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14 avril 2024 7 14 /04 /avril /2024 16:00
Dignitas infinita - Déclaration sur la dignité humaine, du Dicastère pour la Doctrine de la Foi

Cette déclaration rappelle ce qu'est la dignité humaine, qui n'est pas seulement définie par la foi mais par la raison. Elle a été approuvée par le Pape François le 25 mars 2024 et publiée le 2 avril 2024, 19e anniversaire de la mort de saint Jean-Paul II.

 

Quel est l'objet de la Déclaration Dignitas infinita?

 

Une infinie dignité, inaliénablement fondée dans son être même, appartient à chaque personne humaine, en toutes circonstances et dans quelque état ou situation qu'elle se trouve.

 

Pourquoi la Déclaration a-t-elle été jugée nécessaire?

 

La Déclaration cite saint Jean-Paul II, mort dans la dignité, qui, en 1979, lors de la troisième conférence épiscopale latino-américaine, à Puebla, avait déclaré:

 

La dignité humaine est une valeur évangélique qui ne peut être méprisée sans offenser gravement le Créateur. Cette dignité est foulée aux pieds au plan individuel, lorsqu'on ne tient pas dûment compte des valeurs comme la liberté, le droit de professer sa religion, l'intégrité physique et psychique, le droit aux biens essentiels, à la vie... Elle est foulée aux pieds, au plan social et politique, lorsque l'homme ne peut exercer son droit de participation ou est soumis à des contraintes illégitimes, ou à des tortures physiques, psychiques, etc.

 

La dignité a plusieurs sens, mais le plus important est celui de la dignité ontologique qui concerne la personne en tant que telle par le simple fait d'exister et d'être voulue, créée et aimée par Dieu.

 

La personne?

 

En tant que "substance individuelle", la personne jouit d'une dignité ontologique (c'est-à-dire au niveau métaphysique de l'être lui-même): c'est un sujet qui, ayant reçu de l'existence de Dieu, "subsiste", autrement dit exerce l'existence de manière autonome.

 

Qu'est-ce qui caractérise la dignité humaine?

 

  • Elle est intrinsèque à la personne: elle n'est pas conférée a posteriori, elle est antérieure à toute reconnaissance et ne peut être perdue.
  • Elle provient de l'amour de son Créateur.
  • Elle est inestimable, puisque, pour s'unir à tout être humain, le Christ s'est incarné.
  • Elle n'est pas seulement liée à ses origines mais à sa fin qui est d'être en communion avec Dieu pour le connaître et pour l'aimer.
  • Elle peut atteindre son niveau le plus haut par la liberté de l'être humain à laquelle son image de Dieu est confiée et qui, sous la direction et l'action de l'Esprit, peut faire grandir sa ressemblance avec Lui.
  • Elle ne peut qu'être blessée ou obscurcie par le péché, mais celui-ci ne peut jamais effacer le fait que l'être humain a été créé à l'image de Dieu: c'est pourquoi la foi contribue de manière décisive à aider la raison dans sa perception de la dignité humaine, et à en accueillir, consolider et préciser les traits essentiels.

 

Et les droits et devoirs de l'homme?

 

La dignité humaine en est le fondement:

 

  • Le respect de la dignité humaine est inconditionnel parce qu'elle est intrinsèque: elle ne dépend pas du jugement sur la capacité d'une personne à comprendre et à agir librement.
  • La dignité humaine ne justifie pas la multiplication arbitraire de nouveaux droits: c'est une référence objective pour la liberté humaine.
  • La dignité humaine ne se limite pas à la capacité de décider discrétionnairement de soi-même et de son propre destin, indépendamment de celui des autres, sans tenir compte de son appartenance à la communauté humaine. 

 

Le libre arbitre ?

 

Si la liberté est un merveilleux cadeau du ciel, elle ne peut s'exercer, sous peine de se fourvoyer, loin de Dieu et sans son aide: Le libre arbitre préfère souvent le mal au bien. Aussi, pour qu'une véritable liberté soit possible, la dignité humaine doit-elle être replacée au centre.

 

Quelques violations graves de la dignité humaine:

 

  • Le drame de la pauvreté: le document l'attribue, à tort, à l'inégale répartition des richesses, car ce n'est pas l'inégalité qui est en cause, mais la prédation de certains aux dépens des autres, notamment dans le cas de l'État-providence qui est une singerie de la Providence. Réduire les coûts du travail n'est pas une mauvaise chose en soi, comme le pensent les auteurs du document, surtout quand il s'agit de coûts induits par l'État actif (pour reprendre l'expression de Pape François), qui se taille la part la plus belle, car c'est de son intervention que résulte directement le chômage.
  • La guerre: Avec son cortège de destructions et de douleurs, la guerre porte atteinte à la dignité humaine à court et à long terme. C'est pourquoi toutes les guerres accroissent les problèmes et ne les résolvent pas. Qui plus est, le document cite, à raison, le Pape François: La guerre au nom de la religion devient une guerre à la religion elle-même.
  • Le travail des migrants: Les migrants sont parmi les premières victimes des multiples formes de pauvreté. Certes, mais à qui la faute? Le document ne pose pas cette question essentielle et personne, respectueux de la dignité humaine, ne niera qu'il faut voir en eux des personnes humaines.
  • La traite des personnes humaines
  • Les abus sexuels
  • Les violences contre les femmes

 

À cette liste de violations graves de la dignité humaine, le document ajoute celles dues à ce qu'il faut bien appeler le progressisme sociétal, expression que le document n'emploie pas, mais qui revient à ne pas reconnaître le caractère intrinsèque de la dignité de tout être humain, qui vaut depuis le moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle:

 

  • L'avortement:

Dans le cas de l'avortement, on observe le développement d'une terminologie ambiguë, comme celle "d'interruption de grossesse", qui tend à en cacher la véritable nature et à en atténuer la gravité dans l'opinion publique [...] Mais aucune parole ne réussit à changer la réalité des choses: l'avortement provoqué est le meurtre délibéré et direct, quelle que soit la façon dont il est effectué, d'un être humain dans la phase initiale de son existence, située entre la conception et la naissance. Au regard de la foi, c'est une offense au Créateur de l'homme.

  • La gestation pour autrui:

L'enfant, immensément digne, devient un simple objet.

  • L'euthanasie et le suicide assisté:

Il faut réaffirmer avec force que la souffrance ne fait pas perdre à la personne malade la dignité qui lui est propre de manière intrinsèque et inaliénable, mais qu'elle peut devenir une occasion de renforcer les liens d'appartenance mutuelle et de prendre conscience de la valeur de chaque personne pour l'ensemble de l'humanité.

Il est certain que la dignité de la personne malade dans un état critique ou terminal exige de chacun les efforts appropriés et nécessaires pour soulager ses souffrances par des soins palliatifs appropriés et en évitant tout acharnement ou toute intervention disproportionnée.

[...]

La vie est un droit, non la mort, celle-ci doit être accueillie, non administrée.

  • La mise au rebut des personnes handicapées

Tout être humain, quelle que soit sa condition de vulnérabilité, reçoit sa dignité du fait même qu'il est voulu et aimé par Dieu.

  • Théorie du genre:

elle est très dangereuse parce qu'elle efface les différences dans la prétention de rendre tous égaux. [...] Elle nie la plus grande différence possible entre les êtres vivants: la différence sexuelle. [...] La plus belle et la plus puissante: elle réalise, dans le couple homme-femme, la plus admirable réciprocité et est donc à l'origine de ce miracle qui ne cesse de nous étonner, à savoir l'arrivée de nouveaux êtres humains dans le monde.

  • Changement de sexe:

Toute intervention de changement de sexe risque, en règle générale, de menacer la dignité unique qu'une personne a reçue dès le moment de la conception.

  • Violence numérique:

Il est nécessaire de s'assurer constamment que les formes de communication actuelles nous orientent effectivement vers une rencontre généreuse, vers la recherche sincère de la vérité intégrale...

 

Conclusion

 

Le respect de la dignité de chaque personne est [...] la base indispensable à l'existence même de toute société qui se veut fondée sur le droit juste et non sur la force du pouvoir. C'est sur la base de la reconnaissance de la dignité humaine que sont défendus les droits fondamentaux de l'homme, qui précèdent et fondent toute coexistence civilisée.

 

Francis Richard

 

Dignitas infinita, Dicastère pour la Doctrine de la Foi, 84 pages, Téqui (sortie le 24 avril 2024)

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24 mars 2024 7 24 /03 /mars /2024 18:00
Saint Thomas d'Aquin (1226-1274) - Le docteur angélique, d'Aimé Richardt

Résumer l'essentiel de la vie et de l'oeuvre de Saint Thomas d'Aquin relevait de la gageure. Aimé Richardt y est parvenu, avec son expérience des biographies de saints et de religieux.

 

Cette année est celle du sept-cent-cinquantième anniversaire de la mort du Docteur angélique et celle des nonante ans de la naissance de son biographe, devenu un de mes auteurs familiers.

 

Il serait vain de résumer à mon tour son résumé magistral. Aussi ne retiendrai-je que quelques traits qui m'ont fait souvenir de l'enseignement thomiste dispensé par Louis Millet ...

 

À Cologne, Thomas s'est imprégné de la pensée d'Albert, son maître en théologie; le surnom de boeuf muet lui est alors donné par ses condisciples, car c'était un homme massif et silencieux.

 

Humble, il ne voulait pas recevoir le titre de Docteur de l'Université de Paris, mais une vision céleste le fit triompher de sa répugnance et lui soumit son sujet de thèse, un verset biblique:

 

De vos sommets vous arroserez les montagnes, et la terre sera rassasiée du fruit de vos oeuvres.

 

Son biographe commente: Le texte qui venait de lui être indiqué offrait matière aux plus heureux développements. Il ajoute qu'il était facile1 d'en faire l'application au Verbe incarné:

 

Du trône de sa majesté [il] arrose des torrents de sa gloire les montagnes, c'est-à-dire les esprits célestes, et rassasie en même temps la terre, c'est-à-dire l'Église militante, du fruit de ses travaux et de sa mort.

 

La méthode de Thomas, dans sa Somme contre les gentils2, est de convaincre l'adversaire non pas par argumentation mais en réduisant à rien ses arguments contraires à la vérité de la foi:

 

Cette manière de convaincre celui qui s'oppose à une telle vérité se tire de l'Écriture, divinement confirmée par des miracles. Ce qui dépasse la raison humaine, nous ne le croyons en effet que sur une révélation de Dieu. 

 

Comment faire son salut? Thomas, dans son Compendium théologiae, livre peu connu, explique, par la parole brève, reprise à Saint Paul, en quoi consiste la perfection en cette vie:

  • connaître la vérité (la foi)
  • poursuivre une juste fin, c'est ce que le Seigneur nous apprend par les demandes du Pater (l'espérance)
  • observer la justice, résumée par l'unique commandement de la charité.

 

Jean-Paul II, dans sa lettre encyclique Fides et ratio, écrivait que la foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité.

 

Avant lui, Thomas ne disait pas autre chose et proposait donc cinq voies qui conduisent à conclure, par l'exercice de la raison, à l'existence d'un être que tout le monde appelle Dieu:

 

Elles reposent sur la distinction3 entre ce que Dieu est pour nous (par exemple Dieu en tant que créateur du monde) et ce qu'il est en lui-même, ce qui est impossible à connaître intégralement en ce monde, car en raison de sa perfection suprême, il est au-delà de ce que la créature peut connaître par elle-même.

 

Francis Richard

 

1 - Je n'aurais pas employé ce qualificatif...

2 - Errants, païens, musulmans, juifs, hérétiques.

3 - Il faisait aussi la distinction entre la raison naturelle et la raison éclairée par la Révélation (Écriture et Tradition).

 

Saint Thomas d'Aquin, Aimé Richardt, 76 pages, Chez l'auteur

 

Coordonnées de l'auteur:

Aimé Richardt

10 Varigney

70800 Dampierre lès Conflans

France

Tél.: +33 3 84 49 71 52

E-mail: contact@inlandeurope.eu

 

Livres précédents:

 

Chez François-Xavier de Guibert:

La vérité sur l'affaire Galilée (2007)

Calvin (2009)

Saint François de Sales et la Contre-Réforme (2013)

Jean Huss, précurseur de Luther (2013)

Bossuet, conscience de l'Eglise de France (2014)

Lacordaire - Le prédicateur, le religieux (2015)

 

Chez Artège:

Lamennais le révolté 1782-1854 (2017)

Zwingli le réformateur suisse 1484-1531 (2018)

Montalembert (2020)

Le Catholicisme social en France (1830-1870) (2020)

Saint François Xavier - Le missionnaire (2022)

 

Chez SOTECA:

Saint Vincent de Paul (1561-1660)-Le miséricordieux (2022)

Le saint curé d'Ars (2023)

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3 novembre 2023 5 03 /11 /novembre /2023 20:35
Le temps des saints, de Mgr Marc Aillet

L'Église n'est pas une institution humaine comme les autres. Deux mots la définissent: mystère et sacrement:

L'Église est le corps mystique du Christ, un organisme vivant dont la tête est le Christ, l'âme est l'Esprit Saint, et dont nous sommes les membres.

 

Pour répondre à la crise qu'elle connaît, l'Église n'a pas besoin de réformateurs mais de saints (c'est ce qu'écrivait Georges Bernanos dans La vocation spirituelle de la France):

Qu'est-ce que la sainteté? C'est le souci d'appartenir à Dieu par toute ma vie. Je suis invité à prendre conscience que, par mon baptême, j'appartiens à Dieu et que toute ma vie est appelée à être transformée par la grâce, qui est à la fois un don et une tâche à accomplir.

 

La sainteté n'est pas réservée à une élite de héros, mais bien à de pauvres pécheurs. Car nous sommes tous pécheurs:

Pas de miséricorde sans péché et pas de sainteté sans miséricorde!

 

C'est pourquoi l'Église doit parler des exigences de l'Évangile et donc du péché, par lequel l'humanité est blessée, et donner les moyens de se conformer progressivement à ces exigences:

Dieu croit en l'homme. Jésus a confiance en nous. Il sait qu'avec la grâce du baptême et la force de l'Esprit, nous pouvons entamer un chemin de conversion.  

 

Nous ne devons pas oublier que ce chemin de conversion ici-bas a pour destination le royaume des Cieux et que le salut des âmes est la loi suprême dans l'Église.

 

Aussi l'Église ne doit-elle pas chercher à nous rassurer et doit-elle parler de paradis, d'enfer et de purgatoire, faire de la liturgie le lieu efficace, par le sacrifice de Jésus, de notre pèlerinage vers la patrie céleste, encouragés que nous sommes par la multitude des anges et des saints qui nous accompagnent sur ce chemin parfois ardu.

 

Tous les baptisés, laïcs, consacrés et prêtres, participent au sacerdoce commun du Christ, par la médiation duquel ils sont appelés à offrir des sacrifices spirituels à Dieu. Mais les prêtres exercent un sacerdoce distinct, apostolique et ministériel, ordonné au sacerdoce commun comme celui-ci lui est ordonné, et ont trois pouvoirs inséparables, qui ne peuvent être répartis:

  • le pouvoir d'enseigner
  • le pouvoir de sanctifier par les sacrements
  • le pouvoir de gouverner ou de conduire le troupeau de Dieu.

 

Par le sacrement de l'ordre, le prêtre est configuré ontologiquement au Christ. Il est mis à part, mais n'est pas séparé. La parole lumineuse de saint Augustin explicite cette place: Pour vous, je suis évêque; avec vous, je suis chrétien.

 

Comme tous les baptisés, le prêtre est appelé à la sainteté. Pour y parvenir, il doit consacrer du temps à sa vie intérieure, qui doit primer sur les oeuvres; il doit donc prier, annoncer le salut, professer la foi et porter sa croix:

  • Le prêtre est célibataire comme le Christ: Le célibat pour le Royaume fait partie intégrante du chemin de sainteté du prêtre.
  • Le prêtre est père: Être "père", n'est-ce pas précisément engendrer, en particulier susciter des vocations, donner envie à des jeunes de donner leur vie pour s'unir au Christ par la prière et annoncer l'Évangile?

 

Comme tous les baptisés, les laïcs sont appelés à la sainteté, mais ils ne le peuvent que s'ils sont formés, qu'ils soient petits ou grands:

Dans la tradition de l'Église, cela se fait de deux manières: par le kérygme, c'est-à-dire l'annonce du Christ mort et ressuscité, pour nous sauver et nous donner la vie, et la didachè, c'est-à-dire l'approfondissement par l'enseignement.

 

La morale que l'Église enseigne n'est pas une morale de l'obligation, où la loi joue un rôle régulateur pour contraindre une liberté. Elle n'est pas non plus une morale de conscience, où l'homme cherche à s'affranchir du carcan de la loi, comme de toute autorité

 

La morale que l'Église enseigne découle de la conception chrétienne de la liberté, héritée de saint Thomas d'Aquin:

Elle ne précède pas la nature humaine, mais s'enracine en elle, et plus particulièrement dans ses deux facultés spirituelles qui la spécifient, l'intelligence et la volonté.

[...]

Le premier sentiment moral n'est pas le devoir, comme l'a théorisé de manière abstraite Emmanuel Kant, mais le désir du bonheur qui est la vraie source de l'agir libre.

 

La morale que l'Église enseigne découle de la loi naturelle, qui exprime sous forme de préceptes, les inclinations naturelles qui disent l'inclination au Bien et donc l'aspiration au bonheur qui est inscrite dans le coeur de tout homme. Ces préceptes, contenus dans le Décalogue, orientent de l'intérieur et non de l'extérieur, la liberté de l'homme.

 

La morale que l'Église enseigne est une morale de perfection qui recherche le bien le meilleur auquel l'homme est incliné par nature, précisément parce qu'il a été créé à l'image de Dieu - ad imaginem Dei, où la préposition ad indique en effet, en latin, un mouvement vers -, pour ressembler à Dieu.

 

La morale que l'Église enseigne s'oppose à la destruction de l'humanité par des lois dites sociétales, qui sont votées au nom d'une liberté faisant fi de l'être corporel, rejeté en marge de la personne, comme d'un matériau disponible à mon libre choix, au nom d'un dualisme entre l'âme et le corps:

Mon corps est le signe que je suis un être créé, et donc limité, ce que précisément la culture actuelle dénie. En outre, on ne peut pas séparer le corps de l'esprit, l'homme est "un de corps et d'âme"1 - je suis mon corps comme je suis mon âme.

 

La morale que l'Église enseigne se trouve dans Le sermon sur la montagne (Mathieu 5.1-7.29), qui est la charte parfaite de la vie chrétienne et le programme complet de sainteté. Elle est intemporelle, elle est le contraire du relativisme d'aujourd'hui:

 

C'est le temps des saints qui seul peut nous disposer au temps qui vient.

 

Priant pour que ce temps advienne, Mgr Marc Aillet n'a pas peur de dire la vérité, avec autorité; il n'est pas complaisant, comme les mauvais bergers d'Israël que le prophète Isaïe (56, 10-11) traitait de chiens muets, incapables d'aboyer: à bout de souffle, allongés, ils aiment somnoler.

 

Francis Richard

 

1 - Constitution pastorale Gaudium et Spes n.14.

 

Le temps des saints, Mgr Marc Aillet, 320 pages, Artège

 

Livre précédemment chroniqué chez le même éditeur:

 

La charité du Christ nous presse, 224 pages (2010)

 

Messes célébrées par Mgr Aillet auxquelles j'ai assisté:

 

Toussaint 2009 à Biarritz

Pâques 2019 à Saint-Jean-de-Luz

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 19:50
Savonarole, d'Aimé Richardt

Jérôme Savonarole (1452-1498) est un religieux condamné par l'Église pour schisme et instauration d'un régime théocratique à Florence. Des catholiques lui accorderont respect, confiance, voire admiration; des protestants, tels que Luther, verront en lui un éminent précurseur de la Réforme.

 

C'est son histoire qu'Aimé Richardt raconte dans ce livre en en restituant le contexte. Il en ressort que les moeurs de l'Église sont contraires à son enseignement, jusques au sommet de la hiérarchie, et que Jérôme Savonarole va s'insurger contre, à partir du moment où il en fera lui-même partie.

 

Ce qui frappe dans cette époque de chrétienté, c'est l'intolérance des uns et des autres qui n'est pas sans rappeler ce que nous vivons dans la nôtre, où des mots sont des appels à des actes qui nous choquent parce que, du moins à ma génération, nous avons appris à les trouver répréhensibles.

 

À lire cette biographie, il est difficile de prétendre que Savonarole ait commis des actes condamnables. Il n'est pas de ceux qui disent de faire ce qu'ils ne font pas eux-mêmes. À ce point de vue, sa vie est irréprochable. Mais ce qu'il dit n'est pas toujours crédible, est dur, parfois contradictoire.  

 

Après des études universitaires, il reçoit l'appel de Dieu en mai 1474 et quitte la maison paternelle sans guère d'explications, un peu moins d'un an plus tard, en avril 1475, pour se rendre au couvent dominicain de Bologne, où il revêt l'habit des mains du prieur et se forme pendant sept ans.

 

Depuis ses 20 ans, Jérôme écrit des poèmes. Il continuera cette activité pendant toute sa vie, ce qui démontre qu'il a une bonne culture. À chaque grande occasion, il en compose, mais ce sont ses prêches qui vont, peu à peu, retenir l'attention, mû par une illumination qu'il aurait eu à 22 ans.

 

Dès lors il prophétise qu'un fléau s'abattra sur l'Église si elle ne s'amende pas et n'opère une profonde réforme... Il y a à cela sept raisons: la criminalité, la luxure et l'idolâtrie, les mauvais bergers, les faux prophètes, la diminution de la foi, la décrépitude de l'Église et le mépris des saints.

 

Écarté pendant un temps du couvent dominicain de Florence, après avoir été à Bologne, Ferrare et en Lombardie, il y retourne en 1490, à l'invitation de Laurent le Magnifique, sous les instances de Giovanni Pic de la Mirandole. Il y donne des leçons sur l'Apocalypse au grand retentissement.

 

Son destin bascule après sa prédication du 27 avril 1791, où il se montre d'une rare véhémence. Les pauvres et les opprimés y trouvent la justification de leur mécontentement tandis qu'elle indiffère les riches et que Laurent le Magnifique se sent visé et ne lui oppose qu'un piètre prédicateur.

 

Après la mort de Laurent le Magnifique, devenu prieur du Monastère Saint Marc, Jérôme Savonarole se fait prophète non plus sur la base des Écritures mais sur les révélations qu'il se persuade que Dieu lui ferait directement, tout en prétendant que l'Ancien Testament reste la source de ses visions.

 

Après l'élection du pape Alexandre VI, la chute des Médicis, la nouvelle vision qu'il décrit en chaire le 1er avril 1495, tout va changer pour Jérôme Savonarole dont d'aucuns mettront alors en cause la bonne foi. Ses attaques contre le pape lui vaudront excommunication et défections de partisans.

 

Lui qui avait été saisi d'une rage punitive (bûcher pour les sodomites, extirpation des mauvais prêtres, enfermement des prostituées au bordel, lourdes amendes pour les joueurs, percement de la langue des blasphémateurs, interdiction des bals, etc.) finira pendu et brûlé après avoir été torturé.

 

Après s'être rendu aux autorités civiles qui menaçaient de mettre le feu à son couvent, il avoua sous la torture que son but était la gloire, le crédit et la réputation. C'était un reniement total de l'oeuvre de sa vie. Seul un de ses deux compagnons, arrêtés avec lui, et torturés, ne l'aura pas renié.

 

L'Inquisition les condamnera comme hérétiques et schismatiques, les remettra au bras séculier qui doit les exécuter par pendaison: leurs corps devront ensuite être brûlés afin que le feu purifie la terre de leur passage, et leurs cendres dispersées pour effacer toute trace de leur passage sur la terre.

 

Il ne faut jamais oublier le contexte, ni juger avec les yeux d'aujourd'hui. Mais l'on ne peut s'empêcher de faire des rapprochements avec un autre épisode de l'histoire, la Révolution française, où des mots, suivis d'actes, ce qui ne peut être reproché à Savonarole, se sont retournés contre leurs auteurs.

 

Francis Richard

 

Savonarole, Aimé Richardt, 154 pages, SOTECA (sortie le 30 août 2023)

 

Livres précédents:

 

Chez François-Xavier de Guibert:

La vérité sur l'affaire Galilée (2007)

Calvin (2009)

Saint François de Sales et la Contre-Réforme (2013)

Jean Huss, précurseur de Luther (2013)

Bossuet, conscience de l'Eglise de France (2014)

Lacordaire - Le prédicateur, le religieux (2015)

 

Chez Artège:

Lamennais le révolté 1782-1854 (2017)

Zwingli le réformateur suisse 1484-1531 (2018)

Montalembert (2020)

Le Catholicisme social en France (1830-1870) (2020)

Saint François Xavier - Le missionnaire (2022)

 

Chez SOTECA:

Saint Vincent de Paul (1561-1660)-Le miséricordieux (2022)

Le saint curé d'Ars (2023)

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27 août 2023 7 27 /08 /août /2023 22:55
L'Apocalypse de Saint Jean, de Louis Lafont

Apocalyptique:

  • 1. Relatif aux apocalypses en général, ou à l'Apocalypse de saint Jean.
  • 2. Qui évoque la fin du monde ; épouvantable : La guerre atomique serait apocalyptique.

 

Larousse

 

Il est scandaleux que le mot "Apocalyptique" ait pris dans le langage et dans les dictionnaires le sens de "terrifiant". Cela prouve que le "monde" , pris dans l'acception que Jésus a souvent employée, se méprend sur les plus claires promesses de Dieu.

 

Louis Lafont

 

Il faut lire ou relire L'Apocalypse de Saint Jean pour se convaincre qu'il s'agit au contraire d'un livre d'espérance dont la première partie est consacrée à ce qui est au temps de Saint Jean et la seconde à ce qui doit arriver après cela, c'est-à-dire le retour en gloire du Christ.

 

Comme Saint Jean, dans ce livre difficile, rapporte telles quelles, visions et Parole que Dieu lui a données à Patmos, il convient non pas de leur donner d'interprétations personnelles mais de simples éclaircissements fournis par d'autres passages de l'Écriture Sainte.

 

Louis Lafont, dans cette auto-édition, déposée en 1975 à la Librairie Téqui et revêtue de l'imprimatur du diocèse de Paris, a donc accompagné chacun des versets des vingt-deux chapitres de ce 73e livre de la Bible de brèves annotations avec leurs références bibliques.

 

Ce qui est remarquable dans ce travail d'érudition, c'est l'honnêteté de celui qui s'y est livré. En effet, plutôt que d'imaginer comment interpréter tel ou tel verset obscur - et il y en a -, l'auteur reconnaît alors humblement qu'il ne sait pas quel sens objectif il faut lui donner:

 

N'affirmons pas plus que nous ne savons.

 

Il est important aussi de noter que la période du retour en gloire du Christ1 est une chronologie non datée mais continue et que le texte ne dit pas quand il adviendra; on sait seulement que des événements rapides le précéderont et qu'il sera d'une grande soudaineté:

 

Il ne faut y chercher, au sens propre, ni l'histoire du monde ni l'Histoire de l'Église, mais les événements relatifs au grand Retour.

Cela n'empêche pas qu'il puisse y avoir, au cours de l'histoire, des préfigurations de ces événements. L'imagination peut s'exercer sur ces préfigurations à condition de n'y voir que des préfigurations.

 

L'Apocalypse est Révélation. Saint Jean a reçu réellement les visions et la Parole que Jésus-Christ lui a transmises. Il n'a rien inventé, n'a rien imaginé, ne s'est inspiré d'aucunes traditions. Il les a reçues parce qu'il était un serviteur de Dieu, en qui Il avait confiance.

 

L'Apocalypse est une prophétie au sens biblique. Ce n'est pas une simple prédiction. Ce qui est annoncé n'est donc pas totalement irrévocable: c'est pourquoi, mystérieusement, elle laisse sa place à la liberté humaine qui n'empêche pas Dieu de réaliser ses desseins.

 

Son message, adressé aux serviteurs de Dieu, est de les éclairer, non pas de les plonger dans la perplexité ou dans la terreur; de leur montrer l'urgence de [leur] conversion et de [leur] engagement personnel, car seules la foi et la miséricorde divine les sauveront.

 

À la fin de l'Apocalypse, Jean écrit: Et je vis un ciel et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre ont disparu, et de mer il n'y a plus désormais. (21,1). Louis Lafont fait ce commentaire, à dédier aux adeptes de la religion écologiste, cette pitoyable singerie:

 

Quant à savoir si la destruction de la terre sera causée par l'action des hommes cela ne semble pas probable, bien que l'homme puisse lui-même la ravager. Seul, Dieu semble pouvoir y mettre un terme.

 

Francis Richard

 

1 - La Parousie

 

L'Apocalypse de Saint Jean, Louis Lafont, 88 pages, Librairie Téqui

 (1975)

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15 août 2023 2 15 /08 /août /2023 20:40
Sublimitas et miseria hominis, de Pape François

Nous sommes plus grands que nous ne pouvons le saisir, et en même temps nous gardons une capacité d'injustice, de mensonge et de cruauté que nous ne pouvons sonder.

 

C'est en ces termes que, dans sa préface, Pierre Manent commente le titre de la Lettre apostolique pour le quatrième centenaire de la naissance de Blaise Pascal de Pape François, qui est parue le 19 juin 20231.

 

Grandeur et misère de l'homme, telle est la traduction en français du titre de cette lettre, surprenante de la part d'un pape qui pourrait pourtant s'opposer au pourfendeur de la Societas Jesu à laquelle il appartient.

 

Pape François est en effet plus lucide quand il traite de religion, son domaine de compétences, que quand il se mêle d'affaires purement humaines, qu'il s'agisse de science ou d'économie, où, moins grand, il s'égare...

 

Pascal était d'une intelligence prodigieuse: en dehors des visées de l'amour il n'y a pas de vérité qui vaille; c'est l'Esprit Saint qui nous libère et c'est bien pourquoi la religion chrétienne nous fait connaître le vrai bien.

 

Pascal avait l'esprit de géométrie qui permet de comprendre le fonctionnement des choses dans leur détail et, à la fois, de reconnaître les limites de l'intelligence et de s'ouvrir aux raisons surnaturelles de la Révélation.

 

Ces limites sont celles des philosophes grecs dont il admirait la sagesse, mais qui, faute d'appréhender la réalité, qui est supérieure à l'idée, ne pouvaient que conduire les stoïciens à l'orgueil, les sceptiques au désespoir.

 

La condition humaine est tragique. Aussi avons-nous besoin de nous divertir, mais cela n'apaise ni ne comble notre grand désir de vie et de bonheur. Seule la Révélation apporte la réponse rationnelle à nos contradictions.

 

Il faut faire preuve d'humilité autant que de courage pour L'accueillir. Pour découvrir Dieu - elle n'aura jamais fini de le faire -, la raison doit être illuminée par la grâce, comme ce fut le cas pour lui le 23 novembre 1654.

 

Pascal avait l'esprit de finesse, qui permet de saisir la réalité, tout d'un coup. Il l'appelle aussi le coeur. Le coeur spirituel, la charité, permet d'accéder aux vérités divines qui ne sont pas démontrables par la raison.

 

À la fin de sa lettre, Pape François évoque sa belle Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies. Elle est celle, dit-il, d'un homme pacifié qui ne se situe plus dans la controverse ni dans l'apologétique.

 

Sans doute est-ce pourquoi Pape François, tout jésuite qu'il est, ne cherche pas à polémiquer sur l'engagement de Pascal aux côtés des Jansénistes et préfère terminer sa lettre par ce souhait empreint de conciliation:

 

Puissent son oeuvre de lumière et les exemples de sa vie si profondément baptisée en Jésus-Christ, nous aider à parcourir jusqu'au bout le chemin de la vérité, de la conversion et de la charité. 

 

Francis Richard

 

1 - Blaise Pascal est né le 19 juin 1623 à Clermont.

 

Sublimitas et miseria hominis, Pape François, 56 pages, Pierre TÉQUI éditeur

 

Autres textes de Pape François:

Laudato Si' (2015)

À la jeunesse (2016)

Traditionis custodes (2021)

 

Sur Pascal:

Pascal et la proposition chrétienne, Pierre Manent, 432 pages, Grasset (2022)

 

De Pascal:

L'esprit de géométrie et l'esprit de finesse

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31 juillet 2023 1 31 /07 /juillet /2023 22:55
Le mystère du mal, de Louis Millet

Dans ce livre, malheureusement épuisé, mais qui pourrait se trouver en chinant chez les bouquinistes des quais de Paris, s'ils ne disparaissent pas du fait du Prince, Louis Millet traite du mal, du Mystère du mal, la question essentielle, la plus grave de toutes.

 

Avec Aristote et Saint Thomas d'Aquin, Millet définit le mal comme étant une privation, la privation de ce qui est bien ou bon. Le mal est-il pour autant une nécessité naturelle? Non. D'ailleurs ses formes les plus graves sont causées par des actions humaines.

 

Les actions humaines résultent de choix. Les hommes sont en puissance d'agir bien ou mal. Cette possibilité est une condition nécessaire mais insuffisante pour être libre. On ne l'est pas vraiment quand on se laisse entraîner par l'opinion, la passion, l'émotion:

 

La vraie liberté consiste à choisir le vrai bien.

 

LES ASPECTS DU MAL

 

Les souffrances et douleurs:

- Les douleurs du corps sur lesquels peuvent agir les calmants, influer le psychisme, la manière de vivre, la connaissance du fonctionnement du corps, l'abandon spirituel de certains.

- Les douleurs morales, les tortures passives, qui peuvent conduire d'aucuns à des extrémités par désespoir ou être surmontées par d'autres dans la vie d'union à Dieu, d'abandon à Dieu.

 

Les fautes et péchés:

- Les fautes sont des violations de règles morales.

- Les péchés des offenses faites à Dieu.

 

Le mal vivre et le bien vivre:

- Le mal vivre, c'est vivre contre la nature de l'homme qui est un être en relation: c'est l'individualisme fermé.

- Le bien vivre, c'est vivre avec les autres, pour autrui, le contraire du pour soi sartrien: c'est l'ouverture à la réalité (du monde et des personnes). 

 

LA RACINE SPIRITUELLE DE NOS MAUX

 

Ce qui est à l'origine des maux, ce sont:

- L'orgueil, c'est-à-dire la certitude de son excellence, ne pas voir ce qui est mauvais en soi-même.

- La superbe, c'est-à-dire se croire au-dessus des autres, se faire Dieu, se fermer aux avis et aux conseils.

 

La vertu d'humilité, qui est soumission de l'homme à Dieu, permet au contraire de connaître sa limite.

 

L'Agneau de Dieu, doux et humble de coeur, est absolument autre que l'orgueilleux:

L'acceptation libre de la Passion et de la Crucifixion est essentiellement un acte d'Amour parfait de Jésus, pour son Père et pour nous.

 

Cette humilité ne peut se comprendre par la raison: la Croix est une sublime folie. Y sont unis justice et miséricorde:

- Le Christ a satisfait pour le péché du genre humain.

- Les hommes ne pouvaient pas par eux-mêmes satisfaire pour cette masse de péchés de l'humanité.

 

LE PÉCHÉ ORIGINEL

 

Le péché originel est un mystère. Mais, comme le dit Pascal:

L'homme est plus inconcevable sans ce mystère que ce mystère n'est inconcevable à l'homme.

 

Le péché originant, le péché personnel d'Adam et Ève, est la transmission à la nature humaine d'un état déchu. Le péché originé est contracté, non commis: c'est l'état de l'humanité en chacun de nous, non un acte personnel.

 

Le mystère du mal continue: Satan est vaincu par le Christ, mais il n'est pas anéanti.

 

Suivre le Christ, obéir à Dieu, consiste non pas à décider du bien et du mal, mais à distinguer le mal du bien, à savoir que ce qui est mal est mal, et, pour ce faire, ne pas se laisser séduire, fuir les occasions du péché.

 

CONCLUSIONS

 

Dieu tout-puissant et miséricordieux permet que des actions mauvaises soient faites, parce que leurs auteurs sont libres; il donne son Fils unique, incarné, pour que nous soyons sauvés de tout cet océan de péchés, y compris le péché originel qui est l'opposition première, gravissime, à l'amour divin.

[...]

"Dieu n'est pas venu supprimer la souffrance. Il n'est même pas venu l'expliquer, il est venu la remplir de sa présence."

Paul Claudel

[...]

C'est l'Église qui nous sauve et non l'inverse.

 

Francis Richard

 

Le mystère du mal, Louis Millet, 134 pages, Sicre Éditions Paris (2000)

 

Livre de Louis Millet précédemment chroniqué:

 

La métaphysique en toute simplicité, 190 pages, Pierre Téqui

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29 janvier 2023 7 29 /01 /janvier /2023 20:50
Le saint curé d'Ars, d'Aimé Richardt

Jean-Marie Vianney naît le 8 mai 1786 à Dardilly, commune de la région lyonnaise. Il est le quatrième enfant d'une famille qui en comptera six.

 

À dix-huit ans, il annonce à son père qu'il veut devenir prêtre, mais, à l'époque, cela signifie pratiquer le latin. Or le latin est un supplice pour lui.

 

En 1809, pour échapper à la conscription, il déserte et ne revient qu'en 1811. Il est admis au séminaire en 1812 et ordonné prêtre en août 1815.

 

Il n'a donc pas été facile ni rapide à Jean-Marie d'accéder à la prêtrise. Nommé vicaire à Écully, il voit très vite son confessionnal assiégé.

 

La raison de cette ferveur est qu'il est un homme de foi et que celle-ci rayonne dans ses instructions aux enfants et lorsqu'il monte en chaire.

 

Au décès du curé d'Écully, il ne lui succède pas et est nommé à Ars-en-Dombes, où il s'installe le 13 février 1818 et y poursuit son apostolat.

 

Là encore les fidèles se pressent à son confessionnal. N'est-ce pas parce qu'il est un confesseur sévère et que, quand il prêche, il est concret?

 

L'église est délabrée? Il la restaure. Son âme est assaillie par le grappin? Il fait pénitence et ses armes pour le combattre sont le jeûne et la prière.

 

Ses pénitents doivent être humbles: l'orgueil est la chaîne de chapelet de tous les vices, être confiants et ne pas douter de la miséricorde de Dieu.

 

Il dépense ce qu'il reçoit pour l'embellissement, et le renouvellement, de ce qu'il appelle le ménage du Bon Dieu, et l'aide à ses paroissiens pauvres.

 

En 1824, sous sa férule, une école gratuite ouvre dont les élèves sont d'abord les filles de la région, puis les filles abandonnées des environs.

 

Ce succès du curé d'Ars ne va pas sans calomnies proférées contre lui, mais elles n'aboutissent pas. Il reste pour ne pas leur donner raison.

 

Les foules qui viennent se confesser à lui suscitent jalousies et médisances de la part de confrères, mais leur conversion seule lui importe:

 

Je leur donne une petite pénitence et fais le reste à leur place.

 

La confession, décriée à l'époque par un Jules Michelet, est pourtant ce qui caractérise le curé d'Ars et qu'il donnera, épuisé, jusqu'à sa mort.

 

Aimé Richardt rappelle en fin d'ouvrage les conditions à remplir pour être béatifié, puis canonisé. En 1925, il devint ainsi Le saint curé d'Ars:

 

La commune d'Ars-sur-Formans est aujourd'hui un lieu de pèlerinage qui accueille plus de 500 000 visiteurs par an.

 

Le livre se termine par la reproduction de l'Acte d'amour du curé d'Ars, qui, comme le dit l'auteur, en fait une belle fin, dont ce bel extrait:

 

Je vous aime, ô mon Dieu, et je n'appréhende l'enfer que parce qu'on n'y aura jamais la douce consolation de vous aimer.

 

Francis Richard

 

Le saint curé d'Ars, Aimé Richardt, 120 pages, SOTECA (sortie le 1er mars 2023)

 

Livres précédents:

 

Chez François-Xavier de Guibert:

La vérité sur l'affaire Galilée (2007)

Calvin (2009)

Saint François de Sales et la Contre-Réforme (2013)

Jean Huss, précurseur de Luther (2013)

Bossuet, conscience de l'Eglise de France (2014)

Lacordaire - Le prédicateur, le religieux (2015)

 

Chez Artège:

Lamennais le révolté 1782-1854 (2017)

Zwingli le réformateur suisse 1484-1531 (2018)

Montalembert (2020)

Le Catholicisme social en France (1830-1870) (2020)

Saint François Xavier - Le missionnaire (2022)

 

Chez SOTECA:

Saint Vincent de Paul (1561-1660)-Le miséricordieux (2022)

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28 décembre 2022 3 28 /12 /décembre /2022 23:55
Pascal et la proposition chrétienne, de Pierre Manent

Il n'y a plus aujourd'hui à proprement parler de "séparation" puisque l'État a attiré à lui toute l'autorité, plus précisément puisque l'État a imposé qu'il n'y ait plus d'autre autorité que le commandement de l'État, en pratique de l'ensemble des institutions et des juridictions qui forment l'État.

 

La "séparation" dont il s'agit est celle de l'Église et de l'État. Mais elle n'a pas réellement eu lieu avec la loi du même nom. La conception et la progressive mise en oeuvre d'un État souverain se sont mises à croître au mitan du XVIIe siècle, pour embellir sous la Révolution et aboutir à la loi de la République à laquelle rien ne peut être opposé.

 

À ce même mitan du XVIIe siècle, Blaise Pascal a repensé et reformulé ce que Pierre Manent appelle La proposition chrétienne, c'est-à-dire l'ensemble lié des dogmes ou mystères chrétiens, en tant qu'ils sont offerts à la considération de notre entendement et au consentement de notre volonté, et qu'ils entraînent une forme de vie spécifique.

 

L'auteur reconstitue cette proposition à partir de la forme fragmentée et inachevée mais singulièrement puissante que revêtent les écrits de Pascal sur le sujet, sachant qu'à proposition il donne un sens logique et notionnel mais aussi un sens pratique et actif: il s'agit de l'acte de proposer, un acte dont l'auteur premier et principal est Dieu dans son Église. 

 

Le contexte est celui d'une société qui est en train de perdre la connaissance de sa religion, une société qui, dans le fond de son âme, est athée. Aussi la proposition chrétienne, reformulée et repensée par Pascal, s'oppose-t-elle vivement aux accommodements des casuistes - des molinistes- et s'adresse-t-elle aux athées, et à l'athée qui est au fond de tout homme.

 

Pascal remarque que le coeur de l'homme, qui est grand et capable d'infini, en est détourné par l'attachement à la vie finie auquel conduit sa volonté vicieuse. C'est en le comprenant que l'homme peut trouver raisonnable de se rapprocher du Dieu-ami-des-hommes, dont l'existence est possible, Dieu n'étant pas objet de la science ou de l'art de prouver:

 

Parmi les types humains, seul l'expérimentateur - s'il sait appliquer la raison à l'expérience - et le chrétien - s'il sait soumettre la raison à la foi - savent exactement ce qu'ils font.

 

Avec Pascal, l'auteur revisite donc la proposition chrétienne: les dogmes et les mystères, les deux grands faits qui motivent et ordonnent l'expérience chrétienne - l'homme est malade et Dieu seul peut le guérir -, l'amour du prochain qui n'est pas un sentiment mais une vertu1, le risque de tout perdre dès qu'on laisse [la raison et la volonté] prendre l'initiative.

 

Enfin, selon Pascal, il n'y a pas de solution de continuité entre les deux Testaments, mais insécabilité ou inséparabilité des deux, ce qui est, regardée dans cette perspective, la spécificité de la religion chrétienne, où le Médiateur est fils de David selon la généalogie juive, et fils d'une vierge d'Israël par le Saint-Esprit qui achève et explique la Révélation:

 

[La religion chrétienne] n'est pas une autre religion que la religion juive, mais elle mène à son terme ce que j'appellerai l'opération unitive, celle qui unit les hommes entre eux en même temps qu'elle unit l'humanité à Dieu. L'intensité et la profondeur de cette opération se concrétisent et se donnent à connaître dans sa modalité, qui est engendrement et filiation, engendrement du Fils par le Père et, par la médiation du Fils, adoption filiale des hommes par le Père.

 

Francis Richard

 

1 - C'est [au] travail de l'État et de la démocratie modernes que nous devons ce nouvel être, le semblable compatissant au semblable, que nous sommes tous plus ou moins devenus.

 

Pascal et la proposition chrétienne, Pierre Manent, 432 pages, Grasset

 

Livres précédents:

Situation de la France Desclée de Bouwer (2015)

La loi naturelle et les droits de l'homme PUF (2018)

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11 octobre 2022 2 11 /10 /octobre /2022 21:45
Saint Vincent de Paul (1561-1660) - Le miséricordieux, d'Aimé Richardt

Comme raconter la vie de Vincent de Paul n'est pas simple, aux dires même d'Aimé Richardt, il vaut mieux lire la biographie qu'il vient de lui consacrer et se contenter d'en donner un aperçu en soulignant quelques traits à partir de ce qu'il en dit:

 

Le coeur de Vincent ne pouvait rester étranger à aucune infortune, ni son génie d'organisation laisser quelque souffrance qu'il n'eût essayé de secourir.

 

Quelles sont les infortunes auxquelles son coeur n'a pu rester étranger? Les pauvres malades, les galériens, les enfants trouvés, les vieux, les soldats démobilisés, malades ou affamés... Comment? En les assistant corporellement et spirituellement.

 

Quels sont les manifestations de son génie de l'organisation? Aimé Richardt note, par exemple, qu'en 1633 il est:

- aumônier général des galères;

- supérieur de la congrégation de la Mission;

- supérieur des Visitandines de Paris;

- supérieur des Filles de la Charité.

 

S'il est miséricordieux et qu'il est un organisateur né, il est également persuasif et arrive à convaincre les grands de son époque de faire des dons pour les nombreuses oeuvres qu'il mène et de l'aider, alors qu'il n'est que le fils d'un pauvre laboureur des Landes:

 

En fait son père Jean Depaul, ou de Paul, était un agriculteur aisé propriétaire de ses terres, de sa maison, et de bétail.

Sa mère Bertrande de Moras appartient à une famille de lignée bourgeoise, peut-être de la petite noblesse locale, mi-rurale, mi-liée au monde de la robe.

 

Le maître-mot de ce grand saint est la Charité. Encore faut-il s'entendre sur la signification de cette vertu théologale:

 

La nature qui porte les hommes à s'entraider, les pousse bien davantage à se préférer aux autres. Elle ne va pas au-delà d'une bienfaisance qui est plutôt une satisfaction que l'effet d'un dévouement réel. Mais pour aimer son prochain comme soi-même, il faut l'aimer en Dieu.

Par une merveilleuse réciprocité, de même que Dieu, pour se faire aimer, a dû descendre jusqu'à nous, de même l'homme doit s'élever jusqu'à Dieu pour apprendre de lui à aimer son semblable.

 

Il est exigeant avec les autres comme il l'est avec lui-même, mais il recommande toutefois de mesurer son zèle dans une lettre qu'il adresse à Louise de Marillac:

 

Prenez garde de n'en pas faire trop; c'est une ruse du démon dont il trompe les bonnes âmes que de les exciter à faire plus qu'elles ne peuvent, afin qu'elles ne puissent plus rien faire; et l'esprit de Dieu invite doucement à faire le bien que raisonnablement on peut faire, afin qu'on le fasse avec persévérance et longuement.

 

De même méprise-t-il assez les artifices de l'éloquence:

 

Pour Vincent, le parfait missionnaire ne devait pas avoir d'autre modèle pour parler au peuple que Jésus-Christ, qui se servait d'un langage simple et à la portée de tous, et qui expliquait par des comparaisons familières les vérités de l'Évangile.

 

Il faut, disait Jésus-Christ, juger l'arbre aux fruits:

 

L'oeuvre des Conférences de Saint-Vincent-de-Paul compte aujourd'hui (2021) plus de 800 000 membres répartis en près de 50 000 Conférences dans le monde.

 

Francis Richard

 

Saint Vincent de Paul (1581-1660) - Le miséricordieux, 156 pages, Éditions SOTECA

 

Livres précédents:

 

Chez François-Xavier de Guibert:

La vérité sur l'affaire Galilée (2007)

Calvin (2009)

Saint François de Sales et la Contre-Réforme (2013)

Jean Huss, précurseur de Luther (2013)

Bossuet, conscience de l'Eglise de France (2014)

Lacordaire - Le prédicateur, le religieux (2015)

 

Chez Artège:

Lamennais le révolté 1782-1854 (2017)

Zwingli le réformateur suisse 1484-1531 (2018)

Montalembert (2020)

Le Catholicisme social en France (1830-1870) (2020)

Saint François Xavier - Le missionnaire (2022)

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17 avril 2022 7 17 /04 /avril /2022 17:55
Icône biélorusse

Icône biélorusse

Le 7 avril 2012, il y a dix ans et dix jours, lors de la veillée pascale en la Basilique Saint-Pierre de Rome, le Pape Benoît XVI, prononçait une homélie lumineuse, où il disait que Pâques était la fête de la nouvelle création.

 

(À mes amis chrétiens qui se fourvoient dans le panthéisme, que l'écologisme a remis à l'honneur, je rappelle au passage que, dans le récit de la Genèse, Dieu donne clairement la priorité à l'homme sur la nature: Soumettez-la, dit-il au premier couple.)

 

Il n'est donc pas fortuit que la liturgie catholique de la Vigile pascale comprenne comme première lecture, le récit de la création. Le Pape Benoît XVI expliquait qu'avec Pâques la création était devenue plus grande et plus vaste:

 

Pâques est le jour d'une nouvelle création, c'est la raison pour laquelle en ce jour l'Église commence la liturgie par l'ancienne création, afin que nous apprenions à bien comprendre la nouvelle.

 

Le récit de la création, de façon symbolique, commence par la création de la lumière. Il ne s'agit pas de la lune ni du soleil, qui ne sont que des sources de lumière, que Dieu a placées dans le firmament du ciel et qui n'ont pas de caractère divin.

 

La lumière rend possibles la vie, la rencontre, la communication, la connaissance, la liberté et le progrès: Le fait que Dieu ait créé la lumière signifie que Dieu a créé le monde comme lieu de connaissance et de vérité, lieu de rencontre et de liberté, lieu du bien et de l'amour.

 

La lumière est singulière, elle n'est pas plurielle, comme l'ont prétendu des hommes qui se sont pris pour des démiurges:

 

L'obscurité vraiment menaçante pour l'homme est le fait que lui, en vérité, est capable de voir et de rechercher les choses tangibles, matérielles, mais il ne voit pas où va le monde et d'où il vient.

 

Benoît XVI ajoutait avec un bon sens qui devrait faire réfléchir:

 

Si Dieu et les valeurs, la différence entre le bien et le mal [le relativisme], restent dans l'obscurité, alors toutes les autres illuminations, qui nous donnent un pouvoir aussi incroyable, ne sont pas seulement des progrès, mais en même temps elles sont des menaces qui mettent en péril nous et le monde.

 

La science et la foi ne sont pas incompatibles, au contraire. L'une est nécessaire, mais, sans l'autre, est insuffisante:

 

Sur les choses matérielles nous savons et nous pouvons incroyablement beaucoup, mais ce qui va au-delà de cela, Dieu et le bien, nous ne réussissons plus à l'identifier. C'est pourquoi c'est la foi qui nous montre la lumière de Dieu, la véritable illumination, elle est une irruption de la lumière de Dieu dans notre monde, une ouverture de nos yeux à la vraie lumière.

 

Alors, pour ceux de mes lecteurs qui n'ont pas la foi, et même pour ceux qui l'ont, je prie et essaie d'être au moins, auprès d'eux, porteur de la lumière du Christ, pour que la splendeur de [son] visage entre dans le monde et permette à ceux qui y vivent de devenir, ou de rester, métaphysiciens.

 

Francis Richard

Nuit pascale

Nuit pascale

Jour pascal

Jour pascal

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27 décembre 2021 1 27 /12 /décembre /2021 23:55
Pour l'éternité, du Cardinal Robert Sarah

L'ordination ne nous met pas sur un trône mais sur la Croix. Ne nous laissons pas voler par quelques pervers les mots si beaux et si exigeants de la tradition chrétienne. L'identification mystique et spirituelle du prêtre au Christ ne conduit à aucun abus si elle est vécue en vérité. N'ayons pas peur de redonner leur sens profond à ces mots si exigeants.

 

Pour leur redonner ce sens profond, le Cardinal Robert Sarah invite à la méditation le lecteur catholique, qu'il soit prêtre, séminariste ou appartienne tout simplement au peuple de Dieu.

 

Ce recueil de méditations en comporte quatorze, comme le nombre de stations du chemin de Croix. Ce ne peut être fortuit de la part de cet éminent prélat, toujours émerveillé d'avoir été appelé.

 

Chacune de ces méditations comprend une introduction, une citation, la plupart du temps d'un saint ou d'un pape - il donne en somme la parole à l'Église - et la méditation qu'il en tire.

 

Les saints, ce sont Catherine de Sienne, Grégoire le Grand, Jean Chrysostome, Jean-Paul II, Bernard de Clairvaux, Augustin, John Henry Newman; les Papes, Benoît XVI, François, Pie XII.

 

L'auteur convoque aussi le Cardinal Jean-Marie Lustiger, ce grand serviteur de l'Église, et Georges Bernanos, ce romancier laïc, qui écrivit quelques vérités essentielles sur le sacerdoce.

 

Il ressort de ces méditations que:

 

- L'Église n'a pas tant besoin de réformateurs que de saints prêtres: On ne réforme les vices de l'Église qu'en prodiguant l'exemple de ses vertus héroïques.

 

- Les prêtres ne doivent pas dissocier leur vie de prêtre de leur vie privée: Être prêtre n'est pas une profession, c'est une identité qui doit devenir identification.

 

- Les prêtres sont rien et tout: Le prêtre doit travailler à l'épanouissement ordonné et équilibré des vertus humaines et morales pour être un bon instrument entre les mains de l'artiste divin.

 

- Les prêtres valent d'abord par ce qu'ils sont et non par ce qu'ils font: Le prêtre n'est pas un autre Christ, à côté du Christ. Il est le Christ lui-même se continuant sacramentellement.

 

- Les laïcs n'ont pas à gouverner l'Église: Les prêtres, parce qu'ils rendent présent sacramentellement le Christ pasteur et serviteur, doivent gouverner sans exercer une domination humaine, mais en prolongeant l'oeuvre du Bon Pasteur.

 

- Les prêtres ont une vocation à la prière: Un prêtre qui ne prie pas vit dans l'illusion de la générosité et du don de soi.

 

- Les prêtres doivent vivre comme les apôtres: Les fidèles veulent voir leurs prêtres prier ensemble, vivre ensemble dans la charité. Quelle crédibilité aura la communion sacramentelle si elle n'est pas vécue dans la communion fraternelle?

 

- L'évangile est radical:

. Le célibat est le signe d'une vie qui n'a de sens que par Dieu et pour Lui.

. L'obéissance du prêtre n'est pas une soumission professionnelle à un supérieur hiérarchique. Elle s'inscrit dans l'obéissance du Fils au Père, elle y participe et la prolonge.

. Si un prêtre est un Christ, alors il est pauvre! Il n'y a pas à discuter.

 

- Le prêtre n'est pas le représentant d'une communauté: Le sacerdoce est une grâce et un pouvoir sacré reçu du Christ.

 

- Ce que professe principalement le prêtre, c'est la  messe: La Croix est le sacrifice qui nous réconcilie avec Dieu parce que l'hostie et le prêtre y sont un seul corps.

 

- Le prêtre est un homme consacré et il est l'homme du sacré: Un prêtre qui n'est pas un saint est une sorte d'anomalie. Car le sacré sans sainteté n'a pas de sens.

 

- Le Christ est le Grand Prêtre parfait: Parce qu'il a la capacité de nous mettre en communion avec Dieu et en communion entre nous.

 

- Dans l'Évangile, le Christ confie toujours une charge à une personne, jamais à une institution: Jésus veut des personnes réelles, libres, pleinement responsables de leurs actes et autonomes, des instruments dociles entre ses mains et non des structures ou des machines.

 

- L´Église ne peut vraiment être réformée qu'en se laissant modeler par Dieu: C'est de sainteté et non pas de management qu'a besoin l'Église pour répondre à chaque époque aux besoins de l'homme. (Entretiens sur la foi du cardinal Joseph Ratzinger).

 

Après avoir rappelé que le Christ a voulu que nous ayons tout par la Vierge Marie et que nous lui vouions une dévotion très spéciale, le Cardinal Sarah conclut ainsi ses Méditations sur la figure du prêtre:

 

L'Église ressemble certains jours à un bateau au bord du naufrage, mais nous savons que le Christ y est présent même s'il semble dormir. De même, dans notre coeur de prêtre, même s'il semble se taire, le Christ notre joie reste toujours présent et il y demeurera pour l'éternité.

 

Francis Richard

 

PS

Cette note de lecture est dédiée à mon oncle, le RP Frans Van Poucke, qui m'a baptisé.

 

Pour l'éternité, Cardinal Robert Sarah, 324 pages, Fayard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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24 décembre 2021 5 24 /12 /décembre /2021 09:50
La Vierge et l'Enfant avec le jeune Saint Jean-Baptiste, de Sandro Botticelli (Musée du Louvre)

La Vierge et l'Enfant avec le jeune Saint Jean-Baptiste, de Sandro Botticelli (Musée du Louvre)

Obéissant fidèlement à la Tradition, le saint Concile déclare que la sainte Mère l'Église considère comme égaux en droit et en dignité tous les rites légitimement reconnus, et qu'elle veut, à l'avenir, les conserver et les favoriser de toutes manières.

 

[...]

 

L'usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins.

 

(Sacrosanctum Concilium, Constitution conciliaire promulguée le 4 décembre 1963 par le saint pape Paul VI)

 

Inutile donc de commenter le cadeau (?), Responsa ad dubia, préparé le 4 décembre 2021 par Mgr Arthur Roche, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, sur les dispositions claires, hélas, de Traditionis custodes de Pape François.

 

À tous mes lecteurs chrétiens, en cette Vigile de la Nativité de Notre Seigneur, je souhaite par avance un joyeux Noël, en famille et/ou avec leurs proches. Même ceux de mes lecteurs qui ne sont pas chrétiens pourront apprécier le poème ci-dessous que je dédie à tous.

 

Marie Noël est le nom de plume de Marie Mélanie Rouget (1883-1967). Aujourd'hui cette poétesse est bien méconnue. Pourtant, de son vivant, elle a reçu, pour son oeuvre, de nombreuses récompenses, notamment de la part de la vénérable Académie française.

 

Dans Berceuse de la Mère-Dieu, Marie, douce et humble de coeur, comme son fils Jésus, est reconnaissante envers Dieu pour la grâce qu'Il lui a faite d'être mère d'une telle merveille, mais cela ne l'empêche pas d'avoir une tendre lucidité pour ce qu'il Lui adviendra.

 

Dans notre monde qui se déshumanise et se déchristianise de plus en plus, processus porté en ces temps hystériques à un acmé, une telle poésie apparaît lumineuse et bien réconfortante. Le poème reproduit ci-dessous, et qui est extrait du Rosaire des joies, le confirme.

 

Fêter Noël, ce qu'une soi-disant élite d'Europe, foulant au pied ses origines, voudrait interdire, c'est bien sûr célébrer la naissance de l'Enfant-Dieu, mais c'est aussi rendre hommage à Marie, la Mère-Dieu, ce que cette berceuse maternelle fait de manière humaine et divine.

 

Francis Richard

 

Berceuse de la Mère-Dieu

 

Mon Dieu, qui dormez, faible entre mes bras,

Mon enfant tout chaud sur mon coeur qui bat,

J'adore en mes mains et berce étonnée,

La merveille, ô Dieu, que m'avez donnée.

 

De fils, ô mon Dieu, je n'en avais pas.

Vierge que je suis, en cet humble état,

Quelle joie en fleur de moi serait née?

Mais vous, Tout-Puissant, me l'avez donnée.

 

Que rendrais-je à vous, moi sur qui tomba

Votre grâce? ô Dieu, je souris tout bas

Car j'avais aussi, petite et bornée,

J'avais une grâce et vous l'ai donnée.

 

De bouche, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas

Pour parler aux gens perdus d'ici-bas...

Ta bouche de lait vers mon sein tournée,

Ô mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.


De main, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas

Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las...

Ta main, bouton clos, rose encore gênée,

Ô mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.

 

De chair, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas

Pour rompre avec eux le pain du repas...

Ta chair au printemps de moi façonnée,

Ô mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.

 

De mort, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas

Pour sauver le monde... Ô douleur ! là-bas,

Ta mort d'homme, un soir, noir, abandonnée,

Mon petit, c'est moi qui te l'ai donnée.

 

Marie Noël

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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