Le 10 mars 2022, le Conseil national a malheureusement confirmé son soutien au Conseil fédéral qui entendait obtenir pour la Suisse, après qu'elle a déposé sa candidature en 2011, un siège non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.
Le 9 juin 2022, l'Assemblée générale de l'ONU a approuvé par 187 voix sur 190, l'entrée de la Suisse à ce Conseil, enterrant définitivement la neutralité de la Suisse, déjà relativisée par son adhésion à l'ONU, effective depuis le 11 septembre 2002.
Il n'est pas inutile de rappeler ce que dit le Conseil de sécurité dans sa page d'accueil à propos de la paix et de la sécurité:
La Charte des Nations Unies confère au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le Conseil compte 15 membres disposant chacun d'une voix. Aux termes de la Charte, tous les États Membres sont tenus d'appliquer les décisions du Conseil.
Ce qui veut dire qu'en adhérant à l'ONU, la Suisse renonçait déjà à son indépendance, mais qu'elle pouvait encore arguer qu'elle n'était pas décisionnaire, qu'elle restait relativement neutre, bien que ce fût d'une rare hypocrisie. Ce ne sera plus le cas.
Quelles décisions le Conseil de sécurité peut-il prendre? Sa page d'accueil l'explicite en ces termes:
Le Conseil de sécurité est compétent au premier chef pour constater l'existence d'une menace contre la paix ou d'un acte d'agression. Il invite les parties à un différend à régler ce différend par des moyens pacifiques et recommande les méthodes d'ajustement et les termes de règlement qu'il juge appropriés. Dans certains cas, il peut imposer des sanctions, voire autoriser l'emploi de la force pour maintenir ou rétablir la paix ou la sécurité internationales.
La dernière phrase indique clairement que le Conseil de sécurité peut imposer des sanctions voire autoriser l'emploi de la force, ce qui signifie que la Suisse, devenue membre pour deux ans, en 2023 et 2024, pourra codécider des actes de guerre.
Les sanctions, quelles que soient les justifications qu'on leur donne, sont des actes de guerre, ne parlons pas de l'emploi de la force. Aussi la Suisse de soumise aux décisions de l'ONU en deviendra désormais co-auteur et coresponsable.
Que restera-t-il de l'indépendance et de la neutralité de la Suisse? Rien. Elle ne pourra désormais plus prétendre proposer ses bons offices. Pis, sa présence au Conseil de sécurité sera une caution de respectabilité donnée à ses prédateurs permanents:
Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni1.
Avant de faire approuver ce siège au Conseil de sécurité, les autorités helvétiques ont-elles seulement consulté le peuple souverain, alors que la paix et la sécurité des Suisses sont en jeu? Que nenni. La croix blanche est désormais l'inversion de la rouge:
Suisse, ne m'appelez plus jamais neutre...
Francis Richard
1 - En 2020-2021, les opérations de maintien de la paix étaient financées à hauteur de 15,21% par la Chine, de 27,89% par les États-Unis, 3,4% par la Fédération de Russie, 5,61% par la France, 5,79% par le Royaume-Uni:
Qui paie, commande...
Publication commune avec lesobservateurs.ch