Une femme, Clémence, se penche sur son passé et, plus particulièrement, sur l'été 1988.
Clémence s'est mariée avec Alain en 1975, à vingt-neuf ans. Ils ont eu deux enfants, d'abord Nathalie, puis, deux ans plus tard, Damien.
Quand Alain, qui travaille dans l'industrie pharmaceutique, est promu, il annonce à Clémence pendant le dessert d'un repas pris à Évian pour fêter ça, qu'il est désormais inutile qu'elle travaille.
Clémence donne donc sa démission de son emploi d'assistante médicale - qui lui a permis de faire la connaissance d'Alain - pour se consacrer à son mari et à ses enfants.
Seulement, au début de l'été 1988, elle a un gros coup de fatigue, un burn-out, comme on dirait de nos jours:
Tout a commencé le jour où je n'ai pas pu me lever. Un samedi. Pas d'école, pas de réveil qui sonne. Un jour qui pointe le bout de son nez, sans prétention, sans exigence.
Aussi son médecin de famille, le Docteur Morier, auprès duquel Alain l'a accompagnée, lui a-t-il recommandé de voir un psychiatre, le Docteur K.. Pendant cet été-là, tous les mardis, Clémence se rend au cabinet de ce spécialiste.
Quand Clémence lit l'article de Solène M. sur le Docteur K., publié dans L'Écho du Samedi le 16 mai 2016, elle décide de se confier à la journaliste, mais pas seulement pour lui parler du Docteur K..
L'été d'une femme est le récit de cette rencontre qui lui a permis de vider son sac en racontant sa vie et ce qu'elle sait du Docteur K., qui va bientôt être honoré pour l'ensemble de ses travaux sur l'hystérie par un consortium international de psychiatrie.
En fond sonore, Frédéric Lamoth cite des extraits de chansons, sorties pendant les années 1980 et emblématiques de cette époque révolue, chansons que Clémence écoute à la radio pendant cet été où sa vie va basculer.
Le lecteur pourrait s'attendre à ce que Clémence fasse des révélations sur le Docteur K., qui d'après certaines rumeurs, ne se serait pas contenté d'une mise à nu du subconscient de ses patientes, comme l'écrit Solène M. dans son article.
Le lecteur pourrait en effet l'imaginer parce que, la première fois, le Docteur K. a demandé à Clémence de se déshabiller, mais elle précise qu'il l'a examinée, comme un médecin:
J'étais un corps censé exprimer les symptômes d'une maladie.
Clémence n'a pas répondu lorsque Solène lui a demandé s'il s'était limité à l'examiner, un appel sur le portable de celle-ci ne lui en ayant, opportunément, pas donné la possibilité.
En dehors des relations avec son mari et ses enfants, qui ne sont pas toujours amènes, Clémence en noue, pendant cette saison-là, avec Lucie, la mère d'un copain de Damien qui habite Lutry et chez qui elle l'a conduit.
Tout oppose Clémence à Lucie. Clémence ne vit pas dans le besoin. Lucie tire le diable par la queue. Clémence habite une villa à Belmont, Lucie un rez-de-chaussée dans un vieil immeuble à Lutry.
Clémence ne travaille plus et a une employée de maison, Lucie ne travaille plus dans un salon de coiffure, mais débarrasse les objets des morts et a ouvert une boutique de brocante.
Clémence et Lucie sympathisent. D'être occupée par les tâches que Lucie confient à Clémence, fait oublier sa fatigue à cette dernière et lui procure des instants de bonheur:
J'ai accepté, pas pour l'argent, mais parce que je me sentais bien ici.
C'était certainement trop beau pour durer. Il faut croire que des êtres ne sont pas voués au bonheur indéfiniment, a fortiori si, un jour, on restreint violemment leur liberté.
Et le récit se termine par cette citation d'une chanson de Mylène Farmer, Désenchantée (1991), qui en résume assez bien le propos:
Si je dois tomber de haut, que ma chute soit lente
Je n'ai trouvé de repos que dans l'indifférence
Francis Richard
L'été d'une femme, Frédéric Lamoth, 120 pages, Bernard Campiche Éditeur
Livres précédents:
Sur fond blanc (2013)
Lève-toi et marche (2016)
Le cristal de nos nuits (2019)
Le chemin des limbes (2022)