Je reproduis ci-contre l'infographie, parue dans Le Matin du 8 décembre dernier, qui illustrait un article intitulé "Pourquoi
l'essence est-elle si chère ?" (ici ).
A bon droit le journaliste du Matin , Elly Tzogalis, s'interroge : " Le prix du baril de pétrole ne cesse de dégringoler. Entre le mois de juillet, où il culminait à 140 dollars, et
hier, où il était à 43 dollars, l'or noir a perdu 69% de sa valeur sur le marché. Phénomène incompréhensible pour de nombreux consommateurs, le prix de l'essence à la pompe, qui avoisinait 1 fr.
51 hier, ne suit pas la même évolution. Il n'a perdu que 23% durant la même période".
Malheureusement le calcul de l'infographie est faux. Mais le raisonnement aurait pu toutefois être mené autrement, même avec des chiffres faux. Pour arriver, d'ailleurs, à la même
conclusion...
Au mois de juillet le prix moyen du sans plomb était de 1,97 fr. par litre, si l'on en croit l'Union pétrolière ( ici ). Il est effectivement retombé ces jours-ci autour de 1,51 fr. par litre. Ce qui
représente bien une baisse globale de l'ordre de 23%.
Qui ne répercute pas la baisse du prix du baril au niveau de l'essence à la pompe helvétique ? L'Etat. Démonstration.
La taxe sur les huiles minérales est de 0,7447 fr. par litre, le "centime climatique" de 0,015 fr. par litre ( ici ) et la contribution "Carbura", chargée de veiller au maintien de stocks obligatoires (ici ), de 0,0040 fr. par litre (n'ayant pas réussi à trouver sa valeur en 2008, j'admets le chiffre du Matin, qui est plausible,
puisque que cette contribution était de 0,0033 fr. par litre en 2005). Au total nous avons donc, hors TVA, un montant de 0,7637 fr. par litre qui tombe dans l'escarcelle de l'Etat. Quoi qu'il
arrive.
A 1,51 fr. le litre de sans plomb 95, la TVA représente 0,1067 fr. par litre et non pas 0,17 fr. comme l'indique l'infographie du Matin. A 1,97 fr. le litre, la TVA représente 0,1392 fr. le litre.
Actuellement le prix de vente hors taxes de l'essence est donc de 0,6396 fr. le litre (= 1,51 - 0,7637 -
0,1067) contre 1,0671 fr. le litre en juillet dernier (= 1,97 - 0,7637 - 0,1392).
La part totale actuelle de l'Etat est de 0,8704 fr. par litre (= 0,7637 + 0,1067). Elle était de 0,9029 fr. par litre en juillet (=0,7637 + 0,1392).
Autrement dit l'Etat n'a perçu que 3,6% de moins qu'auparavant, soit 0,0325 franc par litre de moins, soit encore 3,25 centimes par litre.
Dans le même temps les compagnies pétrolières ont baissé leur prix hors taxes de 40%, soit de 0,4275 fr. par litre, soit encore de 42,75 centimes par litre. Certes leur baisse n'a pas encore
atteint la baisse du brut, mais elle est significative, d'autant que nous ignorons leur marge, qui ne doit pas être obligatoirement proportionnelle, si elles veulent continuer à prospecter ou à
entreprendre des recherches d'autres sources d'énergie.
C'est donc bien l'Etat surtout qui vit aux dépens de l'automobiliste. Sa part augmente même en proportion quand le prix du pétrole diminue. Cette part était de près de 46% en juillet, elle est
maintenant de 58%... Une vraie rente...
Le journaliste du Matin conclut : "Pour que la baisse du pétrole sur les marchés financiers ait un impact satisfaisant sur le porte-monnaie des consommateurs, ne serait-il pas judicieux
de revoir le système de taxation, en rendant les taxes proportionnelles au prix de l'essence?".
Pour ma part je conclus que l'automobiliste est une vache à lait que l'Etat trait à la pompe...
Francis Richard