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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 23:50
Silvia Ricci Lempen invitée de Tulalu!? au Lausanne-Moudon
Silvia Ricci Lempen invitée de Tulalu!? au Lausanne-Moudon

L'association Tulalu !? recevait hier soir Silvia Ricci Lempen au Lausanne-Moudon, lors de son rendez-vous devenu rituel du premier lundi du mois.

 

Depuis le début de cette année, c'est Pierre Fankhauser qui pose des questions pertinentes à l'invitée ou à l'invité. Et il le fait avec beaucoup d'amabilité, ce qui ne l'empêche pas de la, ou le, pousser gentiment parfois dans ses retranchements.

 

Hier soir, c'est la comédienne Laurence Morisot qui lisait des passages de deux des livres de l'invitée, Un homme tragique et Ne neige-t-il pas aussi blanc chaque hiver?, accompagnée en musique par Nicolas Bonstein, avec la collaboration de Danielle Goren.

 

La magie de ces rencontres "entre ceux qui tiennent la plume et ceux qui tournent les pages" a une nouvelle fois opéré. Elle a permis de savoir ce que celle qui tient la plume pense de ses propres écrits dont elle se voit immanquablement déposséder par ceux qui tournent les pages.

 

A propos de son dernier livre, Ne neige-t-il pas aussi blanc chaque hiver?, les réactions des lecteurs ont ainsi été multiples et divergentes. Certains ont dit à l'auteur qu'ils n'y avaient rien compris, d'autres qu'ils avaient compris à la nonante et unième page, d'autres encore qu'ils avaient tout compris dès la première page...

 

Il faut dire que ce livre est à l'image du disque de Phaestos, dont la découverte par l'auteur au musée d'Héraklion a été le déclic. Il n'est délibérément pas clair et il est sans fin. Il est indéchiffrable, c'est-à-dire à l'opposé de ce qu'est devenu le journalisme que l'auteur a quitté il y a douze ans, n'étant plus en phase avec sa temporalité accélérée et à son maintien à la surface des êtres et des choses.

 

Dans Ne neige-t-il pas aussi blanc chaque hiver?, qui est un livre où les thèmes se bousculent dans un joyeux désordre, le journalisme d'aujourd'hui, incarné par le personnage d'André, est l'un des thèmes abordés et il est traité avec l'ironie qu'il mérite. Car l'information est devenue communication et de transitive elle est devenue intransitive.

 

Un autre thème de ce livre est celui de l'amenuisement de soi que requiert l'écriture. Certes tout écrivain a envie d'être lu et d'être reconnu, mais, s'il écrit uniquement pour satisfaire son ego, alors, selon Silvia Ricci Lempen, il ne peut pas écrire de bons livres.

 

L'héroïne, Constance Dargaud, est d'ailleurs allée au bout de cet amenuisement en étant correctrice de métier et en se retirant pour écrire dans une maison isolée, qui n'a même pas de vue sur le lac comme c'était le cas de la maison de l'auteur à Grandvaux, dont elle s'est inspirée.

 

Constance a même fait un séjour dans un couvent de carmélites et s'est rendu compte que les nonnes pouvaient avoir une tout autre présence au monde que ne le laisse supposer leur réclusion...

 

Depuis toujours, enfin depuis ses 8 ans, Silvia Ricci Lempen a en elle la vocation d'écrire. Et pourtant elle n'a été en mesure d'entrer en littérature qu'à 40 ans. Tant que son père vivait, cela lui était impossible. Il lui a même fallu attendre un an après sa mort, c'est-à-dire après avoir acquis la certitude qu'il était bien mort pour y parvenir...

 

Son père disait qu'il fallait d'abord faire le plus difficile avant de pouvoir faire ce que l'on voulait. Alors elle a obtenu préalablement un doctorat en philosophie...Son père ne parlait pas à table de contingences matérielles, il parlait, par exemple, de l'impératif catégorique de Kant...

 

Un homme tragique  est ce premier livre qu'elle est parvenue à écrire. Il est autobiographique et consacré à son père. Publié en 1991, il est non seulement un témoignage, mais une oeuvre littéraire, comme l'a souligné Roger Francillon, qui ne pouvait lui faire de plus beau compliment, en remettant à l'auteur pour ce livre le prix Michel Dentan l'année suivante.

 

L'écriture est pour Silvia Ricci Lempen une morphine. Elle lui permet de supporter les souffrances de ce monde. Elle lui procure, à elle qui ne sait pas ce qu'est le bonheur, des moments de joie à nuls autres pareils. Comme il y en a eu au cours de cette soirée...

 

Pourtant, elle, qui avait été jusque-là excellente dans de nombreux domaines tout au long de son existence, a appris à ne plus être considérée comme telle avec son entrée en littérature, en dépit des prix littéraires reçus et d'une reconnaissance certaine.

 

Ce n'est pas une raison pour autant, même quand on est en proie à des affres métaphysiques, pour se tourmenter indéfiniment. Il ne faut pas peler l'oignon jusqu'au bout, comme elle dit...

 

Francis Richard

 

Son premier livre: Un homme tragique (1991)

Son dernier livre: Ne neige-t-il-pas aussi blanc chaque hiver? (2013)

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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