Cette histoire est librement inspirée de faits réels.
Dans son roman Marianne Brun raconte en effet l'histoire de Samia Yusuf, une jeune Somalienne, sélectionnée par le comité olympique de son pays pour le représenter aux Jeux de Pékin.
Samia Yusuf est, avec Abdinasir Saaed, la seule athlète de la délégation de la Somalie à ces JO de 2008: C'était important que la Somalie [y] envoie une femme [...]. Elle marquerait l'histoire.
Pour Samia, qui n'a encore que seize ans à ce moment-là, courir est naturel. Si elle s'est fait remarquer, c'est qu'elle court comme une gazelle. On dirait qu'elle ne touche pas terre. Elle paraît s'envoler...
Samia est une coureuse de fond et de demi-fond. Elle est entraînée pour ça. Ce n'est pas une sprinteuse. Or le jour venu, elle est inscrite par le chef de sa délégation au deux cents mètres...
Elle va donc marquer l'histoire, mais pas du tout comme espéré, car elle arrive bonne dernière de cette épreuve. Et sur la ligne d'arrivée, elle n'est plus une athlète semblable aux autres:
Elle est une femme africaine, noire et musulmane.
Son échec éclipse la qualification de Veronica Campbell Brown: on ne parle que d'elle, seule athlète féminine d'un pays ravagé par la guerre, déchiré par les guerres depuis sa naissance en 1991...
Cet échec programmé - par qui? - la condamne, en principe, à l'oubli. Mais ça ne l'empêche pas de courir, en cachette, parce qu'elle ne peut désormais plus s'en passer, c'est devenu viscéral.
Marianne Brun raconte dans Fondre avec quelle détermination Samia va, en dépit des obstacles dressés sur sa route, notamment en Somalie, se préparer pour participer aux JO de 2012 à Londres.
Préalablement Samia va accomplir un exploit, en parcourant une distance quotidienne inimaginable, à partir de laquelle on fond, mou, suant, mourant et on quitte son corps pour ôter sa douleur...
L'auteure décrit si bien cette douleur endurée par Samia que le lecteur la ressent; si bien la victoire qu'elle remporte sur elle-même qu'elle devient sienne, de même que le mektoub qu'elle accomplit:
Cet instant de grâce qui prouve qu'on est en plein accord avec ce que Dieu avait prévu qu'on soit.
Samia ne représentera pas son pays à Londres, elle ne sera pas son faire-valoir, mais elle aura rempli une mission, inattendue, conforme à la devise du baron Pierre de Coubertin: citius, altius, fortius...
Francis Richard
Fondre, Marianne Brun, 112 pages, BSN Press
Rencontres-dédicaces:
Librairie Payot, à Lausanne, le 5.12.2018, de 16h30 à 18h
Librairie Des livres et moi, à Martigny, le 8 décembre 2018, de 10h30 à 12h30
Livres précédents:
L'accident L'Âge d'Homme (2014)
La nature des choses L'Âge d'Homme (2016)