Galerie du Château, à Renens
Face à la mer, Philippe Jean, à la Galerie du Château, à Renens
Face à la mer, Philippe Jean, à la Galerie du Château, à Renens

Comment peint-il? En se faisant des recommandations d'ordre général:

 

Ne pas jouer d'effet de profondeur pour donner la sensation de l'infini. Poser simplement le ciel sur le socle. La limite est donnée par la mer, mur d'eau, sur lequel vient flotter la lumière.

 

des recommandations matérielles:

 

Privilégier les huiles pour le traitement de l'élément liquide, et l'acrylique [...] pour tenter de dire le ciel.

 

des recommandations pour le support: le carton pour les petits formats et la toile pour les plus grands.

 

Aux vingt-sept tableaux accrochés, il donne des noms.

 

Pour certains d'entre eux, il s'inspire de poètes tels que Baudelaire (La mer est ton miroir, Toujours tu chériras la mer), Ronsard (La mer me porte) ou Musset (Cherche un rayon d'or).

La mer infiniment

La mer infiniment

Lumières crépusculaires

Lumières crépusculaires

La mer au carré

La mer au carré

Pour d'autres, les plus grands en taille, il donne des noms en proportion: La mer infiniment, Lumières crépusculaires, La mer au carré...

 

Mais est-il sérieux quand il en nomme un Sur la plage abandonnés (qui fait penser à La Madrague chantée par Brigitte Bardot), et un autre L'origine du monde (qui fait penser à la peinture de Gustave Courbet)? Mais, dans ce dernier cas, peut-être faut-il y voir une allusion à la mer, mère de toutes les mères...

 

Quoi qu'il en soit, si le peintre trouve ainsi dans son art des correspondances avec d'autres, le thème de la mer s'est bien imposé à lui, pour le moment, et il l'écoute, dit-il, avec l'ivresse des profondeurs.

 

Francis Richard

 

Première présentation de Face à la mer, de Philippe Jean:

Vendredi 24 janvier 2020 de 17h à 20h

Samedi 25 janvier 2020 de 14h30 à 17h

 

Lieu:

Avenue du Château 16

1020 Renens

 

Contact:

Tél.: 076 527 90 43

www.galerieduchateau.ch

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19 mai 2019 7 19 /05 /mai /2019 16:30
Un repas concert, avec le Choeur Parenthèse et La Croche Choeur, à Savigny

Hier soir,au Forum de Savigny, avait lieu un repas concert donné par deux choeurs mixtes, le Choeur Parenthèse de Savigny et La Croche Choeur de Granson.

Les deux choeurs ensemble

Les deux choeurs ensemble

Après l'apéritif, dès 18h30, le spectacle commence à 19h par deux chants que les deux choeurs entonnent ensemble: Amavolovolo, qui est un chant zoulou, et le célèbre Hymne à l'amour, qu'Edith Piaf adressait à Marcel Cerdan.

Marylise Emery, présidente du Choeur Parenthèse

Marylise Emery, présidente du Choeur Parenthèse

Le repas commence juste après ce début prometteur d'une belle soirée. Chaque partie du repas est alors entrecoupé par les chants d'un des deux choeurs. Il se termine par des chants des deux choeurs ensemble, comme au début.

Un repas concert, avec le Choeur Parenthèse et La Croche Choeur, à Savigny

Pour en donner un aperçu voici une photo du plat:

Filet de poulet au curry rouge - Riz - Légumes du marché

Filet de poulet au curry rouge - Riz - Légumes du marché

Et du dessert:

Mousse au chocolat - Sorbet framboise

Mousse au chocolat - Sorbet framboise

Les deux vins de Lavaux proviennent de Hubert Testuz et fils. Le rouge, Le Closelet, est un pinot noir et le blanc, Les Landries, un chasselas ...

"Le Closelet" et "Les Landries"

"Le Closelet" et "Les Landries"

La Croche Choeur dirigé par Stéphanie Amacker

La Croche Choeur dirigé par Stéphanie Amacker

C'est le choeur invité, La Croche Choeur, qui chante en premier, entre l'entrée et le plat:

- Le bon temps (Pierre Hüwiler)

- La ballade nord-irlandaise (sur les motifs de Water is deep, Renaud)

- Mon amant de St-Jean (paroles de Léon Agel, musique d'Émile Carrara)

- Sanctus (en estonien, Urmas Sisask)

- La cabaña (en espagnol, Emilio Murillo)

Choeur Parenthèse, dirigé par Nathalie van Bignoot

Choeur Parenthèse, dirigé par Nathalie van Bignoot

Le Choeur Parenthèse chante après le plat:

- Tournent les violons (Jean-Jacques Goldman, David Beaugrand)

- Méli mélo (abbé Joseph Bovet)

- Barbara Ann (en anglais, The Beach Boys, Mario Thürig)

- Amstrong (Claude Nougaro, Pierre Hüwiler)

- Ipharidisi (chant traditionnel sud-africain)

- Soon and very soon (en anglais, Andrae Crouch)

- Down by the river side (en anglais, Johan van Slageren)

- God be with you (en anglais, Olivier Nusslé)

Stéphanie Amacker et Nathalie van Bignoot

Stéphanie Amacker et Nathalie van Bignoot

Luc-Olivier Bünzli

Luc-Olivier Bünzli

Trois chants terminent le programme:

- An Irish blessing (en anglais, James E. Moore Jr.)

- Aye kerunene (chant africain)

- Arum dem Fayer (chant traditionnel yiddish)

 

Deux chants sont bissés (Tournent les violons et God be with you) et deux autres chantés (avec la salle), non prévus au programme.

 

Les trois qui se sont succédé à la direction du Choeur Parenthèse, depuis sa création en 2002, auront été là: Luc-Olivier Bünzli, Stéphanie Amacker et Nathalie van Bignoot.

 

Avant un dernier verre, la présidente Marylise Emery adresse ses remerciements à tous.

 

Francis Richard

 

PS

 

Le Choeur Parenthèse répète tous les mercredis de 20h à 22h à la Maison commune de Savigny (sauf vacances scolaires).

 

Le Choeur Parenthèse se produira le 21 juin 2019, à partir de 19h dans les Galeries St-François, à Lausanne, à l'occasion de La fête de la musique.

Un repas concert, avec le Choeur Parenthèse et La Croche Choeur, à Savigny
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26 novembre 2018 1 26 /11 /novembre /2018 22:00
D'un pas à l'autre, de Zivo & Valérie Ivanovic

Ce bel objet est composé d'images et de textes. Valérie tient la plume et Zivo le pinceau, dans l'atelier. Zivo y prodigue ses couleurs et Valérie ses mots.

 

Chacun dans son art, l'aquarelle pour Zivo, le poème pour Valérie, laisse libre cours à son imaginaire où le végétal, l'animal et l'humain souvent se mêlent.

 

Les peintures et les vers se répondent et créent un univers où celui qui regarde et lit trouve matière à évasion. Le réel s'abstrait et l'abstrait se réalise.

 

Les cinq poèmes oniriques de Valérie sont précédés d'un titre qu'annonce le pinceau de Zivo et ces titres, déjà, invitent au rêve le lecteur et voyeur.

 

Si, à défaut de reproduire des images, on veut au moins avoir un aperçu des sons qui les accompagnent, il faut en passer par quelques brèves citations:

 

Ô ce moi qui recule! Sur ton dessin les ondoiements

                                                                 incertains

d'une trajectoire batracienne.

(Ce moi qui recule)

 

Et j'apprends que ton aïeule de là-bas détenait

parmi ses modestes possessions

un bocal de sangsues

prêtes à l'usage.

(Entre les doigts)

 

Chaque fois que nous parlerons de la mort,

nous nous chantournerons l'un l'autre

d'un espace horrible.

(Telle Psyché)

 

Et, depuis les tendres sabots, masqués pour la forme,

nous attribuons au rythme libre

la noble cause de plus nombreux désirs - aériens.

(Au milieu de l'atelier)

 

Ainsi, lorsque le matin tu me tires d'une abyssale apnée

et que tu fais tenir en équilibre debout

sur la tranche l'un de tes carnets à dessins

que tu m'ouvres avec le bonjour rituel,

j'y découvre - encore rêvé de tes doigts -

du mobilier végétal

élancé et frêle, qui vibre,

tels les élytres d'un insecte --

(Tout au fond de l'atelier)

 

On ne peut qu'être ému, en lisant, en regardant les pages de ce livre d'être admis dans la complicité de ces deux artistes, qui se révèlent sans se dévoiler...

 

Francis Richard

 

D'un pas à l'autre, Zivo & Valérie Ivanovic, 128 pages, BSN Press

 

Vernissages et dédicaces:

- Librairie La Fontaine (Vevey), 29 novembre 2018, de 17h à 19h

- Librairie Molly & Bloom (Lausanne), 30 novembre 2018, de 17h à 19h

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20 novembre 2018 2 20 /11 /novembre /2018 23:45
C'est encore la nuit, une installation de Mounir Fatmi

Cet ouvrage est publié à l'occasion de l'exposition de mounir fatmi, "c'est encore la nuit", présentée du 14 avril au 16 mai 2015, dans le cadre de la Saison culturelle France-Maroc.

 

Pourquoi parler de cet ouvrage aujourd'hui? Parce qu'une édition a paru en 2018.

 

Cet ouvrage comprend quelques textes et des photos d'un lieu en noir et blanc. Rien de plus banal. Ce qui l'est moins, c'est que Mounir Fatmi a réalisé une installation dans ce lieu, qu'il a donc réaffecté, puis photographié.

 

La prison de Kara, à Meknès (Maroc), est ce lieu. Elle a été construite au XVIIe siècle par le sultan Moulay Ismaïl, en sous-sol... Y étaient enfermés des prisonniers de droit commun et des esclaves chrétiens enlevés par des pirates.

 

Cette prison, sombre et étouffante, souterraine, est immense: elle pouvait contenir jusqu'à quarante mille détenus et 80 oculus y apportaient lumière et aération. C'est aujourd'hui un espace où il est facile de se perdre, précise le plasticien.

 

Celui-ci a eu l'idée d'installer des disques sous les 80 oculus et sur ces disques de faire calligraphier, en arabe et en français, des extraits de poèmes de Abderrahman El Madjoub, poète soufi populaire au Maroc.

 

Ce poète meknassi du XVIe siècle peut sans doute être qualifié de révolutionnaire, surtout pour son époque. Il débutait en effet tout par le doute: le doute est le commencement de la sagesse, disait-il, sentence aimée de l'artiste.

 

La prison de Kara est aujourd'hui un lieu où des jeunes gens amoureux se donnent des rendez-vous secrets et où ils inscrivent sur les murs graffitis et mots d'amour.

 

Avec cette installation, la prison de Kara, détournée déjà de sa destination initiale, s'est vue introduire un moyen d'évasion, la poésie, dont Varlam Chalamov (vingt ans de Goulag) disait, relate Barbara Polla, qu'il est le cinquième besoin fondamental de l'homme oublié par Thomas More...

 

L'artiste a donc parachevé de faire d'un lieu d'enfermement, un espace de liberté, auquel aspirait l'amour... succédant à la détention.

 

Francis Richard

 

C'est encore la nuit, Mounir Fatmi, 112 pages, SFpublishing

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Présentation

  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.

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