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6 septembre 2008 6 06 /09 /septembre /2008 10:10

Cette semaine nous avons appris par la radio suisse alémanique que Samuel Schmid avait menti. Il était au courant des poursuites pénales engagées contre Roland Nef (voir mon article Samuel Schmid est surtout toujours capable... de ne rien faire  ) bien avant le printemps 2007. En novembre 2006 précisément. Et il savait quel était leur objet, même s’il ne s’en souvient plus ou feint de ne pas s’en souvenir.

Pour sa défense le ministre de la défense avance des arguments qui démontrent qu’il est peut-être un brave homme mais qu’il n’a pas sa place au Conseil fédéral : il a oublié, il a trop fait confiance et il n’a pas attaché plus que cela d’importance à ce qui pour lui relevait de la seule sphère privée. Bref il s’est révélé totalement incompétent quand il s’est agi de recruter Roland Nef.

Dans un entretien accordé hier à 24 heures ( ici ) il reconnaît qu’il a la mémoire courte :  « J’ai en effet été informé oralement qu’il y avait une enquête préliminaire portant sur une affaire privée. A l’époque, Roland Nef n’était qu’un brigadier parmi d’autres qui n’était pas directement sous ma responsabilité. Je n’avais donc aucune raison spéciale de m’alarmer ».

Soyons gentil. Admettons que cette révélation n’avait pas une aussi grande importance à cette époque-là. Samuel Schmid ajoute : «  Lorsque la procédure de sélection du chef de l’Armée a débuté, en janvier, le nom de Roland Nef n’était pas encore sur la liste des papables. Il n’est apparu qu’en mars ou en avril. Et pendant la procédure, je n’avais plus cette enquête à l’esprit ».

Soyons encore gentil avec ce brave homme. Admettons qu’il lui était peut-être difficile de faire le rapprochement. Seulement il reconnaît lui-même que le brigadier lui a rafraîchi la mémoire : « Roland Nef m’a rendu attentif au fait qu’il y avait encore une procédure ouverte contre lui, portant sur une affaire émanant de la sphère privée, dans le cadre d’une séparation ». Cela aurait dû lui faire tilt. Pensez vous !

Il ne s’est pas montré plus curieux que cela. D’ailleurs il ne se souvient pas non plus des motifs des poursuites pénales. Les lui a-t-on seulement dit de manière spécifique ? « On m’avait dit en novembre qu’il s’agissait d’une enquête ouverte par le ministère public zurichois portant sur une affaire privée. A-t-on spécifié les motifs? Je ne peux pas le dire. Et au bout du compte, ce qui m’a importé, c’est le classement de l’affaire, qui est bel et bien intervenu avant l’entrée en fonctions ».

Or même si les poursuites relevaient de la sphère privée, elles avaient une importance pour apprécier la personnalité de celui qui était destiné à occuper le plus haut poste de l’armée. Comme il n’y a pas eu condamnation, mais conciliation, Samuel Schmid estime qu’il devait circuler et qu’il n’y avait rien à voir. Ce manque de curiosité montre sa naïveté.

Il se refuse, contre toute évidence, à croire ce que la presse a publié sur son protégé : « Si les faits publiés dans les médias à ce sujet sont exacts. Mais qui peut le dire? Je souligne une nouvelle fois que Roland Nef n’a pas été condamné. Ce n’était pas à moi, pendant la procédure, d’aller fouiller dans la vie privée d’un candidat, mais à la justice. C’est elle qui dispose des moyens nécessaires. Ce qui m’intéressait, c’était le résultat. »

Il reconnaît enfin qu’il a trop fait confiance : « Le reproche que l’on peut me faire, c’est d’avoir accordé trop de confiance. Est-ce une faute? Si tel est le cas, cela impliquerait que, dans notre société, la notion de confiance est ébranlée. Je rappelle par ailleurs que les compétences professionnelles du candidat choisi n’ont jamais été contestées ». Ce dernier aveu du ministre montre surtout qu’il est bien crédule pour le poste qu’il occupe et qu’il manque du discernement qui sied à sa fonction.

En tout cas, compte tenu de son incompétence, Samuel Schmid devrait démissionner. Lui seul peut décider de partir en cours de mandat. Il ne le fera vraisemblablement pas. Son incompétence consubstantielle lui interdit de se rendre compte que ce serait le meilleur service qu’il puisse rendre au pays. Pourtant comme le dit Jean-Jacques Roth dans son édito du Temps du 4 septembre :  « Tout ministre à sa place, dans une démocratie ordinaire, en tirerait les conséquences ».

Jean-Jacques Roth ajoute aussitôt : « Mais la Suisse est plus que jamais une démocratie extraordinaire, et le maintien de Samuel Schmid en pareilles circonstances, plutôt que de souligner sa solidité, en révèle l'affaiblissement. Le conseiller fédéral n'est sauvé, en effet, que par la peur commune aux partis de gouvernement de voir revenir aux affaires une UDC qui elle-même ne sait plus, de l'opposition ou de la participation, du dur ou du mou, quel destin choisir ».

Aux propos de l’éditorialiste du Temps j’apporterai un bémol : l’UDC n’a pas choisi l’opposition ; il y a été contrainte de par l’éviction de Christoph Blocher, qui selon les propos de Jean-Jacques Roth « entraînant celle de l’UDC, a figé l’ensemble du système ». L’UDC est prête à participer. Mais il faudrait que les autres partis soient davantage soucieux de l’intérêt du pays que de leurs propres intérêts. Ce qui ne semble pas être demain la veille.

Francis Richard

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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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