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13 novembre 2014 4 13 /11 /novembre /2014 23:30
"Une brute au grand coeur" de Matteo di Genaro

Dans mon jeune temps, je lisais des polars de la Série Noire. Ceux bien sûr d'Albert Simonin, chez qui je fréquentais à Paris XVe après l'avoir rencontré dans un resto du Pays Basque, mais aussi, par exemple, ceux de Jean-Patrick Manchette et de son rival, mon pote A.D.G, qui a passé l'arme à gauche il y a tout juste dix ans, le 1er novembre dernier.

 

En lisant le dernier opus édité par Giuseppe Merrone (BSN Press) c'est inévitablement à ces deux derniers que j'ai pensé. Car cet éditeur aime le noir et les auteurs qui écrivent des polars du même métal. Comme ceux que je lisais naguère. Enfin, là, je me rajeunis...

 

Une brute au grand coeur, de Matteo di Genaro, commence très fort.

 

Matteo découvre son ami Pat, qui donne son titre au polar, tout démembré à la tronçonneuse, y compris le membre viril, dans son appartement de la rue des Martyrs, à Paris, après avoir reçu une balle dans le corps: seule une de ses main manque à l'appel de ses morceaux éparpillés...

 

Matteo appelle alors son autre ami, Jean-Michel, flic à la brigade criminelle, pour l'informer de sa macabre découverte.

 

Pat, Francesco Pattrozi, la cinquantaine, était videur au Khala, un bar à putes, comme il en existe à Montmartre. Il y protégeait les filles, des Russes (qui y travaillent pour leur compte), des clients trop nerveux. Une certaine Natalia Mijkova, née en France, s'occupe d'elles et perçoit un petit pourcentage, 10%, sur leurs gains.

 

Matteo a trente-deux ans. Il est pété de tunes. Il n'a aucun mérite. Il a hérité de son père, qui lui-même a hérité de la fortune immobilière de son père et en a fait une multinationale. Autant dire qu'il n'a pas de problème de logement. Il habite d'ailleurs un hôtel particulier...

 

Après avoir fait des études, être devenu avocat et avoir été injustement rayé du barreau, Matteo vit de ses rentes:

 

"Aujourd'hui je ne fais rien. C'est une exagération, bien sûr, disons que je respire. Alors c'est vrai, il y a l'ennui, mais on s'y fait. Du coup, j'ai pas mal de temps pour le tromper, cet ennui. Je lis, je regarde des films, je visite des expos, je baise votre femme, votre fille ou même votre fils, bref je fais de ma vie ce que vous faites de votre temps libre."

 

Trois jours avant sa mort, Pat a contacté Matteo pour lui demander de l'aide. Il était inquiet pour les filles du Khala. Elles subissaient des intimidations de plus en plus pressantes de la part de mafieux russes et l'une d'elles, même, Svetlana, avait été bousculée et s'était retrouvée avec une mâchoire disloquée et un bras cassé.

 

Matteo mène l'enquête au grand dam de son ami Jean-Michel dont il est le parrain de la fille, âgée de huit ans et prénommée Léa. Cette enquête lui est facilitée par Natalia dont il a fait la connaissance dans tous les sens du terme grâce à Pat:

 

"Elle mériterait une description à la Balzac, mais j'imagine que vous n'avez pas le temps [...], autant le dire tout de suite: elle est bandante."

 

Après avoir recueilli un indice après l'autre, Matteo finit par découvrir la vérité derrière cette histoire bien montée et sanguinolente à souhait: un doigt de Pat se retrouve dans un verre à champagne...

 

Seulement vérité et justice ne font pas toujours bon ménage... Aussi l'affaire est-elle résolue dans les règles de l'art, enfin "cet art particulier qui consiste à les transgresser toutes"...

 

L'histoire, bien sûr, a son importance, mais le ton du récit l'est tout autant, sinon davantage. De même que les digressions qui l'émaillent et qui valent au lecteur des affirmations discutables mais qui décoiffent, telle que celle-ci:

 

"La nature, elle, montre la couleur et elle n'a aucun complexe à donner la bêtise aux moches et l'intelligence aux beaux. A de rares exceptions, la culture se contente de garder les imbéciles dans la pauvreté: laids, moches et pauvres, mais libres et égaux..."

 

Ou cette autre:

 

"En matière de désir, il n'y a qu'une seule distinction valable et ce n'est pas une distinction de genre, mais d'attirance. Certains corps nous attirent, d'autres nous répugnent, la plupart nous sont indifférents."

 

Francis Richard

 

Une brute au grand coeur, Matteo di Genaro, 72 pages, BSN Press (sortie en librairie, le 10 novembre 2014 en Suisse, le 2 décembre 2014 en France)

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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