Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 novembre 2024 4 07 /11 /novembre /2024 23:45
Le marcheur vertical, de Pierre Yves Lador

Le développement personnel passe par des régiments de régimes. Il coûte d'abord de l'argent car l'argent est ici la mesure de toute chose. Les enseignants, sérieux ou charlatans, veulent en vivre, ce qui est humain.

 

Pierre Yves Lador les a tous goûtés, mais le régime qu'il préfère, c'est la marche, parce qu'il ne recherche pas le filgoude. Ce qu'il recherche, c'est le désir, la quête, la curiosité, la marche ordinaire, la vie incroyable, impitoyable, improbable, et les centaines de possibles...

 

Dans cet essai, il propose un menu gourmand, c'est-à-dire le meilleur des régimes, à déguster sans modération, mais non sans fatigue, lentement, ce qui permettra au lecteur de se joindre à lui pour atteindre non pas le bonheur, mais les buts de la mise en bouche ci-dessus.

 

Le sens de la marche? C'est celui induit par le désir. L'auteur, avec peut-être l'âge et l'expérience, est passé de la femme à la forêt... Il voit dans la marche et l'écriture des analogies: il marche pas à pas et écrit mot à mot. Pourquoi? Parce que l'essentiel est sans doute la lenteur.

 

Marcher? La marche simple dans la nature, sans drogues ni substances, sans tambour ni trompette, plus simple et économique que les méthodes de développement perso, peut engendrer aussi hypnose et transe. Elle est le lieu de la perception de la nature dans la surnature.

 

Si le marcheur dépend du relief, il en est conscient, ce qui le libère. Il est libre à un autre égard. Il ne porte pas de téléphone intelligent et n'emploie donc pas d'applications géographiques. Il récuse pourtant les qualificatifs de sportif et d'écologiste, n'appartenant à aucun ghetto.

 

Par leur lenteur, les sentiers l'incitent à regarder le ciel immuable et changeant, à contempler la terre et ses créatures, à ralentir encore, voire à s'arrêter. Quand il les parcourt à nouveau, ils lui semblent différents, ce qui lui convient, lui qui écrit l'impermanence en permanence.

 

Il marche volontiers seul ou avec un compagnon: il aime les gens, mais un à un. Il aime marcher le long des cours d'eau: les écoulements m'enseignent la lenteur; quant aux chutes et aux sources, vers lesquelles il est de ceux qui remontent, elles lui permettent de ressentir le mystère.

 

Il s'interroge: pourquoi partir et pourquoi revenir. Faut-il d'ailleurs parler de retour ou de pli ? Avant il ne revenait pas par le trajet de l'aller. Aujourd'hui il revient, indifféremment, par le même chemin. En fait il constate: en reculant ou en revenant j'avance toujours, je vais de l'avant.

 

S'il récuse d'être un sportif et un écologiste, c'est parce qu'il refuse la mesure, qu'il hait la mensuration: quand on vit dans le présent, on n'a pas besoin de chiffres, de comptes, on vit dans l'instant présent, c'est le hier et le demain qui inclinent à l'invention du nombre, du chiffre...

 

Pour lui, la marche est une ascèse: le mot est venu après la chose. Il en éprouve de la joie, devenu un explorateur immobile, sinon dans la marche lente. Cette ascèse n'est donc pas austère. Il n'est pas ascète par vertu. Il ne compte pas, il énumère parfois parce qu'écrire c'est énumérer:

 

Mon écriture est comme ma marche une exploration de mon cerveau et du monde, du micro au macrocosme et je ne suis la ligne pas à pas que par simplification au lieu de faire semblant...

 

Le fruit de son exploration par l'écriture ou par la marche est qu'il faut rester dans l'unique, le particulier, le singulier et s'y concentrer: L'universel devrait rester innommable. Tenter de l'incarner c'est le relativiser ou le dogmatiser. Ce que font les médias ou ce qu'il appelle les ghettos.

 

Quant aux humains qui veulent vitesse et raccourci, ils devraient observer la neige:

 

S'il faut un siècle pour construire un monument et mille ans pour l'effacer, le ruiner, en faire une belle ruine, je parle ici d'antiques temples, la neige vous offre ce spectacle en quelques heures, jours ou semaines avec des va-et-vient...

 

Francis Richard

 

Le marcheur vertical, Pierre Yves Lador, 216 pages, Olivier Morattel Editeur

 

Livres précédemment chroniqués:

 

Chambranles et embrasures, 192 pages, L'Aire (2013)

Confession d'un repenti, 240 pages, Olivier Morattel Editeur (2014)

Les chevaux sauveurs, 200 pages, Hélice Hélas (2015)

Poussière demain, 360 pages, Olivier Morattel Editeur (2018)

Course, 80 pages, Hélice Hélas (2019), illustré par Baladi

Mon chéri à Gérimont, 248 pages, Hélice Hélas (2022) , sous le pseudo d'Adèle Rose Virpyr

Partager cet article
Repost0
21 septembre 2024 6 21 /09 /septembre /2024 21:55
Guerre, de Laurent Obertone

Nous sommes en guerre, bien au-delà du cirque politique, nous sommes en guerre, et c'est pire qu'un rhume, nous sommes en guerre, et trop peu de gens le savent.

 

Rien à voir avec la prétendue guerre menée par Micron contre un virus couronné.

 

Le problème, c'est que notre ennemi est une secte qui a réussi.

 

LA SECTE

 

Pour combattre un ennemi, il faut le connaître. Laurent Obertone1 nous le présente:

 

Il s'agit d'une croyance, partagée par l'immense majorité des élites médiatiques, culturelles, universitaires. Les faiseurs de morale publique qui ont pignon sur écran.

 

En quoi la Secte2, avec une majuscule, croit-elle?

 

Notre Secte croit en l'Égalité, donc à la nécessité d'une "justice sociale", donc en le contrôle des richesses pour le bien de tous. Elle repose sur le vol administré. Ce qui offre aux voleurs des pouvoirs considérables, postes, revenus, notoriété, supériorité morale, etc.

 

La Secte ne se dit pas secte, mais elle l'est, au grand jour. Elle est la phase terminale de la domestication, mot plus juste que servitude, dont parlaient La Boétie et Hayek, et qui se décline en fascisme domestique.

 

Derrière l'idéal du soi-disant agir au nom du Bien, il n'y a qu'un seul but pour la Secte, LE POUVOIR:

 

La Secte s'efforce d'étendre toujours plus son emprise, fiscale et mentale, ce qui correspond à l'intérêt de ses adeptes les plus puissants. Entre eux, c'est à qui ira le plus loin dans le progressisme, qui par définition n'a pas de fin.

 

Pas besoin de tête pensante, ni de vrai chef, la Secte se développe de manière métastatique:

 

La demande de vol et de redistribution ne cesse de croître. 

 

Les adeptes de la Secte sont en fait des parasites qui profitent de sa réussite et y contribuent. Les meilleurs d'entre eux croient sincèrement vivre une situation critique, au bord de la défaite et du chaos:

 

Ils n'hésitent pas à engueuler les tièdes et les menacer de l'enfer. Tout ce qui résiste doit être balayé. Tout ce qui ne fonctionne pas est manque de ferveur.

 

Les idées hérétiques sont majoritaires, comme par exemple:

  • le rejet de l'immigration et du laxisme,
  • la volonté de contrôler les frontières,
  • le fait que naître ici ne soit pas l'équivalent de naître là-bas.

 

Les adeptes n'en continuent pas moins leur agenda, comme par exemple:

  • parler de bloqueurs de puberté,
  • jeter de la soupe sur la Joconde contre le réchauffement.

 

Et, quand les hérétiques se rebiffent, la Secte ne comprend pas qu'ils soient nombreux, sans pour autant vouloir faire de concessions:

 

Elle veut son immigration qui est une chance et nous enrichit. Sa morale est infaillible.

 

Face à la Secte, il y a le vrai libéralisme (pas celui de Micron), celui qui ne redistribue pas, donc ne contribue pas au progressisme:

 

Les esprits sont si encalaminés par l'État social qu'une révolution politique ne semble envisageable qu'avec une crise économique majeure, comme en Argentine.

 

ÊTRE HÉRÉTIQUE

 

Comment en sortir?

 

D'abord remonter la pente. Ensuite, cadrer et unir l'hérésie. Lui montrer son incroyable pouvoir libérateur. Elle a des armes qu'elle ignore. D'immenses possibilités.

 

Pour cela, il faut que des hérétiques3 deviennent dangereux pour la Secte, autrement dit qu'ils soient des guerriers sans peur, ce qui ne peut se faire qu'individuellement:

 

  • en identifiant ses mauvais penchants, ses pertes de temps et d'énergie,
  • en faisant fructifier ses aptitudes,
  • en exploitant son potentiel,
  • en étant moteur et non suiveur.

 

L'auteur n'emploie pas la fameuse citation de Juvénal, mens sana in corpore sano, un esprit sain dans un corps sain, mais c'est tout comme. Il préconise de libérer les hormones en dérouillant la mécanique tous les jours et de ne pas sous-traiter aux machines ce qui peut être fait par les muscles.

 

Il recommande au candidat guerrier d'écrire, c'est-à-dire de mettre son esprit à l'épreuve, et de lire pour nourrir l'écriture, mais pas n'importe quoi:

 

Intéresse-toi à ce qu'on peut éprouver et qui dure, comme le vin ou les cathédrales. [...] Assimile avec méfiance, médite longuement. Ne sois pas ce converti fanatique, illuminé par un seul livre. Laisse cela à la Secte.

 

Il lui recommande de rechercher le pouvoir, mais pas n'importe lequel. Le pouvoir est la meilleure manière de défendre ses intérêts. Encore faut-il que ce pouvoir soit honorable, à la différence de celui de la Secte qui repose sur la corruption et le parasitisme:

 

Gagner sans honneur, c'est perdre. Ne transige pas avec ça.

 

Le lecteur est prévenu. L'auteur ne porte pas de projet machiavélique, il n'est le larbin de personne:

 

Mon projet d'écriture est exposé ici en pleine lumière. On peut le résumer comme suit: influencer les gens pour qu'ils cessent de l'être.

 

Il prévient le candidat guerrier:

 

Les pires saloperies t'attendent. Pars du principe que tu as le mental pour y faire face, que tu les survoleras en souriant, sans haine et sans crainte - mais pas sans arme.

 

Parmi les nombreux conseils judicieux qu'il lui donne, il y a celui-ci:

 

Si tu ne montres pas ta peur, elle est déjà vaincue.

 

Et celui-là:

 

Se dominer, c'est dominer le monde. Qui impressionne n'est pas impressionnable.

 

Ou encore cet autre:

 

Comment devenir dangereux? En commençant par penser dangereusement, sans suivre les préceptes qu'on t'inculque, en ne craignant pas de te frotter au danger.

 

Devenir dangereux pour la Secte ne signifie pas oublier d'être bon, mais précise-t-il:

 

Cultive l'art d'être bon sans chercher le public ni ta jouissance.

 

Quant aux enfants, s'il en a, il doit leur enseigner combien la victoire aime l'effort.

 

LA VICTOIRE

 

La démocratie n'est pas une solution. Je dirais même qu'elle constitue le problème. Son principe consiste à attiser la peur et la crédulité des foules pour les manipuler de plus belle et légitimer un pouvoir inefficace et totalitaire, qui restera soumis dans tous ses rouages aux lois de la Secte tant que la Secte fera la loi.

 

Quelle est la solution pour tuer la Secte?

 

Le nombre impressionne les faibles ou les démocrates, c'est la valeur individuelle qui compte.

D'où la nécessité de forger une élite forte, combative, formée, dotée d'objectifs précis. Aucun succès politique, révolutionnaire ou autre n'est possible sans passer par là.

 

L'auteur ne recommande pas pour autant de recourir à la violence politique. Car la Secte a toujours besoin d'épouvantails. Il ne prône pas non plus la révolution armée.

 

Alors?

 

La contre-offensive par Internet. La vidéo, le réseau social. La Secte n'a pas su contrôler ça.

 

Mais cela ne suffit pas:

 

On ne peut gagner sans convertir et structurer une part suffisante, critique, de l'élite intellectuelle, en rendant la compromission sectaire infâme - et payante l'hérésie. C'est ici que nous trouverons nos capitaines susceptibles de faire basculer le pays.

 

Tout se joue dans une guerre au centre de gravité:

  • Celui de l'hérétique: le moral.
  • Celui de la Secte: son emprise morale.

 

L'hérétique doit rester debout, afficher force et moral d'acier, en toute circonstance. Voilà le plus important. Ce qui n'exclut pas la souplesse tactique.

 

L'hérétique doit résister à l'emprise de la Secte, contester son pouvoir en montrant combien sa politique est suicidaire, combien ses crises activistes nous révulsent, combien ses impôts relèvent du banditisme organisé:

 

Montrons sa puissance mauvaise, sa nature perfide. L'adepte, quel qu'il soit, doit être radicalement déconsidéré. Pas crédible. Pas audible. Seulement nuisible.

 

L'hérétique doit incarner la porte de sortie: une offre alternative de puissance, libre et assumée.

 

Autrement dit:

  • L'hérésie est identitaire et refuse l'universalisme de la Secte qui se traduit par l'immigration de quantité, toujours nuisible à une société.
  • L'hérésie est libérale: dans un pays vraiment libéral, l'État serait petit, ne pourrait s'endetter, ni octroyer de privilèges, ni extorquer des sommes délirantes aux travailleurs et entreprises, ni "redistribuer" cet argent, placer les amis, manipuler la monnaie, les marchés et les prix, ni entretenir une caste corrompue, [...] ni forcer les gens à financer tel service, média ou comique.

 

L'hérétique doit démonter les leurres et les chausses-trappes de la Secte, qui lui ont servi, ou lui servent, à infliger toujours plus d'État, moins de libertés:

  • le réchauffement climatique,
  • le féminisme,
  • le wokisme,
  • la covid.

 

CONCLUSION

 

L'hérétique doit incarner une offre de puissance radicalement alternative, qui ne passera que par l'accomplissement et la grandeur, admettre que le combat sera sans fin, en partant de l'individu jusqu'au monde entier, adhérer aux commandements de la force, se mobiliser pleinement:

 

Voilà le putsch des consciences, la sécession domestique. Le coup d'État contre soi. La stratégie la plus payante, de très loin. Si tu ne gagnes pas, tu y gagneras.

 

Francis Richard

 

1 - Obertone signifie ton supérieur.

2 - Javier Milei la désigne par castaÀ son propos, l'auteur dit: Milei a sa tronçonneuse, j'ai ma hache. Plus précis, jamais en panne...

3 - Tout le monde ne peut pas l'être...

 

Guerre, Laurent Obertone, 256 pages, Magnus (sortie le 26 septembre 2024)

 

Livres précédents:

 

La France Orange Mécanique (2013)

Utoya (2013)

La France Big Brother (2015)

Guerilla I, le jour où tout s'embrasa (2017)

La France interdite (2018)

Guerilla II, le temps des barbares (2019)

Éloge de la force (2020)

Game over (2022)

Guerilla III, le dernier combat (2022)

Raisonnablement sexiste (2023)

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

Partager cet article
Repost0
25 août 2024 7 25 /08 /août /2024 19:00
L'Occident déboussolé, de Jean-Loup Bonnamy

En s'accusant de tous les maux, l'Occident peut ainsi rester au centre du jeu. Lorsqu'il était le plus fort, il se glorifiait de tout; maintenant qu'il se rétracte, il s'accuse de tout; dans les deux cas, il se pense comme l'unique acteur responsable et dénie aux autres civilisations toute action autonome.

 

Si Jean-Loup Bonnamy parle dans ce livre de L'Occident déboussolé en général, il se penche en particulier sur le cas de la France et fait le tour des causes et formes de ce déboussolement.

 

L'IMMIGRATION, STADE ULTIME DU COLONIALISME

 

Les Français, en majorité, ne veulent pas que l'immigration se poursuive. Mais le patronat et la gauche s'allient pour la soutenir et la favorisent.

 

Le patronat veut bénéficier d'une main d'oeuvre bon marché - et de nouveaux consommateurs - dans le bâtiment, le nettoyage, le gardiennage ou l'aide à la personne:

 

Ce n'est pas parce que les Français refusent de faire ces métiers qu'on fait appel à l'immigration. C'est parce qu'on fait appel à l'immigration qu'ils ne veulent plus exercer ces métiers.

 

La gauche fait montre d'un esprit missionnaire et emploie un discours moralisateur:

  • L'esprit missionnaire se manifeste sous la forme du discours antiraciste et du discours immigrationniste.
  • Le discours moralisateur et les sentiments généreux empêchent toute critique de cette nouvelle colonisation.

 

LES IMMIGRÉS VICTIMES DE L'IMMIGRATION

 

Un grand nombre d'immigrés sont les victimes de l'immigration telle qu'elle est pratiquée:

  • Ils sont déracinés et le sont d'autant plus que le pays qui les accueille rejette ses propres racines et sa culture.
  • Ils ne sont pas assimilés parce que le pays qui les accueille ne fait rien pour qu'ils le soient et les incite plutôt à faire valoir leur droit à la différence:

 

La vision française, assimilationniste et anti-communautariste, est le contraire du racisme: elle considère que tous les Français sont égaux, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, sans distinction d'origine, de couleur de peau ou de religion. 

 

LE NÉO-ANTIRACISME ET LE NÉO-LIBÉRALISME

 

L'auteur écrit, sans rire, que la gauche est devenue capitaliste et libérale sous la présidence de François Mitterrand, après l'échec de sa relance keynésienne et a adopté ce qu'il est improprement convenu d'appeler le néo-libéralisme, qui n'a rien de libéral:

 

La question identitaire efface désormais la question sociale, tandis que la gauche abandonne la lutte des classes pour l'antiracisme, le social pour le sociétal, la défense des ouvriers pour celle des minorités.

 

La gauche, pour continuer d'exister, a effectivement changé de clientèle électorale.

 

En développant  l'État-providence1, qui est intrinsèque au socialisme - l'égalisation des conditions par la redistribution - elle est, entre autres, responsable des délocalisations et de la désindustrialisation et, par voie de conséquence, de l'affaiblissement du monde ouvrier par l'augmentation des coûts salariaux. 

 

L'auteur parle de dégâts de la mondialisation, mais il conviendrait de parler plutôt de dégâts du mondialisme, dont l'Union européenne, telle qu'elle s'est construite, est l'expression, puisque les entreprises des pays membres y ont été affaiblies face à la concurrence internationale par taxes et réglementations...

 

L'ISLAMO-GAUCHISME

 

L'acte fondateur de l'islamo-gauchisme - Bonnamy a raison - remonte à plus d'un siècle, quand les Bolcheviks, en 1920, à Bakou, ont envisagé de s'allier avec l'Orient - essentiellement le monde musulman - pour abattre l'Occident capitaliste et colonialiste.

 

Cette alliance a été réactivée à la fin des années 1980. Mais elle se heurte au conservatisme sociétal des populations issues de l'immigration extra-européenne et braque les classes populaires autochtones qui se tournent vers le populisme... 

 

Bonnamy a raison de dire que, pour combattre l'islamo-gauchisme, il faut éviter deux écueils:

  • affirmer que l'islamisme n'a rien à voir avec l'islam,
  • penser que l'islam se résume à l'islamisme.

et qu'il faut profiter des divisions internes profondes du monde musulman.

 

LE WOKISME

 

"Woke" est le mot sur toutes les lèvres. Signifiant "éveillé" en anglais, il désigne un courant politique qui entend déconstruire les fondements de la société occidentale, perçue comme oppressive. Les militants wokes promeuvent la théorie du genre ainsi qu'un féminisme radical, dénonçant le "racisme systémique" et le "privilège blanc".

 

Ce courant, né dans les universités américaines, est contraire aux Lumières en ce sens qu'il considère la rationalité comme une construction sociale destinée à imposer et promouvoir la "suprématie blanche" et dans leur lignée en ce sens qu'il reprend la promesse d'émancipation et l'utopie de l'égalité parfaite, propres à l'Occident.

 

Les wokes parlent de deux sujets en permanence: le sexe et la race, sujets qui obsèdent de manière névrotique le puritanisme américain.

 

Bonnamy remarque: alors qu'il fustige la domination blanche, le wokisme est un mouvement exclusivement occidental, auquel le reste du monde demeure rétif:

 

Le plus surprenant est que la gauche radicale française, courant radicalement anti-américain il y a encore dix ans, a non seulement mis cette thématique en sourdine, mais s'est totalement convertie à cette réthorique woke.

 

CONCLUSION

 

Il faut:

  • réduire drastiquement l'immigration: pour leur bien et celui de tous, les immigrés doivent s'assimiler ou partir,
  • opérer un redressement intellectuel et moral,
  • faire preuve d'autorité pour être respecté,
  • ne pas s'auto-flageller, ni se repentir,
  • respecter toutes les cultures, y compris la sienne,
  • accepter d'être une civilisation ni pire ni meilleure que les autres,
  • ne plus s'ingérer dans les autres peuples: respecter les autres chez eux, et se faire respecter chez nous.

 

Francis Richard

 

1 - Selon Bonnamy, il existe une incompatibilité profonde entre le modèle communautariste et l'idée d'un État-providence aussi généreux que celui de la France parce que l'excès de diversité culturelle sape la confiance et la solidarité au sein de la nation, comme s'il était justifié de parler de solidarité quand les solidaires de la nation française n'ont de toute façon pas le choix de ne pas l'être...

 

L'Occident déboussolé, Jean-Loup Bonnamy, 238 pages, Éditions de L'Observatoire

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

Partager cet article
Repost0
24 juin 2024 1 24 /06 /juin /2024 19:35
La raison est pro-vie, de Matthieu Lavagna

Le nombre d'avortements est très important chaque année en France comme dans le monde et l'on considère cette pratique comme étant de plus en plus anodine, sans vouloir trop se poser de questions.

 

Alors Matthieu Lavagna pose les questions que d'aucuns écartent d'un revers de main et y répond sans se servir d'arguments religieux, parce que La raison est pro-vie.

 

Pour ce faire, il part de faits scientifiques, que même des partisans de l'avortement ne nient pas. Certains d'entre eux en tirent d'ailleurs des conséquences inimaginables1.

 

Il se garde d'attaques ad personam, qui seraient d'ailleurs contre-productives, s'en tient p.ex. aux arguments que la raison permet de trouver à partir de la biologie.

 

Que dit la biologie?

 

Que l'embryon/foetus est un être humain, car il est un organisme vivant membre de l'espèce homo sapiens et que dès la fécondation il possède la totalité de son ADN.

 

Pour ceux qui l'ignoreraient:

  • L'embryon est un être humain en développement depuis sa conception jusqu'au stade où les principaux organes sont formés (c'est-à-dire jusqu'à la 8e semaine de grossesse).
  • Le foetus 2 est un être humain en développement après les 8 premières semaines de grossesse jusqu'à la naissance.

 

En fait, l'avortement tue directement et volontairement un être humain innocent et n'interrompt pas seulement la grossesse: la césarienne interrompt aussi la grossesse. 

 

Âmes sensibles s'abstenir: l'auteur décrit par le menu les différentes méthodes d'avortement en fonction des divers stades de grossesse et n'occulte donc rien de la réalité de tels actes.

 

Le raisonnement qu'il tient est le suivant:

1 - Il est immoral (et il devrait être illégal) de tuer directement et volontairement un être humain innocent.

2 - Or l'avortement tue directement et volontairement un être humain innocent.

Conclusion: Donc l'avortement est immoral (et devrait être illégal). (par 1 et 2). 

 

L'auteur ne se contente pas de cet argument, il démonte les mauvais arguments aussi bien pro-avortement que pro-vie, puis entame le vrai débat sur ce qu'est l'être prénatal.

 

L'auteur donne une définition objective de la personne qui n'est pas fonction de la taille, de l'environnement, du degré de dépendance ou bien du niveau de développement:

 

Une substance individuelle de nature rationnelle 3.

 

Cette définition s'applique à l'être prénatal, qui a la même dignité intrinsèque que les êtres humains après leur naissance, car il partage avec eux la même nature humaine.

 

Les arguments, sur la notion de personne, sur les différences, sur l'égale dignité des êtres humains, puis sur le risque de tuer un être innocent, militent contre l'avortement.

 

Le lecteur intéressé lira avec profit les raisonnements pro-vie que l'auteur développe sur les cas difficiles (viol ou inceste, handicap ou viabilité du bébé, ou mère en danger).

 

Quant aux catholiques l'auteur rappelle et explique pourquoi ils sont dans l'obligation morale d'être contre l'avortement non seulement à titre individuel, mais à titre général.

 

Avant de donner le mot de la fin à l'auteur, il convient de rappeler que ce qui est légal n'est pas forcément moral. Un exemple? Pendant longtemps l'esclavage était légal 4...

 

Comme l'auteur est français, il évoque l'inscription le 8 mars 2024 de l'avortement dans la Constitution française 5 :

 

Avec la constitutionnalisation de l'IVG, je suis bien conscient que l'abolition de l'avortement n'est pas pour demain, mais cela ne doit pas nous empêcher de lutter au niveau culturel et intellectuel. Même si notre génération 6 ne verra pas l'avortement aboli, nous le faisons pour les générations à venir.

 

Francis Richard

 

1 - Ils défendent l'infanticide.

2 - Le mot vient du latin et veut dire portée de petits.

3 - L'être en question doit avoir ses facultés cognitives naturellement ordonnées à la raison.

4 - L'esclavage a été aboli en France le 27 avril 1848.

5 - Voir mon édito du 4 mars 2024.

6 - Matthieu Lavagna a 25 ans.

 

La raison est pro-vie, Matthieu Lavagna, 280 pages, Artège

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

Partager cet article
Repost0
16 juin 2024 7 16 /06 /juin /2024 18:35
L'Effacement des mères, d'Eve Vaguerlant

Le refus ou le regret de la maternité s'inscrivent [...] dans un ensemble plus vaste qui comprend l'euthanasie, la sacralisation de l'avortement, la promotion d'une écologie qui conçoit l'espèce humaine comme une menace et verrait dans son extinction un bienfait pour la planète, la dévalorisation de toutes nos traditions jusqu'à la haine de notre culture, une immigration massive visant à remplacer nos populations vieillissantes, incapables de se reproduire et n'en ayant plus l'envie.

 

Dès son avant-propos, Eve Vaguerlant donne le contexte dans lequel s'est produit L'Effacement des mères en Occident. Comme elle est Française, elle dresse ce constat pour la France, mais c'est toute la civilisation occidentale qui est atteinte par ce nihilisme.

 

Les fondements idéologiques du rejet de la maternité se trouvent chez des féministes telles que Simone de Beauvoir, qui a eu des rapports difficiles avec mère, n'a jamais enfanté et s'en prend à la caractéristique biologique première du sexe féminin et aux femmes du passé.

 

Aujourd'hui elle aurait le soutien des écoféministes et des minorités LGBT, victimes autoproclamées, pour lesquelles le capitalisme serait responsable de l'exploitation des femmes et de la planète, ce qui conduirait à la surpopulation et à la destruction des ressources:

 

L'ennemi  commun [serait] le mâle blanc hétérosexuel catholique.

 

Écologie, néoféminisme, minorités, même combat contre l'homme responsable de l'asservissement de la Nature et de la femme, sauf que la nature est oubliée avec la sélection des foetus, l'IVG jusqu'au neuvième mois, la PMA sans père, la GPA, les bloqueurs de puberté...

 

Le rejet de la maternité va de pair avec l'ignorance de ce que le christianisme a apporté à la femme avec l'institution du mariage chrétien qui a libéré la femme de la menace de la répudiation et des humiliations de la polygamie et qui a fait d'elle la maîtresse de maison.

 

L'auteure fait, au passage, un rapprochement amusant, détaillé et éclairant, qui vaut le détour, entre le catharisme et l'écoféminisme: ce que révèlent les similitudes entre ces deux idéologies est la tendance nihiliste qui guette toute recherche excessive de pureté:

 

Les cathares voulaient s'extraire d'un monde jugé mauvais, pour tendre vers une vie de purs esprits; les féministes veulent aujourd'hui créer un être féminin entièrement désincarné, indépendant de toute donnée biologique; elles veulent épurer les rapports entre les hommes et les femmes, les rendre parfaitement lisses, vidés de toute pulsion du désir (du côté du mâle en tout cas), afin de les rétablir sur le mode du contrat.

 

Aujourd'hui le père, bien que parent et géniteur au même titre que la femme qui porte l'enfant, n'a pas son mot à dire si celle-ci veut avorter (le foetus [n'est plus] qu'une partie du corps de la femme). De même les féministes se soucient peu des conséquences psychiques:

 

  • L'avortement est un totem et un moyen de contraception.

 

(À la mode également, la stérilisation féminine et... masculine)

 

Aujourd'hui l'enfant est un poids pour l'individu émancipé et/ou un objet de consommation. Quand il ne convient pas aux attentes de ses parents, ces derniers, qui ne savent plus l'être et ne font plus preuve d'autorité, font appel à des experts médicaux ou pédagogues.

 

Les parents ne font dès lors que se mettre dans les pas de psychanalystes telles Françoise Dolto, pour qui, à l'instar de Jean-Jacques Rousseau, les enfants sont la proie des désirs de leurs parents et ne doivent surtout pas être transformés (comme eux?) en adultes:

 

  • L'adulte doit apprendre à se mettre à la place des enfants...

 

En conséquence, comme dans le domaine de l'éducation où l'autorité du parent est détruite, celle de l'enseignant l'est dans celui de l'instruction avec les résultats mirifiques obtenus par des enfants biberonnés à internet, alors que tout le savoir du monde serait à leur portée:

 

C'est l'enseignant qui doit intéresser l'enfant et non l'enfant qui doit s'intéresser.

 

L'auteure termine par un plaidoyer pour une politique nataliste, nécessaire du fait que les mères sont au travail. Tout en sachant bien l'importance de l'autonomie économique et financière dans la lutte pour l'indépendance des femmes, elle en déplore la résolution:

 

Le problème est que ce combat, tel qu'il a été mené, a contribué à nier la valeur du travail domestique - y compris l'éducation des enfants -, et a réduit la liberté des femmes à la possession de l'argent dans le cadre d'une société consumériste.

 

Le lecteur intéressé lira les propositions que l'auteure fait en matière de congé maternité, de congé parental et de garde de l'enfant, pour remédier à une situation sociale dramatique qu'elle attribue à l'individualisme moderne et à la déconstruction des structures familiales.

 

Qu'elle attribue l'individualisme moderne aux idéologies qui veulent sauver la planète ou s'attaquent aux structures familiales traditionnelles, ce n'est pas sans raisons, mais elle devrait ajouter qu'il est favorisé par un État qui se veut providence et qui déresponsabilise.

 

Francis Richard

 

L'Effacement des mères, Eve Vaguerlant, 192 pages, L'Artilleur

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

Partager cet article
Repost0
25 mai 2024 6 25 /05 /mai /2024 18:30
Transmania, de Dora Moutot et Marguerite Stern

Le 17 avril 2024, des affiches font la promotion de Transmania dans tout Paris. Sous la pression de la Mairie, en la personne d'Emmanuel Grégoire, Premier Maire adjoint, elles sont retirées le jour même.

 

Le motif invoqué? Ce livre serait transphobe, ce qui est devenu un délit:

 

La haine de l'autre n'a pas sa place dans notre ville. Paris n'est pas la vitrine de cette haine crasse, dit cet élu qui se déshonore en censurant, qui plus est sans avoir lu.

 

Sur le site du Ministère de l'Intérieur français, on peut lire, en date du 17 mai 2017, pour illustrer la Lutte contre l'homophobie et la transphobie1:

 

C'est l'article 1er de la loi n°2008-496 du 27 mai 2008 qui définit la discrimination comme une inégalité de traitement, un traitement défavorable, fondé sur un critère prohibé par la loi, dans un domaine tel que l’emploi, le logement, l’éducation, le service public, l’accès aux biens et aux services… L'identité de genre et l'orientation sexuelle font partie des 23 critères de discrimination, comme le sexe, l'âge, le handicap, l'apparence physique ou encore les opinions politiques et religieuses...

 

C'est là où l'on mesure à quel bas niveau la langue française est tombée. Car le suffixe phobie, officiellement, et dans les dictionnaires, est employé dans un sens erroné:

 

Étymologiquement, une phobie n'est pas une haine, mais une peur, ce qui n'est pas du tout la même chose.

 

Le manque d'exactitude se remarquait déjà avec l'emploi du mot xénophobie qui devrait plutôt se comprendre comme la peur de l'étranger, tandis que c'est la misoxénie qui est la haine de l'étranger, un mot juste nulle part en usage...

 

Ce livre est-il transphobe dans le sens admis aujourd'hui par les autorités et par la multitude de moutons, ou de veaux, pour employer l'expression du Général de Gaulle? Absolument pas.

 

Au contraire, les auteures ont de la compassion pour les personnes qui souffrent d'être mal dans leur peau d'homme ou de femme, même si la solution trans n'est pas, selon elles, la solution adaptée à leur souffrance.

 

Ce qui veut dire que le retrait des affiches est un abus de pouvoir. Cela n'est pas étonnant de la part d'un socialiste, pour lequel gouverner revient à taxer tant et plus, c'est-à-dire à voler, et à interdire ce qui lui déplaît, c'est-à-dire à priver de liberté ceux qui pensent mal.

 

Aussitôt arrivé à Paris, fin avril, j'ai passé commande de ce livre, qui serait sans doute bon à détruire par le feu selon l'édile totalitaire ou, au moins, à mettre en morceaux selon cet adepte d'Anastasie et de ses ciseaux.

 

Reçu juste avant mon retour en Suisse, j'ai emporté ce livre dans mes bagages pour le lire paisiblement dans mes pénates lausannoises. Un oukase ne suffit pas à m'empêcher de voir par moi-même: j'aime, au contraire, juger sur pièce2.

 

Le sous-titre du livre, lisible sur les affiches, explicite pourtant son contenu: Enquête sur les dérives de l'idéologie transgenre. Rien de transphobe, mais plutôt un souci d'éclairer le public sur ce que les auteures ont découvert.

 

Toutes deux étaient des féministes patentées - et le sont restées dans l'âme: Dora Moutot militait pour une sexualité féminine épanouie et Marguerite Stern contre les féminicides et les violences conjugales.

 

Sans se connaître, donc sans se concerter, chacune de son côté, elles ont osé dire qu'être une femme n'est pas un ressenti, mais une réalité biologique, que "naître dans le mauvais corps" ça n'existe pas et que les hommes n'ont rien à faire dans les vestiaires des femmes et les compétitions sportives féminines.

 

À partir de là leur mauvais sort était jeté. Toutes deux ont fait l'objet de harcèlements sur les réseaux sociaux, de violences ou de pertes de contrats dans la vraie vie. C'est ce qui a fini par les rapprocher et par les conduire à mener ensemble l'enquête sur l'idéologie transgenre.

 

Comme toute idéologie, qui est une singerie de religion, les deux auteures ont identifié dix commandements auxquels les affidés de cette mouvance sectaire obéissent, un décalogue en quelque sorte:

 

1 - "Une femme trans est une femme", tu répéteras.

2 - Le genre deviendra roi et le sexe, tu aboliras.

3 - L'autodétermination, tu prôneras.

4 - Dans le mauvais corps, tu naîtras.

5 - La rhétorique de l'inversion, tu maîtriseras.

6 - La terreur, tu sèmeras.

7 - Les espaces des femmes, tu coloniseras.

8 - Homophobe3 tu seras, "les lesbiennes aiment les pénis", tu martèleras.

9 - Les enfants, tu vampiriseras.

10 - Dans toutes les sphères de la société, tu t'infiltreras.

 

Aucun de ces commandements délirants ne sont des vues de l'esprit. Les auteures, au fil de leur enquête, les ont vérifiés et documentés précisément.

 

Certes, pour leur démonstration, elles ont créé un personnage fictif, Robert, qui a fait sa transition et est devenu Catherine:

 

C'est un archétype inspiré de différents témoignages pour t'expliquer [elles tutoient le lecteur] ce qui nous a choquées lorsque nous avons commencé à nous intéresser à l'idéologie transgenre, Mais Robert ne représente pas toutes les personnes trans. 

 

Quoi qu'il en soit cette fiction leur permet de dire ce qui se passe dans la tête de ce genre - désolé, cela m'a échappé - d'individu. Et leur livre suit les méandres de la progression de leur enquête effectuée pendant plusieurs années.

 

Il y a beaucoup de choses que révèle ce livre, qu'il est difficile de résumer tant il est dense et tant il fait le tour de la question que pose cette idéologie à la mode, qui passera, comme toutes les modes, non sans avoir fait des dégâts irréversibles dus:

  • aux bloqueurs de puberté;
  • aux prises d'hormones sur des années;
  • aux opérations chirurgicales aberrantes, dites de réassignation sexuelle:

- vaginoplastie chez les hommes (avec castration éventuellement),

- métoidioplastie ou phalloplastie pour créer un pénis chez les femmes,

- mammectomie (ablation des seins),

- modification des cordes vocales pour changer la voix chez les hommes et les femmes...

Etc. 

 

Parmi les sujets abordés, il y a l'intersexuation qui est une réalité biologique et qui résulte d'un problème génétique ne touchant qu'un très faible nombre de personnes:

 

Chez quelques rares individus, des anomalies génétiques résultant de la présence d'un chromosome surnuméraire [...] ou d'une mutation de certains gènes [...] embrouillent [le] processus de formation des organes génitaux, et des malformations apparaissent.

 

Quant à la dysphorie de genre4, elle pourrait avoir des causes biologiques, non identifiées à ce jour. Ce que l'on sait, c'est qu'elle résulte ou d'un malaise psychologique réel, qui est une véritable souffrance, ou de la contagion sociale.

 

Ce qui a peut-être le plus choqué les auteures, c'est la mise en application du neuvième commandement, énoncé plus haut, c'est-à-dire l'entrisme de l'idéologie transgenre dans les écoles, en susurrant aux enfants que c'est à eux de déterminer leur genre suivant le troisième commandement.

 

Je ne sais pas si les auteures sont croyantes, mais ce véritable détournement de mineurs, que combat fermement l'association SOS Éducation me fait penser à la parole du Christ:

 

Si quelqu'un doit scandaliser l'un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d'être englouti en pleine mer.

Matthieu XVIII, 5-6

 

Le lecteur découvrira comment le dixième commandement est mis en oeuvre, pas seulement à l'école, mais partout, et que l'idéologie transgenre est un formidable business, à tous points de vue, très lucratif.

 

Le lecteur s'interrogera avec les auteures sur le monde auquel l'idéologie transgenre voudrait nous préparer. Car la transmania n'est pas seulement un mouvement de lutte sociale pour les droits d'une minorité, c'est:

  • Un projet politique bien ficelé, qui instrumentalise les souffrances d'une minorité de personnes pour mener le monde vers un projet transhumaniste dont l'effacement du sexe n'est qu'une première étape.
  • Un projet qui renforce les stéréotypes de genre.
  • Un projet misogyne qui efface les femmes.
  • Un projet homophobe3 qui poussent les personnes homosexuelles à penser qu'elles devraient changer de sexe.

 

Bref, c'est un projet progressiste...

 

Francis Richard

 

1 - Au passage, on pourra s'étonner que les assemblées françaises, de plus en plus liberticides, légifèrent sur des sentiments, qu'il s'agisse de peur ou de haine (il est bien entendu légitime de combattre les incitations aux violences ou les atteintes à l'égalité en droit).

2 - Depuis mon enfance, j'ai une prédilection pour l'apôtre Thomas, qui ne croyait pas sans avoir vu, disposition d'esprit qui m'a été d'une grande utilité pour l'accomplissement de mes études scientifiques à l'EPFL.

3 - Au sens généralement admis, mais faux, de haine des homosexuels...

4 - Voir le livre de Nicole et Gérard Delépine.

 

Transmania, Dora Moutot et Marguerite Stern, 400 pages, Magnus

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

Partager cet article
Repost0
26 avril 2024 5 26 /04 /avril /2024 18:00
Woke fiction, de Samuel Fitoussi

Furtivement, comme aurait dit feu Michel de Poncins, on instille aujourd'hui une idéologie liberticide via films et séries:

 

L'idéologie impose un cadre que l'imagination ne dépasse plus.

 

Quelle idéologie? Le wokisme, qui n'existerait pas...

 

La définition la plus succincte et la plus complète, me semble-t-il, qu'indirectement, Samuel Fitoussi donne de cette idéologie, se trouve dans une note, au bas d'une page, où il en énumère les thèmes privilégiés:

 

Privilège blanc, racisme systémique, intersectionnalité, continuum de violences, suprématie blanche, masculinité toxique, domination patriarcale, hétéronormativité, non-binarité, transidentité, décolonialisme, culture du viol, certitude que le wokisme n'existe pas, recontextualisation des classiques, combat contre le mâle blanc de plus de 50 ans...

 

Cette idéologie, comme toute singerie de religion, veut non pas observer le réel, mais imposer sa version du réel et un nouvel ordre moral: il y a ce qu'il est devenu interdit d'écrire et ce qu'il est devenu obligatoire d'écrire.

 

S'opposer à cette idéologie requiert du courage pour tous les producteurs, réalisateurs, acteurs, techniciens. Si on veut faire carrière dans l'audiovisuel, il faut en effet afficher son adhésion à l'idéologie woke.

 

Les libertés de créer, de tourner, de choisir et de jouer un rôle, etc. n'existent plus. Il faut se soumettre aux diktats des puissants promoteurs du secteur, tels que Apple TV, Disney, Marvel, Netflix ou Prime Video:

 

Une oeuvre n'est plus jugée pour elle-même (comme le préconisait Marcel Proust en littérature) mais pour ses effets potentiels.

 

Comme toutes les idéologies, qui singent la civilisation judéo-chrétienne, le wokisme a ses commandements, qu'il convient de respecter si l'on ne veut pas être exclu du milieu audiovisuel et encourir la mort sociale...

 

Contrairement aux juifs et aux chrétiens, qui doivent en observer dix, l'auteur n'a discerné que huit commandements, en dehors de l'observation desquels il n'y a plus de salut aujourd'hui dans le monde de l'audiovisuel.

 

1 - Tous les héros seront vertueux

 

On retrouve avec ce commandement les deux visions du monde: la vision tragique de la nature imparfaite de l'homme et la vision candide de sa bonté naturelle, qui serait pervertie par la société, par les institutions.

 

Pour rééduquer l'homme, la fiction doit le montrer non pas tel qu'il est individuellement, en proie au conflit intérieur entre le bien et le mal, mais tel que les militants wokes décident qu'il devrait être en société.

 

2 - Tes minorités seront discriminées

 

Il faut prendre conscience que l'homophobie, le racisme et la misogynie ne sont pas l'exception mais la norme dans la société occidentale. Aussi le rôle de la fiction est-il d'instruire le procès de celle-ci et de rééduquer.

 

3 - Tu effectueras un découpage identitaire de la société et tu la "représenteras"

 

Les oeuvres de fiction sont donc sommées de "représenter" la société, c'est-à-dire d'inclure des acteurs ou personnages issus de tous les "groupes" qui la composent.

 

Les groupes? Femmes, groupes ethniques, particulièrement s'ils sont sous-représentés, LGBTQ+, personnes souffrant de handicaps cognitifs ou physiques, sourdes ou malentendantes.

 

Représentés? Comme dit plus haut ces groupes doivent l'être aussi bien chez les acteurs et personnages que chez les directions et équipes de projet, chez les accès et opportunités dans l'industrie du cinéma, chez les équipes de développement de l'audience.

 

4 - Tu ne pratiqueras pas l'appropriation culturelle

 

Qu'est-ce que l'appropriation culturelle? L'utilisation d'éléments perçus comme appartenant à une culture par les membres d'une autre culture.

 

Ce sera le cas si des dominants incarnent des dominés, alors que des dominés jouant des dominants ne posent pas de problème...

 

Les dominants? Homme, blanc, cisgenre, hétérosexuel, valide, indice de masse corporelle inférieur à 27, chrétien.

 

5 - Tu ne proposeras pas de stéréotypes de genre

 

Selon la théorie queer, les hommes et les femmes seraient identiques. Le genre serait une construction sociale.

 

L'indifférenciation sexuelle est un déni de la science. Entre les hommes et les femmes, il y a une asymétrie physique, psychique, comportementale:

 

Puisque les hommes et les femmes n'ont en réalité pas exactement les mêmes aspirations et les mêmes centres d'intérêts, la suppression de toute forme d'asymétrie entre les sexes n'est pas conciliable avec le respect des volontés individuelles.

 

Cela correspond à un refus de voir devant soi des individus plutôt que des représentants interchangeables de différents groupes. Toujours ce découpage en groupes...

 

Le langage inclusif en est l'illustration: Lorsqu'on s'adresse à tous et à toutes, on s'adresse à des femmes et à des hommes [on les découpe]. Lorsqu'on s'adresse à tous, on s'adresse à un ensemble d'individus indifférenciés (il se trouve que certains d'entre eux sont des femmes, d'autres des hommes, comme il se trouve que certains d'entre eux sont blonds, d'autres bruns).

 

6 - Tes personnages non blancs seront gentils, tes personnages blancs, méchants

 

Pourquoi ce commandement? Parce que, selon le narratif du militant woke, le Blanc est oppresseur et le non-Blanc, victime. Le corollaire est que le Blanc est intrinsèquement raciste et ne peut pas être, lui, victime, a fortiori de racisme.

 

7 - Tu haïras les hommes

 

Chez les wokes, la critique d'une femme est souvent assimilée à du sexisme tandis que la mise en accusation du sexe masculin dans son ensemble est encouragée.

 

Les hommes sont considérés en bloc. Qu'est-ce que le patriarcat, sinon l'entreprise collective des hommes reconnue pour accabler les femmes?

 

Dans l'esprit woke, ne pas être misandre, c'est être misogyne. La fiction d'aujourd'hui observe ou doit observer ce précepte et être envahie par la misandrie woke.

 

8 - Tu déconstruiras les normes: hétérosexualité, minceur, identité de genre, blanchité

 

Comme vu ci-dessus le genre serait une construction sociale. Il en serait de même des autres normes. Or, que doit-on faire d'une construction sociale? La déconstruire.

 

Pourquoi? Parce que sinon le monde ne serait pas tel que l'on voudrait qu'il soit et parce que l'on considère que ceux qui dévient d'une norme statistique sont automatiquement des opprimés.

 

Alors, dans la fiction doivent être déconstruites, par exemple:

  • l'institution du couple: il existe d'autres modèles, le trouple ou le polyamour;
  • l'identité: on peut être né dans le mauvais corps, c'est la transidentité.

 

Le cas Bac Nord

 

Après avoir fait le tour des huit commandements wokes, l'auteur examine le cas Bac Nord, un film fustigé par les militants wokes qui trouvent inadmissible de présenter la police positivement.

 

Car le wokisme est une condamnation de nos institutions dans leur ensemble, lesquelles sont à l'origine de tous nos maux. La criminalité serait une de leurs conséquences. Pour y remédier, il suffirait de supprimer la police et les prisons, et de recourir au social et à l'éducation: toujours la vision candide...

 

Conclusion

 

Il ne faut pas être dupe. Le wokisme se déguise en causes irréfutables, avec lesquelles il est impossible d'être en désaccord: "diversité", "inclusion", "justice sociale", "féminisme", "antiracisme", "combat pour les droits LGBT".

 

Mais le wokisme ne les entend pas dans le sens commun et censure ce qui lui déplaît. Il politise la culture1, ce qui conduit à son abêtissement:

 

La fiction - autrefois antidote à l'archipélisation de nos sociétés -est devenue elle-même archipélisée, elle-même source de division et de polarisation.

 

Francis Richard

 

1 - Le langage politique, écrivait George Orwell, est conçu pour donner à des mensonges l'apparence de la vérité et au meurtre des airs de respectabilité.

 

Woke fiction, Samuel Fitoussi, 384 pages, Le Cherche Midi

 

NB

À l'appui de ses dires, l'auteur donne de nombreux exemples de films et séries sortis ces dernières années: édifiant.

 

Sur le wokisme:

Comprendre la révolution woke, Pierre Valentin, Gallimard

 

Sur la victimisation:

Je souffre, donc je suis, Pascal Bruckner, Grasset

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

Partager cet article
Repost0
7 avril 2024 7 07 /04 /avril /2024 21:45
Je souffre donc je suis, de Pascal Bruckner

Le sous-titre de l'essai de Pascal Bruckner est explicite: Portrait de la victime en héros. L'époque a ainsi les héros qu'elle peut: Dis-moi quelles sont tes victimes de prédilection et je te dirai qui tu es. René Descartes disait : Je pense donc je suis. Fini. Maintenant il convient de dire avec l'auteur: Je souffre donc je suis.

 

On pourrait interpréter cette phrase ainsi: Je souffre, donc je suis un être vivant qui ressent les choses, mais non, il faudrait plutôt se dire: Je souffre, donc je suis une victime, que les autres sont priés de plaindre, voire de dédommager, parce que mes réussites je me les dois tandis que mes échecs, je ne les dois qu'aux autres.

 

Les Lumières et la Révolution promettaient un monde meilleur débarrassé du fatalisme et du fanatisme. Il s'agissait de poursuivre frénétiquement le bonheur sur terre et non plus le salut dans un au-delà hypothétique. La vie est effectivement devenue plus facile pour les hommes d'aujourd'hui que pour leurs prédécesseurs.

 

Du coup, la moindre difficulté leur est devenue intolérable et ressentie comme une souffrance, a fortiori quand elle affecte le bien-être ou la santé, érigés en norme minimale, si bien que toute souffrance, qui contribuait à la rédemption avec le christianisme, doit maintenant être l'objet de réparation en droit moderne.

 

La novation est que l'on puisse s'affirmer aujourd'hui victime héréditaire. Il suffit pour cela que l'on ait, dans ses ascendants, des membres de peuples1 ou de communautés asservis, enchaînés, exterminés, même des siècles après. À ce moment-là, en tant que victime, on veut obtenir réparation pour sa misère présente.

 

Ses ascendants, sauf s'ils sont Juifs2, ont été la cible d'un génocide? Parfait: L'Holocauste reste une référence juridique capable d'accueillir tous les réprouvés, tous les martyrs. Chauvinisme d'un côté, hospitalité universelle de l'autre: nous ne sommes pas sortis de ce dilemme qui est à lui seul une bombe à retardement.

 

Le statut de victime permet de détenir potentiellement tous les droits, surtout celui d'accuser et d'opprimer au nom de sa blessure. La victime pourrait se rendre justice, quelle que soit sa blessure: une tentative de viol, un meurtre, un génocide. Car toute distinction dans les crimes nous semble relever de la complaisance.

 

Il est patent que l'évocation des atrocités d'antan nous rend aveugles à celles d'aujourd'hui: justement, de nos jours, les grands massacreurs procèdent au nom de la justice, des opprimés, de la morale, de Dieu. Or il n'est qu'une manière de réparer les crimes du passé, c'est de prévenir leur répétition dans le présent.

 

Si toute religion, dans une démocratie, est blâmable, il en est cependant une seule qui échappe à l'examen et c'est l'islam: La captation victimaire n'arrête jamais; quand il est minoritaire dans un pays, l'islam se dit opprimé. Quand il est majoritaire, il tient les autres religions sous tutelle, les tracasse ou les pourchasse. 

 

À propos de souffrance, l'auteur précise que quand on a des raisons de vivre, on a des raisons de souffrir et de se battre pour ce qu'on aime. Victime, tout le monde peut l'être un jour. Aussi ce n'est pas de la condition de victimes qu'il faut sortir mais de la victimisation comme mentalité. Il ajoute à l'adresse des victimaires:

 

La plus belle vengeance est celle où l'on triomphe sans humilier l'autre.

 

Il ne faut pas se leurrer: Le héros est bien l'antithèse de la victime. Alors que la victime subit, le héros agit. En tentant l'impossible, il réussit. Mais, prévient l'auteur, attention de ne pas nous barbouiller de sublime: la vie quotidienne ne tient que par les anti-héros, ces héros de l'ombre que sont soignants, parents ou éducateurs:

 

La vie collective ne tient que par ce ciment invisible, cet instinct presque animal qui soude les humains les uns aux autres dans le bain tiède de la bienveillance et du secours aux plus démunis.

 

La victimisation nous guette si nous ressassons nos problèmes: cela nous interdit de distinguer le transformable qui relève de notre seule volonté de l'immuable qui ne dépend pas de nous. Aussi devons-nous identifier notre plus grand ennemi: il est en nous et il s'appelle l'affolement, la haine de soi, la complaisance au malheur.

 

Francis Richard

 

1- Tous les peuples, tous les empires, sont capables de la même ignominie, telle est la terrible vérité que nous affrontons depuis les indépendances: le seul tort de l'Occident est d'avouer ses forfaits quand les autres les dissimulent.

2 - On garde le nom de la catastrophe devenue une coquille vide mais on en expulse les Juifs et les Tziganes pour prendre leur place.

 

Je souffre donc je suis, Pascal Bruckner, 320 pages, Grasset

 

Livres précédents:

 

Le mariage d'amour a-t-il échoué? (2010)

Le fanatisme de l'apocalypse (2011)

La maison des anges  (2013)

La sagesse de l'argent (2016)

Un racisme imaginaire - Islamophobie et culpabilité (2017)

Une brève éternité (2019)

Un coupable presque parfait (2021)

Le sacre des pantoufles (2022)

Partager cet article
Repost0
9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 21:00
Comprendre la révolution woke, de Pierre Valentin

Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire viennent aisément.

Étienne Boileau

 

Dans le cas présent, Comprendre la révolution woke est tâche redoutable parce qu'elle échappe à la conception des choses du commun des mortels.

 

Donner une définition de cette idéologie relève de la gageure et on peut dire que Pierre Valentin s'en sort bien compte tenu des contradictions de celle-ci:

Premièrement le mouvement woke n'existe pas; deuxièmement il a toujours existé, c'est ce qu'on appelle le progressisme; troisièmement, c'est une révolution formidable.

Eugénie Bastié (Dénoncer le wokisme: une panique morale?, Le Figaro, 26 novembre 2021)

 

Ce qui caractérise donc cette idéologie de l'éveil, c'est:

  • Le refus de l'étiquetage, pour qu'il soit impossible de la combattre;
  • La pure négation de tout, pour détruire tout (ou tout déconstruire): le relativisme est vrai;
  • Le désir d'unité alors qu'elle recouvre des mouvements disparates, voire opposés (par exemple: racialisme et antiracisme): dans LGBTQI, LG et B (lesbiennes, gays, bisexuels) supposent encore deux sexes, ce qui n'est pas le cas de T (trans) ni de Q (queer), quant à I (l'intersectionnalité), il représente l'opposition à la norme dominante.

 

En fait la révolution woke repose sur trois valeurs:

  • La diversité qui n'est pas pluralisme mais volonté d'affaiblissement des occidentaux, blancs, valides, mâles, et défense1 des bonnes minorités, les noirs par exemple, contre les mauvaises, les juifs ou les asiatiques, accusées aux USA d'être proches de la blanchité: une discrimination présente serait un remède contre les discriminations passées;
  • L'inclusion qui revient à tout inclure, c'est-à-dire à ne rien inclure;
  • L'équité qui est négation de toute notion de mérite, d'excellence, de compétence.

 

Cette révolution a en fait pour but de renverser le système en le reproduisant à l'envers, à faire de l'idéologie des dominés l'idéologie dominante, à devenir de plus en plus radicale, et, pour gagner, de se prétendre [perdante], c'est-à-dire avancer masquée, tout en punissant l'Occident de ne pas se montrer vertueux comme elle le souhaite:

La pureté, étant par nature insatiable, requiert des sacrifices toujours plus importants.

 

Quel est le profil d'un jeune dominant intoxiqué par la révolution woke?

  • Il croit en un monde nocif;
  • Il est guidé par le subjectivisme et l'émotion;
  • Il a une vue binaire de l'humanité: il y a des dominants et des dominés;
  • Il a été surprotégé dans son enfance; 
  • Il demande à être toujours plus protégé;
  • Il a recours à la délation quand il se sent en danger et concourt ainsi à la société de surveillance;
  • Il se vante d'être conformément vertueux, ce que l'auteur appelle le signalement de vertu;
  • Il s'excuse de façon ostentatoire s'il est blanc;
  • Il ne s'émerveille jamais;
  • Il n'éprouve pas de gratitude.

 

Quelle est la généalogie de cette idéologie mortifère et sectaire2? L'auteur montre les rôles joués, entre autres, par Michel Foucault, Judith Butler ou Herbert Marcuse, qui ont réussi à créer du ressentiment chez les dominés et de la culpabilité chez les dominants. Mais, aujourd'hui, leurs héritiers sont remis en cause par d'autres gens de gauche:

On assiste au spectacle étrange de gauches qui se traitent de droites, trahissant par là le fait que pour elles la pire injure qu'elles possèdent dans leur arsenal sémantique, et qu'elles sont prêtes à en user coûte que coûte, quitte à céder aux falsifications intellectuelles les plus évidentes.

 

Comment l'auteur voit-il l'avenir?

Optimiste, il dit: il ne s'agit pas de savoir si l'idéologie woke s'autodétruira, mais quand.

Pessimiste, il se dit que les jeunes dominants nourris au sécuritarisme woke pourraient, une fois pleinement aux manettes, faire de la France un campus géant; un parti de gauche mais en plus grand; un microcosme à l'échelle d'une nation; un immense "safe space", c'est-à-dire en pratique un espace où personne n'est à l'abri. 

 

Comment en sortir?

Pour éteindre préventivement la tentation de ce ressentiment minoritaire, ainsi que de la culpabilité majoritaire, il n'existe guère de meilleurs chemins que d'apprendre à ressentir de l'amour pour son pays de diverses façons.

[...]

Si l'émerveillement et la gratitude [...] tapissaient nos âmes plutôt que le ressentiment et la culpabilité, nous aurions bien d'autres débats, et des jeux bornés par bien d'autres règles.

C'est uniquement en suivant ce chemin que nous pourrons mettre fin à cette révolution qui possède pour négation son accomplissement, pour anéantissement son but, pour fin sa fin.

 

Francis Richard

 

1 - Cette idéologie cherche plus à accabler un certain type de coupable qu'à défendre un certain type de victime.

2 - La hantise de l'homme est de ne "plus être dans le coup".

 

Comprendre la révolution woke, Pierre Valentin, 224 pages, Gallimard

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

Partager cet article
Repost0
10 novembre 2023 5 10 /11 /novembre /2023 23:55
Féminicène, de Véra Nikolski

Jusqu'à il y a quelque 150 ans le monde entier vivait sous le régime d'une domination exclusive des hommes, dont l'ampleur était sans commune mesure avec les reliquats de sexisme et de discrimination qu'on rencontre jusqu'à aujourd'hui dans nos sociétés.

 

Qu'est-ce qui explique ce régime de domination universel? la division sexuelle du travail:

 

Le très faible rendement du travail humain oblige nos ancêtres à exploiter au maximum les avantages comparatifs de chaque sexe, pour assurer la survie et réussir à élever les enfants, qui, chez les humains, restent exceptionnellement dépendants des adultes.

 

Les luttes féministes ne sont pour rien dans le changement qui s'est opéré il y a 150 ans:

 

Pour la première fois de l'histoire, les humains vivent, dans un nombre croissant de pays, dans un monde où les différences physiologiques entre les hommes et les femmes cessent d'avantager démesurément les premiers et de désavantager les secondes.

 

Qu'est-ce qui a changé et rendu la marche des femmes vers la liberté possible?

 

Certes le rôle des idées, avec les Lumières, n'est pas nul, mais ce sont surtout les bouleversements matériels qui ont transformé le mode de vie des humains. L'ère des énergies fossiles va permettre une généralisation des procédés technologiques sans précédent.

 

Le progrès technique, à l'origine de la révolution industrielle, et les productions d'énergies considérables, fossiles, hydrauliques, puis nucléaires, ont permis une explosion de la productivité. Car le rendement des machines est de loin supérieur au rendement du travail humain:

 

Dans le monde industriel et plus encore dans le monde postindustriel, la force physique, jadis indispensable pour assurer la survie face à la nature et à l'ennemi, perd toute importance - hors le sport et quelques professions manuelles.

 

L'émancipation des femmes résulte donc surtout du progrès technologique et de l'enrichissement de la société:

  • le travail domestique et le temps qui lui est consacré ont été réduits,
  • le progrès médical a diminué la mortalité infantile,
  • la plupart des métiers sont devenus accessibles: le capitalisme ne rend pas seulement le travail des femmes possible, il le rend nécessaire,
  • en outre, en France, les structures collectives de l'État-providence (qui auraient pu être assurées par le privé) ont été mises à leur disposition: sécurité sociale, crèches, écoles...

 

Sans cette amélioration de la condition des femmes, le discours idéologique qui l'accompagne, le féminisme, n'aurait tout simplement pas émergé...

 

Les acquis de la condition des femmes sont fragiles s'ils tiennent, comme le pense, à raison, l'auteure, aux conditions matérielles. Celles-ci pourraient, selon elle, à tort, être remises en cause par:

  • la raréfaction de l'énergie et des autres ressources naturelles1,
  • le changement climatique,
  • l'altération de l'environnement.

 

En cela, la vision de Véra Nikolski est conforme à la doxa. En effet, pour appuyer ses dires, elle se base principalement sur ce qu'en disent le Club de Rome, le GIEC et autres collapsologues, qui n'ont rien à voir avec la science et tout avec... la politique.

 

Toutefois, à l'avenir, les conditions matérielles pourraient effectivement être remises  en cause et, avec, les acquis de la condition des femmes, par:

  • un nouvel accroissement du périmètre des États, synonyme de bureaucratie et de technocratie inefficaces et dispendieuses,
  • des dépenses publiques considérables, inutiles et sans effet notable:
  1. pour développer les énergies dites renouvelables,
  2. pour diminuer les émissions de CO2, pour lesquelles il n'existe pas, comme elle le croit, de consensus scientifique sur leur responsabilité dans le réchauffement climatique, dont l'importance et les conséquences sont d'ailleurs surévaluées à des fins idéologiques...

Un appauvrissement généralisé par ces décisions étatistes, prises de connivence avec un capitalisme jouissant de privilèges indus, ne servira effectivement pas l'émancipation des femmes, bien au contraire.

 

Aussi l'auteure a-t-elle raison de dire que les femmes doivent se préparer à cette éventualité, rendue probable par l'aveuglement des décideurs politiques auxquels s'adresse, entre autres, le GIEC.

 

Dans une telle conjecture, l'un des conseils judicieux, qu'elle adresse aux femmes des générations qui la suivent, est non pas de se contenter de réclamer, mais de faire.

 

Que doivent-elles faire particulièrement?

 

Bien que, par nature, les femmes soient plus intéressées par les personnes et la communication et que les hommes le soient par les objets et leur systématisation, elles devraient s'intéresser davantage aux métiers scientifiques, techniques et militaires, parce qu'elles peuvent y exceller tout autant, voire mieux, que les hommes et que ce sera une nécessité pour elles si elles veulent conserver leurs acquis...

 

Pour sauver le Féminicène2, la lutte à mener consiste à comprendre les lois naturelles et historiques, et à travailler au maintien des conditions matérielles de l'émancipation.

 

Francis Richard

 

1 - Les énergies fossiles et les ressources naturelles sont très loin d'être épuisées et ne sont rien sans la créativité humaine.

2 - L'ère des femmes actuelle.

 

Féminicène, Véra Nikolski, 352 pages, Fayard

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2023 6 28 /10 /octobre /2023 19:45
La grande garderie, de Lisa Kamen-Hirsig

La grande garderie est paru à la rentrée scolaire en France. Son sous-titre est éloquent: Comment l'Éducation nationale sacrifie nos enfants. Prétendant éduquer, l'État monopoliste n'instruit même pas.

 

Lisa Kamen-Hirsig est maîtresse d'école - pardon, professeure des écoles - depuis vingt ans. Ce qu'elle dit de l'école en France est hallucinant pour qui, il y a quelques décennies, y a usé ses fonds de culotte.

 

Dans son avant-propos, elle rappelle ce qui est promis aux élèves - un mot proscrit aujourd'hui: ce sont des apprenants - quand ils entrent à l'école: Apprendre. Comprendre. Grandir. Devenir autonome.

 

Or ce sont des promesses non tenues aujourd'hui. Pourquoi? Parce que les hommes de l'État, omniscients, omnipotents, omniprésents, prétendent être les seuls à savoir ce qui est bon pour les petits Français.

 

L'État républicain ne veut pas que ces derniers connaissent leur histoire. Il préfère à la connaissance historique la frénésie commémorative, sélective puisque, par exemple, point de crimes de la Terreur:

 

Minimiser ou passer sous silence les crimes de la Terreur, ne parler que de droits de l'homme, d'égalité, de république et de tyrannicide, c'est normaliser le recours à la violence et au crime pour obtenir gain de cause.

 

L'État préfère au monde réel le monde virtuel, car il est plus facile alors de formater les esprits en leur faisant croire que, dans la vie, tout peut s'obtenir sans effort, en jouant, d'où le recours aux outils numériques.

 

Les enseignants et les élèves ne doivent plus employer d'autres méthodes que numériques, les autres méthodes sont considérées comme désuètes et inefficaces, alors qu'elles ont fait leur preuve naguère encore:

 

L'instituteur n'est pas un répétiteur, il enseigne aussi par son autonomie et par son désir.

 

Ces méthodes qui ont fait leur preuve? La progressivité, l'exercice, l'accumulation des savoirs, l'apprentissage par coeur de certaines connaissances utiles pour bâtir les suivantes et développer sa mémoire:

 

Les élèves viennent à l'école avec l'espoir d'apprendre, pas de "questionner". Si un enfant de sept ans pose des questions, ce sera après voir lu, vu, entendu quelque chose. Et il les posera à un adulte, pas au monde.

 

À l'école, l'État, au lieu d'instruire, impose son idéologie égalitariste, où les différences biologiques entre les sexes n'existent pas, où changer de sexe est une option: chacun peut décider d'être ce qu'il veut.

 

L'État ne veut pas que les élèves développent leur esprit critique. À la littérature classique il préfère donner à lire des textes accessibles et engagés: ne pas combattre l'ignorance, lutter contre les inégalités.

 

Il n'est donc pas surprenant qu'il encourage l'écriture dite inclusive, qui en réalité exclut les élèves en difficulté parce qu'elle est illisible et imprononçable: il faudrait au contraire leur enseigner l'étymologie.

 

Au lieu de quoi, l'État s'est donné pour mission de fabriquer un homme nouveau, passionné d'égalité et de pureté morale, ce qui a conduit jadis à la terreur révolutionnaire et au totalitarisme communiste.

 

L'État demande même aux enseignants de vérifier que leurs élèves propagent cette idéologie à leurs petits camarades et il n'est pas rare que d'aucuns tancent leurs chers parents de ne pas s'y conformer.

 

L'écologisme fait partie de l'idéologie officielle à transmettre, mis à toutes les sauces, y compris littéraires, et partout, de l'école primaire à l'université, grâce à de jeunes enseignants au cerveau bien lavé.

 

Bref l'État français fabrique bien un homme nouveau:

  • en infantilisant les élèves,
  • en leur demandant de se prononcer sur des sujets qu'ils ne maîtrisent pas,
  • en ne leur faisant pas respecter l'autorité qui repose sur l'intégrité et le savoir,
  • en leur inculquant de pseudo-sciences,
  • en ne laissant pas aux parents la liberté de choisir l'école pour leurs enfants,
  • en dévalorisant les garçons par rapport aux filles,
  • en décrétant que tous les élèves ont besoin de la même chose au même moment,
  • en privant de temps les élèves par des activités incessantes,
  • en faisant des enfants des gens lobotomisés devant des écrans, bien calmes, bien drogués, bien tranquilles,
  • en discréditant les métiers dits manuels,
  • en ne laissant pas les enfants prendre des risques,
  • en prônant le collectif contre l'individu, 
  • en utilisant un jargon, précieux et ridicule, qui [falsifie] le réel en interdisant ses manifestations linguistiques,
  • en ne transmettant pas le savoir: le savoir est une violence de classe.

 

Le résultat est désastreux, calamiteux. Le système scolaire français ne remplit pas sa mission qui se résume aux quatre verbes évoqués plus haut: Apprendre. Comprendre. Grandir. Devenir autonome.

 

L'auteure cite Frédéric Bastiat:

 

Le plus pressé, ce n'est pas que l'État enseigne, mais qu'il laisse enseigner. Tous les monopoles sont détestables, mais le pire de tous, c'est le monopole de l'enseignement.

 

Et d'encourager l'ouverture d'écoles d'un nouveau type, indépendantes et exigeantes, acceptant d'être évaluées et comparées objectivement et n'attendant aucune aide de l'État.

 

Francis Richard

 

La grande garderie, Lisa Kamen-Hirsig, 240 pages, Albin Michel

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

Partager cet article
Repost0
2 octobre 2023 1 02 /10 /octobre /2023 20:25
Raisonnablement sexiste, de Laurent Obertone

Tout le tapage du monde ne vaut rien si l'on est incapable d'émettre et de soutenir une opinion dangereuse.

 

Ce n'est bien sûr pas le genre de Laurent Obertone de se laisser intimider par la police de la pensée. N'en déplaise à Libération ou à Wikipédia:

 

Ce livre est d'abord une somme d'observations, étayées de centaines de lectures et d'études.

 

Qu'observe l'auteur? Que les hommes et les femmes sont différents, que, dès leur naissance, leurs différences sexuelles sont évidentes.

 

Ces différences sexuelles se manifestent par des comportements différents, déterminés par les hormones: Bref, il existe des hommes et des femmes.

 

En dépit de ce qui les oppose, ce qu'on appelle l'anisogamie, l'attirance sexuelle entre eux est suffisante pour qu'ils persistent à se reproduire.

 

L'homme s'est toujours battu, a toujours été agressif et violent, a toujours voulu le pouvoir. La femme a toujours séduit, intrigué et manipulé.

 

L'avoir présent à l'esprit permet de comprendre comment ils se choisissent, l'homme ayant besoin de la femme, qui, elle, est plus pratique.

 

Ils sont différents en matière de sexualité, de sentiments et de fidélité: l'infidélité étant plus sexuelle chez lui et plus émotionnelle chez elle.

 

L'auteur reproche au féminisme actuel non pas de revendiquer l'égalité de droits, mais l'égalité d'aptitudes et d'aspirations entre les sexes:

Une large part de la classe médiatique, universitaire, culturelle et politique, à savoir les classes moralement supérieures, se donne à fond dans ce projet.

[...]

Pour ce féminisme, découlant de l'existentialisme sartrien (merci Simone), les femmes sont manipulées par l'homme, alors que ça devrait être à l'État de le faire...

 

À ceux qui s'opposent à cette négation des différences innées, est jeté l'anathème de sexistes pour les empêcher de parler et de penser librement.

 

Dans la vraie vie, personne n'est égal à personne et c'est également le cas entre les hommes et les femmes, n'en déplaise au Monde et consorts.

 

Les inégalités entre eux sont, sauf exceptions, physiques, mentales, cognitives, et expliquent des inégalités sociales sans rapport avec le patriarcat.

 

Contester le dogme universitaire français, caractérisé par le refus idéologique de l'inné et l'ignorance de la biologie, est un crime de lèse-égalité.

 

L'émancipation des femmes? Un piège à cons:

  • Les femmes ont été mises au travail, qui, sauf exceptions, n'est pas valorisant;
  • Les femmes libérées sexuellement, multipliant les partenaires, sont dans la détresse affective et sociale;
  • Les familles éclatent;
  • Les hommes se démasculinisent;
  • Les élites n'ont plus d'enfants (contraception, avortement, suivi médical) et le niveau baisse:

Par sa com et ses aides, l'État incite les mieux adaptés (culpabilisés) à ne pas se reproduire, et les moins adaptés (déculpabilisés) à le faire davantage.

 

La baisse corollaire de l'intelligence se traduit par une baisse des niveaux de vie et de civilisation auxquels le remède serait l'État:

Le socialisme n'est qu'un moyen de légitimer l'État, le vol par l'impôt, le lavage des cerveaux. C'est la machine à sous électorale des politiciens et de leurs amis. En prétendant "venir en aide aux plus faibles" (c'est-à-dire en payant les gens qui échouent), l'État accroît son cheptel de dominés, et son emprise sur le pays.

 

Que faire?

  • La mesure la plus simple consisterait à suspendre à peu près toutes les politiques publiques et dépenses non régaliennes, mais la politique ne nous sauvera pas.
  • C'est le moment de prendre nos responsabilités. Oubliez l'événement, le coup d'État, le miracle ou le sauveur:

Montrons la nature humaine, la vilénie idéologique. Défendons l'altérité en cessant de la nier. Acceptons les règles de la vie. Voilà la véritable sagesse. Chacun doit cesser d'être victime, et faire ses preuves. 

 

Bref, la lutte doit [...] avoir lieu à l'échelon individuel.

 

Francis Richard

 

Raisonnablement sexiste, Laurent Obertone, 288 pages, Magnus

 

Livres précédents:

 

La France Orange Mécanique (2013)

Utoya (2013)

La France Big Brother (2015)

Guerilla I, le jour où tout s'embrasa (2017)

La France interdite (2018)

Guerilla II, le temps des barbares (2019)

Éloge de la force (2020)

Game over (2022)

Guerilla III, le dernier combat (2022)

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

 

Reproduit par l'IREF le 6 octobre 2023.

Partager cet article
Repost0
6 septembre 2023 3 06 /09 /septembre /2023 18:45
Un vélo pour Noël, de Pierre-Yves Maillard

Ce ne sont pas des mémoires, juste des histoires. Elles sont vraies, autant qu'un souvenir peut l'être. Je les ai vécues ou entendues de proches, qui m'ont aidé à les préciser. Elles m'ont marqué, instruit, alors j'ai eu envie de les raconter.

 

Dans l'avant-propos, dès la première phrase, Pierre-Yves Maillard annonce ce qu'est Un vélo pour Noël. Même si le lecteur n'a pas la même philosophie de la vie que lui, il ne peut qu'être intéressé, s'il est humaniste, par ce qui l'a marqué et instruit pour qu'il devienne le syndicaliste et l'homme politique socialiste qu'il connaît.

 

Car, au fond, on ne connaît que très peu de choses d'un homme tel que lui. On ne connaît que ce qu'en disent les médias et ce qu'on a pu retenir de manière bien imprécise de ses déclarations publiques. Raconter d'où il vient, les études et les rencontres qu'il a faites, est on ne peut plus révélateur de ce qui le fonde et de ce qu'il est.

 

Son grand-père maternel, Yves, est parti de chez lui à quatorze ans après avoir frappé le régent de son école. Xavier, dont le père a le plus gros domaine de la région, lui donne un jour sa chance alors qu'il est domestique chez de vieux paysans du village de son frère. Il devient le neuvième enfant de la famille, puis le gendre.

 

Si sa mère a des origines paysannes, celles de son père sont ouvrières. Son grand-père paternel, Alfred, qu'il n'a pas connu, maçon devenu contremaître, était un syndicaliste, mais chrétien. Aussi Pierre-Yves Maillard a-t-il eu une enfance entre ouvriers et paysans, dont la rivalité était réelle, mais qui s'est peu à peu estompée:

 

Je suis de ce monde du travail.

 

Pierre-Yves Maillard a habité le canton de Vaud, dans les quartiers populaires et immigrés, mais il a continué à fréquenter la campagne et son village d'origine dans le canton de Fribourg, pendant les vacances et les week-ends. Il était en quelque sorte étranger dans les deux lieux et a appris à ne pas juger trop vite les autres:

 

C'est la connaissance concrète des gens entre eux qui affaiblit les préjugés, pas les discours moralisateurs.

 

Ayant fait des études universitaires, il en retire des savoirs et de fortes amitiés, qui aident à passer les phases de doutes et emplissent l'année de moments heureux. Et continue son voyage enrichissant dans la société, acquérant un tour d'esprit sceptique, dans lequel il ne se laisse pas enfermer: il faut des convictions pour agir.

 

Comme son père, il respecte ceux qui reçoivent peu de la société et lui donnent beaucoup, constate que le travail rassemble et que les identités ont un pouvoir de division, en conclut que la seule force des perdantes et des perdants de toujours au casino truqué de notre système économique est l'union, se lance dans les combats.

 

Un tiers du livre est consacré à des récits de combats: ma cause, ce sera le service de ma classe sociale, se dit-il à la fin de ses études. Il n'est pas étonnant qu'il ne voie dans celle des entrepreneurs que poursuite de plus-values et de profits ou mauvaise gestion: il faut donc maintenir des emplois ou obtenir des plans sociaux.

 

Dans ces Petites histoires de la classe ouvrière, il serait injuste de ne pas reconnaître dans ses héros, hommes et femmes, du courage, de la détermination et de l'organisation. Ils ne font grève qu'en dernier ressort et font de réelles propositions d'amélioration et de développement quand ils sont possibles: on est bien en Suisse...

 

Mais le casino truqué dont l'auteur parle est une caricature du capitalisme qui est surtout prises de risques et qui, quand il n'est pas entravé par l'État et ses réglementations, ou quand il n'est pas de connivence avec les politiques, génère progrès et libertés comme l'histoire des deux derniers siècles le montre abondamment.

 

Francis Richard

 

Un vélo pour Noël, Pierre-Yves Maillard, 212 pages, Éditions de l'Aire

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
  • Contact

Profil

  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.

Références

Recherche

Pages

Liens