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5 mai 2016 4 05 /05 /mai /2016 22:55
Derrière les panneaux il y a des hommes, de Joseph Incardona

Julie connaît ce visage. Et bêtement, stupidement, elle ne peut s'empêcher de penser à cette phrase qu'elle a relue cent fois sur l'autoroute: derrière les panneaux il y a des hommes.

 

Toute l'histoire du polar éponyme de Joseph Incardona se passe sur cette autoroute et dépendances et commence le 15 août 2012, le jour de l'enlèvement à l'aire des Lilas de Marie Mercier, 12 ans, que ses parents, Marc et Sylvie, ont laissé faire le tour de la station-service pendant qu'ils avaient à parler.

 

Pierre Castan vit dans sa voiture depuis des mois et se déplace sur l'autoroute d'une aire l'autre. Naguère médecin légiste, pendant dix-sept ans, il n'a plus qu'un seul but dans la vie: chasser celui qui, le 5 janvier 2012, a enlevé sa fille Lucie à l'aire des Acacias, et le lui faire payer.

 

Pascal Folier, 31 ans, enfant de la DDASS, est cuistot dans un des restaurants de l'autouroute. Il est devenu sourd à la suite d'un accident de moto, mais a très bien appris à lire sur les lèvres. Le Mal qui tempête sous son crâne n'attend que l'occasion de s'en échapper... Il peut s'avérer violent.

 

Ingrid Castan ne se remet pas de la disparition de sa fille. Elle vit confinée chez elle, en dépression, attendant les rapports téléphoniques que lui fait son chasseur de mari. Elle bouffe, boit, fume, se fait livrer ce qu'elle veut, baise et suce les livreurs, ou s'escrime sur son sexe de manière obsessionnelle.

 

Gérard Lucino, 47 ans, est le directeur de quatre relais de cafétéria sur le réseau autoroutier Sud-Ouest. Depuis qu'il est parvenu à ce sommet, il s'est cru arrivé et s'est laissé aller: il a divorcé, il est devenu un sanguin accro à la bouffe trop riche et au cul des gonzesses, qui boit trop.

 

Dès le début, le lecteur sait que c'est Pascal qui a enlevé Marie et qu'il en est au troisième enlèvement de petites filles, de 8 à 12 ans, sur la même autoroute. Après Catherine Mangin, en septembre 2011, à l'aire des Minosas, ce fut donc au tour de Lucie et c'est, maintenant, à celui de Marie.

 

L'enquête est confiée au capitaine de gendarmerie Julie Martinez et au lieutenant Thierry Gaspard. Le lecteur ne se pose en fait qu'une question: Pascal se fera-t-il prendre par ces pandores? Il ne le saura qu'après avoir vécu sur l'autoroute quelques jours avec les personnages précédents et en avoir rencontré d'autres:

 

- Lola X, 22 ans, un travesti, qui n'a pas eu le courage de se faire enlever le pénis et qui exerce dans un bosquet de l'aire des Lilas

- Jacques Baudin, qui est affecté depuis douze ans à l'entretien de l'aire des Cyclamens et qui garde tout ce qu'il y trouve

- Bernard Gorot, 55 ans, professeur d'université, qui est en goguette avec Solange, une de ses étudiantes

- Chacal, journaliste, bon, très bon depuis qu'il a quitté ses idéaux

- Tía Sonora, 79 ans, vieille maquerelle reconvertie dans la voyance, amie de Lola...

 

Tous les personnages de ce polar noir, où la condition humaine semble dépourvue de sens (l'un dit que l'enfer, c'est l'éternité, l'autre qu'après, on va mourir et [qu'] il n'y a rien), gravitent donc autour de l'autoroute, de près ou de loin, et font leur entrée en scène, les uns après les autres, comme au théâtre.

 

Ces personnages d'un microcosme autoroutier peu reluisant sont ceux d'une tragédie (la tragédie est plus fréquente que le bonheur) où, comme le pense Tía Sonora, la vérité n'est rien d'autre que l'existence elle-même et le mensonge là où les gens veulent être, c'est-à-dire dans l'ailleurs, dans le rêve...

 

Francis Richard

 

Derrière les panneaux il y a des hommes, Joseph Incardona, 288 pages Finitude

 

Livre suivant:

Permis C, 232 pages, BSN Press (2016)

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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