Au matin du 12 août 2021, Raoul et sa fille Françoise prennent le petit déjeuner sur la terrasse de leur buvette la Saletta, à 1499 mètres d'altitude, sur les hauteurs des Paccots.

Le décor est planté. Le moment, daté. Les deux personnes qui déjeunent ne sont pas en quête d'auteur. Elles l'ont trouvé. C'est Philippe Dubath.

Ce n'est pas un hasard s'il a choisi de parler d'eux deux ce jour-là. Parce que, dans l'adversité, le père et la fille n'ont alors fait qu'un, spontanément.

Ils ont unis leurs faiblesses quand l'événement s'est produit, sous le regard de la Dent-de-Lys, à la robe verte, depuis son sommet jusqu'à leur terrasse.

Ils ont parlé de l'absente, Myriam, l'épouse de Raoul: elle est à l'hôpital, dans l'attente d'une opération du cerveau. Il doit aller la voir ce jour.

Les chardons bleus sont enfin sortis. Ils renaissent chaque été devant la terrasse. Mais, cette fois, Myriam n'est pas là pour l'accueil à la buvette.

Le père et la fille viennent ici depuis si longtemps qu'ils savent que la montagne est habitée de petites vies discrètes et furtives qui font sa grandeur.

Quand l'événement survient là-bas, à la Joux-Verte, ils s'y rendent ensemble, mais, du coup, arrivent en retard à l'hôpital pour embrasser Myriam.

Deux ans après, le père et la fille sont là, côte à côte. Ils ont su laisser parler et se prouver l'affection qu'ils se portaient et signé un acte d'alliance.

Les chardons bleus [qu'aimait Myriam] étaient arrivés mystérieusement et naturellement devant la terrasse.

Francis Richard

Les chardons bleus, Philippe Dubath, 40 pages, Editions de l'Aire

Livres précédents:

Airs de fête (2019)

Chroniques du merle bleu (2021)