Emmanuel Macron aurait voulu ce 17 avril 2023 tourner la page en parlant d'autre chose que de la réforme des retraites qui a été adoptée légalement mais qui ne résout rien et qui surtout n'est pas légitime.
Même si l'on admet l'hypothèse qu'il faille conserver le système de répartition des retraites (et ne pas parler de capitalisation), il faudra dans quelques années remettre l'ouvrage sur le métier en raison des deux constats, incontestables, qui l'ont justifiée selon lui:
- le nombre de retraités augmente;
- l'espérance de vie s'allonge.
Cette réforme est illégitime parce que justement elle fait perdurer une escroquerie légale qui consiste à payer les pensions par les cotisations des actifs, système analogue à la pyramide de Charles Ponzi 1.
L'argument massue employé pour justifier cette réforme - ne pas accumuler les déficits et, donc, ne pas augmenter la dette pour les générations futures - est dérisoire, quand celui qui s'en sert:
- a accumulé les déficits publics pendant six ans;
- a fait passer la dette publique de 2 200 milliards d'euros à 3 000 milliards d'euros pendant la même période.
Emmanuel Macron est content de lui, car le chômage a baissé et 1 million 700 000 emplois ont été créés en six ans. Il ne précise pas, et pour cause, que:
- le chômage en France reste au-dessus de la moyenne européenne (7,3% 2 contre 6,6%);
- le taux d'emploi en France est l'un des plus bas de l'Union européenne, 68%;
- les emplois publics sont au nombre de 7 millions.
Les mots employés par Emmanuel Macron sont révélateurs de sa vision de l'État qui doit intervenir dans tous les domaines, ce qui est la marque du socialisme et à la base de ses échecs historiques répétés.
(Il est risible de dire en même temps qu'il faut moins de lois, moins de bureaucratie)
Dans le chantier du travail, il s'agit par exemple:
- d'améliorer les revenus des salariés;
- de mieux partager la richesse;
- d'aider les plus démunis;
- de planification écologique, pour tenir les engagements sur le climat, sans doute comme il s'était agi d'abandonner le nucléaire pour se conformer aux engagements idéologiques pris auprès des écologistes.
Dans ce même chantier du travail, il s'agit par exemple:
- de réindustrialiser le pays et de le rendre plus attractif 3, mais il se garde de dire, et pour cause, qu'une des raisons principales du manque de compétitivité des entreprises industrielles françaises est le poids des charges sociales et des réglementations qui pèsent sur elles.
Dans le chantier de la justice et de l'ordre républicain, il s'agit par exemple:
- de favoriser la participation citoyenne, comme il l'a fait avec la convention citoyenne sur la fin de vie, qui est un tour de passe-passe étatique.
Dans le chantier du progrès pour mieux vivre, il s'agit par exemple de dépenser davantage d'argent public dans deux domaines qui ne devraient pas relever de l'État et qui fonctionneraient certainement mieux sans lui:
- en rémunérant mieux les professeurs;
- en rebâtissant le système de santé.
La question qui se pose, en admettant que tous ses objectifs de ce 17 avril 2023 ne soient pas des voeux pieux (ne parlons même pas à leur propos d'éthique, à laquelle toute mesure socialiste est antagoniste):
Pourquoi n'a-t-il rien fait de ce qu'il propose maintenant pendant les six ans écoulés?
Emmanuel Macron fait penser à ce magicien, Marc Ronay, qui ratait volontairement tous ses tours pour amuser les spectateurs. Comme lui, le président français n'est pas crédible: il a même fait le contraire de ce qu'il dit aujourd'hui. À la différence du magicien: il n'est pas drôle.
Francis Richard
1- Son système, repris par Bernard Madoff, consistait à rémunérer les investissements de ses clients par les fonds versés par les entrants.
2 - Il n'est tenu compte dans ce taux que de la catégorie A: Les demandeurs d’emploi de catégorie A sont les personnes sans emploi, tenues d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi, à la recherche d'un emploi quel que soit le type de contrat (CDI,CDD, à temps plein, à temps partiel, temporaire ou saisonnier). Observatoire des Territoires
3 - Il prétend que la France est d'ores et déjà le pays européen le plus attractif en matière industrielle et que deux cents entreprises industrielles y ont récemment été créées... Il ne parle évidemment pas de celles qui ont disparu.
Publication commune avec LesObservateurs.ch