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4 septembre 2023 1 04 /09 /septembre /2023 22:55
L'interventionnisme de l'État à l'origine de calamités

Une calamité d'origine publique conduit toujours à une autre calamité publique pour soi-disant corriger la première.

Principe des calamités publiques de Michel de Poncins

 

L'actuelle inflation des prix est principalement le résultat de l'augmentation de la masse monétaire - la planche à billet - et de l'augmentation des prix de l'énergie. Dans le premier cas l'interventionnisme de l'État en est la cause, dans le second il y contribue largement. Dans les deux cas, il se traduit par des calamités.

 

En quarante ans de déficits, l'État français1 est devenu obèse. Le site Vie publique confirme cette obésité: en 2022, les recettes des administrations publiques et leurs dépenses ont encore augmenté, les premières un peu plus que les secondes. Mais, surtout, la dette publique a atteint les 2950 milliards d'euros2.

 

Pourquoi? Parce que l'État français a une gestion calamiteuse. En 2022, selon l'INSEE les dépenses publiques ont représenté 58,3% du PIB et les recettes 53,5%, ce qui pèse lourd sur l'économie. Les administrations publiques ont dépensé plus qu'elles n'ont eu de recettes et ont continué à être déficitaires, 4,7% du PIB3.

 

Ces 4,7% sont trompeurs: la différence entre recettes et dépenses de l'administration centrale, elle, est de -134,9 milliards d'euros4 en 2022 comme cela apparaît sur le site de l'INSEE, soit 21% de ses recettes. Quelle entreprise ou quel foyer pourrait supporter une telle perte annuelle, un tel quoi qu'il en coûte?

 

Les étatistes au pouvoir depuis des décennies ont pour agenda de prendre l'argent des uns, sous forme d'impôts et taxes, pour le donner à d'autres, sous forme d'aides, de chèques, de subventions, d'allocations, s'attribuant les mérites d'une solidarité forcée, qui, concrètement, a des effets de ruine pour tout le monde:

 

Ce sont les calamités publiques destinées à réparer celles induites par les prédations publiques qui les précèdent.

 

La raison de la différence entre recettes et dépenses provient donc surtout de l'interventionnisme de l'État central dans tous les domaines où le privé ferait mieux que lui: la santé, les transports ou l'éducation par exemple; et de sa gestion technocratique et bureaucratique dans tous les domaines, y compris régaliens.

 

Le même processus se retrouve avec le marché administré de l'électricité, analysé en début de cette année par Jean-Philippe Delsol les 1er février et 7 février, et sur celui des produits pétroliers, où confiscations fiscales (20% de TVA et environ 40% de TICPE), ont été suivies de corrections l'an passé pour les atténuer.

 

Comme le prix du baril de pétrole a tendance à reprendre l'ascenseur, donc celui à la pompe, que l'État en profite avec ses taxes proportionnelles, Xavier Bertrand demande une ristourne de 15 à 20 centimes (voir Le Figaro du 1.09.2023), une ristourne de 30 centimes étant exclue en raison des finances de l'État...

 

Pour sortir de ce cercle vicieux, il n'y a en fait pas d'autre issue que de réduire drastiquement les dépenses et les recettes, avec pour objectif de libérer au plus vite l'économie et les habitants du contrôle et du poids de l'État, qui n'est plus qu'une bureaucratie pachydermique, profitant à une minorité de prébendiers.

 

Francis Richard

 

1 - Englobant toutes les administrations publiques: centrale, locales et sociales.

2 - 3013 milliards d'euros au 31 mars 2023

3 - Dû à l'administration centrale, ce qui plaide une fois de plus pour une vraie décentralisation.

4 - Le déficit public total en 2022 est de 124,5 milliards d'euros.

 

Publié sur Contrepoints le 7 novembre 2023.

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25 avril 2020 6 25 /04 /avril /2020 12:30
Les dix points du Manifeste communiste de Marx et Engels

Ce que le communisme, c'est-à-dire le socialisme originel, celui des Soviets, des Maoïstes ou des Khmers rouges, n'a pas réussi à obtenir par la force, L'État-providence l'obtient furtivement depuis des décennies avec pour résultats ruine et misère, auxquelles conduit inévitablement la servitude volontaire ou pas.

 

Marx et Engels avaient établi un beau programme en dix points pour les pays avancés, qui fut plutôt celui des pays qui ne l'étaient pas et qui fit parmi les récalcitrants des millions de victimes, qu'il est de bon ton de ne jamais évoquer pour ne pas désespérer ceux qui croient encore en l'avenir radieux socialiste.

 

 

Les dix points du Manifeste

 

Ces dix points les voici tels qu'ils sont traduits dans l'édition du Manifeste communiste (1848), établie par Maximilien Rudel en 1965 et publiée dans la Bibliothèque de la Pléiade en 1969:

 

1) Expropriation de la propriété foncière et affectation de la rente foncière aux dépenses de l'État.

 

2) Impôt sur le revenu fortement progressif.

 

3) Abolition du droit d'héritage.

 

4) Confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles.

 

5) Centralisation du crédit entre les mains de l'État, au moyen d'une banque nationale à capital d'État et à monopole exclusif.

 

6) Centralisation entre les mains de l'État de tous les moyens de transport et de communication.

 

7) Multiplication des manufactures nationales et des instruments de production; défrichement des terres incultes conformément à un plan d'ensemble.

 

8) Travail obligatoire pour tous, constitution d'armées industrielles, particulièrement dans l'agriculture.

 

9) Combinaison de l'exploitation agricole et industrielle; mesures tendant à faire disparaître graduellement la différence entre la ville et la campagne.

 

10) Éducation publique et gratuite de tous les enfants. Abolition du travail des enfants dans les fabriques, tel qu'il existe aujourd'hui; éducation combinée avec la production matérielle, etc., etc.

 

 

La mise en place des dix points

 

A la lecture de ces dix points, il faut remarquer qu'ils ne sont pas encore tous complètement mis en place, suivant celle qu'occupe l'État-providence dans un pays:

 

1) Des propriétés foncières privées peuvent toujours exister mais elles sont souvent soumises à de telles taxes ou à de telles réglementations que les propriétaires n'en disposent pas librement.

 

2) L'impôt sur le revenu fortement progressif est la règle dans la plupart des pays avancés, sauf dans nombre de ceux qui ont connu le communisme et ont fini par s'en affranchir après la chute du Mur.

 

3) Le droit d'héritage n'est peut-être pas aboli mais les droits de succession sont souvent tellement élevés qu'il semble plutôt que ce soient les États qui héritent que les véritables ayant-droits.

 

4) C'est une tentation très forte pour les États de s'en prendre aux biens des exilés, fiscaux ou pas; les États les plus endettés y succombent et traquent les rebelles sous prétexte fallacieux de fraude.

 

5) Des banques privées existent toujours mais elles sont tellement soumises à des réglementations et au monopole des banques centrales qu'elles sont en réalité sous tutelle et très encadrées. 

 

6) Suivant que l'État-providence est plus ou moins présent dans un pays, les transports publics y sont plus ou moins dominants et la liberté d'opinion y est plus ou moins menacée par la judiciarisation.

 

7) S'il y a moins d'entreprises nationales proprement dites, encore que les États se réservent souvent le monopole de la production et de la politique énergétiques, il n'est pas exclu de nationaliser en cas de crise.

 

8) Le travail n'est peut-être pas obligatoire pour tous, mais les règles du marché du travail, notamment dans des pays comme la France, sont telles que ce serait plutôt le chômage structurel qui le serait.

 

9) La diminution de la population agricole n'est pas due principalement à l'intervention de l'État: c'est une évolution des activités humaines et de la création de richesses dues aux innovations.

 

10) L'école publique et gratuite (en fait rien n'est jamais gratuit), faute de concurrence, est fortement inégalitaire, mais elle a l'avantage de formater des générations d'élèves à la pensée unique socialiste.

 

 

Conclusion

 

La tendance à la réalisation complète des points qui figurent dans Le Manifeste communiste, au cours des dernières décennies, est bien réelle dans les pays avancés. Ce qui veut dire d'ailleurs qu'ils ont reculé devant le mythe égalitaire.

 

Malheureusement, la crise sanitaire actuelle pourrait bien être le prétexte à la parachever, d'autant que les populations, bien malgré elles, s'habituent à ne plus jouir des libertés individuelles qui leur restent encore.

 

Le 25 septembre 1993, aux Lucs-sur-Boulogne, Alexandre Soljenitsyne prononçait un discours lors de l'inauguration de l'Historial de Vendée, qui éclaire très bien le choix essentiel pour une société entre liberté et égalité, idéaux qui, avec fraternité, figurent dans la devise républicaine française:

 

Dans la vie sociale, liberté et égalité tendent à s'exclure mutuellement, sont antagoniques l'une de l'autre. La liberté détruit l'égalité sociale - c'est même là un des rôles de la liberté -, tandis que l'égalité restreint la liberté, car, autrement on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n'est pas de leur famille. Ce n'est qu'un aventureux ajout au slogan et ce ne sont pas des dispositions sociales qui peuvent faire la fraternité. Elle est d'ordre spirituel.

 

La liberté, si elle détruit l'égalité sociale, permet la création de richesses et réduit la pauvreté, tandis que la société voulue par Marx et Engels en restreignant fortement la liberté nivelle par le bas et se résume à tous égaux, mais pauvres.

 

Francis Richard

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19 juin 2018 2 19 /06 /juin /2018 22:55
Un colis piégé, de Claude Béglé

Pendant une courte période, du 1eravril 2019 au 19 janvier 2010, Claude Béglé a présidé le Conseil d'administration de la Poste suisse: il avait été nommé par le Conseil fédéral le 25 juin 2008 et n'avait siégé comme simple administrateur qu'à partir du 1er octobre 2008...

 

C'était un cadeau empoisonné que le Conseiller fédéral Moritz Leuenberger lui avait fait, un cadeau empoisonné qui s'est révélé être pour lui Un Colis piégé, qui a fini par exploser et le faire renoncer.

 

En janvier 2010, c'est-à-dire à la fin de sa présidence, j'ai consacré deux articles à ce qui était devenue l'affaire Béglé: 

 

- La mission impossible de Claude Béglé pour sauver la Poste (14 janvier 2010)

- "Ils" ont eu la peau de Claude Béglé (19 janvier 2010)

 

A l'époque je n'avais lu que quelques articles partiaux, qui étaient publiés dans la presse écrite romande et qui sonnaient l'hallali contre lui. Il était donc intéressant de lire sa version des faits bien des années après.

 

Ce témoignage vécu permet de mieux comprendre Les rouages discrets des institutions suisses, dont le géant jaune bicéphale fait partie et où se glissent parfois de terribles grains de sable, qui grippent une mécanique autrement assez bien huilée.

 

L'auteur reste pourtant convaincu, en dépit de son expérience malheureuse, que la Poste doit être à la fois un service public et une entreprise rentable pour le rester, c'est-à-dire être une entreprise hybride...

 

Le périmètre de l'État me semble devoir être circonscrit, comme le disait Frédéric Bastiat aux trois attributions gouvernementales suivantes (inutile de dire que cette opinion n'est pas du tout majoritaire ici en Suisse, comme l'échec de l'initiative pour la suppression de la redevance audiovisuelle vient de le prouver):

 

- Veiller à la sécurité publique

- Administrer le domaine commun

- Percevoir les contributions

 

En dehors de ces attributions, les services publics ne peuvent qu'être frappés, au moins dans une certaine mesure, d'immobilisme et de stérilité:

 

Sans doute l’esprit de corps, le désir de l’avancement, l’attachement au devoir, peuvent être pour le fonctionnaire d’actifs stimulants. Mais jamais ils ne peuvent remplacer l’irrésistible incitation de l’intérêt personnel, écrit l'économiste français dans Les Harmonies économiques.

 

C'est pourquoi Claude Béglé avait, à mon sens, quoi qu'il fasse, une mission impossible à accomplir et son livre, bien que ce ne soit pas du tout son objectif, me confirme dans cette conviction. 

 

Dans son livre, qui d'ailleurs est écrit sans acrimonie, et même avec une bienveillance qui l'honore, à l'égard de ses adversaires, il montre en effet qu'il a bien été confronté à l'immobilisme et à la stérilité:

 

- L'immobilisme: il ne fallait rien changer à la stratégie perdante de Michel Kunz, le directeur général qui lui avait été imposé le 15 décembre 2008 (et qui était un homme du sérail, au contraire de lui), une stratégie qui se résumait à la réduction des coûts et du nombre d'offices de poste pour y parvenir;

 

- La stérilité: il ne fallait surtout pas innover ni trouver de nouveaux relais de croissance pour compenser la baisse naturelle et inexorable des volumes du courrier traditionnel et il ne fallait surtout pas toucher à l'esprit de corps d'un tel monolithe.

 

Claude Béglé n'était pas un homme du sérail: c'était un intrus qui avait fait ses preuves ailleurs et qui voulait bouleverser les habitudes prises et revoir la gouvernance; c'était un homme seul sans réseau ni dans la politique ni dans l'administration. Or l'étatisme rejette tout corps étranger qui pourrait le contaminer et le rendre efficient... 

 

Ce réflexe corporatiste est d'une manière générale le propre des services publics: il l'est d'autant plus qu'ils emploient un grand nombre de personnes; il suffit de regarder ce qui se passe en France avec les agents de la SNCF ou de l'Éducation nationale, quelles que soient les réformes entreprises...

 

Claude Béglé envisageait des développements de la Poste à l'étranger dans un monde qui est globalisé quoi qu'on veuille, mais c'était impensable après les expériences malheureuses d'entreprises liées à l'État telles que Swissair  ou les CFF. Et pourtant des entreprises privées suisses le font remarquablement...

 

Ce qui choque le plus dans cette histoire, et peut donner la nausée, indépendamment de toutes considérations économiques, c'est le comportement indigne de ceux qui ont eu la peau de Claude Béglé et qui n'en sortent pas grandis.

 

Pour parvenir à leurs fins, les partisans de Michel Kunz, dont les rapports de service ont été rompus par le Conseil d'administration le 14 décembre 2009, ont employé sans vergogne tous les moyens, en interne comme à l'externe: mélanges du vrai et du faux, contrevérités, désinformations, attaques ad hominem etc.

 

Claude Béglé le raconte avec force détails, pour rétablir la vérité, mais il ne veut pas que l'on retienne seulement le lynchage médiatique dont il a été victime. Il aimerait que l'on tire les leçons de cette histoire pour le plus grand bien du pays et de ses habitants:

 

Si l'épisode que je viens de décrire, au-delà de ses aspects rocambolesques, pouvait au moins contribuer à une prise de conscience collective de la nécessité que nous avons à faire évoluer nos institutions et nos mentalités, alors le jeu en aurait déjà amplement valu la chandelle.

 

Francis Richard

 

Colis piégé - Choc de cultures à la Poste, de Claude Béglé, 196 pages, Favre

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14 juin 2016 2 14 /06 /juin /2016 21:40
La finance de l'ombre a pris le contrôle, de Dominique Morisod et Myret Zaki

Myret Zaki a relevé le défi de reprendre le travail accompli par Dominique Morisod. Celui-ci avait entrepris la rédaction d'un livre, inachevé, où il se donnait pour objectif de dénoncer les dérives mortifères pour l'économie réelle d'un certain nombre de professionnels de la finance.

 

Ces moutons noirs n'hésitent pas, comme le dit Daniel Schmid dans sa préface, à ériger des systèmes qui n'ont pour seul but que d'enrichir leur établissement et bien entendu eux-mêmes, quitte à avoir une influence négative sur leurs clients, la société, sans l'ombre d'un scrupule.

 

Le préfacier ajoute: Cependant, peu d'entre eux maîtrisent l'ensemble des processus auxquels ils participent. En revanche, ils savent qu'ils contribuent à créer les conditions qui pourraient dégénérer en un krach financier dont les retombées sur l'économie réelle seraient sans précédent.

 

A la suite de la crise de 2007-2008, des mesures ont été prises pour réglementer davantage le système bancaire. Il s'agissait de faire en sorte qu'elle ne se repoduise pas. Mais, à chaque fois que des réglementations sont décidées, plus elles sont contraignantes, plus se développe un marché noir pour les éviter.

 

Dans le domaine financier s'est ainsi développé ce que les auteurs appellent la finance de l'ombre. Cette finance de l'ombre était déjà présente lors des crises de 2002 et de 2008. Elle n'a fait que croître et embellir. Elle a même été favorisée par les politiques monétaires des banques centrales.

 

Ces politiques monétaires étaient déjà responsables des crises précédentes. Les manipulations des monnaies sont un moyen, croit-on, de réguler l'activité de l'économie réelle. Or il n'en est rien. Elles sont en fait à l'origine des bulles financières et immobilières et des krachs qui en sont les conséquences.

 

Cette fois les banques centrales ont fait très fort. Depuis 7 ans, prétendument pour relancer la croissance, les taux d'intérêt sont de 0%, voire négatifs. Or la croissance n'a pas été relancée, ou sinon partiellement, et l'inflation immorale des prix souhaitée (2%) n'a pas été atteinte. C'est la dette globale qui  a augmenté:

 

En effet la dette des gouvernements, des entreprises, des ménages et du secteur financier a augmenté de 57 000 milliards de dollars entre mi-2007 et mi-2014, pour atteindre quelque 200 000 milliards de dollars, selon McKinsey, soit 286% du PIB mondial.

 

Le mécanisme est malheureusement simple. L'emprunt gratuit permet d'investir dans des placements qui génèrent des gains d'autant plus élevés qu'ils sont risqués, et ils sont d'autant plus risqués qu'ils sont mauvais. Et, comme les investisseurs cherchent des rendements désespérément, ils se laissent tenter par des gains démesurés...

 

Il faudrait sortir de ces taux zéro, mais le problème est qu'on ne sort pas comme ça d'un tel cercle vicieux. Une hausse des taux, alors qu'une bulle de crédit s'est formée, ne pourrait qu'être catastrophique: Lorsque les taux d'intérêt remontent, les garanties perdent de la valeur et les charges financières augmentent.

 

L'intérêt du livre de Dominique Morisod et de Myret Zaki est de passer en revue les véhicules financiers empruntés, qui forment cette bulle de crédit sans précédent, et de montrer comment ils fonctionnent dans l'ombre peut-être, mais au vu et au su des banques centrales et des grandes instances internationales.

 

La finance de l'ombre, c'est-à-dire non bancaire, comprend ainsi divers fonds tels que les fonds de private equity, qui investissent dans des entreprises non cotées, ou les hedge funds, qui investissent en bourse, des asset managers, des courtiers, des négociants. Elle croît plus vite que la finance réglementée.

 

Représentant à fin 2014 quelque 80 000 milliards de dollars, sur un total de 200 000 milliards d'endettement au niveau mondial, la finance de l'ombre a pris le contrôle dans le sens qu'elle empêche la remontée des taux d'intérêts. En effet cette remontée se traduirait par l'éclatement d'une bulle bien plus phénoménale que celle de 2008...

 

Francis Richard

 

La finance de l'ombre a pris le contrôle, Dominique Morisod et Myret Zaki, 196 pages Favre   

 

Livres précédents de Myret Zaki chez le même éditeur:

 

Vive l'évasion fiscale (2010)

La fin du dollar (2011)

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20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 22:55
La folie des banques centrales, de Patrick Artus et Marie-Paule Virard

Le diagnostic établi par Patrick Artus et Marie-Paule Virard est sévère.

 

En effet les banques centrales seraient folles. Que font-elles pour mériter pareil qualificatif?

 

Depuis 2010, une fois passé le plus fort de la crise:

- elles pratiquent des taux d'intérêt proches de zéro;

- elles augmentent vertigineusement la liquidité, autrement dit elles créent de la monnaie à tout va.

 

Les auteurs remarquent: Le flot de liquidités entretient l'anesthésie généralisée et nourrit l'ampleur des mouvements que l'on observe sur le prix des actifs (actions, obligations, immobilier) comme sur les taux de change.

 

Une des conséquences est qu'ont disparu les primes de risques entre investissements comportant un risque et investissements sans risque, alors qu'elles sont censées représenter le rendement supplémentaire justifié par la prise de risque: leurs écarts de rendement, leurs spreads, sont comprimés...

 

Le but de cette politique monétaire, pratiquée à l'échelle planétaire, est, en l'absence d'inflation des prix des biens et des services et en présence de bulles sur les prix des actifs (une banque centrale peut toujours créer de la monnaie pour acheter des actifs), de s'occuper de la croissance et de l'emploi, avec l'illusion de créer de la richesse par stimulation de la demande...

 

Pour les interventionnistes de toute sorte, c'est le seul outil qu'il leur reste pour faire des dégâts. En effet la politique budgétaire pour relancer l'économie n'est plus possible en raison des taux d'endettements stratosphériques, qu'ils soient publics ou privés. Alors, la politique monétaire se résume à mettre une plus grande quantité en circulation plutôt que d'agir sur son prix.

 

Comment? Non pas, comme dans le bon vieux temps, en faisant marcher la planche à billets, mais en rachetant de la dette publique ou privée à des institutions financières. Ce processus est appelé, magnifique euphémisme, assouplissement quantitatif, c'est-à-dire, en français dans le texte, quantitative easing. Qu'en termes galants ces choses-là sont dites!

 

Comment cela se traduit-il? Par une augmentation des réserves des institutions financières, ce qui leur permet de créer de la monnaie sous forme de crédits à taux faible aux entreprises et aux particuliers, qui retrouvent une marge de manoeuvre pour investir ou consommer, ce qui est censé doper l'activité et la croissance.

 

Mais, surprise, cela ne les dope pas. Au contraire cela incite les agents économiques fragiles à persévérer dans leurs mauvaises habitudes et cela débouche sur une mauvaise allocation de l'épargne: cela favorise le développement de la partie de l'économie liée aux prix des actifs, à l'endettement, à la spéculation...

 

A la longue cela se traduit par une contraction de l'économie, par l'explosion des bulles, par une crise de l'endettement. Ce sont les effets pervers des taux bas à long terme, que les banques centrales ne peuvent plus remonter sans risquer d'avoir un effet catastrophique sur les finances publiques comme sur les dettes des emprunteurs privés...

 

Dans le passé la politique monétaire se résumait, selon les auteurs, à un arbitrage à court terme entre chômage et inflation, en jouant sur les taux d'intérêt. Mais, comme l'inflation a disparu, l'arbitrage doit se faire entre chômage d'une part et excès de liquidité et bulles sur les prix d'actifs d'autre part.

 

Bref, aujourd'hui, les auteurs pensent que les banques centrales devraient répondre aux questions suivantes: quelle est la quantité de liquidité nécessaire au bon fonctionnement de l'économie? Où sont les risques? Comment se donner les moyens de réagir aux crises financières? Et pour y répondre, ils préconisent une coopération monétaire internationale.

 

Si les banques centrales ne répondent pas à ces questions, si elles ne renoncent pas à leurs politiques expansionnistes, qui deviennent de plus en plus irréversibles, et si des réformes institutionnelles ne sont pas entreprises pour les contrôler, alors toutes les conditions seront réunies pour que de grands mouvements de capitaux se produisent d'une classe d'actifs à une autre, d'un pays à un autre:

 

Et lorsqu'il s'agit du report massif de capitaux d'un actif risqué vers un actif sans risque, une crise financière peut éclater à tout moment.

 

Les auteurs concluent: Pour le moment le système tient. Nos "gardiens" de la monnaie peuvent ouvrir les vannes autant qu'ils veulent et chaque fois que l'on en a besoin. Mais s'ils s'entêtent dans une fuite en avant où l'on entretient le mythe du crédit qui crée de la valeur et où le chacun pour soi domine, il faut s'attendre à ce que surviennent des crises financières de plus en plus fréquentes et de plus en plus violentes.

 

A aucun moment les auteurs ne se posent les questions qui dérangent, mais qui trouvent pourtant leur réponse dans leur diagnostic:

- et si les banques centrales, qui ne sont nées qu'au XIXe siècle (depuis il n'y a jamais eu autant de crises monétaires), n'étaient de toute façon pas la solution, mais le problème?

- et si les politiques monétaires par définition ne pouvaient qu'être nuisibles?

 

Francis Richard 

 

La folie des banques centrales, Patrick Artus et Marie-Paule Virard, 168 pages, Fayard

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11 mars 2015 3 11 /03 /mars /2015 23:55
"On va dans le mur..." d'Agnès Verdier-Molinié

Un mur se dresse devant soi. On fonce dedans. Cela ne peut que faire mal...

 

Dans On va dans le mur, on, c'est la France. Si elle ne change pas de cap, elle court à la catastrophe, parce qu'un mur est bien là, sur sa route, contre lequel elle risque bien de se fracasser. Comme d'autres pays avant elle, tels que la Grèce...

 

Agnès Verdier-Molinié  pense qu'il est encore possible d'éviter le mur: "Ce livre optimiste est dédié à tous ceux qui croient encore que la France peut bouger et faire mentir les plus pessimistes."

 

Pourtant le constat chiffré qu'elle dresse n'est guère encourageant. Elle le décline en trois points.

 

L'empilement

 

La fiscalité française est un véritable maquis dans lequel il est bien difficile de se retrouver. Il n'existe pas moins de 360 taxes. Ce n'est pas un chiffre sorti de nulle part. L'auteur en fait l'inventaire à la Prévert dans l'annexe 2 du livre. Elle est raisonnable puisqu'elle ne cherche à n'en réduire le nombre qu'à une centaine... en éliminant toutes celles qui ne sont pas rentables.

 

Les agents de la fonction publique sont aujourd'hui au nombre de 5,3 millions. Il faut remarquer au passage que c'est la fonction publique territoriale qui a le plus augmenté au cours des trois dernières décennies, augmentation ne se justifiant qu'en partie par la décentralisation. L'auteur propose de geler l'embauche des agents pendant 5 ans et de ne remplacer qu'un départ à la retraite sur deux pendant 3 ans.

 

Le mille-feuille administratif comprend 36'769 communes, 15'903 syndicats inter-communaux, 27 régions, 101 départements. L'auteur propose la fusion des communes en 5'000 super-communes, la suppression de l'échelon départemental et la fusion des régions de telle sorte qu'il n'y ait plus que 13 grosses régions aux compétences élargies.

 

Aujourd'hui il y a plus d'ambassadeurs que d'ambassades... Elles sont au nombre de 163, ils sont 191. La différence? Les 28 ambassadeurs "thématiques" (sic). Exemple de thème: "la coopération décentralisée avec l'Asie"... Est-ce bien raisonnable? L'auteur propose de réduire de toute façon le nombre d'ambassades inutiles, notamment en Europe, et de vendre le patrimoine immobilier correspondant.

 

En contrepartie des taxes, qui représente le bâton dont il se sert pour exister, l'Etat agite la carotte, soit 103 aides sociales, ce qui représente un montant de 700 milliards d'euros de dépenses sociales. L'auteur propose, pour résorber les déficits et réduire la dette correspondante, de fusionner un certain nombre de ces aides et de réduire le nombre d'interlocuteurs.

 

Le nombre des mandats paritaires est un sujet tabou auquel s'attaque Agnès Verdier-Molinié. Ils seraient 100'000 à se partager ce fromage, juteux aussi bien pour le patronat que pour les syndicats de salariés. L'auteur propose que l'Etat gère dérsormais l'assurance chômage, l'assurance santé et les caisses d'allocations familiales. Bref qu'il soit mis fin au parasitisme du paritarisme par de l'étatisme...

 

Les dérives

 

Le mille-feuille institutionnel se traduit par des élus, financés entre autres par les 360 taxes. Ils sont 618'384. Un record mondial. Soit un mandat électif pour 104 habitants... L'auteur propose de réduire le nombre des parlementaires et, conséquence de la réorganisation territoriale, le nombre des élus locaux pour faire passer le nombre total d'élus à seulement 55'000.

 

Qui sait qu'aux salaires bruts des agents de la fonction publique de l'Etat s'ajoutent quelque 1'851 primes et indemnités? Cela représente pourtant 28% de leur rémunération globale... Qui sait que la fonction publique est divisée en 327 corps de fonctionnaires "qui correspondent à des statuts avec attributions, systèmes de primes et grilles de paies précises"? L'auteur propose de réduire le nombre de ces primes, de lier leur versement à la performance et de réduire le nombre des corps.

 

Il y a 5 millions de chômeurs en France toutes catégories confondues. Parmi eux, un grand nombre ne cherchent pas d'emploi, 20%, voire 30% suivant les régions. Il faut dire que "parfois l'emploi n'est que très marginalement plus rémunérateur"... Alors, pour "préserver justement le coeur de notre Etat-providence", l'auteur propose d'être plus sévère sur les indemnisations et sur les refus d'emplois proposés...

 

Si l'on n'omet pas de compter les jours de grève dans la fonction publique, il y a environ 2 millions de jours de grève en France par an. Ce qui a un coût économique considérable. L'auteur propose "de limiter le droit de grève pour les agents en charge d'une mission de service public", parce que leur statut garantit leur emploi et que les conséquences économiques sont reportées sur le contribuable, et d'encadrer le droit de grève dans le secteur privé en n'y autorisant une grève que si 50% des effectifs l'approuvent.

 

Il y aurait en fait 915'138 enseignants en France, soit un enseignant pour 14 élèves, qui assument un service allégé... Si à ce nombre on ajoute les 70'000 enseignants du supérieur et tous les personnels non enseignants, l'Education compterait 1'281'638 agents pour 12,6 millions d'élèves... Tout ce monde-là pour aboutir à une instruction défaillante. A la faveur de la réorganisation territoriale l'auteur propose que les enseignants soient recrutés localement et qu'au lieu d'assurer 18 heures par semaine, ils en assurent 800 par an.

 

Les opérateurs de l'Etat ou agences publiques sont au nombre de 1'244 pour 442'830 agents. Quand l'Etat réduit ses effectifs, les effectifs des agences augmentent. Elles servent en fait de vases communicants, où sont recasés les agents de l'Etat... L'auteur propose de réduire leur nombre à 800 en fusionnant celles qui sont proches et complémentaires.

 

La complexité

 

Nul n'est censé ignorer la loi. Sauf qu'en France il y a 400'000 normes, 10'500 lois et 127'000 décrets. Le tiercé gagnant? Le droit de l'environnement, le code général des impôts et le code du travail. Remède contre cette inflation législative? La création d'un organisme indépendant pour analyser l'impact de chaque mesure qui touche les entreprises et la suppression d'une loi à chaque fois qu'une autre loi est créée.

 

Le code du travail comprend, dans l'édition Dalloz de 2014, 3'500 pages, 10'628 articles, et pèse 1,5 kilo... contre 500 grammes 30 ans plus tôt. Code extrêmement précis sur certains points et complètement flou sur d'autres... Toujours est-il que les seuils sociaux qui y sont définis sont des freins à l'embauche, de même que les licenciements, parce que périlleux...

 

S'il y a eu 549'975 entreprises créées en 2012, seules 27'500 ont créé des emplois à leur démarrage. Il existe pourtant 1'175 dispositifs d'aides aux entreprises... et un nombre impressionnant de structures pour obtenir cette manne. L'auteur propose d'abandonner l'idée d'aider les entreprises, d'agir uniquement sur leur environnement, de "faire en sorte qu'il soit simple, stable et favorable à leur compétitivité", de supprimer l'ISF et l'imposition sur les plus-values de cession.

 

L'Etat français contrôle un grand nombre d'entreprises (1383 en 2012) et le total de ses participations s'élève à 110 milliards d'euros. Une fois définies les entreprises qui sont réellement stratégiques pour le pays, l'Etat devrait se désengager des autres.

 

Aujourd'hui il y a 37 régimes de retraite, ce qui ne facilite pas la mobilité professionnelle et est à l'origine d'injustices: par exemple, 60 milliards d'euros sur 282 milliards de prestations sont distribués sans cotisations... L'auteur propose donc la convergence de "tous les régimes vers un système unique sous forme d'une retraite par points par répartition, complétée par une part de retraite en capitalisation".

 

Les Français ne travaillent pas pendant 10,3 semaines par an. Cela correpond à 6,6 semaines de congés payés, à 0,9 semaine de jours fériés et... à un absentéisme moyen de 2,8 semaines, plus particulièrement important dans la fonction publique. La durée de travail est de ce fait bien moindre en France qu'en Grande-Bretagne, qu'en Allemagne et même qu'en Italie. L'auteur propose donc l'allongement de la durée du travail, "ce qui ne se résume pas à la durée hedomadaire de 35 heures, qui doit être rendue flexible en plus ou en moins, mais inclut la durée sur l'année, et aussi sur toute la vie".

 

Conclusion

 

L'auteur pense que si l'on fait tout ça, la France évitera le mur. Agnès Verdier-Molinié se projette en 2022 et conclut: "C'est une nouvelle France qui démarre et l'on ressent beaucoup d'enthousiasme, comme une fierté retrouvée à l'aune des désespoirs d'antan d'être sorti d'un système favorisant corporatisme et connivence qui ne profitait qu'à quelques-uns en bloquant tous les autres."

 

Pourquoi cet enthousiasme prédit par l'auteur à l'horizon de sept ans laisse-t-il sceptique?

 

- D'abord parce que, de son propre aveu, le résultat escompté de tant d'efforts est, somme toute, modeste: si tous les objectifs qu'elle détaille dans l'annexe 1 de son livre sont atteints - ce qui n'est pas gagné -, les dépenses publiques seront limitées à un maximum de 52% en 2022 et de 50% en 2025...

 

- Ensuite parce que l'intervention de l'Etat reste prépondérante dans des domaines qui ne sont pas régaliens et, par exemple, est même renforcée dans ce qui devrait relever de l'assurance privée tels que la santé ou le chômage.

 

- Enfin parce que l'auteur veut préserver l'Etat-providence, qui n'est justement pas la solution mais le problème principal dont souffrent nos pays: redistribuer plus rationnellement, c'est toujours redistribuer.

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

 

On va dans le mur..., Agnès Verdier-Molinié, 272 pages Albin Michel

 

Livre précédent de l'auteur chez le même éditeur:

 

60 milliards d'économie ! (2013)

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11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 22:00
Jésus et le jeune homme riche.

Jésus et le jeune homme riche.

Dans une autre vie j'ai été chef d'entreprise, qui plus est en France. Je suis donc un rescapé, qui ne regrette pas d'avoir pris la route de l'exil, il y a bientôt quatorze ans, et d'être parti pour un pays, la Suisse, où il se trouve si bien qu'il en est devenu citoyen.

 

Bien que je sois loin d'eux maintenant, à tous points de vue, dans un pays paradisiaque en comparaison de celui où ils sont demeurés, j'ai gardé le contact avec un certain nombre de mes anciens confrères.

 

Ce qu'ils me racontent sur la vie infernale qui est devenue la leur, sur le découragement qui les étreint, sur la déconsidération dont ils font l'objet de la part de leurs concitoyens, m'a inspiré un petit texte que je leur dédie, avec toute mon amitié attristée par leur sort.

 

Francis Richard

 

Confession d’un riche appauvri

 

Tout jeune déjà je voulais être riche, je ne voulais pas être pauvre. Je me disais qu’être riche me permettrait de faire tout ce que je voulais, sans nuire pour autant aux autres, bien entendu, et, comme j’avais reçu une éducation chrétienne, je me disais que je pourrais de surcroît faire du bien autour de moi.

 

En voulant faire du bien autour de moi, je ne chercherais pas à me donner bonne conscience, mais, parce que rien de ce qui est humain ne m’a jamais été étranger, très naturellement, une fois riche devenu, je voudrais, de moi-même, aider mes frères humains, proches ou lointains, qui auraient moins réussi que moi.

 

Cependant j’avais un peu honte d’aspirer à devenir riche. Ce n’était pas bien d’être riche. N’était-ce pas, déjà à mon époque, ce que j’entendais tous les jours, sur tous les tons, dans mon pays, la France ? Je n’avais pas encore compris que nombre de ses habitants succombaient à la tentation de commettre le péché d’envie et qu’ils seraient toujours plus nombreux.

 

Cette envie poussait mes compatriotes à vouloir faire payer les riches plutôt que de se donner la peine de le devenir eux-mêmes. Cette tentation n’était pas nouvelle. Elle provenait de l’idée d’égalité matérielle, bien différente de celle d’égalité en droit, qui procède, pour les croyants dont je suis, de l’égalité devant Dieu.

 

Avant de me lancer, il me fallait toutefois vaincre un autre obstacle. Dans ma tête trottait la parabole du riche au salut difficile. Une fois riche devenu, après avoir observé les dix commandements de Dieu, devrais-je pour autant vendre tout ce que j’aurais accumulé de richesses pour le distribuer aux pauvres ?

 

Il me fallut du temps pour comprendre le sens que je devais donner à cette parabole. En fait, je ne devais tout simplement pas mettre la richesse en tête de mes priorités, je devais la mettre à sa juste place, non pas celle d’une fin, mais celle d’un moyen, au service de mes aspirations solidaires les plus profondes.

 

« De toute façon », me disais-je, « tout cela n’est que conjecture. Tu n’es pas riche, tu es même plutôt pauvre. Ce problème existentiel ne se posera à toi que lorsque tu seras riche. Ce qui n’est pas gagné. Car, comment riche deviendras-tu ? »

 

Il ne m’a pas fallu longtemps pour me rendre compte que ma principale richesse se trouvait en moi : il me fallait cultiver mon esprit, il me fallait acquérir des connaissances pour le nourrir, si possible dans un domaine qui lui plairait. A partir de là, tous les espoirs me seraient permis.

 

Mes connaissances me permettraient d’innover, de créer des biens ou des services que je pourrais échanger avec d’autres contre d’autres biens ou d’autres services. Si j’étais un tant soit peu malin, je pourrais faire comme la fourmi de la fable, mettre de côté une partie de ce que j’aurais reçu en échange de ce que j’aurais produit et m’en servir ultérieurement pour investir dans ce qui me permettrait de produire d’autres biens ou d’autres services.

 

Pendant des années, j’ai réalisé ce beau programme et suis devenu riche. J’ai même pu, comme j’en avais l’intention dès le départ, aider des frères humains qui avaient moins bien réussi que moi, à commencer par ma famille au sens strict, puis au sens large, pour finir par des personnes plus éloignées qui ne demandaient qu’une chose, que quelqu’un leur mette le pied à l’étrier, quitte à lui manifester leur reconnaissance sur laquelle il ne comptait pas.

 

Chaque année, cependant, je devais me rendre compte que l’accroissement de mes richesses ralentissait, quelque effort que je fournisse. Pourtant, je produisais toujours autant de biens et de services et ma petite entreprise ne connaissait pas la crise. Mais quantité produite ne signifie pas croissance de richesses. Je l’ai appris à mes dépens.

 

Force me fut en effet de constater que, furtivement, j’étais exproprié d’une part de plus en plus importante des fruits que je produisais. Au début, cela n’était pas sensible, la productivité accrue de ma petite entreprise compensait plus que largement ce qui m’était soustrait. Au bout d’un certain nombre d’années, toutefois, ce ne fut plus le cas.

 

Pendant longtemps je crus naïvement que l’Etat était là pour faire respecter les contrats que je concluais avec d’autres – j’avais confiance en la justice de mon pays – et pour assurer la sécurité des biens et des personnes. Au contraire de remplir ces rôles que je croyais justifications de son existence, il distribuait de plus en plus, à ma place, de mes richesses à ceux qu’il considérait réglementairement comme des pauvres, toujours plus nombreux.

 

Alors, je le confesse, comme moult de mes confrères, j’ai levé le pied. Je ne me suis plus astreint à faire mes deux fois trente-cinq heures par semaine. J’ai gagné moins, je me suis appauvri en quelque sorte, comme tout le monde autour de moi. A quoi bon rester riche ? Je ne suis plus à même d’aider les autres, ce que je faisais naguère de bon cœur. Nous sommes tous, plus ou moins, devenus pauvres...

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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 22:00
La loi anti-Amazon ne sauvera pas les libraires dépourvus d' inventivité

La loi anti-Amazon a donc été définitivement votée par le Sénat français le 26 juin dernier, un an après que la proposition en a été déposée à l'Assemblée nationale.

 

Il s'agit d'un appendice à la loi sur le prix unique du livre de 1981, présenté en ces termes sur le site du parlement français:

 

La présente proposition de loi, déposée à l'Assemblée nationale le 26 juin 2013 par Christian Jacob, Bernard Accoyer, Yves Albarello, Hervé Gaymard, Christian Kert, Guy Geoffroy et Julien Aubert, a pour objet de modifier la loi du 10 août 1981 sur le prix unique du livre.

 

Estimant que le secteur des librairies "particulièrement fragilisé par les nouveaux modes de consommation, doit être défendu, car il constitue un des maillons clé de la chaîne du livre et assure sur nos territoires une animation culturelle indispensable, notamment en zone rurale", les auteurs de la proposition de loi souhaitent insérer un nouvel alinéa à l'article 1er de la loi de 1981, afin que la prestation de livraison à domicile ne soit pas incluse dans le prix fixé.

 

Deux phrases, écrites dans un jargon juridique, qui aurait certainement été apprécié par Stendhal, admirateur en son temps du style du Code Civil, ont donc été ajoutées au quatrième alinéa de l'article 1 de la loi 81-766 du 10 août 1981, pour interdire le cumul entre livraison gratuite et remise maximum de 5% sur le prix unique du livre, fixé par l'éditeur ou par l'importateur:

 

Lorsque le livre est expédié à l’acheteur et n’est pas retiré dans un commerce de vente au détail de livres le prix de vente est celui fixé par l’éditeur ou l’importateur. Le détaillant peut pratiquer une décote à hauteur de 5% de ce prix sur le tarif du service de livraison qu’il établit.

 

On remarquera qu'il s'agit d'un amendement déposé par l'UMP et non pas par le PS... et qu'il s'agit d'une loi de circonstance dirigée contre une entreprise qui a le tort d'être performante, d'être innovatrice et créatrice d'emplois dans un environnement contraignant. En effet Amazon France représente quelque 5'000 emplois, répartis sur 4 sites...

 

Il faut dire qu'en France on préfère que des gens soient payés à ne rien faire et pointent au chômage plutôt qu'ils ne soient payés modestement parce qu'ils ne sont pas qualifiés...

 

Il faut dire également qu'en France on préfère, comme l'a fait un jeune journaliste, Jean-Baptiste Malet, dénoncer les conditions de travail chez Amazon France, dans un livre, En Amazonie, diffusé d'ailleurs par Amazon.fr et publié au printemps 2013 chez Fayard, plutôt que de se demander comment une entreprise peut être rentable face aux coûts qu'induisent le salaire minimum et des prélèvements obligatoires exorbitants...

 

Quoi qu'il en soit cette loi anti-Amazon aura pour effet de pénaliser davantage le consommateur qui paie déjà plus cher le livre qu'il ne le devrait parce que son prix est contrôlé. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'améliorera pas la situation des libraires qui ont fait du prix unique du livre un oreiller de paresse les empêchant d'innover et de se différencier des grandes surfaces et de la pure vente en ligne. Au début du XXe siècle la même mentalité voulait que les trains soient interdits, ou pénalisés, parce qu'il ne fallait pas que les diligences disparaissent ...

 

Quand il s'est agi il y a deux ans d'introduire le prix unique du livre en Suisse, j'ai rappelé sur ce blog qu'en 30 ans d'existence, le prix unique du livre n'avait pas empêché la disparition en France d'un grand nombre de librairies traditionnelles, qui, avec les consommateurs, avaient été les grandes perdantes de cette loi liberticide, au profit des éditeurs et des grandes surfaces. Le peuple suisse a heureusement rejeté le 11 mars 2012, par 56% des voix, la loi liberticide votée préalablement par le parlement helvétique.

 

L'amendement voté en France le 26 juin 2014 ne sauvera pas les libraires dépourvus d'inventivité. Il ne fera que pénaliser un peu plus les consommateurs. Cette réglementation supplémentaire réduira aussi la productivité des libraires, présents ou non sur la Toile, qui auraient pourtant bien besoin de moyens pour innover.

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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24 février 2014 1 24 /02 /février /2014 19:15
Manifeste pour une union politique de l'euro: la grande illusion

Il y a huit jours un collectif lançait un manifeste Pour une union politique de l'euro.

 

Parmi les premiers signataires on pouvait relever les noms de Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques, Thierry Pech, directeur général de Terra Nova et l'incontournable Thomas Piketty, directeur d'études à l'EHESS.

 

L'essentiel de ce manifeste était reproduit dans l'édition du Monde datée du 18 février 2014, auquel était joint un texte intitulé: Mettre en commun les dettes de nos pays.

 

Quel serait l'"enjeu central" pour ce collectif?

 

"Permettre à la démocratie et à la puissance publique de reprendre la main, afin de réguler efficacement le capitalisme financier mondialisé du XXIe siècle et de mener les politiques de progrès social qui manquent cruellement à l'Europe actuelle."

 

Pour les signataires il y aurait non pas trop d'Europe, mais pas assez d'Europe. Pour eux la monnaie unique devrait être complétée par "de nouveaux instruments économiques, sociaux, fiscaux et budgétaires communs".

 

Quels seraient ces nouveaux instruments?

 

- La délégation à une instance souveraine européenne du "soin de déterminer une assiette commune aussi large que possible et rigoureusement contrôlée" pour l'impôt société, dont le taux minimal serait de l'ordre de 20%, auquel s'ajouterait un taux fédéral de l'ordre de 10% pour donner à la zone euro les moyens "d'impulser des actions de relance et d'investissement";

 

- La généralisation de "l'échange automatique d'informations bancaires" dans la zone euro;

 

- L'engagement d'"une politique concertée de rétablissement de la progressivité de l'impôt sur les revenus et les patrimoines";

 

- L'institution d'une Chambre parlementaire de la zone euro, composée d'une partie des députés des Parlements nationaux, pour sortir de "l'inertie actuelle" en prenant  à la majorité les décisions financières, fiscales et politiques.

 

Enfin, dans le texte annexé, le collectif estime que "la seule façon de sortir définitivement de la crise de la dette est de mettre en commun les dettes des pays de la zone euro". 

 

Plusieurs remarques:

 

- L'harmonisation fiscale préconisée par ce collectif conduit comme toutes les harmonisations fiscales à une augmentation de l'impôt, en l'occurrence de l'impôt société (IS), même s'il précise que chaque pays peut fixer son propre taux d'IS, puisqu'un taux minimal est imposé et que l'assiette en est la plus élargie possible.

 

Comme le rappelait Pascal Salin, dans son livre La tyrannie fiscale, une entreprise ne paie pas d'impôts. Ce sont toujours des individus qui les paient, dans tous les cas, les salariés et les actionnaires. Cette fiction fiscale permet de rançonner furtivement les uns comme les autres.

 

- Les actions de relance et d'investissement par l'Etat, quelle que soit la forme que l'Etat revêt, sont toujours vouées à l'échec. Car les hommes de l'Etat ont la prétention de croire qu'ils savent mieux que les autres ce qu'il faut faire pour que marche l'économie. Cela les conduit inévitablement à faire ou à faire faire de mauvais investissements sans qu'ils n'en portent jamais la responsabilité. Ils risquent tout au plus de ne pas être réélus.

 

- L'échange automatique d'informations bancaires est une atteinte à la sphère privée, qui est un droit naturel. Elle signifie que pour l'Etat les êtres humains ne doivent pas avoir de secrets, que les hommes de l'Etat ont un droit de regard sur leur vie privée et que leur argent lui appartient puisqu'il lui est permis d'en contrôler la détention et l'usage, pour, en fait, mieux se l'accaparer.

 

- La progressivité de l'impôt n'a pas à être rétablie, elle existe déjà dans la plupart des pays, particulièrement en France d'où sont issues toutes les têtes pensantes du collectif. Là encore, dans La Tyrannie fiscale, Pascal Salin montre que ce mode d'imposition est confiscatoire et "désincitatif" pour les entrepreneurs. Mais peut-être le collectif pense-t-il que les entreprises peuvent se passer d'entrepreneurs...

 

- Le collectif pense qu'une nouvelle institution, telle que la Chambre parlementaire qu'ils appellent de leurs voeux, permettrait de prendre des décisions à la majorité en s'affranchissant de la règle de l'unanimité. Cela veut tout simplement dire que cette institution pourrait imposer par le haut des décisions contre le consentement des minoritaires, qui ne disposeraient d'aucun contre-poids face à sa tyrannie.

 

- Mettre en commun les dettes de la zone euro revient à donner une prime aux mauvais élèves de cette zone et à les encourager à ne pas faire plus d'efforts que cela puisqu'il y  aurait toujours d'autres pays pour leur sauver la mise. On retrouve là le mythe de la solidarité, qui n'a de réalité que le nom quand elle s'exerce par la contrainte et ne fait pas appel à la responsabilité.

 

Quand on examine les différentes propositions de ce manifeste, on se dit que le collectif qui en est l'auteur porte bien son nom, qu'il ne raisonne que par grandes considérations abstraites, sans tenir aucun compte de ce que peuvent en penser les individus et sans leur donner la parole, bref qu'ils se bercent d'illusions en voulant donner à l'Etat davantage d'instruments pour réguler.

 

Francis Richard

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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 20:35

pole-emploi.jpgIl ne faut pas rêver. La libération de la France de ses chaînes étatiques n'est pas pour demain, ni même après-demain.

 

Pour les hommes politiques, les médias et une grande partie de la population de ce beau pays qui coule, l'Etat est LA solution.

 

Ernest Renan disait:

 

"Ce sont les idées qui mènent le monde."

 

S'il a raison et que l'on veut changer les choses, la priorité est donc de mener le combat contre les idées fausses et de montrer, entre autres, que, justement, l'Etat est LE problème, à l'origine de bien des maux français.

 

Aucune réforme ne sera jamais possible si ceux qui en sont les victimes, c'est-à-dire presque tout le monde, n'en sont pas convaincus et se complaisent dans la servitude volontaire.

 

Parmi les premières victimes, il est un personnage archétypique, qui n'existe donc pas, mais en qui un nombre non négligeable de Français se reconnaîtront, le Français moyen, salarié du secteur privé.

 

Il y a quelques semaines, parce que j'étais de bonne humeur, qu'il faut bien commencer par un bout et que je lui veux du bien, j'ai écrit une lettre à ce candidat potentiel à Pôle Emploi. Dans cette lettre, je lui fais toucher le fond, afin qu'il puisse peut-être remonter...

La voici:

Cher contribuable,

Tu constates que la croissance du pays est nulle et que le nombre de chômeurs ne cesse de croître depuis des mois et des mois. Sois heureux. Ton tour de vivre aux crochets de l’Etat finira bien par venir et tu pourras enfin trouver le repos de l’assisté malgré lui.

En % du PIB, la dette de l’Etat ne représente encore que 92%. Elle ne peut qu’augmenter sans mollir puisque que ses recettes, 52% du PIB, sont inférieures à ses dépenses, 57% du PIB, et que celles-ci ne sont pas près d’être réduites. L’horizon des 100% est bientôt en vue. Alléluia !

Je ne t’apprends donc rien en te disant que l’Etat vit largement au-dessus de tes moyens, parce que, souviens-toi, l’Etat, c’est toi. Tu contribueras donc toujours plus. Ce qui devrait te réjouir puisque tu seras davantage solidaire, certes bien involontairement, mais pour le bien d’une multitude de moins riches que toi.

Rapporté au total de ses dépenses, le déficit du budget général de l’Etat n’est, après tout, que de 20%. Certes, tu n’irais pas bien loin si, comme lui, chaque année, tu dépensais 25% de plus que tes revenus. Mais ce n’est pas de ta petite personne qu’il s’agit, c’est de l’Etat avec un E majuscule. Grâce à toi, il peut se permettre cette minuscule fantaisie. Sois en fier.

Tu sais que, sur 28 millions d’actifs potentiels en France, plus de la moitié d’entre eux est d’une manière ou d’une autre payée par l’Etat. C’est l’ineffable exception économique française. Une minorité de Français travaille en fait pour une majorité. Et tu as le grand honneur de faire partie de la minorité laborieuse. Ce qui fait de toi, comme tes semblables, un contribuable émérite et irremplaçable.

Pour tes déplacements, pour ton approvisionnement en énergie, pour l’éducation de tes enfants, tu es à la merci de syndicalistes du secteur public qui décident où et quand ils feront grève. Ils te rendent le sacré service public d’attirer ton attention sur leur sort peu enviable. Aie de la compassion pour eux.

Tes biens et ta personne ne sont pas en sécurité. Les prisons sont certes surpeuplées, mais un grand nombre de délinquants et de criminels sont en liberté. Ce qui te permet de vivre dangereusement, sans l’avoir vraiment voulu, mais avec tous les mérites qui s’attachent à ce mode de vie, recommandé par le regretté Friedrich Nietzsche.

Bref, l’Etat s’occupe de presque tout, sauf bien sûr de ce qui te permettrait de vivre libre et prospère. Ce qui serait tout de même dommage et injuste, socialement parlant.

Comme les hommes et les femmes politiques, de gauche comme de droite, n’ont aucun intérêt à combattre l’obésité de l’Etat, qui leur donne de l’importance et sans laquelle ils ne pourraient pas entretenir de clientèle électorale, il n’y a aucune malchance pour que les choses changent.

Le statu quo, c’est-à-dire le pire, est le plus sûr. Ne désespère donc pas que quiconque ait le courage de la réforme.

Les temps sont révolus où une femme, Margaret Thatcher, s’avérait l’avenir de « l’homme malade de l’Europe » qu’était alors la Grande-Bretagne.

En effet, imagine, il faudrait que quelqu’un de son genre surgisse d’un parti capable de l’emporter aux élections. Il faudrait que cette personne tienne tête aux membres de son parti qui voudraient aller plus vite ou plus lentement que la musique. Il faudrait que cette personne ne fasse pas risette à ses adversaires pour leur complaire et que, de surcroît, elle coupe les vivres, d’origine publique, aux syndicats.

Autant te dire que ce n’est pas demain la veille que les mots d’assistanat, de subvention, de grève seront bannis du vocabulaire de ton pays et remplacés par des mots violents comme esprit d’entreprise, droits de propriété, professionnalisme.

Tu peux dormir tranquille. Tu ne trouveras personne de courageux, à la tête d’une quelconque équipe, pour garder le cap dans les tempêtes, que soulève toute réforme qui touche à des privilèges.

Il te faut te résigner à courber l’échine davantage, ce qui est bon pour son assouplissement.

Je te souhaite donc une bonne servitude, qui n’en sera que plus méritoire si tu la subis sans maugréer et en bonne intelligence.

Que tes contributions ne te soient pas rendues !

Francis Richard

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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 22:00

10 idées LANDIER THESMARLa France coule. Mais pourquoi? Une grande majorité de Français ne le savent pas. Ils ont la nostalgie du capitalisme des trente glorieuses et ont les yeux fixés sur le rétroviseur au lieu de regarder devant eux.

 

Deux professeurs, Augustin Landier, qui enseigne la corporate finance à L'Ecole d'économie de Toulouse et David Thesmar, qui enseigne la finance à HEC Paris, expliquent justement pourquoi.

 

Ce serait, selon eux, 10 idées fausses qui seraient responsables de ce naufrage de la France, 10 idées largement partagées par les Français et leurs dirigeants, depuis près de quarante ans.

 

Quelles sont ces fichues 10 idées qui coulent la France?

 

1) Une France sans industrie? ça va être Disneyland

 

Le déclin de la France serait dû à sa désindustrialisation. Or, c'est tout le contraire:

 

"Quand la classe moyenne atteint un certain niveau de revenus, ses besoins en matériels sont saturés - ils croissent moins vite que la productivité d'une industrie qui continue d'automatiser ses chaînes de montage. L'emploi se déverse dans les services, plus difficilement mécanisables."

 

Dans tous les pays développés, ce phénomène, propre à une économie moderne, se produit. Les services deviennent le moteur de la croissance: services à la personne, hôtellerie-restauration, ingénierie, notamment informatique, santé. Il est vain de vouloir maintenir à tout prix - c'est le cas de le dire - des industries malades.

 

2) Pour sauver l'emploi, il faut sauver l'industrie

 

L'industrie n'est plus créatrice d'emplois. Les 4 millions d'emplois créés au cours des trente dernières années l'ont été dans les services, dont "1 million d'emplois dans la santé, 700'000 dans le commerce, 300'000 dans l'hôtellerie".

 

Parmi ces emplois, les plus qualifiés sont les emplois de cadres, de médecins, d'ingénieurs, d'avocats et les moins qualifiés les emplois de services à la personne et les emplois commerciaux.

 

L'industrie ne crée plus d'emplois parce qu'elle robotise les tâches routinières:

 

"L'industrie française du XXIe siècle sera robotisée ou ne sera pas. C'est même probablement parce qu'elle ne s'est pas assez robotisée qu'elle perd actuellement du terrain."

 

Emploi industriel et compétitivité ne sont pas compatibles...

 

3) Un ingénieur, un vrai, ça travaille dans une usine

 

En France, il y a à la fois une désaffection pour les sciences et une méconnaissance des nouveaux métiers d'ingénieurs.

 

Les ingénieurs sont pourtant les plus à même d'exploiter la mine d'informations que constituent les données personnelles que les entreprises recueillent sur leurs clients:

 

"Ce sont eux qui savent produire l'analyse statistique pour faire parler les données, automatiser les processus qui fabriquent, filtrent et réagissent sur ce matériau d'un type nouveau."

 

Seulement, pour être dirigeant d'entreprise en France, il faut sortir de l'ENA ou d'une école de commerce, mais certainement pas être ingénieur...

 

4) Il nous faut un Etat stratège

 

Pendant les trente glorieuses l'Etat a pris de plus en plus d'importance. Or c'était une période de croissance rapide:

 

"Quoi d'étonnant à ce que, lorsque les choses vont mal, les politiques jouent sur la corde sensible de la nostalgie?"

 

Le sophisme revient à dire que croissance rapide et Etat stratège vont de pair...

 

Les auteurs ne sont pas contre une politique industrielle de l'Etat, à condition qu'elle se fasse à partir d'une doctrine et non pas au coup par coup:

 

"L'Etat doit concentrer ses moyens sur les cas où les intérêts privés et l'intérêt public ne coïncident pas."

 

Quand est-ce le cas? En présence d'externalités ou de monopole naturel... qui sont pourtant de mauvais prétextes pour justifier l'intervention de l'Etat.

 

Dans le premier cas, Ronald Coase a montré qu'il était possible de réduire les externalités négatives par des droits de propriété bien définis. Dans le second cas, un monopole naturel peut sans problème être de nature privée du moment que liberté est laissée à un ou des nouveaux acteurs d'entrer un jour sur ce marché.

 

L'Etat ne devrait jamais être stratège en matière économique, même à partir d'une doctrine, n'en déplaise à ces deux auteurs.

 

5) Les marchés sont la dictature du court terme

 

Les auteurs montrent qu'en présence d'un projet d'investissement les marchés, au contraire, tiennent compte du long terme:


"Si le projet est rentable, même à long terme, les profits futurs seront incorporés dans la valeur de l'action, et l'actionnaire en profitera, même s'il revend rapidement."

 

Ceux qui veulent mettre au pas le capitalisme actionnarial sont ceux qui ont intérêt à ne pas être évalués par les autres professionnels de l'investissement, c'est-à-dire le grand patronat et les investisseurs publics et parapublics...

 

6) Une grande banque publique pour nos PME, c'est indispensable

 

Les banques ne seraient pas prêteuses et c'est pourquoi, dans sa grande bonté, l'Etat se substituerait à elles pour prêter à ces pauvres PME. En réalité, si les banques ne prêtent pas à certaines PME, c'est que le risque est trop grand.

 

Les auteurs évoquent deux pistes: que le droit de la faillite soit plus favorable aux créanciers et que les délais de paiement extrêmement longs en France le soient moins...

 

7) La BCE? Une institution bornée qui bloque la croissance

 

Toute banque centrale fausse le jeu des marchés en faisant joujou avec les taux d'intérêt et en étant fauteur de bulles. Il est donc vain d'entrer dans le jeu de la critique ou non de la BCE que pratiquent les auteurs... Ils n'en ont pas moins raison de dire que la BCE est un bouc émissaire tout trouvé pour les politiques...

 

8) Le culte de la concurrence: voilà l'ennemi

 

Qui est contre la concurrence? Les Français le sont par ignorance économique. Ceux qui en tirent avantage, ce sont les entreprises du capitalisme de connivence et les politiques. Et les dindons de la farce anti-concurrence sont les consommateurs:

 

"Comme les consommateurs sont en moyenne plus pauvres que les actionnaires, la concurrence agit comme une grande machine à redistribuer l'argent des riches: en faisant baisser les prix, elle réduit les profits - et donc les dividendes - et augmente le pouvoir d'achat - et donc les salaires."

 

9) La solution à la crise, c'est plus d'Europe, bien sûr!

 

Les auteurs parlent d'euro-bigoterie et n'ont pas tort:

 

"En niant, par une sorte de bigoterie superstitieuse, l'insolvabilité de la Grèce, la BCE, les politiques européens et, il faut l'avouer, toute une clique d'économistes bien-pensants, ont réussi à convaincre les investisseurs que sur le continent de Descartes et de Kant, les dirigeants donnaient la priorité aux versets des traités sur les lois de l'arithmétique."

 

Pour les adeptes de la religion européiste, le salut consiste à passer "à la vitesse supérieure dans la contruction du fédéralisme européen". Or c'est chose impossible. D'abord parce que les populations sont de plus en plus hostiles à l'Europe, ensuite parce qu'aucun pays n'abandonnera sa souveraineté budgétaire et, enfin, parce que la diversité des pays européens s'oppose à toute solidarité entre eux:

 

"Le grand soir fédéraliste n'est pas pour demain. Pour être acceptable à l'intérieur et crédible à l'extérieur, tout plan de reconstruction de l'Euro doit assumer la contrainte que les abandons de souveraineté et les transferts entre Etats seront faibles - une approche en contradiction marquée avec les tirades enflammées des eurodévots maximalistes."

 

10) Une meilleure gouvernance mondiale, c'est ça qui réglera tout

 

"La gouvernance mondiale, c'est bien, tant que cela reste virtuel."

 

Les Français sont schizophrènes:

 

"Conscients de l'originalité de leurs croyances collectives, les Français fantasment sur l'idée de prodiguer des conseils au monde entier, pour le convaincre de devenir une grande France; en revanche, ils rejettent en bloc les pressions qui viennent des instances économiques internationales."...

 

Les auteurs concluent leur livre en ces termes:

 

"Tant que les dix poncifs qui font l'objet de ce livre continueront d'empoisonner le débat public, le pays s'enlisera doucement dans la nostalgie improductive."

 

En dépit de quelques bémols, puisse ce livre contribuer à ouvrir les yeux des Français sur le monde réel qui les entoure et qu'ils ne sauraient voir...

 

Francis Richard

 

10 idées qui coulent la France, 160 pages, Flammarion

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30 août 2013 5 30 /08 /août /2013 06:00

MaggieA la fin des années 1970, la Grande-Bretagne est considérée à juste titre comme "l’homme malade" de l’Europe.

Tous les clignotants économiques sont passés au rouge vif au cours des années 1970:

- Le pourcentage d’augmentation annuelle des prix est à deux chiffres (26% en 1975).

- La croissance est nulle.

- Le nombre de chômeurs passe la barre du million en 1972, puis celle du million et demi en 1976.

- Les dépenses publiques atteignent 60% du PIB en 1975.

- Les grèves se multiplient et des millions de journées de travail sont perdues chaque année.

Comment la Grande-Bretagne en est-elle arrivée là ?

Dans les années d’après-guerre, le parti travailliste, par idéologie, met en œuvre le socialisme.

Les principaux secteurs économiques sont nationalisés : Banque d’Angleterre, mines, aviation civile, téléphone, chemins de fer, électricité, sidérurgie.

La santé est étatisée (NHS).

L’Etat finance, à parts égales avec les employeurs et les employés, les assurances maladie, chômage et invalidité, les allocations sociales, les pensions de retraite.

Des centaines de milliers de logements sont construits par l’Etat et mis en location à petits prix.

Pour financer cette politique coûteuse, l’Etat recourt bien entendu à l’imposition des hauts revenus, des successions, du capital, etc. Comme cela ne suffit pas, il recourt à l’emprunt pour combler les déficits...

Pendant 25 ans, cette politique n’est pratiquement pas remise en cause par les gouvernements successifs, qu’ils soient travaillistes ou conservateurs. Et les prélèvements obligatoires atteignent 48% du PIB en 1975 …

Toute ressemblance avec la situation actuelle d’autres pays européens serait purement fortuite…

En tout cas, c’est dans ce contexte que Margaret Thatcher, Maggie, est d’abord élue chef du parti conservateur le 11 février 1975, puis nommée Premier ministre le 4 mai 1979. Une femme – et quelle femme ! – est choisie comme remède à "l’homme malade" de l'Europe…

En octobre 1975, au congrès du parti conservateur à Blackpool, elle prononce un discours où se trouve  exprimée sa vision des choses, qui revient à restaurer les droits de propriété au sens large et à réduire le périmètre de l'Etat:

"Permettez-moi de vous exprimer ma vision : le droit d’un homme de travailler quand il veut, de dépenser ce qu’il gagne, d’être propriétaire, de considérer l’Etat comme un serviteur et non comme un maître sont notre héritage."

Une fois au pouvoir, comme Maggie & Co ne peuvent pas immédiatement réduire les dépenses publiques, seulement les maîtriser, pour réduire le déficit, ils augmentent dans un premier temps les impôts indirects et baissent les impôts directs. Le contrôle des changes est progressivement supprimé. Ce qui est pourtant contradictoire avec leur volonté de contrôler la masse monétaire…

Les résultats ne sont au rendez-vous qu’au bout de 18 mois. C’est long. Et c’est court.

La production industrielle repart après avoir baissé fortement (- 17%). Les hausses de prix finissent par être moindres. Le chômage baisse enfin à son tour, après avoir augmenté fortement, mais seulement au bout de sept ans. Ce qui est le douloureux prix à payer pour avoir vécu au-dessus de ses moyens et tué l’initiative individuelle.

Peu à peu Maggie & Co réduisent le rôle des syndicats, favorisent la liberté contractuelle aux dépens des négociations collectives. Leur victoire dans le bras de fer qui les oppose au syndicat des mineurs est décisive dans la réduction de l’influence des syndicats d’une manière générale.

Les privatisations qu’ils effectuent, après assainissement des entreprises publiques, sont dans l’ensemble des réussites (celle calamiteuse des chemins de fer a été faite par John Major…).

Les prélèvements obligatoires baissent significativement. Si l’Etat-providence n’est pas démantelé (le NHS et les dépenses sociales représentent toujours 33% du PIB, comme du temps des travaillistes), sous son mandat les quatre derniers budgets annuels sont excédentaires.

Enfin les propriétaires de leur logement passent de 51 à 68% en dix ans.

Maggie & Co, issus du système, ont été la solution à la pire des situations. Leur pragmatisme a eu raison des dogmatismes. Ce qui ne satisfera pas les purs et durs, de quel que bord qu'ils soient, qui s’obstinent dans leur pureté et n’obtiennent pas de résultats…

Certes Maggie & Co n’ont pas tout réussi, loin de là, d’autant que la solution par le système est un travail de Sisyphe: il faut remettre indéfiniment l’ouvrage sur le métier…

Mais une chose a changé de manière plus pérenne, en dépit des nouvelles vicissitudes que connaissent les Britanniques, c’est leur mentalité. L’esprit d’entreprise et les droits de propriété ont retrouvé leur place. Dans leur imaginaire et dans la réalité, l’Etat n’est plus ce qu’il était…

Maggie n’avait-elle pas dit lors d’un congrès de son parti : "La méthode, c’est l’économie. L’objectif, c’est l’âme."?

Francis Richard

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2 août 2013 5 02 /08 /août /2013 05:30
Frédéric BastiatAu début du XIXe siècle, afin de protéger les producteurs de céréales britanniques, des barrières douanières, les Corn Laws, furent dressées contre les importations étrangères dont les prix étaient moins élevés que les prix domestiques.
Ce protectionnisme fut introduit en 1815 et aboli en 1846. Il n’a jamais été réintroduit depuis. Et les Britanniques n’ont plus jamais connu de disette…
Il avait revêtu plusieurs formes : celle de l’interdiction pure et simple quand le prix du quarter (un peu moins d’un quart de tonne) baissait en-dessous d’un certain seuil ou celle d’une échelle mobile de taxes en fonction du prix du quarter.
Deux auteurs ont pris position sur les Corn Laws, et leur abolition, Karl Marx et Frédéric Bastiat.
Le premier dans son Discours sur le libre-échange, du 9 janvier 1848, le second dans des articles de 1846, 1847 et 1848, qui figurent dans son recueil sur Le libre-échange.
Honneur au barbu.
Karl Marx écrit :
"Tant que le prix du blé était encore élevé, le salaire l’étant également, une petite épargne faite sur la consommation du pain suffisait pour lui procurer d’autres jouissances. Mais du moment que le pain et en conséquence le salaire est à très bon marché, il ne pourra presque rien économiser sur le pain pour l’achat d’autres objets."
Frédéric Bastiat lui répond :
"Quand les objets de première nécessité sont à bas prix, chacun dépense pour vivre une moindre partie de ses profits. Il en reste plus pour se vêtir, pour se meubler, pour acheter des livres, des outils, etc. Ces choses sont devenues plus demandées, il en faut faire davantage ; cela ne se peut sans surcroît de travail, et tout surcroît de travail provoque une hausse des salaires."
Karl Marx n’en reste pas moins convaincu qu’avec le libre-échange se confirment les lois exposées par les économistes, depuis Quesnay jusqu’à Ricardo, telles qu’il les interprète :
"La première de ces lois, c’est que la concurrence réduit le prix de toute marchandise au minimum de ses frais de production. Ainsi le minimum du salaire est le prix naturel du travail. Et qu’est-ce que le minimum du salaire ? C’est tout juste ce qu’il faut pour produire les objets indispensables à la sustentation de l’ouvrier, pour le mettre en état de se nourrir tant bien que mal et de propager tant soit peu sa race."
Frédéric Bastiat convient qu’avec le libre-échange, il peut y avoir baisse de salaire, mais à une condition :
"La rareté des aliments est le plus grand des fléaux pour ceux qui n’ont que des bras. Nous croyons que les produits avec lesquels se paie le travail étant moindres, la masse du travail restant la même, il est inévitable qu’il reçoive une moindre rémunération."
Mais, sinon, ce n’est qu’en cas de disette qu’il y a baisse de salaire :
"Quand le pain est cher, un nombre immense de familles est réduit à se priver d’objets manufacturés, et les gens aisés eux-mêmes sont bien forcés de réduire leurs dépenses. Il s’ensuit que les débouchés se ferment, que les ateliers chôment, que les ouvriers sont congédiés, qu’ils se font concurrence entre eux sous la double pression du chômage et de la faim, en un mot il s’ensuit que les salaires baissent."
Karl MarxPour Karl Marx, en résumé, le libre-échange, c’est la liberté du capital - quelle horreur! - :
"Admettez un instant qu’il n’y ait plus de lois céréales, plus de douane, plus d’octroi, enfin que toutes les circonstances accidentelles auxquelles l’ouvrier peut encore s’en prendre, comme étant les causes de sa situation misérable, aient entièrement disparu, et vous aurez déchiré autant de voiles, qui dérobent à ses yeux son véritable ennemi.
Il verra que le capital devenu libre ne le rend pas moins esclave que le capital vexé par les douanes.
Messieurs, ne vous laissez pas imposer par le mot abstrait de liberté.
Liberté de qui ? Ce n’est pas la liberté d’un simple individu, en présence d’un simple individu. C’est la liberté qu’a le capital d’écraser le travailleur."
Frédéric Bastiat dit au contraire :
"L’échange est un droit naturel comme la propriété. Tout citoyen, qui a créé ou acquis un produit, doit avoir l’option ou de l’appliquer immédiatement à son usage, ou de le céder à quiconque, sur la surface du globe, consent à lui donner en échange l’objet de ses désirs."
Karl Marx est hostile à la mondialisation :
"Tous les phénomènes destructeurs que la libre concurrence fait naître dans l’intérieur d’un pays se reproduisent dans des proportions plus gigantesques sur le marché de l’univers […]. Si les libres-échangistes ne peuvent pas comprendre comment un pays peut s’enrichir aux dépens de l’autre, nous ne devrons pas en être étonnés, puisque ces mêmes messieurs ne veulent pas non plus comprendre comment, dans l’intérieur d’un pays, une classe peut s’enrichir aux dépens d’une autre classe."
Frédéric Bastiat, quant à lui, distingue les peuples qui ont recours à la violence pour bâtir une prospérité éphémère, les peuples qui ne demandent rien qu’au travail et à l’échange, enfin les peuples qui s’efforcent d’imposer leurs produits à tous les autres sous le nom de régime prohibitif. Il se réjouit que l'Angleterre évolue de la troisième à la deuxième catégorie:
"Nous avons dit que l’Angleterre, instruite par l’expérience et obéissant à ses intérêts bien entendus, passe du régime prohibitif à la liberté des transactions ; et nous regardons cette révolution comme une des plus imposantes et des plus heureuses dont le monde ait été témoin."
Karl Marx, ce faux prophète, fait enfin cette prédiction cynique, contredite par les faits :
"En général, de nos jours, le système protecteur est conservateur, tandis que le système du libre-échange est destructeur. Il dissout les anciennes nationalités et pousse à l’extrême l’antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat. En un mot, le système de la liberté commerciale hâte la révolution sociale. C’est seulement dans ce sens révolutionnaire, Messieurs, que je vote en faveur du libre-échange."
Frédéric Bastiat montre que le protectionnisme se traduit par un profit – pour une industrie – et par deux pertes – pour une autre industrie et pour le consommateur –, ou encore par deux pertes contre un profit pour une nation, tandis que l’échange libre fait deux heureux gagnants.
Avec Frédéric Bastiat, n’ayons donc pas peur du mot, ni de la chose: 
"Dites- moi ce que c’est que le libre-échange. 
- Mon ami, c’est l’échange libre
- Ah ! bah ! rien que cela ? 
- Pas autre chose ; le droit de troquer librement nos services entre nous. 
- Ainsi, libre-échange et échange libre, c’est blanc bonnet et bonnet blanc ? 
- Exactement. 
- Eh bien ! tout de même, j’aime mieux échange libre. Je ne sais si c’est un effet de l’habitude, mais libre-échange me fait encore peur."
Francis Richard
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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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