Sa mère n'avait pas été du genre à faire des tas de choses et, depuis qu'elle avait pris cette pré-retraite, elle s'était mise à des activités qu'on n'aurait pas pu imaginer comme hobby d'une propriétaire et directrice de cabinet de gestion de fortune.
Toujours en déplacement de par le vaste monde, la mère d'Agathe, Éléonore, Élé pour les intimes, n'avait guère eu le temps de nouer des relations suivies avec sa fille. C'était, en fait, son père, Charles, enseignant, qui s'était surtout occupé d'elle.
Le frère cadet d'Agathe, Julien, ne semblait pas avoir souffert autant qu'elle de l'absence de sa mère au foyer. En tout cas il ne l'avait jamais manifesté aussi ouvertement que sa soeur. Il s'était adapté à la situation et s'en était même accommodé.
Quand leurs parents s'étaient établis en Bourgogne et n'avaient pas gardé leur appartement parisien, Julien et Agathe n'avaient pas compris cette décision, prise précipitamment, et Agathe avait été blessée de n'en avoir pas été informée au préalable.
Pourtant Agathe, comme Julien, a fait sa vie, à Paris. Elle a épousé Florent, dont le métier l'amène à voyager souvent. Ils ont une fille unique, Iris, qui est leur princesse et qu'Agathe a du mal à confier l'été à ses parents, peu enclins à imposer des règles.
Julien est marié à Juddy. Ils ont deux jumeaux, les J, June et John, et vivent à Londres. Au contraire d'Agathe, l'été, ils confient volontiers leur progéniture à leurs grands-parents, qui, peu à peu, aménagent (pour eux) leur propriété bourguignonne.
Cet été est le premier qu'Iris passera avec Élé, Charles et ses cousins. En dépit des craintes de sa mère, les choses se passent bien. Avec ses cousins et Marcel, un voisin de leur âge, elle forme bientôt, assez naturellement, un quatuor complice.
Cet été ne sera décidément pas comme les autres et sera, de fil en aiguille, celui des tensions que feront naître la révélation d'un secret familial, enfoui depuis des décennies, et les différences de caractère des protagonistes, soumis à l'épreuve de la vérité.
L'histoire tourmentée du microcosme familial gardera cependant pour centre de gravité le Jardin d'été de la propriété en Bourgogne, qu'Abigail Seran qualifie de féerique, quand, un soir, y sont allumés des photophores, que l'on ne devine pas le jour:
Une fois les bougies illuminées, on était dans une configuration un peu magique. Les lumignons se reflétaient dans la piscine, ceux suspendus aux arbres gigotaient quand un peu d'air venait les balancer.
Francis Richard
Jardin d'été, Abigail Seran, 208 pages Éditions Luce Wilquin (sortie le 21 avril 2017)
Livres précédents chez Plaisir de Lire:
Marine et Lila (2013)
Une maison jaune (2015)