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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 19:05

L'armée furieuseEn dehors des auteurs anglo-saxons je lis peu de romans policiers, à l'exception des livres de trois auteurs français, Fred Vargas, Maxime Chattam et Jean-Christophe Grangé, qui écrivent dans des registres fort différents, la première, héritière du polar à la française, les seconds, beaucoup plus proches de leurs confrères d'outre-Manche ou d'outre-Atlantique, par l'horreur et le frisson qui imprègnent leurs romans.

 

Je parle bien entendu d'auteurs vivants de polars français. Sinon, sans parler de Georges Simenon, qui d'ailleurs était belge, je garde toujours une place dans mon coeur pour l'ami ADG, dont, de temps en temps, je relis un opus, histoire de cultiver la nostalgie d'une amitié défunte avec sa disparition. Il s'appelait Alain Fournier et cultivait les clins d'oeil impertinents, jusque dans les titres de ses livres, tel Le Grand Môme, par exemple, et il était d'une gentillesse à toute épreuve.

L'Armée furieuse, publiée chez Viviane Hamy ici doit son titre à une histoire qui remonte au mois de janvier 1091, à hier en quelque sorte. Une troupe d'hommes en armes s'empare de quatre hommes, ci-après dénommés les saisis. Seuls trois d'entre eux sont reconnaissables. Ils sont tous coupables de méfaits, qui logiquement doivent entraîner leur mort. C'est ce sort qu'en dehors de la justice humaine leur réserve cette Armée furieuse, cette Grande Chasse, connue aussi sous le nom de La Mesnie Hennequin.

 

Dans les environs d'Ordebec, en Normandie, par la suite, et par deux fois au moins, l'Armée furieuse a été vue par des témoins, emportant quatre hommes destinés au trépas, en 1777 et, semble-t-il, aujourd'hui. Comme cette vision s'est déjà révélée prémonitoire dans le passé, le commissaire Adamsberg prend l'actuelle très au sérieux et la suite prouvera qu'il n'a pas tort, d'autant que la visionnaire attire également son attention par une poitrine avantageuse et par un caractère bien trempé...

 

Adamsberg va très vite être chargé de l'enquête après la mort effective du premier désigné, sans qu'il l'ait vraiment demandé - il ne saura d'ailleurs pourquoi qu'à la fin. Ce sont ses méthodes, inhabituelles - il a surtout du flair et l'art de faire des rapprochements inattendus -, qui vont lui permettre d'élucider l'affaire, au grand dam de celui qui, dans les coulisses, a cru tirer les ficelles et tout fait pour le fourvoyer d'un bout à l'autre.

 

Parallèlement à cette affaire Adamsberg va en débrouiller une autre, qui se passe sur ses terres, c'est-à-dire à Paris. Un jeune immigré, Mo, coutumier du méfait incendiaire, est en effet accusé à tort d'avoir mis le feu à une voiture avec son propriétaire dedans. Le problème est que la victime, Clermont-Brasseur, est un magnat de l'industrie et qu'il est difficile de mener une enquête sur ceux à qui profite peut-être le crime, en l'occurrence ses rejetons. Mo est le coupable idéal, trop aux yeux d'Adamsberg, qui saura démêler les fils.

 

Indépendamment de l'intrigue double, voire multiple, ce qui rend ce polar intéressant c'est l'ambiance qui y règne. L'équipe du commissaire Adamsberg, lui-même policier atypique, est composée de personnages hauts en couleur qui n'échappent pas aux rivalités bien humaines, mais finissent par former vaille que vaille une manière d'équipe efficace tout de même. Les habitants d'Ordebec sont des vestiges d'une France provinciale où le châtelain et les manants continuent de jouer leurs rôles.

 

Bref, ce polar, qui va de rebondissement en rebondissement, est non seulement un livre d'agrément mais aussi un livre bien écrit, par un auteur qui, très fine mouche, comprend très bien la mentalité masculine et ne prend pas ses lecteurs pour des idiots, sans pour autant leur prendre la tête avec des considérations oiseuses.

 

Francis Richard

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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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