Steve Jobs est mort le 6 octobre dernier [sa photo provient d'ici]. L'oeuvre qu'il laisse derrière lui a fait couler beaucoup d'encre et continuera certainement de le faire.
Jusqu'à présent je n'ai rien écrit sur le sujet, laissant à d'autres plus compétents le soin de parler de tout ce qu'il a apporté au monde de l'information.
Je n'aurais certainement rien écrit sur le sujet si je ne venais pas de lire deux articles qui illustrent, par leurs points de vue diamétralement opposés, les propos de Frédéric Bastiat sur ce qu'on voit et sur qu'on ne voit pas en économie et qui permettent de distinguer les bons des mauvais économistes.
L'un a paru aujourd'hui dans Le Monde ici sous la plume d'un certain Sylvain Cypel que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, évidemment à ma grande honte...
L'autre ici est reproduit aujourd'hui sur le site de
l'Institut Constant de Rebecque et est signé Emmanuel Martin que je connais un peu pour l'avoir entendu cet été à
Aix-en-Provence ici et dont je recommande
les articles qu'il publie sur le site Un Monde Libre ici.
Frédéric Bastiat disait :
"Dans la sphère économique, un acte, une habitude, une institution, une loi n'engendrent pas
seulement un effet, mais une série d'effets. De ces effets, le premier seul est immédiat; il se manifeste simultanément avec sa cause, on le
voit. Les autres ne se déroulent que successivement, on ne les voit pas; heureux si on les prévoit."
Sylvain Cypel se demande dans son article si Steve Jobs créait des jobs - on appréciera le jeu de mots laid employé par le folliculaire mondain, qui n'en est d'ailleurs pas très
fier.
Après avoir remarqué qu'Apple a une des plus grosses capitalisations boursières au monde il souligne que l'Amérique ne produit plus et que l'entreprise californienne est à cette image, puisqu'elle se contente ... de concevoir et de commercialiser : l'Amérique ne contribue qu'à 6% du coût de fabrication d'un Iphone, Apple inclus, c'est tout dire...
Les jobs créés hors des Etats-Unis comptent pour du beurre... Sylvain Cypel, qui n'a pas dû créer beaucoup d'emplois dans sa vie - cela se saurait - ne voit pas plus loin que le bout de son nez, c'est-à-dire qu'il ne voit que les emplois d'Apple créés aux Etats-Unis, qui se comptent tout de même par milliers.
Après avoir cité toutes les innovations récentes de la firme de Cuppertino, telles que l'Ipod, le MacBook, l'Iphone ou l'Ipad, Emmanuel Martin, lui, voit beaucoup plus loin :
"Nous ne pourrions nous passer de toutes ces innovations aujourd’hui tant elles génèrent des milliers de services qui nous facilitent la vie, nous font gagner du temps, de l’énergie, et constituent un instrument essentiel pour créer de la valeur. Elles sont à la source d’un pourcentage incroyable de la richesse créée dans l’économie."
Tandis qu'Emmanuel Martin souligne que c'est le système de liberté qui permet la créativité et l'innovation qui nous ont valu un Apple et tant d'autres miracles économiques, Sylvain Cypel laisse tomber :
"La fausse "révolution" du virtuel et du numérique serait aussi une source d'emplois très virtuelle."
Francis Richard