Je me suis rendormi dans mon lit mais sous l'aile du monticole, heureux de savoir que rien n'est fini, qu'un jour, le merle bleu me viendra.
Philippe Dubath se balade, aux sens propre et figuré. Ce marcheur de montagne n'a jamais rencontré le merle bleu, qui donne son nom à ses chroniques, mais il a fait d'autres rencontres, adorant mettre un nom sur ce qu'il croise dans la nature: Une montagne, une fleur, un oiseau.
Quand il ne sait pas, il s'adresse à des spécialistes ou fait des recherches. Ce n'est pas vaine curiosité. Même si ce livre a été achevé d'imprimer le 7 novembre 2021, anniversaire de la naissance d'Albert Camus, ce n'est pas pour soustraire quelque chose au malheur du monde:
Savoir comment s'appelle une plante, un oiseau, c'est accéder à sa vie, à ses moeurs, ses voyages, c'est comprendre.
Il est scrupuleux: Je sais surtout qu'il faut vérifier avant d'affirmer, même si j'oublie, parfois. C'est pourquoi l'exactitude du nom que l'on donne aux êtres et aux choses a tant d'importance à ses yeux, de même que d'employer le mot juste pour exprimer ce qu'il voit ou ressent.
Il emporte son appareil, prend des photos: il a le goût du safari photographique facile. Il se promène souvent, pour de vrai, dans la nature dont plein de gens semblent avoir découvert qu'elle est une amie précieuse et si proche, si disponible. Pour lui, elle représente bien davantage:
[La nature] est plus que jamais devenue ma maison, mon monde apaisant et rassurant.
Il ne se contente pas de s'y émerveiller, de converser avec les êtres qui la peuplent, de se demander ce qu'ils font quand ils ont disparu ou à quoi ils pensent: je me balade dans mes balades. Il ressort alors des photographies, des livres, des souvenirs, et commence d'autres voyages.
En fin de volume il est précisé que la plupart des chroniques publiées dans ce livre ont paru dans Le Journal de Morges, excellent hebdomadaire et solide ami de l'auteur: Elles ont parfois été légèrement adaptées pour les besoins de l'ouvrage. Aussi l'époque n'y est-elle pas ignorée:
Question confinement, elles en connaissent quelque chose. Elles en sont les championnes du monde. Mes amies les marmottes, qui vivent à quelque deux mille mètres d'altitude, entrent dans leur terrier au début du mois d'octobre pour en ressortir en avril et pas avant. Six mois au moins dans le même appartement, sans aller respirer l'air pur du dehors.
Francis Richard
Chroniques du merle bleu, Philippe Dubath, 224 pages, Éditions de l'Aire
Livre précédent:
Airs de fête (2019)