Aujourd'hui, dernier jour de l'an de grâce deux mille treize, j'imprime à ce blog son millième billet. Une façon comme une autre de tourner la page, depuis l'ermitage où
je fais retraite, tout seul, loin de tous les miens pendant une petite semaine, et où je fais pèlerinage aux sources, qui ne sont pas celles de Lanza del Vasto.
C'est au lecteur de me dire à propos de ces billets s'il s'agit de fausse monnaie.
S'il s'agit bien de fausse monnaie, je serai en grande compagnie puisque ceux qui devraient, de par leur position, faire respecter le droit naturel, l'outrepassent en grand nombre, allègrement, dans cette matière.
En comparaison, je ne serais qu'un petit joueur, un petit malfaiteur...
Il y a plus de cinq ans, maintenant, quand j'ai commencé à émettre des billets sur ce blog, le 28 mai 2008 pour être précis, je n'imaginais pas que ce blog occuperait autant de place dans ma vie et que je parviendrais à ce nombre fatidique de billets...
Il s'agissait en effet au départ de m'exprimer "sur tout et sur rien, avec pour seule contrainte d'écrire en liberté". C'est ce que j'ai fait, et que je fais toujours. Mais les recensions de livres y prennent une place toujours plus grande, grâce aux insomnies dont je suis le bénéficiaire à des titres divers.
Toutes ces lectures me permettent d'avoir "plus de souvenirs que si j'avais mille ans", comme le dit Charles Baudelaire dans Spleen. Mon écriture, qui est ma béquille dans l'existence, comme elle le fut pour Jacques Laurent, s'en nourrit et s'en repaît.
Si j'écris donc pour moi, charité bien ordonnée commence par soi-même, je me sens tellement redevable de ce que m'apportent ces lectures, que je sois ou non en communion de pensée avec leurs auteurs, que je me crois obligé de partager avec d'autres ce que je reçois d'elles. C'est la seule générosité que je me connaisse...
Pour terminer l'année avec ce millième billet, ayant lu cette nuit Les deux testaments de Maistre François Villon, dans une édition illustrée d'eaux-fortes de Maurice Leroy, j'ai eu ce matin l'idée et le temps de composer une petite ballade ironique pour remercier mon Créateur, mes lecteurs et mes ami(e)s d'avoir eu déjà la grande bonté de supporter aussi longtemps le trublion que je suis, comme m'a qualifié un jour mon amie Barbara Polla...
Une page se tourne. Une autre s'ouvre. Je souhaite donc à tous mes lecteurs, et souvent ami(e)s, mes meilleurs voeux pour l'an
quatorze, espérant, si Dieu me prête vie, et que je ne fais pas la fine bouche devant ce cadeau magnifique qu'il me fait, atteindre dans quelque temps le deuxième millier de billets.
On devrait alors me supporter encore un bon bout de temps...
Francis Richard
Le mot merci sort de ma bouche
Seigneur, depuis déjà cinq ans,
Suis un blogueur et tiens la plume.
Aurai écrit, pendant ce temps
Mille billets, sans trop d’écume.
A peine si, la nuit, m’endors…
Sans pour autant, quitter ma couche,
Lis tellement qu’en temps record
Le mot merci sort de ma bouche.
Lecteur, te suis reconnaissant
Que tu aies pris cette coutume
De me lire en te levant,
Ou te couchant. Par ton volume,
Ta qualité, tu es en or.
Pour toi, les mots, sans fin, retouche.
Aussi, bénissant tel trésor,
Le mot merci sort de ma bouche.
Amies, amis, suis mécréant.
Ne vous fiez pas à mon costume,
A mes propos trop bienséants.
Pas de gloire, même posthume,
Pour icelui qu’est trop retors.
Car ne suis pas de bonne souche.
De me soutenir quand j’ai grand tort,
Le mot merci sort de ma bouche.
Envoi
Prince, lorsque serai au bord
De la tombe et serai sur la touche,
Verrez bien que, sans trop d’effort,
Le mot merci sort de ma bouche.