La mère et le fils vivent dans le même appartement depuis longtemps. Dans son salon sans fenêtre, il y a un aquarium avec un poisson aux nageoires déchirées.
C'est un jour particulier du mois d'août: Il fait chaud. Il fait tellement chaud. Les seuls bruits que l'on entend sont ceux des ventilateurs et de l'autoroute proche.
C'est un jour particulier: Il a toujours fait très chaud le jour de leur anniversaire. Comme il n'y a que la mère et le fils, le lecteur pense d'abord qu'il s'agit du leur.
Il y a, au présent, un matin, un après-midi et un soir. Mais il y a aussi plusieurs passés qui resurgissent au long du récit et dans lesquels l'auteure noie le lecteur.
Le lecteur doit y faire le tri, distinguer les parts de rêve et de réalité dans ce que ressentent ou expriment la mère et le fils, flou que l'auteure entretient volontiers.
Alors le lecteur se doit de relever les quelques indices qui devraient lui permettre de comprendre ce qui se trame ce jour anniversaire où il fait tellement chaud:
- La mère attend des invités: son fils lui demande à quelle heure, tout en affirmant qu'ils ne viendront pas.
- La mère attend le frère de son fils qui ne viendra pas non plus puisqu'elle lui a dit qu'il était parti sur la Lune avec les astronautes de la Mission Apollo 17: un aller sans retour.
- Son fils ne veut plus que sa mère l'appelle Pierrot et demande à sa mère comment s'appelait son frère.
- La mère a préparé des ballons multicolores et une banderole Joyeux Anniversaire, fait un de ces gâteaux au chocolat et au sirop, comme lui et son frère les aiment.
- Le poisson manque de nourriture et Pierrot a oublié de lui en acheter.
Un des passés évoqués ne se répétera pas, il balbutiera. Rien ne sera plus jamais comme avant ce jour présent ni après un autre anniversaire dont le souvenir reste vif.
Francis Richard
Bitume d'août, Sandra Maeder, 160 pages, Éditions Encre Fraîche