Bourama Sanago est un vieux sage. Il est né en 1897. Il avait été mobilisé en 1915 et avait combattu pour la France, au Chemin des Dames, puis il était revenu au pays, au Mali. C'était un survivant.
Ce 13 avril 2009, il est assis sous le baobab, un peu à l'écart du village, quand il sent une odeur de gaz. Il regarde vers la place du village où se trouvent les villageois: les corps se tordent de douleur.
Ce gaz, il le reconnaît. C'est celui qui était employé par l'ennemi au Chemin des Dames. Il n'y a qu'une issue pour lui: ne pas respirer, se mettre à l'abri, c'est-à-dire se faufiler dans le corps de l'arbre.
Tandis que les habitants du village de Bourama ont été exterminés par le gaz, les occupants d'un autocar, employés de Parachimex, ont tous été tués par des armes à feu sur la route de Ségou à Mopti.
Sofiane Barkhani n'avait pas été un bon élève. La lecture lui avait permis de s'en sortir. Il y consacrait tout son temps entre deux petits boulots, quand il ne chaussait pas ses baskets pour aller courir.
Un soir son père était rentré pour mourir, intoxiqué par des vapeurs toxiques dans l'usine où il travaillait. Sa mère avait reçu une somme et renoncé, en signant un document, à poursuivre Parachimex.
Devenu informaticien, Sofiane était bien décidé à s'attaquer à l'employeur de son défunt père et avait rejoint un jour les Green Angels qui combattaient les entreprises mettant en péril la mère Nature.
Bernard Millet, ancien ambassadeur de France au Mali, dirige le Centre de crise du Ministère des Affaires étrangères. Il a de l'expérience. En 2004 il avait dû résoudre une grave crise à Kinshasa.
Au même moment sa femme était morte suite à un accident de voiture. Le chauffeur du véhicule qui avait percuté le sien avait pris la fuite et n'avait pas été retrouvé. Bernard avait très vite repris son poste.
En janvier 2009, Sofiane Barkhani avait répondu à une annonce du Centre de crise du ministère des Affaires étrangères qui recherchait un ancien ou actuel hacker. C'est ainsi que Bernard l'avait recruté.
Quand Bourama se rend à Ségou pour informer les autorités du massacre de son village, elles ne le croient pas. Il arrive non sans mal à contacter Bernard Millet qui lui a jadis remis la légion d'honneur.
Bourama avec sa connaissance des arbres, des hommes et de Dieu, Sofiane, avec celle de la sécurité informatique, Bernard, avec celle des crises, enquêtent ensemble sur la menace qui plane sur le monde.
Ce faisant, ils tissent en quelque sorte des liens de parenté entre eux. Ainsi Bourama devient-il le père de Sofiane - à qui il transmettra l'initiation qu'il a lui-même reçue - et le frère aîné de Bernard.
Au-delà de leur course pour éviter un événement planétaire, dont les morts au Mali et ailleurs sont les prémices, ce récit est celui de la lutte du Bien contre le Mal, où L'arbre et le sage apportent la victoire.
La guerre contre le Mal n'est jamais achevée. La paix est instable et fragile. L'homme peut se laisser corrompre par des passions exacerbées ou par des tentations brûlantes de puissance et de domination...
Francis Richard
Bourama - L'arbre et le sage, Patrick Lachaussée, 460 pages, Plaisir de Lire