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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 11:00

Amélie Plume GlacierLe dernier livre d'Amélie Plume paru aux Editions Zoé iciLes fiancés du Glacier Express, est le premier que je lis de cet écrivain. Or cette lecture m'a enchanté. Sans doute parce qu'il s'agit là d'un livre écrit par une femme de mon époque, que ce qu'elle écrit me parle et qu'elle ne manque pas d'humour, ce qui ne gâte rien.

 

L'année 1968 est une année symbolique, qui correspond, peu ou prou, à un changement important dans l'histoire des hommes, du moins en Occident. Ce changement n'est peut-être pas celui que ses instigateurs attendaient... puisque le romantisme politique a connu alors son chant du cygne et puisque le totalitarisme a commencé à ce moment-là d'être sérieusement ébranlé. 

 

Toujours est-il que, pour les hommes et les femmes de ma génération, cette année symbolique a été un tournant, même pour ceux qui, comme moi, rejetaient d'instinct la fracture opérée dans la société de mon enfance, fracture avec laquelle j'ai toujours du mal, vraisemblablement parce qu'elle s'est traduite par une sécheresse d'esprit et surtout par un rejet de la transcendance, à laquelle il m'est impossible de renoncer.

 

Il ne sert à rien de se mettre la tête dans le sable, de faire l'autruche. Une véritable révolution s'est produite dans les moeurs, facilitée par la technique, qui, à chaque avancée, comporte bien des facettes, selon l'usage qu'on en fait. Comme dans toutes choses, il en est sorti, à mon sens, beaucoup de dégâts, mais aussi, heureusement, quelques bienfaits.

 

Lily Petite est un pur produit de cette génération soixante-huitarde. Elle s'est mariée d'amour une première fois avec un homme qui plaisait surtout à son entourage, puis s'est mariée de raison une seconde fois avec un homme qui était reposant, bien sous d'autres rapports, jusqu'au moment du réveil adultérin.

 

Deux divorces plus tard, quelques amants ne suffisent pas à contenter Lily. Il est difficile de persévérer dans le plan cul, comme disent élégamment ses collègues, quand on aimerait tant se laisser transpercer par une flèche décochée par Cupidon. Les changements les plus profonds n'empêchent pas les permanences. 

 

Lily, devenue féministe militante, peu à peu désabusée par la vraie vie, comprend qu'il faut vivre et aimer pour apprendre à vivre et aimer, et se rend compte que la leçon n'est apprise que peu de temps avant que la vie ne s'achève. N'a-t-elle pas aujourd'hui la soixantaine ?

 

La propre fille de Lily, Cécile, issue de son premier mariage, est l'antithèse de tous ses combats féministes passés et elle en est toute chagrine. Elle se rebelle mais au fond ne sait pas résister. Ce qui la rend d'humeur grincheuse. Elle aurait tant aimé "que les hommes continuent de s'adoucir plutôt que les femmes ne se durcissent".  

 

Parce qu'elle ne sait pas comment dire non à sa fille, qui lui demande de garder ses enfants, elle prend la fuite et le premier train qui part de la gare de Genève Cornavin vers l'Est de la petite Suisse, non sans avoir eu l'oeil attiré, en ce lieu, par un homme aux formes généreuses, dont elle apprendra plus tard qu'il se prénomme Oscar.

 

Oscar Muller, la soixantaine, après quarante ans de bons et loyaux services dans une société canadienne, a été jeté comme un kleenex qui a suffisamment servi. Il ne s'est jamais marié, sa mère, Violaine, servant de repoussoir à toutes les candidates.

 

Oscar lui aussi se rebelle, mais ne sait pas non plus résister. A la gare de Cornavin, de son côté, il a repéré Lily. N'a-t-il pas d'instinct compris qu'elle lui ressemble ? Il l'a donc suivie dans sa fuite sans bien savoir pourquoi, comme si la chance devait enfin lui sourire.

 

Une fois dans le train Oscar prend l'initiative d'un échange épistolaire avec Lily, l'inconnue installée dans le wagon voisin. Le contrôleur, Melchior, devient l'intermédiaire qui transmet des messages de l'un vers l'autre et de l'autre vers l'un. Car Lily, agréablement surprise, répond à ce flirt.

 

Avant de s'organiser une rencontre ferroviaire Oscar et Lily se fiancent donc par correspondance. Ce qui n'est pas triste. Peu à peu ils se rapprochent et le livre se termine par une fin heureuse, comme dans mon enfance je les aimais.

 

Lily a seulement un peu peur et se confie à Oscar :

 

"Que ferai-je de ma vie si je ne peux plus rouspéter ?

- J'essaierai de vous être désagréable.

- Merci.

- ..."

 

Francis Richard

 

Articles précédents consacrés à des livres publiés par les Editions Zoé :

 

Le monde d'Archibald, d'Anne Brécart du 04.05.2009

"Un roman russe et drôle" de Catherine Lovey du 30.03.2010

 

Nous en sommes au

659e jour de privation de liberté pour Max Göldi, le dernier otage suisse en Libye

Max Göldi
 

 

 

 

 

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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