Il prononcera ton nom se présente comme une pièce de théâtre, en trois actes, sauf que ce serait une pièce insupportable à voir et à entendre si elle était jouée, parce que brutale et grand-guignolesque.
Les personnages principaux sont trois jeunes hommes, des fils de la bourgeoisie genevoise en place, une adolescente, la Voix Off et la Dea Ex Machina. Les autres personnages sont ceux qui les regardent.
Stephen est fils d'avocat, Kevin fils de médecin et Luc fils de banquier, du beau monde en somme. Alexandra, c'est l'adolescente, âgée de quatorze ans. Tamara à qui la pièce est dédiée, c'est la Dea...
On pourrait ajouter toutefois, comme personnage principal, parmi tous les personnages au nombre indéfini, le rédacteur des didascalies, dont les propos s'opposent souvent à ceux de... la Voix Off.
Pour parvenir à la pleine lumière, l'intrigue emprunte un chemin semé de vie et de mort, où, chaos et KO obligent, fin et commencement se succèdent, comme dans l'histoire de l'oeuf et de la poule.
Stephen a mis Alexandra enceinte. Il veut qu'elle avorte, alors qu'elle croyait lui faire un cadeau, sous prétexte qu'il ne veut pas être un pigeon. En fait il craint surtout que son père ne l'apprenne.
Si son ami Kevin est pour Stephen un suiveur, Luc est un mentor, et c'est bien ce dernier qui va indiquer à celui qui ne veut pas être papa la solution finale la meilleure pour se débarrasser du sac de cellules...
Les rôles de naguère sont désormais inversés dans cette pièce (au dénouement surréaliste), puisque celle qui est enceinte doit assumer tandis que le géniteur doit seulement l'aider à le faire. Et de quelle manière!
Où l'auteur de cette histoire, qu'il ne vaut mieux pas prendre au premier degré, veut-il donc en venir? Peut-être la réponse se trouve-t-elle dans une note en bas de page, au début de la scène trois de l'acte deux.
Cette longue note raconte en effet la vie de Petra de Casamance, envoyée par Dieu comme une dernière offre d'alliance aux hommes. Mais ils n'en avaient pas voulu. Elle n'était que lumière et leur faisait de l'ombre:
Dieu baissa les bras. En Petra il avait placé ses espoirs. Désormais les hommes feraient sans LUI. Sans son amour. Car, il faut qu'on le sache bien, aujourd'hui plus que jamais, Dieu, les hommes qui n'aiment pas les femmes, IL ne les aime pas non plus.
Francis Richard
Il prononcera ton nom - Mystère contemporain, Florian Eglin, 128 pages, La Baconnière
Livres précédents:
A La Baconnière :
Cette malédiction qui ne tombe finalement pas si mal (2013)
Une résistance à toute épreuve... Faut-il s'en réjouir pour autant ? (2014)
Holocauste (2015)
A La Grande Ourse :
Ciao connard (2016)
Chez BSN Press :
En pleine lumière (2019)