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20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 20:15

Ecrit dans le vent BAUMANNQu'est-ce qui peut bien pousser un retraité à commencer d'écrire?

 

Depuis son adolescence, Bertrand Baumann était persuadé qu'il écrirait, mais il n'écrivait pas.

 

Dès qu'il a pris sa retraite, il a commencé à écrire, alors qu'il n'avait plus rien à raconter... Cela lui est venu tout naturellement, sans aucun souci de page blanche.

 

Pourquoi? Parce qu'il avait envie de découvrir qui il était et comment il vivait. Cela pouvait-il intéresser des lecteurs, s'est-il demandé? Oui. Parce qu'il s'était fixé pour objectif de "ne rien dire d'artificiel".

 

Comme il voulait vivre dans l'instant - ce qu'il ne pouvait peut-être pas faire vraiment avant d'être retraité, avant que tout projet ne se refuse à lui -, il a adopté d'écrire des notules, qui lui permettent justement de "n'exprimer qu'un reflet du moment", de "mimer des instants" qui lui procurent des bonheurs:

 

"N'est-ce pas contrevenir au primat de l'instant que de prendre note de moments passés? - Mais non, la réminiscence est aussi une activité présente. De même que sa transcription, sa relecture, sa mise au net..."

 

Que contiennent ces notules? L'essentiel des instants qu'il passe à assouvir ses passions - "les auteurs, les gens, l'écriture" - ou les intérêts mineurs qu'il porte à "la photo, la promenade, la rêverie".

 

Sa lecture est devenue désintéressée - auparavant elle était liée à son activité d'enseignant:

 

"Je ne demande à l'auteur que ce qu'il a bien voulu me communiquer, toutes mes facultés ne sont pas de trop pour permettre ce bienfait, cette osmose."

 

S'il goûte maintenant Les Mémoires d'Outre-Tombe de René de Chateaubriand, il exprime sa déception en relisant La Recherche du Temps perdu de Marcel Proust:

 

"Le pendule de mes goûts est rarement en accord avec celui des modes. Il avance ou il retarde - ce qui parfois revient au même."

 

D'une manière générale il a trouvé deux moyens de prolonger ses lectures: lire des oeuvres à haute de voix à des personnes âgées - plus âgées que lui - ou les enregistrer; les traduire - il traduit notamment les pensées de Georg Christoph Lichtenberg.

 

Quand il voyage - il s'est rendu, depuis 2006, au Burkina Fasso, en Argentine, en Mazurie et en Arménie -, il ne joue pas au touriste ordinaire:

 

"Les rencontres journalières me plaisent, les courses en ville m'intéressent, l'immobilité me tente. Approfondir des lieux connus plutôt qu'en courir d'autres, voilà mon goût."

 

En fait, ses voyages ont non seulement pour but de voir des gens et des bâtiments, mais aussi de se connaître lui-même:

 

"Changer radicalement de décor, de société, de genre de vie, cela me permet de départager mieux ce qui dans mon comportement et mes humeurs m'appartient en propre, et ce qui ressortit au masque social, à la posture et parfois à la grimace que la société attend de moi - ou que je trouve plus commode d'adopter - dans telle ou telle circonstance."

 

Ses réflexions ne sont pas celle d'un sage qui écrirait pour que l'on sache qu'il l'est devenu. Plus modestement il écrit "pour connaître un peu mieux ou du moins accepter la réalité qui l'entoure et celle qui est en lui".

 

Il parle ainsi de sa vie solitaire au quotidien, de ses rapports avec les femmes ou de ses réflexions sur l'âge:

 

"Le cheminement de l'âge n'est pas un progrès vers plus de vérité, mais, au mieux, une progression d'un moment vrai à un autre, à travers l'usure du temps."

 

Son ton n'est pas toujours aussi sérieux. Loin de là. Il a de l'humour:

 

"Au sujet des différences entre chien et chat, j'ai entendu dernièrement ceci: le chien se dit: "Mon maître me nourrit, me loge, me promène, me caresse: c'est un dieu." Le chat: "Mon maître me nourrit, me loge, me caresse: je suis un dieu."...

 

Et puis, Bertrand Baumann respecte son lecteur. Il écrit bien et c'est très agréable:

 

"Bien écrire, c'est respecter son lecteur et se respecter soi-même.", dit-il

 

C'est un fait qu'il observe scrupuleusement ce précepte.

 

Francis Richard

 

Ecrit dans le vent, Bertrand Baumann, 232 pages, L'Aire

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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