Dans ce volume, Gabriel Bittar a principalement des pensées pour les animaux, petits et grands. Cela va de la fourmi jusqu'aux félins pour lesquels il a une véritable dilection.
Sur les 100 pensées qu'il a rassemblées pour les partager, sans rien imposer, une grande partie leur est consacrée. Car il s'applique à les comprendre, cet homme en recherche.
Pour ce faire, il faut savoir observer, ce qu'il sait faire, sans avoir besoin de s'en vanter: il offre au lecteur le fruit de ses observations et les détails qu'il donne sont convaincants.
Un de ses atouts est d'avoir des connaissances pluridisciplinaires. C'est ce qui lui évite de tomber dans le piège réductionniste: étudier le tout par ses parties et les liens entre elles.
En effet la réalité, qui est complexe, ne peut être comprise qu'en en distinguant les différents niveaux dont ses connaissances complémentaires permettent de franchir les seuils:
Souvent, le tout s'avère plus que la somme des parties.
Quand un seuil est franchi, d'autres seuils se profilent, ce qui met à mal les certitudes: ceux qui savent vraiment réalisent qu'ils ne connaissent jamais qu'une petite partie de la réalité.
L'esprit de l'auteur vagabonde. Il s'émerveille par exemple du miracle de la ponctuation. Celui qui la respecte prend son temps, mais ses phrases ne sont pas ambiguës, sont claires:
À l'instar de la pratique de l'orthographe et d'une syntaxe correcte, ou encore des règles de l'expression poétique, on voit se confirmer, dans ce cas également, que les contraintes de locution renforcent la qualité et l'intelligence de l'expression.
Mais revenons aux félins, et plus précisément aux chats. Ceux qui ont vécu en leur compagnie, reconnaîtront avec l'auteur que le chat est ami du silence et des activités calmes:
Dans toute interaction avec des félins, les mouvements doivent être lents et délibérés, toujours, car chez eux tous les mouvements rapides sont associés à l'attaque.
Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, lui et son épouse, ayant partagé un temps de leur vie avec neuf petits chats, très différents l'un de l'autre, ont observé que:
La diversité des types psychiques semble plus marquée chez les félins que chez les humains ou les chiens!
Comment peut-on l'expliquer? Grâce à leur individualisme, ils ne subissent pas la pression de conformité sociale, mimétique ou biologique, comme d'autres êtres vivants, grégaires.
La pensée 100 est la plus longue1. Écrite en mémoire de Chamane, un chat, elle raconte les deux dernières années de sa vie de souffrance, son courage dans l'adversité et sa sagesse:
Dix-huit jours après sa mort, je réalise combien Chamane emplissait ma vie, par la densité et la sobriété de sa présence. Par son intelligence, concentrée et discrète. Par sa tranquille douceur.
Il savait se faire aimer, se faire aider, toujours en conservant sa dignité. Sa noblesse d'attitude et d'expression, dont il ne se départait jamais, était une leçon.
Rien que pour cette pensée, Pensées pour une saison - Hiver vaut la peine d'être lu. Il atteste qu'un homme et un chat peuvent avoir de l'amitié l'un pour l'autre, que c'est précieux.
Francis Richard
1 - Un quart du livre...
Pensées pour une saison-Hiver, Gabriel Bittar, 168 pages, Éditions de l'Aire (paru en 2019)
Livres précédemment chroniqués: