Le franc suisse s'est apprécié considérablement comme on dit dans le jargon de la finance par rapport aux deux principales monnaies internationales que sont le dollar et l'euro, ce continûment depuis des mois, voire des années [les représentations graphiques proviennent d'ici]. A cela il n'y a rien de surprenant.
Les Etats-Unis comme les pays de la zone euro sont surendettés et accumulent les déficits, ce qui signifie qu'ils ne seront jamais capables de rembourser leurs dettes, sinon en fausse monnaie. Il ne suffit pas de réduire un peu les déficits comme certains pays européens le font - ce qui est louable mais insuffisant -, il faut encore être bénéficiaires.
Certes la Suisse est également endettée, mais c'est sans commune mesure et elle alterne bénéfices et déficits, les premiers l'emportant toujours au final sur les seconds. C'est ce qui lui a permis de réduire sa dette souveraine au moment où les autres pays accroissaient les leurs. Il n'est pas besoin d'être Einstein pour comprendre que la confiance aille à la Suisse et déserte les autres.
Face à des pays qui vivent largement au-dessus de leurs moyens et qui, pour relancer leurs économies défaillantes, ont augmenté
leurs dettes inconsidérément en y injectant inutilement des sommes publiques folles, la Suisse a su raison garder, au grand dam de la gauche locale séduite par les sirènes keynésiennes. Bien
lui en a pris puisqu'aujourd'hui, grâce à une quasi absence de relance, la Suisse inspire cette confiance méritée qui se traduit par le franc fort.
Le franc fort est une chance pour la Suisse parce qu'il oblige les entreprises helvétiques à s'adapter, particulièrement quand elles sont exportatrices. Elles sont
contraintes à l'excellence. Il leur faut trouver moyen à la fois de réduire leurs prix de vente et de réduire leurs coûts.
Certaines entreprises suisses ont donc déjà augmenté leur temps de travail sans hausse de salaires, telles que le groupe pharmaceutique Lonza ou la PME zurichoise Oertli. D'autres commencent à répercuter la baisse de leurs approvisionnements en euros ou en dollars dans leurs prix de vente.
Le franc fort donne enfin l'opportunité à des entreprises suisses de faire des investissements à l'étranger à moindre coût.
Le franc fort se traduira tôt ou tard par des baisses de prix pour le consommateur, qui, sinon, s'approvisionnera de plus en plus dans les pays voisins ou recourra de plus en plus à des achats en dollars ou en euros sur Internet.
Comme je le disais plus haut la seule issue pour les pays surendettés est de payer leurs dettes furtivement en monnaie de singe, ce qui va se traduire par des hausses de prix pour les consommateurs de ces pays. Ce sera en quelque sorte la répartition hypocrite de la dette, au lieu de la trop visible hausse des impôts et taxes.
Le marché est moral puisque la Suisse économe échappera à ce cercle vicieux. Elle n'aura pas besoin de tricher sur sa monnaie et les prix des produits importés baisseront pour le consommateur.
La semaine dernière le Conseil fédéral a donc eu raison de se refuser à tout
interventionnisme sous forme d'intérêts négatifs, de contrôle des mouvements de capitaux ou de baisse de la TVA ou de l'impôt sur les sociétés pour une catégorie d'entreprises. Une baisse
généralisée serait d'ailleurs tout autrement efficace...
On a vu ce qu'il en a coûté à la BNS, Banque nationale suisse, de vouloir soutenir le franc suisse par rapport à l'euro : une perte de 19,17
milliards de francs en 2010.
Au lieu de se lamenter et de faire appel à l'intervention de l'Etat, les entreprises suisses sauront trouver elles-mêmes la parade.
Francis Richard
L'internaute peut écouter ici sur le site de Radio Silence
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