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19 avril 2019 5 19 /04 /avril /2019 21:45
Salle du colloque (photo publiée sur le site de l'IREF)

Salle du colloque (photo publiée sur le site de l'IREF)

Mardi 16 avril 2019, 130 personnes ont participé à Paris à un colloque organisé par l'ALEPS, Contribuables Associés et l'IREF, sur le thème:

 

L'Europe: quel avenir pour nos libertés ?

 

Ce thème était lui-même subdivisé en deux parties et quatre panels:

 

Première partie:

- Pourquoi l'Europe, fondements et raisons d'être?

- L'Europe vue d'ailleurs

 

Deuxième partie:

- Les institutions européennes sont-elles adaptées?

- Les politiques européennes et leurs limites

 

Chaque panel est composé de trois ou quatre intervenants, qui font chacun un exposé de douze minutes exactement, contrôlées par un modérateur. Ces exposés sont suivis de questions posées par l'assistance.

 

L'avantage de ce dispositif est son efficacité. Chaque intervenant, compte tenu du temps qui lui est imparti, doit aller à l'essentiel. Ce colloque de quatre heures et demie, avec une pause d'un quart d'heure entre les deux parties, est donc d'une grande densité.

Alain Mathieu et Jacques Garello

Alain Mathieu et Jacques Garello

Deuxième partie

 

I Les institutions européennes sont-elles adaptées?

 

Jacques Garello, Professeur émérite à l'Université d'Aix-en-Provence, traite de L'Europe des non-choix.

 

La maladie de l'Europe provient des orientations différentes de ses fondateurs.

 

Il y a en effet deux orientations contraires dans le Traité de Rome:

- l'Europe  puissance politique voulue par Jean Monnet

- l'Europe espace de liberté voulue par Konrad Adenauer, par Alcide De Gasperi et, moins fermement, par Robert Schuman

 

De ce non-choix sont nés l'Europe des politiques communes et le marché commun.

 

Dans le Traité de Maestricht se mêlent ouverture et protectionnisme.

 

(d'un côté François Perroux avait écrit L'Europe sans rivages, de l'autre André Marchal, L'Europe solidaire)

 

Le non-choix, c'est vouloir d'une part une politique structurelle, un droit européen (un tiers de la législation française est repris des lois européennes) et des normes, d'autre part le marché (et la reconnaissance mutuelle de normes).

Olivier Méresse (modérateur) et Jean-Philippe Feldman

Olivier Méresse (modérateur) et Jean-Philippe Feldman

Jean-Philippe Feldman, Avocat, Professeur agrégé des Facultés de droit et Maître de Conférence à Sciences Po, mène une Réflexion sur les institutions.

 

Les institutions européennes sont incompréhensibles...

 

Pourquoi? Parce que c'est le côté normativiste qui l'a emporté sur les libertés.

 

L'Europe est surtout une machine à réglementer. Elle n'est heureusement pas encore une machine à taxer (80% du budget provient des contributions des États).

 

A l'origine l'Europe devait être une zone de libre-échange, ZLE:

- suppression des barrières

- absence d'harmonisation

- inexistence d'institutions

 

C'est le général de Gaulle qui a fait abandonner la ZLE.

 

Aujourd'hui il y a absence de:

- séparation des pouvoirs

- limitation des pouvoirs

- subsidiarité

 

Pour que l'Europe ne soit plus une machine à réglementer, il faudrait:

- supprimer l'harmonisation

- instaurer un droit de sécession (et non pas un droit de retrait)

Alain Mathieu et Jacques Garello

Alain Mathieu et Jacques Garello

Alain Mathieu, Entrepreneur, Président d'honneur de Contribuables associés, s'est intéressé à l'OLAF, la seconde Cour des comptes européenne.

 

Qu'est-ce que l'OLAF? L'Office européen de lutte anti-fraude. Il traque les fraudes en matière :

- d'actions structurelles

- d'aides dans le cadre de la PAC, Politique Agricole Commune

- de subventions directes

- d'aide extérieure

 

Alors que les salaires des fonctionnaires européens représentent 7% du budget, le reste, ce sont donc des subventions de toutes sortes.

 

Les exemples de versements indus et d'utilisations inappropriées que donnent Alain Mathieu sont ahurissants.

 

La fraude n'est pas seulement le fait des bénéficiaires de subventions, elle est aussi le fait de membres du personnel de l'UE (60 000 personnes)...

 

L'OLAF (effectif de 406 personnes) n'est d'ailleurs pas seul à enquêter en matière de fraude, il y a aussi Eurojust (240 personnes) et la Cour des comptes européenne (856 personnes). C'est dire l'étendue du problème...

 

Quoi qu'il en soit, les enquêtes de l'OLAF sont trop longues (22 mois en moyenne) et souvent les délais de prescription sont dépassés...

Laurent Pahpy et Ferghane Azihari

Laurent Pahpy et Ferghane Azihari

II Les politiques européennes et leurs limites

 

Ferghane Azihari, Chargé d'études à l'IREF, traite de L'immigration en Europe.

 

Les principes de libre circulation ne font plus consensus. A commencer par celui de la libre circulation des personnes.

 

Pourquoi?

- Les immigrés sont perçus comme trop nombreux (leur nombre est surestimé d'un facteur 2 ou 3)

- Le manque de confiance dans les institutions

 

En effet la redistribution illimitée se substitue à l'insertion professionnelle: force est de constater que plus un État est généreux, plus il a tendance à fermer ses frontières.

 

Avec l'État-providence il s'agit d'un jeu à somme nulle, le contraire du commerce.

 

Enfin l'immigration est un problème culturel: place est faite au relativisme culturel plutôt qu'à l'adoption des normes occidentales.

 

Il faudrait donc renouer avec une plus grande exigence et être fier de la civilisation occidentale.

Laurent Pahpy et Ferghane Azihari

Laurent Pahpy et Ferghane Azihari

Laurent Pahpy, Chargé d'études à l'IREF, traite de L'agriculture européenne.

 

En matière agricole, à tort, on oublie la loi de l'offre et de la demande: on veut toujours contrôler l'offre, sous la pression des corporations agricoles, c'est-à-dire planifier.

 

Pourtant, depuis Montesquieu, on sait, par exemple, que la planification viticole ne fonctionne pas...

 

En fait il y a transfert du syndicalisme agricole français au niveau européen.

 

(quand la Roumanie est entrée dans l'Union européenne, du fait de l'interdiction des souches hybrides, leur arrachage y a été effectué...)

 

Deux exemples de planification agricole:

- le cahier des charges des AOC, qui empêche la concurrence

- le bio (on prétend ne pas utiliser de pesticides), qui revient à protéger certains agriculteurs.

 

Les agriculteurs devraient être libres de produire ce qu'ils veulent.

Olivier Méresse (modérateur) et Christopher Butler

Olivier Méresse (modérateur) et Christopher Butler

Christopher Butler, Directeur exécutif de Americans for Tax Reform, traite du Poison de la soi-disant harmonisation fiscale européenne.

 

La réduction de l'impôt sur les sociétés depuis 2014 dans l'OCDE a permis de faire la réforme fiscale de 2017 aux États-Unis.

 

La taxe de solidarité sur les billets d'avion, adoptée par neuf pays à la suite de l'initiative française, n'a pas été une bonne nouvelle, du fait que c'était une amorce de taxation internationale.

 

De même la France, si la taxe de 3% sur les services numériques était finalement adoptée (elle l'a été en première lecture par l'Assemblée nationale), donnerait à nouveau un mauvais signal du fait de son extension internationale possible.

 

Enfin la Commission européenne a proposé récemment par la voix de son Commissaire à la fiscalité, Pierre Moscovici, que l'harmonisation fiscale soit adoptée non plus à l'unanimité, mais à la majorité qualifiée.

 

Or, quand il y a concurrence fiscale, les taxes baissent et, quand il y a harmonie fiscale, elles augmentent...

 

Christopher Butler n'est donc guère optimiste pour ce qui concerne l'avenir de nos libertés. 

Pascal Salin

Pascal Salin

Conclusion

 

Il revient à Pascal Salin d'avoir le mot de la fin.

 

Après avoir dit combien le colloque a été riche en idées émises et débattues, il conclut que libertés et diversité vont de pair et qu'elles seules peuvent faire l'unité.

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

 

Article précédent:

L'Europe: quel avenir pour nos libertés?, un colloque à Paris 1/2

 

PS

 

A l'occasion de cette réunion, l'ALEPS, Contribuables Associés et l'IREF donnent aux participants la primeur de leur manifeste Pour une Europe des libertés:

L'Europe: quel avenir pour nos libertés?, un colloque à Paris 2/2
L'Europe: quel avenir pour nos libertés?, un colloque à Paris 2/2
L'Europe: quel avenir pour nos libertés?, un colloque à Paris 2/2

A la suite de ce manifeste, les auteurs reproduisent trois citations: une de Montesquieu, une de Benjamin Constant et une de Tocqueville.

 

Celle de Benjamin Constant commence ainsi:

 

C'est en sacrifiant tout à des idées exagérées d'uniformité que les grands États sont devenus un fléau pour l'humanité...

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17 avril 2019 3 17 /04 /avril /2019 16:30
L'Europe: quel avenir pour nos libertés ?, un colloque à Paris 1/2

Mardi 16 avril 2019 130 personnes ont participé à Paris à un colloque organisé par l'ALEPS, Contribuables Associés et l'IREF, sur le thème:

 

L'Europe: quel avenir pour nos libertés ?

 

Ce thème était lui-même subdivisé en deux parties et quatre panels:

 

Première partie:

- Pourquoi l'Europe, fondements et raisons d'être?

- L'Europe vue d'ailleurs

 

Deuxième partie:

- Les institutions européennes sont-elles adaptées?

- Les politiques européennes et leurs limites

 

Chaque panel est composé de trois ou quatre intervenants, qui font chacun un exposé de douze minutes exactement, contrôlées par un modérateur. Ces exposés sont suivis de questions posées par l'assistance.

 

L'avantage de ce dispositif est son efficacité. Chaque intervenant, compte tenu du temps qui lui est imparti, doit aller à l'essentiel. Ce colloque de quatre heures et demie, avec une pause d'un quart d'heure entre les deux parties, est donc d'une grande densité.

Jean-Philippe Delsol

Jean-Philippe Delsol

Première partie

 

I Pourquoi l'Europe, fondements et raisons d'être?

 

Jean-Philippe Delsol, Président de l'IREF, rappelle les Origines et principes européens.

 

L'ADN de l'Europe, c'est la liberté. Son territoire se situe à l'ouest de l'Hellespont, dixit Hérodote. Elle résulte de la confusion de plusieurs peuples.

 

Ses origines sont trois villes: Jérusalem, Athènes et Rome. Elle tient d'elles le respect de la personne et des libertés individuelles.

 

C'est à Jérusalem qu'émergent le respect de la liberté et le respect de la personne, dans la lignée des Sumériens et des Assyriens.

 

Pour le poète grec Hésiode, du VIIIe siècle, la souveraineté juste est celle qui est respectueuse de la dikè, faite comme la justice pour respecter la personne.

 

Dans les douze tables romaines, de l'an 450 avant Jésus-christ, apparaissent la propriété des personnes et les termes de l'échange.

 

Érasme dit que la monarchie a pour but de faciliter la vie des hommes libres.

 

La tentation impériale est de ne pas respecter la diversité mais d'imposer à tous les mêmes lois, la même monnaie, la même fiscalité.

 

La chute de Rome est due à sa centralisation, la durée du Saint Empire romain germanique au fait qu'il s'agissait d'une alliance.

 

Les quatre libertés fondamentales européennes sont:

- la libre circulation des personnes

- la libre circulation des biens

- la libre circulation des services

- la subsidiarité

Pascal Salin

Pascal Salin

Pascal Salin , Président de l'Aleps, traite des Fondamentaux économiques et sociaux.

 

Il y a deux visions:

- la vision d'un super-État

- la vision des libertés

 

La vision des libertés repose sur des principes:

- la liberté des échanges: chacun y trouve son compte

- la concurrence comprise comme la liberté d'entrer sur un marché (quel que soit le nombre d'acteurs)

 

La concurrence ainsi conçue est une incitation à innover, à faire mieux que les autres. C'est le contraire de l'harmonisation, qui mène à la création de monopoles.

 

Or la France veut exporter ses erreurs avec l'harmonisation fiscale et sociale. En réalité elle ne veut pas plus d'Europe, elle veut plus de France.

 

Les autorités européennes sont-elles à même de choisir les meilleures solutions pour les Européens? Elles veulent l'intégration pour que l'Europe soit un grand pays face aux États-Unis ou à la Chine. 

 

Être ouvert sur le monde, comme le sont la Suisse ou Singapour, n'est-il pas préférable?

 

Alexis de Tocqueville écrivait: S'il n'y avait que de petites nations et point de grandes, l'humanité serait à coup sûr plus libre et plus heureuse... Rien n'est si contraire au bien-être et à la liberté des hommes que les grands empires...

Eudes Baufreton (modérateur de Contribuables associés) et Alexandre Giuglaris

Eudes Baufreton (modérateur de Contribuables associés) et Alexandre Giuglaris

Alexandre Giuglaris, Délégué général du Think tank Les Hussards (et collaborateur du député LR Nicolas Forissier excusé), répond à la question: Quel besoin d'Europe aujourd'hui?

 

Il faudrait selon lui moins d'Europe:

- en réduisant la technostructure

- en réduisant les normes

- en prenant des mesures d'économie

 

Il faudrait aussi moins d'Europe en appliquant le principe de subsidiarité et en se posant la question: quelle est la plus-value de l'Europe?

 

Il faudrait plus d'Europe:

- en réformant la France plutôt que de faire de l'Europe un bouc émissaire

- en conservant l'euro

- en exigeant la réciprocité en matière de normes environnementales

 

Il faudrait mieux d'Europe:

- en permettant à l'Europe de remplir son rôle de régulateur

- en luttant contre le terrorisme

- en luttant contre l'immigration illégale

 

L'Europe doit affirmer sa spécificité et relever, par la coopération inter-étatique, deux défis:

- le défi de l'intelligence artificielle

- le défi de la cybersécurité.

Eudes Baufreton, Victoria Curzon Price et Enrico Colombatto

Eudes Baufreton, Victoria Curzon Price et Enrico Colombatto

II L'Europe vue d'ailleurs

 

Enrico Colombatto, Professeur d'économie à l'Université de Turin, traite de La vision italienne et celle des pays dits illibéraux.

 

Tous les pays européens sont illibéraux selon le professeur, notamment en matière de retraites ou d'éducation.

 

Partout la productivité ne progresse plus et la croissance est proche de zéro pour cent.

 

En Italie la valeur ajoutée du secteur public est la seule source de croissance (parce que les salaires des fonctionnaires sont inclus dans le PIB...).

 

L'Europe n'y exige pas de réduction de la dépense publique, a permis que la dette publique y atteigne 132% du PIB... La situation de l'Italie sera bientôt celle du Venezuela...

 

En attendant 60 000 jeunes diplômés quittent la péninsule chaque année, parmi lesquels ceux qui auraient pu être des entrepreneurs...

Rafik Smati

Rafik Smati

Rafik Smati, Président d'Objectif France, répond à la question: Rééquilibrer la France vers le Sud?

 

Rafik Smati souligne l'importance des liens entre la France et l'Allemagne, colonne vertébrale de l'Europe, mais, comme l'a rappelé Jean-Philippe Delsol, les origines de l'Europe sont des villes du Sud.

 

C'est pourquoi il pense qu'il ne faut pas tourner le dos au Sud et qu'il est nécessaire pour la France de tisser des liens avec l'Italie, le Portugal et l'Espagne.

 

Il y a toutefois une condition essentielle à cela, que la France soit irréprochable. Or la France est l'homme malade de l'Europe. Il faut donc qu'elle commence par guérir...

 

Ce n'est évidemment pas les joutes actuelles qui le lui permettront...

Eudes Baufreton, Victoria Curzon Price et Enrico Colombatto

Eudes Baufreton, Victoria Curzon Price et Enrico Colombatto

Victoria Curzon Price, Professeur émérite d'économie politique à l'Université de Genève, traite de L'Europe vue du dehors, de la Suisse au Brexit.

 

La Suisse est un îlot au milieu de l'Europe, qui représente moins de 2% de la population de l'UE.

 

La Suisse est d'accord pour la libre circulation des biens et des services, moyennant le paiement d'une contribution d'un milliard d'euros.

 

Elle est beaucoup plus réticente pour ce qui concerne la libre circulation des personnes (les salaires en Suisse sont quatre fois ceux de l'Europe...).

 

Elle est encore plus réticente à l'égard de ce qu'on appelle la reprise dynamique du droit européen (l'Europe est obsédée par l'uniformité du droit européen...).

 

L'Histoire montre que les Suisses ne veulent pas se soumettre à des juges étrangers.

 

Dans les années 1215-1230, les Uranais ont construit le Pont du Diable sur la Reuss et ont fait payer le passage. L'Empereur a voulu profiter de cette manne.

 

Les Uranais, en contrepartie ont obtenu leur liberté juridique, l'immédiateté. Seulement l'Empereur a renié sa parole. A ce moment-là, en 1291, ils ont uni leurs forces, à perpétuité, si Dieu y consent, à celles de Schwyz et d'Unterwald contre l'Empereur.

 

L'UE rappelle donc aux Suisses le Saint-Empire... Le Brexit est le même problème posé aux Européens par les Britanniques, qui, comme la Suisse, ne demandent rien d'autre que le libre-échange avec l'UE...

Rafik Smati et Carmen Gerstenmeyer

Rafik Smati et Carmen Gerstenmeyer

Carmen Gerstenmeyer, Chargée d'Affaires européennes à la Fondation Friedrich Naumann (liée au Parti libéral-démocrate allemand), traite L'Europe outre-Rhin: la vision allemande.

 

50% des Allemands font confiance à l'Union européenne et 75% d'entre eux trouvent que l'économie est bonne pour eux.

 

Aujourd'hui, d'après les sondages pour les élections européennes, les libéraux allemands ne représentent que 7%, derrière la CDU-CSU (32%), les Verts (19%), les Sociaux-Démocrates (18%), l'extrême-droite de l'AFD (10%).

 

Dans leur programme européen, ils voient des opportunités de réformes en politique étrangère, en politique de défense et en matière d'immigration.

 

Ils souhaitent:

- que le nombre de commissaires européens soit réduit

- que plus de pouvoir soit donné au Parlement européen

- que l'État de droit soit renforcé

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

 

Article suivant:

L'Europe: quel avenir pour nos libertés?, un colloque à Paris 2/2

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19 mars 2019 2 19 /03 /mars /2019 23:55
Comment rompre avec le socialisme fiscal?, conférence de Philippe Nemo, à la Société de Lecture

Hier soir l'Institut libéral recevait Philippe Nemo à la Société de Lecture à Genève (à l'entrée de laquelle figure cette inscription: Timeo hominem unius libri, je crains l'homme d'un seul livre...), pour une conférence sur Comment rompre avec le socialisme fiscal?

 

Dans son introduction, Pierre Bessard, le directeur de l'Institut libéral rappelle que le socialisme fiscal est bien présent en Suisse, même si c'est à un moindre degré qu'en France dont Philippe Nemo est originaire.

 

Les États sont de plus en plus gloutons, surdimensionnés. Les recettes fiscales augmentent davantage que l'économie et sont dissipées dans la redistribution. La victime de ce socialisme fiscal est la sphère de la liberté.

 

Philippe Nemo, philosophe de formation, est l'orateur tout désigné pour en parler parce que la question du socialisme fiscal relève de la philosophie et de l'idée que l'on se fait de la société. Mais il a d'autres titres pour en parler.

 

Philippe Nemo a en effet été professeur à l'ESCP, Sup de Co Paris, fondée par Jean-Baptiste Say; il préside la Fondation Lettres et Sciences; il a cofondé l'École Professorale; il a publié en 2018 Philosophie de l'impôt, un livre très dense.

 

Quels sont les intellectuels qui se sont intéressés à la conception de l'impôt en relation avec la conception de l'homme? Aucun, sinon en Allemagne Peter Sloterdijk qui a écrit un gros volume intitulé Repenser l'impôt.

 

En France, les prélèvements obligatoires représentaient 10% du PIB en 1900, il en représentent aujourd'hui 50%. Dans les années 1930-1940, ils ne représentaient encore que 20%. La mutation s'est produite au cours des quatre ou cinq dernières décennies.

 

Comment se fait-il que l'on ne s'en alarme pas? La forte croissance des trente glorieuses a empêché d'en prendre conscience: les prélèvements augmentaient sans que les salaires réels diminuent, bien au contraire.

 

Aujourd'hui on se satisfait de déficits publics de l'ordre de 3% du PIB, qui sont en réalité des déficits de 30% du budget, si bien que la dette augmente indéfiniment et que cette machine, devenue folle, est impossible à maîtriser.

 

Il y a bien eu des révoltes contre cette montée des prélèvements mais les révoltés, les poujadistes par exemple, étaient méprisés, voire traités de fascistes. Les Français sont ainsi devenus socialistes sans le savoir...

 

Si on considère l'Histoire, il y a eu une bonne révolution en 1789, qui a mis un terme aux impôts de l'Ancien Régime, mais elle a été de courte durée et la mauvaise révolution lui a succédé en 1792-1793.

 

Sous la Monarchie de Juillet, dont Benjamin Constant a été l'idéologue, la conception des impôts était qu'ils devaient contribuer au maintien de l'État dans ses fonctions régaliennes. Cela a changé au début du XXe, avec les socialistes.

 

Trois conceptions de l'impôt, deux justes et une fausse

 

Les deux conceptions justes (le service rendu correspond à ce qui est donné) sont les suivantes:

 

- l'impôt sert à financer l'État régalien: les maux qui n'ont pas lieu ne sont pas quantifiables; chacun en profite également et l'impôt correspondant doit donc être le même pour tous, avec d'éventuels dégrèvements pour les plus pauvres (tout le monde est égal devant la mort ou le vol)

 

- l'impôt sert à financer les services collectifs qui ne peuvent être rendus par le marché (le problème est cependant de déterminer lesquels): l'impôt correspondant doit être proportionnel, sur l'intégralité du revenu du fait que le profit (des infrastructures par exemple) est proportionnel à l'activité des bénéficiaires

 

La conception fausse (l'impôt est sans contrepartie) est celle-ci:

 

- l'impôt sert à redistribuer: l'impôt est alors une spoliation, il s'agit de fait d'un vol en bande organisée; il est d'autant plus spoliateur qu'il est progressif (c'est Marx qui a eu l'idée de l'impôt progressif, le qualifiant de révolutionnaire, dans Le Manifeste du parti communiste...)

 

Cette conception n'a évidemment rien à avoir avec la justice distributive parce qu'il y a confusion entre société et bien commun...

 

Quatre idéologies sont à l'origine de cette fausse conception de l'impôt: le marxisme, l'égalité de sacrifice, le solidarisme et le keynésianisme, auxquelles conduisent à adhérer une passion, L'envie, le titre d'un livre d'Helmut Schoek, sous-titré Une histoire du mal...

 

(ce sont le droit et la morale qui permettent de contrecarrer cette passion et de civiliser les hommes)

 

Cette fausse conception de l'impôt est une rupture du consentement: toute richesse appartient implicitement à l'État et la seule raison qui justifie l'impôt est le rapport de force.

 

Les fonctionnaires du Ministère des Finances français, Bercy, sont l'illustration de ce rapport de force: ils se donnent pour but de prendre le maximum aux gens et de connaître ce qu'ils possèdent (c'est l'inquisition fiscale). Et, à ces fins, leur ruse principale est d'augmenter l'assiette de l'impôt...

 

Philippe Nemo termine sa conférence en disant qu'il y a un lien entre ce que l'on est et ce que l'on a. C'est pourquoi, avec le droit romain (et le droit de propriété) l'humanisme a pu apparaître parce qu'il induisait la valorisation de la personne (c'est bien pourquoi le christianisme a pu prendre dans l'Empire).

 

Avec un taux de prélèvements confiscatoire, 50%, dont la plus grande part est constituée d'impôt sans contrepartie, Philippe Nemo est légitimé à dire qu'une mutilation ontologique est opérée.

 

Comment rompre avec le socialisme fiscal? Philippe Nemo est convaincu que le combat des idées est à même de faire basculer cette montagne, comme ce sont les idées socialistes qui l'ont élevée...

 

Qui aurait cru qu'un jour l'URSS s'écroulerait? Tous les espoirs sont donc permis...

 

Francis Richard

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1 octobre 2018 1 01 /10 /octobre /2018 21:45
9e Week-End de la Liberté du Cercle Frédéric Bastiat, à Saint-Paul-lès-Dax

Du 21 septembre 2018 à midi jusqu'au 23 septembre 2018 au déjeuner a eu lieu, à Saint-Paul-lès-Dax, dans les Landes, le 9e Week-End de la Liberté, organisé par le Cercle Frédéric Bastiat, avec le concours de :

 

- l'ALEPS

- ASAF

- Contrepoints

- l'Institut Coppet

- l'École de la Liberté

- l'IREF

- SFL

 

Le Week-End de la Liberté est le dernier grand rendez-vous libéral en France après les disparitions, faute de moyens, de l'Université d'été de la nouvelle économie (Aix-en-Provence) et de l'Université d'automne de l'économie autrichienne (Troyes).

 

Les libéraux, c'est bien connu, sont des suppôts des puissances d'argent...

 

Le thème de ce week-end était:

Considérations sur la nature et les causes de la richesse des nations.

Guido Hülsmann

Guido Hülsmann

Vendredi 21 septembre 2018, 13h30

 

Conférence de Guido Hülsmann  sur La culture comme facteur de la richesse des nations.

http://www.guidohulsmann.com/

 

En fait il y a deux mécanismes qui expliquent la richesse des nations:

- la division du travail

- l'accumulation de capital.

 

Keynes qui n'avait pas compris le deuxième mécanisme était hostile à l'épargne...

 

Or il n'y a ni division du travail ni accumulation de capital sans :

- droits de propriété

- échanges monétaires.

 

Le respect des droits et des obligations suppose la confiance dans la parole et dans la raison.

 

L'épargne suppose un sacrifice dans le présent pour obtenir des résultats ultérieurs.

 

Pourquoi ? Parce que cela fonctionne.

 

Avec la division du travail et l'accumulation de capital il y a:

- orientation de l'action humaine qui se fait à la marge, en des points précis, individuels

- réduction de la complexité par la recherche des moyens les plus appropriés

- promotion, c'est-à-dire validation des dispositions vertueuses

- frein, c'est-à-dire validation des dispositions vicieuses.

 

Le résultat de l'action humaine est la culture.

 

Quels sont les points en cause pour ce qui concerne la richesse des nations?

 

- La méta-culture, qui est le mécanisme de changement de culture

 

- La religion chrétienne, qui n'est le fruit ni de la raison ni de l'expérience: la trinité représente l'union par l'amour de trois personnes, la communauté parfaite, l'absence de chef, le consentement libre: l'amour est un objectif désirable, il valorise la personne, il permet la création:

(le conférencier fait référence à Larry Siedentop, auteur de Inventing the individual)

  La création n'est pas un processus aléatoire. Elle répond à une logique propre, constante à travers le temps.

  Le libre arbitre est la conviction que la nature n'est pas fondamentalement différente au cours du temps.

  Dans l'islam, il y a création, mais pas de personne, ni de trinité.

  Dans le judaïsme, il y a création et personne, mais pas de trinité.

 

- La violence, qui s'exerce pour empêcher la personne de faire ses expériences, en coupant le lien entre causes et conséquences, sous prétexte de conjurer les échecs et le gaspillage:

(le conférencier fait référence à Herbert Spencer)

  L'éducation centrée sur l'enfant produit ainsi de mauvaises dispositions chez lui et conduit au socialisme, qui est déresponsabilisation des plus riches comme des plus pauvres.

 

- Les porteurs de culture, qui sont les personnes en lesquelles elle s'enracine.

 

Selon Guido Hülsmann, les causes ultimes de la richesse des nations se trouve dans la religion chrétienne qui s'oppose au collectif forcé.

Virginie Pradel

Virginie Pradel

Vendredi 21 septembre 2018, 16h00

 

Conférence de Virginie Pradel sur Enfer et paradis fiscal: peut-on sortir de l'enfer?

https://institutfiscalvauban.org/home/

 

La France est un enfer fiscal:

- Les prélèvements obligatoires y représentent 45% du PIB (39% en Allemagne, 34% au Royaume-Uni)

- Les plus de 1'000 milliards € de prélèvements se répartissent ainsi:

. 360 milliards indirects

. 290 milliards directs

. 375 milliards sociaux dont 250 de cotisations sociales patronales (89 au Royaume-Uni)

- Dans le classement de l'OCDE, sur le poids des recettes fiscales, la France occupe le 35e rang sur 35, derrière le Portugal et l'Italie

- Le Code des Impôts représente 2242 pages, 3144 avec les annexes, 3500 avec le Code de procédure fiscale, dont 775 pages consacrées à l'Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques...

  Certains articles font de 11 à 15 pages tels l'article 31 sur les charges déductibles ou l'article 39 sur les bénéfices imposables des indépendants, modifié deux fois par an en moyenne...

- Le taux d'imposition des entreprises françaises est de 62.2% en prenant en compte l'Impôt sur les Sociétés, les taxes sur la production (102 milliards contre 22 en Allemagne et 40 au Royaume-Uni) et les cotisations patronales (31% au Royaume-Uni).

  Quand on baisse un impôt, on augmente une taxe...

  L'Impôt sur les Sociétés est devenu progressif: 15%, 28%, 33.33%, 44% (pour les grandes entreprises en 2017).

- Il y a en fait deux impôts sur le revenu: l'IRPP dont le taux marginal atteint 45%, sans compter la contribution exceptionnelle qui dure..., et la CSG qui, avec la CRDS, atteint 9.7%...

- Les niches fiscales sont plafonnées à 10'000 € par an, le crédit d'impôt sur la transition énergétique est supprimé

- Le prélèvement à la source va rendre difficile la récupération des déductions et des crédits d'impôts: la complexité sera augmentée dans 90% des cas, ce qui conduira à un surprélèvement

- La fiscalité sur le capital mobilier et immobilier représente 238 milliards € soit 10.7% du PIB (6.3% en Allemagne), ce qui correspond à un taux implicite de 53% sur ses revenus

- Les plus-values sont taxées à 30% (10% au Royaume-Uni)

- Le taux marginal sur les successions est de 45% (60% s'il n'y a pas de lien de parenté) alors que le taux moyen dans l'OCDE est de 15%, et l'abattement n'est que de 100'000 €

- Les prérogatives de l'administration fiscale en matière de contrôle fiscal sont en constante augmentation (le dirigeant est toujours présumé responsable): il n'y a aucun droit à l'erreur pour le contribuable, alors que l'administration peut se tromper...

 

Quel est le bilan d'une année Macron?

- Hausse de la fiscalité écologique

- Baisse des impôts et hausse de la CSG

 

On se demande bien pourquoi d'aucuns fuient cet enfer fiscal pour aller dans un paradis fiscal, tout relatif qu'il soit...

Olivier Babeau

Olivier Babeau

Vendredi 21 septembre 2018, 21h00

 

Débat avec Olivier Babeau sur Des finances saines comme facteur de richesse.

https://www.institutsapiens.fr/

 

La sémantique est significative de l'état des esprits.

 

Ainsi, quand on baisse des impôts après les avoir augmentés, parle-t-on de cadeaux. Ainsi augmenter les impôts est-il un facteur de prospérité, alors qu'en fait on exploite la prospérité...Les alchimistes, qui dirigent les États, ne font donc que transformer l'or en plomb...

 

Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que la dette française atteigne 2'250 milliards €, que la dépense publique soit passée de 11% du PIB en 1912 à 57% en 2018. Car le prétendu intérêt général permet de tout justifier: l'État va tout remettre d'aplomb et le fait de représenter le peuple légitime sa propension à l'éléphantiasis...

 

Sous l'Ancien Régime il y avait encore des contre-pouvoirs (Louis XIV, par exemple, ne pouvait pas faire tout ce qu'il voulait, contrairement aux idées reçues), mais ils ont disparu avec la Révolution.

 

Comme disait déjà Gustave Flaubert:

 

L’idéal de l’État, selon les socialistes, n’est-il pas une espèce de vaste monstre absorbant en lui toute action individuelle, toute personnalité, toute pensée, et qui dirigera tout, fera tout ?

 

Alors l'État complexifie pour mieux régner, produit des normes à tout va, est fort là où il devrait être faible, et inversement. Il est priapique fiscalement, et impuissant... Et ses dépenses ne diminuent jamais, dilapidant des richesses et produisant des nuisances:

 

Les meilleures exportations européennes ne sont-elles pas la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) et le RGPD (règlement général pour la protection des données), qui sont des produits étatiques par excellence?

 

Olivier Babeau n'est guère optimiste: il est particulièrement inquiet par la prise de pouvoir des esprits par les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), qui poursuivent, selon lui, le même but que les États:

 

Vous contrôler et faire votre bonheur contre vous-même.

H16

H16

Samedi 22 septembre 2018, 9h00

 

Conférence de H16 sur L'innovation, la création parmi les causes de la richesse.

https://h16free.com/

 

H16 retrace l'histoire de ces causes de la richesse:

 

- L'imprimerie au XVe siècle: on passe de l'ouvrage d'art à l'objet accessible par les bourgeois. 20 millions de livres sont imprimés en 50 ans. Cela permet la Renaissance et les découvertes et une accélération des connaissances. Parmi les outils actuels qui y correspondent, il y a le format html. Le plus grand nombre annuel d'exemplaires imprimés est aujourd'hui le catalogue IKEA, tiré à 100 millions...

 

- L'aviation: on passe du cheval animal au cheval vapeur. Les aéroports et leurs retombées directes et indirectes représentent aujourd'hui 62 millions d'emplois dans le monde.

 

- L'ordinateur: on passe de la machine à calculer de Pascal, via la machine à décrypter enigma de Turing et le transistor, aux ordinateurs sous toutes leurs formes: 3.811 milliards d'êtres humains sur 7.497 ont accès à Internet.

 

- Les réseaux: on passe à des produits normalisés par les acteurs économiques eux-mêmes, sans intervention de l'État, tels que les affréteurs pour les conteneurs ou les fournisseurs de téléphones pour les chargeurs. En 2015, les ordinateurs et réseaux représentent 6% du PIB de l'Union européenne...

 

- L'autocatalyse: on passe de manière analogue à la réaction en chaîne en chimie à une croissance exponentielle des utilisateurs de réseaux (loi de Metcalfe).

 

- La blockchain: on passe du problème des généraux byzantins à sa résolution par la désintermédiation: c'est l'incitation au jeu honnête par construction plutôt que par contrainte. Il n'est plus besoin de tiers de confiance, une transaction est non répudiable, non niable.

 

Le bitcoin utilise la blockchain et fait intervenir:

  . des développeurs

  . des mineurs (rémunérés)

  . des échanges

  . des commerçants, des participants

 

  Le bitcoin se caractérise par le fait qu'il est:

  . déflationniste (21 millions de bitcoins peuvent être créés au maximum)

  . incassable

  . décentralisé

  . incensurable

 

  Aujourd'hui 17.2 millions de bitcoins ont été créés et il y a eu 333 milliards de transactions.

 

Conclusion:

Innovation et création sont motivées par deux puissants leviers: le plaisir et la recherche du ... moindre effort.

N'oubliez pas: cette recherche ininterrompue a permis l'émergence de toutes les civilisations humaines.

C'est l'invention de la bière qui est à l'origine de l'agriculture...

Yorick de Mombynes

Yorick de Mombynes

Samedi 21 septembre 2018, 11h00

 

Conférence de Yorick de Mombynes sur Les infortunes de la concurrence.

https://www.institutsapiens.fr/

 

Yorick de Mombynes a intitulé sa conférence en référence aux Infortunes de la vertu du divin Marquis. Car la concurrence est aussi infortunée que la vertu le fut pour Justine...

 

La politique de la concurrence peut prendre deux formes:

- la suppression des aides (ce qui est bien, mais rare)

- les lois anti-trusts

 

Les lois anti-trusts trouvent leurs justifications dans une théorie: dans une société idéale, la concurrence serait pure et parfaite, autrement dit il y aurait:

- liberté d'entrée et de sortie

- transparence

- homogénéité des produits

- atomicité

 

Comme ce n'est pas le cas dans les faits (il y a des cartels, des monopoles, du dumping), l'État doit intervenir:

- préventivement par des autorisations de fusions

- répressivement par des amendes.

 

Le problème est que la concurrence pure et parfaite n'existe pas et n'est même pas souhaitable:

- en théorie: l'intervention de l'État ne permettrait pas d'obliger tous les êtres humains, par exemple, à avoir des jambes de 4 mètres de haut, si c'était idéal

- en pratique: la définition d'un monopole est difficile, arbitraire; il est impossible de dire si un prix est abusif.

 

La concurrence pure et parfaite répond à une vision mécaniste (la complexité est niée), statique (le temps est figé).

 

En effet, dans la nature humaine, le profit est quelque chose de naturel: c'est la contrepartie du risque et de la volonté d'être le meilleur possible. De vouloir être monopoleur sur son marché est tout aussi naturel.

 

Pour que la concurrence porte ses fruits, il faut qu'il n'y ait pas de barrière légale à l'entrée et se rendre compte qu'il n'existe pas de croissance à l'infini. C'est pourquoi, sur le long terme (l'ajustement n'est pas immédiat), il ne peut y avoir de prix prohibitifs.

 

Quand il n'y a pas assez de compétiteurs, on constate:

- des interventions de l'État qui accorde des avantages aux entreprises en place

- la favorisation de grandes entreprises par le système bancaire

- la création de monopoles par la puissance publique qui enregistre des brevets

- un capitalisme de connivence.

 

Les conséquences sont aberrantes:

- pour l'entrepreneur dont les prix ne conviennent jamais à l'État:

. quand ils sont élevés, c'est un monopoleur

. quand ils sont moyens, il pratique une entente avec d'autres

. quand ils sont bas, il fait du dumping

- pour le consommateur auquel nuit la prétention à l'omniscience des fonctionnaires

- pour les citoyens qui sont les proies de clientélismes électoraux

 

La hantise et la haine du big business justifient dès lors l'extension sans limites de la sphère publique qui s'est ainsi étendue à l'éducation, à la recherche et à la philanthropie, et empêchent la sphère privée de s'en occuper...

 

Les politiques anti-trusts sont donc irrationnelles, arbitraires et antilibérales.

Général Jacques Favin Lévêque

Général Jacques Favin Lévêque

Samedi 22 septembre 2018, 14h00

 

Conférence du Général Jacques Favin Lévêque sur La sécurité comme cause de la prospérité des nations: l'Europe de la défense.

 

Pour une nation, la Sécurité est le plus grand des biens. Si, pour l’acquérir, il faut mettre sur pied cent mille hommes et dépenser cent millions, je n’ai rien à dire. 

Frédéric Bastiat

 

L'Union européenne comprend trois organes:

- Le Conseil européen qui réunit chefs d'État et conseil des ministres

- Le Parlement européen

- La Commission européenne

 

La Défense relève du Conseil européen, qui représente l'union d'États souverains. C'est en effet:

- un domaine régalien

- un outil pour la diplomatie.

 

La Défense est d'abord nationale. Or le budget militaire de la France est en diminution constante depuis 20 ans. On oublie la devise romaine: si vis pacem, para bellum. Et le monde est dangereux. Pour bien faire, il faudrait que ce budget représente 2% du PIB: il est de 1.47% à l'heure actuelle (hors pensions).

 

A des menaces communes, la Défense, selon Jacques Favin Lévêque, doit cependant être collective. Pour répondre à ces menaces, il existe:

- le Traité de l'OTAN qui dépend à 75% des États-Unis (le président Trump est imprévisible...)

- les missions Petersberg

- le Traité de Lisbonne qui prévoit:

. le SEAE (Service européen pour l'action extérieure)

. une coopération entre les États membres

. une assistance mutuelle

. une solidarité

- le Traité de Lancaster entre la France et le Royaume-Uni: mais la France est pour une autonomie de défense européenne, alors que le Royaume-Uni penche pour l'OTAN...

 

Jusque-là, peu de concrétisations opérationnelles, sinon capacitaires: il n'y a notamment pas de commandement opérationnel permanent, quand bien même il existe une structure politico-militaire commune.

 

En 2017, les choses changent : une des dispositions du Traité de Lisbonne est enfin mise en place: la Coopération Structurée Permanente (25 pays sur 28 y participent, dont le Royaume-Uni...).

 

Cette disposition se caractérise notamment par:

- l'augmentation en termes réels des budgets de défense

- l'adoption de 17 projets multinationaux, plus capacitaires cependant qu'opérationnels

 

Le Général Jacques Favin Lévêque est donc relativement optimiste.

 

 

Pour lui, il faut être:

Unis dans la diversité

Unis dans l'adversité

Corentin de Salle

Corentin de Salle

Samedi 22 septembre 2018, 16h00

 

Conférence de Corentin de Salle sur Le transhumanisme est-il un projet totalitaire ou libéral?

 

De quoi s'agit-il? D'améliorations physiques et intellectuelles.

 

Tout de suite on crie au complot techno-capitaliste, au scientisme, à l'eugénisme, à la contre-nature...

 

La médecine traditionnelle depuis Hippocrate a pour but de guérir, de restaurer la santé. Mais il n'en est pas de même de la chirurgie esthétique, du changement de sexe, qui améliorent l'humain.

 

La technologie en question est multidisciplinaire: NBIC, pour nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives.

 

De quoi parle-ton? Respectivement:

- de nanocapteurs et de nanorobots

- de réparation de molécules

- de stockage et de traitement de données

- d'intelligence artificielle

 

En 2003, le séquençage de l'ADN coûtait 3 milliards $, aujourd'hui il coûte 1000 €... On en arrive à une médecine personnalisée, à du sur-mesure. Ce, grâce à la puissance de calcul.

 

Corentin de Salle rappelle l'histoire du Brahmane Sissa qui voulut se faire payer son cadeau (un jeu d'échecs) par le roi des Indes à raison d'un grain de riz, multiplié par deux sur chaque case de l'échiquier, soit bien plus de mille fois la production mondiale de riz de 2012...

 

De même le progrès scientifique s'accélère. Laurent Alexandre dit que la science a progressé autant au cours du dernier siècle que pendant les 22000 ans précédents, ce grâce à l'alphabétisation, à Internet, à la démographie.

 

Aujourd'hui on crée des organes artificiels (le coeur artificiel d'Alain Carpentier, mis au point en 2008), des cellules synthétiques (2010) etc. Le cyborg devient réalité avec les exosquelettes, les puces implantées, le lacet neuronal...

 

On rêve non plus d'augmenter l'espérance de vie, qui est passée de 27 ans à 81 ans en un peu plus de deux siècles, mais d'immortalité: garde-t-on alors la même personnalité? L'ingénieur en chef de Google, Raymond Kurzweil, projette de télécharger un cerveau humain sur un ordinateur...

 

La Singularity University  que Kurzweil a cofondée envisage la fusion homme-machine à l'horizon 2045...

 

L'intelligence humaine deviendra-t-elle plus collective? L'humanité deviendra-t-elle alors une fourmilière, une ruche? Qu'en penser?

 

L'homme est doté d'une certaine plasticité. Pour augmenter sa personnalité il a déjà à disposition des outils externes (lunettes, voiture etc.) et internes (puces, capteurs etc.). Ne faut-il pas qu'il augmente ses capacités intellectuelles face à l'intelligence artificielle? 

 

Les opposants à la prolongation de la vie sont les naturalistes et les socialistes. Or l'homme est par définition contre-nature puisqu'il dépasse toujours ce qu'il est: le feu, l'écriture, la conquête de la lune le prouvent. Or, si des élites accèdent aux progrès au début, ces progrès se répandent du haut vers le bas: aujourd'hui tout le monde (ou presque) a un smartphone.

 

Interdire l'innovation est socialiste par crainte d'inégalités. Tirer vers le haut est libéral. Mais n'y a-t-il pas un danger collectiviste s'il y a uniformisation des hommes, s'il y a gouvernance mondiale?

 

Corentin de Salle propose donc quelques principes à respecter:

- protéger l'identité

- protéger l'intimité

- protéger la corporéité (pour que ne se perdent pas la sexualité, la sensualité)

- préserver l'indépendance

- protéger la morphologie

- différencier soins et améliorations

- permettre de poursuivre la quête de l'immortalité (une utopie)

- interdire l'eugénisme étatique

- empêcher que l'intelligence artificielle soit plus grande que l'intelligence humaine (?)

Patrick Smets

Patrick Smets

Samedi 22 septembre 2018, 21h00

 

Débat avec Patrick Smets sur Éthique et légitimité: la loi garantit-elle l'harmonie?

 

L'État, c'est moi, disait Louis XIV.

 

En fait, L'État, c'est Clovis... c'est-à-dire un Belge, un barbare, un tyran cruel et sanguinaire: les Francs saliens ont fait disparaître les Gallo-Romains. A partir de cette époque-là le privilège de droit privé a été réservé aux dirigeants et le droit coutumier laissé au peuple...

 

Ces institutions ont été remises en cause un millénaire plus tard par le libéralisme: la loi fondée en raison. Hugo Grotius, au XVIIe, a ouvert la voie avec la loi naturelle, avec ou sans Dieu. Les libéraux défendent en effet la faculté personnelle, les libertés individuelles: l'homme n'est pleinement épanoui que s'il peut exercer sa raison.

 

Au XIXe siècle ces idées se traduisent par une plus grande progression des sciences en un siècle que pendant les siècles précédents. L'Europe mange à sa faim et connaît un essor démographique inimaginable. Les gens s'instruisent et lisent des romans dans les journaux. La civilisation connaît un apogée.

 

Mais cet apogée de la civilisation est au fond de courte durée. Pour Jose Ortega y Gasset, l'homme du XXe siècle redevient primitif. Il se désintéresse de ce qui a permis le bien-être dont il jouit. Il veut que les problèmes soient résolus immédiatement. Le XXe siècle est le siècle de la massification et de l'uniformité mentale.

 

Les hommes du XXe siècle sont mûrs pour le fascisme et le communisme. La massification se retrouve dans tous les domaines: le tourisme, les migrations, l'habitat, la guerre, les camps, les génocides. La médiocrité et le politiquement correct règnent: le démagogue n'aime pas la civilisation:

 

L'harmonie n'est plus recherchée dans l'excellence mais dans la ressemblance.

 

Internet a favorisé la masse qui est changeante, brutale et stupide. Le mûrissement du temps manque en effet aux réseaux sociaux. Or il faut du temps pour réfléchir, pour exercer sa raison. Assurer la paix sociale ne peut se faire qu'en suivant ses lois: pourquoi sommes-nous devenus riches? parce que nous l'avons voulu...

 

Le libéralisme est le projet culturel par excellence, un projet réaliste: La vie consiste à planter les talons dans le sol pour ne pas être entraînés par les courants, disait Ortega y Gasset. Et Patrick Smets n'est pas de ceux qui se laissent entraîner par les courants... Il rappelle que les progrès économiques et culturels vont de pair...

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel

Dimanche 23 septembre, 9h00

 

Conférence de Jean-Marc Daniel sur Reprise de la croissance: la politique économique comme mouche du coche...

 

La montée des dépenses publiques est corrélée avec la guerre, mais aussi avec la richesse: un pays riche peut faire du racket plus aisément chez lui que chez les autres. La solution étatiste est donc de militariser la société et de rançonner sa propre population.

 

Les hommes de l'État se donnent le beau rôle pour ce racket: ils veulent assurer le plein emploi et le confort matériel à leurs ressortissants. Dans cet esprit, Valéry Giscard d'Estaing, interrogé par Jean Boissonnat, répondait que gouverner, c'est avoir la volonté et les moyens d'assurer le plein emploi.

 

Pour assurer le plein emploi, plusieurs recettes sont proposées:

- la réduction du temps de travail (partage du gâteau)

- l'inflation (sacrifice de l'épargne)

- les dépenses d'avenir, engagées par ceux qui savent... (l'invention préférée à l'innovation)

 

Mais aucune de ces recettes n'est compatible avec les cycles de l'économie.

 

Les causes des cycles sont-elles exogènes? Certes le choc pétrolier, la guerre du Golfe, les politiques monétaires ont eu une incidence. Mais Jean-Marie Daniel n'est pas convaincu, par exemple, par la théorie des cycles des économistes autrichiens.

 

Jean-Marc Daniel pense plutôt que les causes des cycles sont endogènes: un surinvestissement induit une surcapacité. Quand l'activité ralentit, si le temps de travail est maintenu, il en résulte du stockage, puis de l'obsolescence: il faut donc qu'il y ait de la souplesse dans la durée du travail...

 

Selon lui, l'intervention de l'État doit se limiter à l'emploi des stabilisateurs automatiquesstimuler, ou freiner, l'activité par la stabilisation des dépenses lorsque les recettes fiscales diminuent en période de ralentissement de la croissance économique et inversement. Autrement, il faut laisser vivre l'intelligence, constater la concurrence...

 

Francis Richard

 

PS

Un grand merci aux intervenants, aux organisateurs et animateurs de ce week-end, et notamment à Patrick de Casanove, Président du Cercle Frédéric Bastiat, et à Damien Theillier, Fondateur de l'Institut Coppet et Président de l'École de la Liberté.

Damien Theillier et Patrick de Casanove

Damien Theillier et Patrick de Casanove

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26 avril 2018 4 26 /04 /avril /2018 22:45
L'école économique autrichienne, conférence de Pierre Bessard, à la Ligue vaudoise

Hier soir, Pierre Bessard, directeur de l' Institut libéral, donnait une conférence sur L'école économique autrichienne - L'économie politique de la liberté, à La Ligue vaudoise, où il était accueilli par Olivier Delacrétaz, dans le cadre des entretiens du mercredi de ce mouvement.

 

Cette conférence avait lieu en petit comité, dans une petite salle garnie de livres: tout était donc réuni pour que s'établissent de fructueux échanges, librement consentis (ce qui ne peut que ravir un libéral), entre gens qui pensent différemment mais s'estiment et se respectent.

 

Pour présenter l'école économique autrichienne, Pierre Bessard a choisi d'en présenter les grandes figures et leurs contributions à la bonne économie, c'est-à-dire à celle qui s'est opposée d'abord à l'école historique allemande, puis à Marx, enfin à Keynes.

 

Qu'est-ce que l'économie sinon la science des choix humains?

 

Cette science obéit à des lois économiques immuables, indépendantes du contexte; elle repose sur des principes intangibles, et qui sont tout le contraire du pragmatisme, lequel est dangereux parce que source de relativisme cognitif.

 

Exemple de loi économique: quand les salaires minimaux sont supérieurs à la productivité du travail, ils génèrent du chômage.

 

Née à Vienne, cette école féconde et importante pour l'Institut libéral a été lancée en 1871 par Carl Menger (1840-1921). Mais elle n'est pas sortie du néant. Elle s'est inspirée des scolastiques espagnols et des libéraux français qui lui sont antérieurs.

 

Les moines de Salamanque avaient compris que la valeur d'un bien était une valeur subjective, que la monnaie était une commodité, que l'inflation (immorale) était un phénomène monétaire, que le juste prix était celui du marché.

 

Les moines de Salamanque avaient aussi compris la moralité de la prospérité et de l'intérêt, l'importance de la propriété et de la liberté des contrats.

 

Si Pierre Bessard cite des libéraux français (Turgot, Say, Bastiat, Molinari), il insiste préalablement sur un de leurs prédécesseurs, Richard Cantillon (1680-1734), qui a découvert que l'offre et la demande s'équilibrent automatiquement, qui a donné son nom à l'inflation (l'effet Cantillon) et qui a souligné le rôle de l'entrepreneur.

 

Carl Menger a donc redonné vie aux approches scolastiques et françaises. Il a été le premier théoricien de l'utilité marginale. Il a montré que la monnaie et les prix étaient des phénomènes de marché. Et les préceptes de l'école de Vienne, dès lors, peuvent s'énoncer ainsi:

 

- les décisions économiques sont des décisions personnelles: c'est l'individualisme méthodologique

- les marchés libres sont les reflets et les créateurs de valeurs

- l'intervention de l'État dans les processus d'échange est toujours dommageable

- l'économie n'est pas fondée sur l'empirisme, mais sur la logique déductive

 

Les successeurs de Carl Menger ont apporté leur pierre à l'édifice, tant il est vrai qu'une science évolue.

 

Ainsi Eugen von Böhm-Bawerk (1851-1914) a-t-il montré que le taux d'intérêt reflète les préférences temporelles, que le taux de profit est égal au taux d'intérêt, que l'économie s'oppose au pouvoir étatique et au socialisme.

 

Ludwig von Mises (1881-1973) a développé le concept d'utilité marginale dans sa Théorie de la monnaie et du crédit (1912). Il a montré dans Le socialisme (1922) que ce dernier est incapable d'allouer les ressources de manière efficiente et qu'avec lui c'est la loi de la jungle qui n'a rien à voir avec la loi du marché (voir ce qui se passe au Venezuela).

 

Dans Le libéralisme (1927), Mises a montré que celui-ci non seulement aboutit au bien-être matériel, mais qu'il est la philosophie de la civilisation puisque l'échange libre entre deux parties consentantes est le contraire de la violence exercée sur et par autrui.

 

Parce qu'il dénonce l'expansion artificielle du crédit et qu'il explique que la Grande Dépression est due à l'État, qui, par le biais de la banque centrale, introduit des distorsions dans les échanges, Mises est contesté, tandis que John Maynard Keynes (1883-1946), dont les recettes empirent la situation, est populaire...

Pierre Bessard et Olivier Delacrétaz

Pierre Bessard et Olivier Delacrétaz

Au moment de la montée des régimes collectivistes criminels (le communisme et le nazisme), Mises est en danger et doit émigrer. En 1934, il se rend à Genève où il devient professeur aux HEI (Hautes études internationales), fondée en 1927 par William Rappard.

 

Mises y reste six ans avant de partir pour les États-Unis. Il rédige alors son grand oeuvre, L'Action humaine, qui paraît en allemand en 1940 et qui paraîtra en anglais en1949 dans une version plus étoffée.

 

Aux HEI, est également professeur Wilhelm Röpke (1899-1966) (l'Institut libéral a organisé il y a deux ans un colloque pour le cinquantenaire de sa mort). C'est un opposant déclaré au national-socialisme qui est d'abord parti en exil en Turquie en 1933 puis a gagné Genève en 1937.

 

Röpke peut être rattaché à l'École de Vienne, même s'il est essentiellement un économiste pratique: il est hostile à l'État-providence et à l'européisme (il est pour la diversité des nations).

 

Élève de Mises, Friedrich Hayek (1899-1992) a émigré à Londres en 1931. Il y est professeur à la London School of Economics. Il est surtout connu pour un best-seller paru en 1944: La route de la servitude. Avec Rappard, Mises, Röpke et Bertrand de Jouvenel, il a créé la Société du Mont-Pèlerin en 1947. En 1974, il a reçu le prix Nobel d'économie, c'est l'anti-Keynes...

 

En 1956, Mises a écrit un petit livre sur La mentalité anti-capitaliste, qu'il caractérise par:

 

- l'envie et le ressentiment envers le succès

- le refus de la responsabilité de son propre sort

- le refus de la science économique

- le refus de la civilisation occidentale

- le non-sens de ses objections non économiques (bonheur, matérialisme, injustice etc.)

 

Pierre Bessard cite ce livre pour bien montrer que Mises ne prenait pas de gants...

 

Après Mises, Röpke, Hayek, les fils de l'École autrichienne sont, entre autres:

 

- Aux États-Unis: Israël Kirzner (1930-   ), Murray Rothbard (1926-1995), Peter Boettke (1960-    )

- En France: Pascal Salin (1939-    ), Jacques Garello (1934-    ), Henri Lepage (1941-    ), Guido Hülsmann (1966-    )

- En Espagne: Jesús Huerta de Soto (1956-    ), Philipp Bagus (1980-    )

- En Tchéquie: Josef Sima (1972-    )

 

La pertinence actuelle de l'École économique autrichienne se trouve dans:

 

- sa démonstration de la nocivité de l'intervention de l'État dans l'économie

- son explication des fluctuations conjoncturelles qu'elle attribue aux distorsions provoquées par les politiques monétaires des banques centrales

- sa définition de la concurrence qui est un processus de découverte et qui ne peut être l'objet d'une politique

- sa défense de l'entrepreneuriat innovant

- sa démonstration de l'impossibilité du socialisme: il ne sait pas que produire, en quelle quantité, à quel prix

 

Pour un libéral il n'est pas question d'imposer ses vues: il ne peut  que se faire un devoir d'employer l'arme de la persuasion et non pas celle de la contrainte. Aussi, s'il veut être entendu, doit-il être un acteur de la culture.

 

Pierre Bessard n'a pas cité Ernest Renan. Mais il aurait pu. Renan disait en effet: Ce sont les idées qui mènent le monde. Or, comme ce fut le cas hier soir, Pierre Bessard prend souvent son bâton de pèlerin et de pédagogue pour que ce soient les idées de liberté qui le mènent et qu'elles procurent aux hommes tous ses bienfaits.

 

Francis Richard

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23 mars 2018 5 23 /03 /mars /2018 23:55
Pierre Bessard

Pierre Bessard

Hier soir l'Institut Libéral avait invité Paul-Jacques Lehmann, professeur émérite à l'Université de Rouen, à donner une conférence sur le thème: Aux sources de la liberté économique, à la Société de Lecture de Genève, lieu mythique qui fête cette année ses deux cents ans d'existence.

 

Dans son mot d'introduction, Pierre Bessard, directeur de l'Institut Libéral, rappelle que la liberté économique est bien malmenée de nos jours avec les attaques répétées contre le libre-échange, avec les intérêts négatifs imposés par les banques centrales, avec la sur-réglementation qui sévit partout et l'émission de  monnaie malsaine.

 

Peut-être faut-il retourner aux sources pour comprendre la nécessité de la liberté économique. Et le professeur Lehmann, qui a publié l'an passé un livre intitulé Les fondements du libéralisme économique aux éditions ISTE, est certainement à même d'y conduire savamment ceux qui le lisent ou qui l'écoutent.

Paul-Jacques Lehmann

Paul-Jacques Lehmann

Paul-Jacques Lehmann parle en effet dans son livre de 50 économistes qui sont à l'origine de la pensée libérale en France, 43 Français et 7 étrangers, dont 2 Suisses, parmi lesquels Benjamin Constant, qui n'est pas à proprement parler un économiste mais pour lequel la liberté économique est liée à la liberté politique.

 

L'auteur s'est intéressé à ces auteurs par esprit de contradiction. Il avait lu Milton Friedman et étudié le monétarisme à une époque où le keynésianisme régnait, ce qui l'avait amené à prendre connaissance avec la pensée libérale. Il avait alors découvert qu'elle n'était pas l'exclusivité des anglo-saxons et qu'elle avait même des origines francophones. 

 

Son livre couvre une période d'un peu plus de deux siècles, de la naissance d'Anne Robert Turgot en 1727 à la mort de Clément Colson en 1939. Ce qui permet au lecteur d'appréhender l'évolution de cette pensée. Parmi les 50 auteurs, il y a un certain nombre d'économistes qui étaient jusqu'alors, pour l'auteur, de parfaits inconnus.

 

Comme il n'est pas question, pour des raisons de temps, de passer en revue tous ces économistes, le conférencier fait le choix de parler de ceux qu'il considère comme des auteurs importants. Mais, auparavant, il évoque la figure d'un libraire, Gilbert Guillaumin, qui éditera des auteurs libéraux et fondera Le journal des économistes.

 

Ce mensuel durera 73 ans, de 1840 à 1913. Il aura des contributeurs éminents tels que Léon Walras ou Frédéric Bastiat. Il sera dirigé notamment par Gustave de Molinari  et par Yves Guyot. Cette revue peut être qualifiée de bible de la pensée libérale et ses contributeurs ont été par la suite considérés comme les représentants de l'École de Paris.

 

Les toutes grandes figures, parmi les 50 qu'il a étudiées, sont pour Paul-Jacques Lehmann:

 

- Turgot, qui fut Contrôleur général des finances et qui promulgua, sans succès, l'édit de suppression des maîtrises et jurandes, c'est-à-dire des professions réglementées

 

- Jean-Baptiste Say, qui a théorisé la loi de l'offre et de la demande et qui est connu pour sa loi des débouchés: les produits s'échangent contre des produits

 

- Frédéric Bastiat, qui, ancien commerçant, a étudié les sophismes économiques et qui faisait preuve d'un humour dévastateur

 

- Pellegrino Rossi, qui fut professeur de droit constitutionnel en France et qui est l'exemple de la différence ténue qu'il y avait à l'époque entre le droit et l'économie

 

Les hommes, c'est bien, mais ce qui est intéressant ce sont leurs idées en matière d'économie, c'est-à-dire l'économie politique de ces libéraux, opposés au mercantilisme, pour lequel la richesse c'est la monnaie, et à la physiocratie, pour laquelle la richesse c'est l'agriculture.

 

Selon la conception de ces libéraux, l'économie politique est une science d'observation, qui s'intéresse aux échanges, c'est-à-dire à la loi de l'offre et de la demande, et à la spécialisation du travail qui permet à chacun de satisfaire son intérêt personnel.

 

Pour ce faire, la liberté est la condition, dans tous les domaines, son corollaire étant la responsabilité:

 

- liberté du travail et liberté des rémunérations à partir desquelles se créent les vraies richesses 

 

- liberté du capital, qui n'est rien d'autre que du travail accumulé et sans lequel il n'est pas de développement économique, d'innovation

 

- liberté sur la monnaie, dont le montant ne doit pas être fixé par l'État, ni par les banques centrales

 

- liberté des échanges, qui permet la formation des prix les plus ajustés possible, alors que le protectionnisme au contraire dévalorise le consommateur, favorise la hausse des prix, privilégie certains producteurs au détriment des autres

 

Cette liberté dans tous les domaines aboutit à l'existence de la propriété privée, qui en est l'une des conditions et qui est inattaquable parce qu'elle est due au travail et à l'épargne. Les libéraux ne s'offusquent pas qu'il y ait des inégalités: c'est le propre de l'homme.

 

Tous les libéraux ne s'entendent pas sur le périmètre de l'État, même si tous s'accordent sur son exercice des fonctions régaliennes:

 

- assurer la sécurité intérieure et extérieure

 

- empêcher l'injustice de régner

 

Ils condamnent en général l'intervention de l'État. Certains admettent toutefois - c'est le cas des économistes mathématiciens - qu'il intervienne dans de gros investissements.

 

Tous sont d'accord :

 

- sur l'équilibre budgétaire

 

- sur des dépenses publiques minimum: quand l'État commence à dépenser, il ne s'arrête jamais

 

- sur le rejet de l'impôt progressif

 

- sur la condamnation du socialisme, qui n'observe pas la réalité et qui construit des sociétés utopiques

 

- sur la réduction des inégalités par la charité privée qui responsabilise et non pas par la charité publique qui favorise l'augmentation des impôts et l'habitude de recevoir

 

En conclusion, il y a beaucoup de choses à redécouvrir chez ces auteurs, qui fondent leur analyse de la réalité sur la philosophie et sur l'histoire, et disent les mêmes choses, avec d'autres mots que ceux employés aujourd'hui:

 

- mondialisation au lieu de libre-échange

 

- précarité au lieu de misère

 

- État-providence au lieu de redistribution

 

Nombre d'auteurs libéraux contemporains reprennent à leur compte leurs arguments en les adaptant au nouvel environnement économique et aux nouvelles méthodes. Leur problème n'est pas tant de s'exprimer que d'être entendus...

 

Ces auteurs en effet n'ont pas à leur disposition en France de médias représentatifs de leur pensée, laquelle n'est enseignée ni à l'école, ni à l'université. Ne parlons pas des hommes politiques français qui brillent par leur absence à la défendre: tel ou tel politicien disant ne pas être socialiste n'est pas libéral pour autant...

 

Francis Richard

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20 octobre 2017 5 20 /10 /octobre /2017 22:55
Lauréats du concours 2017: Florent Chevallier (2e), Antoine Müller (1er) et Jennifer Burri (3e)

Lauréats du concours 2017: Florent Chevallier (2e), Antoine Müller (1er) et Jennifer Burri (3e)

Hier soir, à l'hôtel Bristol à Genève, l'Institut Libéral organisait une soirée-débat sur le thème: Diversité ou centralisme ?

 

Dans son mot d'introduction, Pierre Bessard, directeur de l'Institut Libéral depuis dix ans, rappelle que la Confédération helvétique dépensait 2 francs par habitant en 1848 et qu'elle en dépense aujourd'hui 8'000... Puis il expose le programme de la soirée:

 

- Communication de Madame Victoria Curzon-Price, professeur honoraire de l'Université de Genève, présidente du comité de l'Institut Libéral, sur le thème:

L'avantage du non-centralisme

 

- Remise des prix du concours d'essai 2017 de l'Institut Libéral dont le thème était: 

Le centralisme menace-t-il la liberté?

Les grands États ont de grands inconvénients. Les lois partent d'un lieu tellement éloigné de ceux où elles doivent s'appliquer que des erreurs graves et fréquentes sont inévitables.

Benjamin Constant

 

L'AVANTAGE DU NON-CENTRALISME

 

Victoria Curzon-Price pourrait aussi bien parler des désavantages de l'autoritarisme (que les gens lui préfèrent, paradoxalement).

 

Dans La présomption fatale (The fatal conceit), sa dernière oeuvre parue en 1988, Friedrich Hayek démontre pourtant que l'ordre spontané est supérieur à l'organisation délibérée: ce n'est pas une opinion, c'est un fait. Il est en effet présomptueux de penser que les décisions prises d'en haut sont les meilleures: l'effondrement de l'URSS (que Hayek n'a tout juste pas connu) en est la preuve par excellence.

 

Mais les croyances perdurent: Paul Valéry ne disait-il pas: Ce qui a été cru par tous, et toujours, et partout, a toutes les chances d'être faux ? C'est ainsi que l'on croit en une caisse unique d'assurance-maladie, en l'harmonisation européenne de l'impôt-société, en la légitimité de Bruxelles...

 

Pourquoi n'y a-t-il plus que très peu de secteurs libres dans nos pays ? Parce qu'on souhaite une vie tranquille, où tout est clair et simple; parce qu'on croit pouvoir bénéficier des bienfaits de la concurrence sans... la concurrence.

 

Or le non-centralisme fonctionne. Pourquoi? Parce qu'en haut l'information sur la base de laquelle on décide est infime en comparaison de celle qui circule au niveau des individus et qui est mobilisée par le marché: partout où il y a de la vie ce système fonctionne.

 

De plus l'ordre spontané est un mécanisme automatique de sélection et d'évacuation des erreurs, alors que les décisions délibérées, au contraire, les accumulent. Pourquoi les préfère-t-on dans ce cas-là ?

 

Hayek pense que cela provient de la contradiction entre les valeurs morales du passé, telles que l'altruisme ou la solidarité, et les valeurs de l'individualisme, nées il y a 250 ans, telles que le respect de la propriété privée et des contrats.

 

Cette préférence pour l'autoritarisme est le système par défaut tout au long de l'histoire et penser que l'amour de la liberté est majoritaire est un rêve... Il y a toutefois des raisons d'être optimiste. En effet le processus naturel de remise en cause de l'autoritarisme est continu; il s'accélère même avec l'éducation et la culture.

 

Ainsi la mondialisation n'a-t-elle pas été planifiée et elle met la pression sur les autorités, de même que la technologie...

 

LE CENTRALISME MENACE-T-IL LA LIBERTÉ ?

 

Le jury qui a décerné les prix était composé de :

- Léonard Burnand, directeur de l'Institut Benjamin Constant

- Alphonse Crespo, vice-président du comité de l'Institut Libéral

- Fathi Derder, conseiller en communication, conseiller national

- Olivier Meuwly, historien

- Myret Zaki, rédactrice en chef de Bilan

 

Les lauréats reçoivent ce jour, par virement, les montants de 1'500 francs (1er), de 1'000 francs (2e) et de 500 francs (3e).

 

Pierre Bessard, avant de donner la parole à chacun des lauréats, en commençant par le 3e, en continuant par le 2e et en terminant par le 1er , soulignent que ces derniers ne proviennent pas de la même université (Neuchâtel, Genève et Lausanne, respectivement) et qu'en quelque sorte le non-centralisme est respecté...

 

Jennifer Burri, à qui est décerné le 3e prix, a axé son propos sur la deuxième phrase de la citation de Benjamin Constant. Pour elle, l'inaccessibilité et l'incompréhension qu'éprouvent les gens vis-à-vis de la législation parlementaire sont dues à son éloignement. Seule une minorité connaît le système et peut le changer. Il en résulte que la majorité ne peut que subir et être découragée de participer. Dans son essai, elle dit:

 

Une loi ne peut être simplement légitimée par l'obéissance qui en découle. Elle doit, au contraire, être le fruit d'un raisonnement et avoir été consciemment consentie comme "bon" motif de soumission.

 

Et elle regrette que le système éducatif [soit] défaillant au même titre que le modèle politique qui le soutient.

 

Florent Chevallier, à qui est décerné le 2e prix, montre dans son essai que la centralisation est une constante dans l'histoire, quelle que soit l'aire géographique. Parce que elle est plus connue dans nos contrées, il s'est cependant limité à évoquer l'histoire européenne. Et la forme de l'essai lui a bien plu parce qu'il a pu se lâcher, délaissant avec plaisir la forme académique pour donner à son texte la forme d'un pamphlet, où les formules abondent:

 

Si la multitude libérale, la force décentralisée prouvait par la productivité et l'innovation sa Vérité, le rêve de la centralisation pensait, lui, toujours pouvoir prouver la sienne, en faisant usage du feu et de l'acier dérobé aux entreprenants.

 

La tyrannie est trop malaisée dans la proximité. Le monstre cherche la distance comme il craint la lumière. C'est loin du peuple qu'il prospère, cet homme qui change de nom avec les siècles; roi hier, bureaucrate aujourd'hui, tyran toujours.

 

Antoine Müller, à qui a été décerné le 1er prix, a lui aussi été séduit par la forme de l'essai, mais il lui a donné une forme traditionnelle : introduction, 1ère partie, 2e partie, conclusion. Ce qui ne peut que combler un esprit rationnel. Très classiquement, il annonce dans son introduction les deux parties qu'il entend développer:

 

- L'opposition entre centralisme et libéralisme:

Sous prétexte de rationalisation de l'action du gouvernement ou d'uniformisation des territoires, le pouvoir est confié à un centre. [...] La tradition libérale part du raisonnement inverse. Il s'agit, au contraire, de prendre l'individu comme élément central de toute réflexion.

Et l'objectif des libéraux est de fractionner le pouvoir et de s'attaquer également à l'unicité de l'État.

 

- Les grands États et leur pouvoir lointain commettent des erreurs:

Les sociétés sont elles-mêmes fractionnées: Cette configuration tend à nuancer l'idée de l'existence d'un bien commun ou d'un intérêt général. Il existe en revanche, un intérêt de l'État, ce qui est tout à fait différent.

Les grands États sont les plus susceptibles de commettre de graves erreurs: En intervenant, en légiférant, ils imposent des décisions uniformes à des populations et des individus qui ne le sont pas.

Sans compter que les grands États sont rarement dénués de volonté de puissance et, quand celle-ci se tourne vers l'extérieur, ils se doivent de restreindre l'espace de liberté des individus à l'intérieur, pour protéger leurs arrières...

 

La citation de Benjamin Constant est d'autant plus d'actualité qu'ont tendance à se renforcer les entités supranationales ou nationales au détriment des collectivités publiques locales et des individus... 

 

Francis Richard

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1 octobre 2017 7 01 /10 /octobre /2017 18:40
8e Week-End de la Liberté du Cercle Frédéric Bastiat, à Saint-Paul-lès-Dax 2/2

Samedi 23 septembre 2017, 13 heures

 

Le thème du témoignage de Bogdan Calinescu est : Bien des Français rêvent le communisme... moi, je l'ai vécu.

 

Bogdan Calinescu, dont le nom de plume est Nicolas Lecaussin, est arrivé en France il y a quelque vingt-cinq ans, laissant derrière lui le cauchemar du communisme : On s'adapte plus facilement au réchauffement climatique qu'au communisme...

 

A sa grande surprise, lors de la dernière élection présidentielle, il a constaté que neuf candidats sur onze étaient marxisants, un siècle après la sinistre révolution d'octobre de 1917, qui aura été l'événement déclencheur de tant de crimes de masse.

 

Il a alors écrit, le 21 avril 2017, deux jours avant le 1er tour, un article dans Le Figaro intitulé Mélenchon, Poutou et Arthaud ne me font pas rire: moi, le communisme, je l'ai vécu !, qui a eu un grand retentissement.

 

En Roumanie, en 1947, le roi Michel abdique. Les communistes, au nombre de 1 000, qui ont fait un coup d'État en 1945, prennent à ce moment-là la totalité du pouvoir. En 1965, 18 ans plus tard, Nicolae Ceausescu accède à son tour au pouvoir, mais c'est un faux dégel, inspiré de la Corée du Nord...

 

Bogdan Calinescu se souvient que la Securitate est venue un jour de 1982 perquisitionner chez ses parents à 6 heures du matin. Il a alors 13 ans. Au moment de partir à l'école, son père glisse dans son cartable des documents compromettants qu'il remet à un ami de la famille, lequel les brûle aussitôt.

 

Il se souvient de l'interdiction de parler à des étrangers, des longues files devant les magasins sans savoir s'il y aurait quelque chose au bout de l'attente. Il y avait vraiment pénurie de tout dans ce régime de complète main-mise de la sphère économique et sociétale.

 

Tout le monde devait aller travailler dans les champs, que l'on soit étudiant ou accomplissant son service militaire : même les balles de fusils manquaient. Il est en fait plus difficile d'expliquer la pénurie que de la vivre au quotidien. Car on finit par s'y habituer...

 

Mais Bogdan Calinescu ne s'est pas habitué à une chose. Comme il était obligatoire d'avoir des enfants et qu'il était souvent impossible matériellement de les élever, ces enfants se retrouvaient dans des orphelinats où il en a vu attachés à leurs lits...

 

Si ce régime cauchemardesque a pu perdurer, c'est en partie grâce à des intellectuels comme Paul Eluard, Louis Aragon ou Philippe Sollers. Ce dernier, à qui il demandait un jour pourquoi il avait été maoïste, lui a répondu : C'était de la poésie...

Pascal Salin

Pascal Salin

Samedi 23 septembre 2017, 14 heures

 

Le thème de la conférence de Pascal Salin , professeur émérite de l'Université Paris IX Dauphine est : La voie de la prospérité: libérer les incitations productives !

 

Aujourd'hui les prises de décisions de politique économique sont parcellaires, démagogiques, inspirées de la doxa keynésienne, laquelle s'appuie sur une supposée insuffisance de la demande. Or la demande mondiale est immense : pourquoi n'y répond-on pas ?

 

En fait favoriser la consommation au détriment de l'épargne empêche la croissance et se traduit par un chômage élevé. Il faut donc tenir compte de l'essentielle interdépendance propre à toute société humaine et entravée par :

- l'excès de fiscalité : le capital est surtaxé et l'impôt sur le revenu est progressif

- l'excès de réglementation : les incitations productives doivent être restaurées

 

Aux évaluations quantitatives (les libéraux ne sont pas matérialistes) il faut préférer les évaluations qualitatives (rétablir la concurrence, par exemple, ne peut qu'améliorer les choses, mais ce n'est pas quantifiable) et la fidélité aux principes:

- le respect de la liberté

- le respect des droits de propriété

 

L'excès de la fiscalité provient de la démagogie : on s'illusionne en distinguant la fiscalité des entreprises et celle des individus ; on ne se rend pas compte que spolier les hauts revenus revient à spolier tout le monde.

 

Une fiscalité non démagogique serait :

- d'instituer une flat tax

- de supprimer l'ISF et les droits de succession

- de taxer uniquement ce qui n'est pas épargné

 

Une fidélité aux principes serait :

- de rétablir un système d'assurances concurrentiel

- de financer les retraites par capitalisation

 

Le président Macron se trompe donc quand il veut supprimer l'ISF uniquement sur l'investissement économique, sous le fallacieux prétexte d'une rente immobilière qui n'existe tout simplement pas.

 

Il se trompe donc encore quand il veut supprimer la taxe d'habitation des personnes aux revenus les moins élevés, ne serait-ce que parce qu'il y a risque d'augmentation de l'impôt foncier.

 

Il se trompe derechef quand il veut introduire l'impôt à la source : c'est dangereux parce que cela donne l'illusion de la gratuité.

 

Il se trompe toujours quand il veut augmenter la CSG de 1.7% : c'est moralement nul et cela sera sans effet positif sur l'économie française.

 

L'excès de réglementation détruit la régulation opérée par le marché.

 

Là encore il est illusoire de penser qu'il faut prétendument protéger :

- le salarié contre les abus de l'employeur : cela n'incite pas à embaucher (dans une société de plein emploi, un licenciement n'est pas dramatique)

- le locataire contre le propriétaire : cela n'incite pas à investir dans le logement

 

Alors qu'il devrait y avoir une symétrie entre employé et employeur, le droit du travail introduit une asymétrie préjudiciable aux deux. L'entreprise est en effet un ensemble de contrats. Pour qu'elle fonctionne, cela suppose la liberté contractuelle.

 

Or, avec le président Macron, il n'est pas question de supprimer :

- la durée de travail légale de 35 heures par semaine

- les prud'hommes

- le SMIC (il est plus avantageux de ne pas être qualifié que de l'être parce que le SMIC est proche de la médiane des salaires)

 

La politique menée par le président Macron est du bricolage social, à courte vue, sans cohérence. Ce n'est en tout cas pas une politique libérale.

Alain Mathieu

Alain Mathieu

Samedi 23 septembre 2017, 16 heures

 

Le thème de la conférence d'Alain Mathieu, ancien président de Contribuables associés est: Réformer: retenons les exemples étrangers de réformes qui fonctionnent !

 

Pour répondre à la question, l'orateur s'est plongé dans trois rapports:

- un rapport de l'OCDE

- un rapport de France Stratégie

- un rapport de l'Inspection générale des finances

 

Pour qu'une réforme marche, selon l'OCDE, il faut que les conditions suivantes soient réunies :

- cohésion et détermination du gouvernement

- mandat électoral

- communication efficace

- analyse faite par un organisme indépendant

- gestation longue

- mûrissement de l'opinion (obtenu au vu des échecs antérieurs)

 

Selon France Stratégie:

- réduction des dépenses publiques (en moyenne 7% de PIB en 5 ans)

- association des fonctionnaires au projet

- consultants

- consultation des citoyens

- pas d'objectifs chiffrés

- tout annoncer d'un coup

- agir vite

- ne pas multiplier les réformes

- peu de dépenses sanctuarisées

 

Selon le rapport de l'Inspection générale des finances :

- utilisation de la révolution numérique

- décentralisation et clarification des compétences

- alignement public et privé

- baisse du nombre de fonctionnaires

- baisse des dépenses sociales

 

Selon Alain Mathieu dans son livre Républicains, osez ! :

- gel des embauches de fonctionnaires (440 000 par an...)

- référendum d'initiative populaire

- flat tax

- apprentissage régi par les entreprises

- Cour des comptes missionnée par le parlement

- vente des HLM

- retraite par capitalisation

- réduction de la politique de la ville

- réduction des dépenses pour l'écologie

 

Alain Mathieu fait des comparaisons entre la France et l'Allemagne :

- les cotisations sociales : les cotisations salariales sont de 20% dans les deux pays, mais les cotisations patronales sont de 20% en Allemagne et de 40% en France

- les dépenses publiques : elles sont de 12% plus élevées en France qu'en Allemagne, où les fonctionnaires travaillent plus et plus longtemps

- l'opposition aux réformes est plus faible en Allemagne qu'en France: les grèves s'y font uniquement pour des motifs professionnels; les votes s'y font à bulletins secrets; il y existe un réel service minimum; il y a la possibilité de saisir les biens des syndicats

 

Pour Alain Mathieu, les effets de la réforme du Code du Travail du président Macron seront les suivants :

- avec le plafond des indemnités prud'homales, le coût des licenciements va augmenter

- avec la fusion des organismes, le pouvoir des syndicats va augmenter

- avec l'institution d'un comité d'entreprise dès 11 salariés, le coût du travail va augmenter ou l'embauche va diminuer dans les petites entreprises.

Jacques Garello

Jacques Garello

Samedi 23 septembre 2017, 21 heures

 

Le thème de la conférence de Jacques Garello, professeur émérite de l'Université d'Aix-Marseille est : Le monopole public cause de nos maux.

 

Questions qui se posent au sujet des monopoles publics :

- Pourquoi ? Pour rien.

- Combien ? Beaucoup trop.

- Jusqu'où ? La ruine

- Jusqu'à quand ? La reconquête libérale

 

Pourquoi ?

 

C'est une hérésie économique : les trusts allaient dominer le monde, alors qu'avec la concurrence et l'innovation, il n'y a en réalité que des monopoles privés temporaires: ils suivent un cycle de vie, comme le font tous produits.

 

Les monopoles publics, au contraire, sont protégés par la contrainte et font disparaître à leur profit les monopoles privés. C'est la religion du service public, l'étatisme étant le stade suprême du socialisme (Karl Marx, 1869).

 

Combien ?

 

- les transports : Air France, la SNCF etc.

- la monnaie

- la sécurité sociale (en contravention depuis 1992 avec la législation européenne...)

- l'éducation

 

Jusqu'où ?

 

Jusqu'à la ruine économique et morale.

 

Les monopoles publics seraient créateurs d'externalités positives, de richesses sans que personne ne le sache. Ils seraient tellement serviables qu'il serait impensable de leur demander des comptes.

 

Comme les monopoles publics ne peuvent pas faire faillite, ils n'ont pas besoin d'être profitables et leurs dirigeants sont irresponsables. Les monopoles publics favorisent donc tricherie et privilèges.

 

Comme le dit Transparency, la corruption est importante et omniprésente dans le secteur public à travers le monde.

 

Jusqu'à quand ?

 

Les monopoles publics sont menacés de l'extérieur par la concurrence, qui est processus de découverte, et par le marché, qui est regard sur les autres : il n'y a rien de plus solidaire que lui.

 

En attendant le capital humain et les capitaux financiers fuient. Ils constituent un réservoir et un potentiel, qui ne reviendront que lorsque la France appliquera une devise humaniste :

 

Personnalité, Liberté, Propriété.

(Frédéric Bastiat, La Loi, juin 1850)

 

Le regretté Raoul Audoin disait d'ailleurs : On devrait s'appeler des propriétaristes.

 

Pour que la reconquête libérale ait lieu, il faut éviter de se focaliser sur les socialistes, de donner trop de chiffres, de faire trop de démonstrations, de se compromettre en parlant de libéralisme social.

 

Il vaut mieux en revenir aux principes du libéralisme, des principes de dignité personnelle, de subsidiarité, d'égalité dans la possibilité de monter dans l'échelle sociale : ça marche parce que c'est conforme à la personne humaine.

 

En résumé: changer la vie en défendant les principes.

Patrick de Casanove

Patrick de Casanove

Dimanche 24 septembre 2017, 9 heures

 

Le thème de la conférence de Patrick de Casanove, président du Cercle Frédéric Bastiat, est: Présidentielle 2017, dernière chance avant la révolution ? 1776, l'exemple Turgot.

 

Louis XVI n'a pas vingt ans quand il monte sur le trône en 1774. Peu de temps après il nomme Anne Turgot contrôleur général des finances. 

 

Turgot, sans être physiocrate, est comme eux partisan du laissez faire, c'est-à-dire de la liberté contractuelle, et du laissez passer, c'est-à-dire de la liberté de circulation: en septembre 1774 il libéralise le commerce des grains.

 

En matière de finances son programme est simple. Il l'expose au roi dans une lettre du 24 août 1774: Point de banqueroute; point de nouveaux impôts; point d'emprunts. Pour y parvenir il faut réduire la dépense au-dessous de la recette. Et, effectivement, le déficit sera réduit...

 

Début 1776 il obtient du roi l'abolition des jurandes et maîtrises, c'est-à-dire des corporations, et l'abolition de la corvée royale.

 

La corporation empêchait la concurrence en limitant l'accès au métier et déniait à l'homme la propriété de son travail. Quant à la corvée, charge fiscale en nature, elle souffrait beaucoup d'exceptions et pesait sur les roturiers: en l'abolissant Turgot voulait la remplacer par un impôt en argent et y faire participer tout le monde.

 

Cinq mois plus tard, en mai 1776, Turgot, ayant suscité de nombreuses oppositions, est renvoyé... et ses réformes enterrées. Treize ans plus tard, la révolution a lieu...

 

Il y a des similitudes entre 1789 et 2017:

- la société est divisée

- le système est sclérosé

- les impôts sont lourds

- le contexte est celui d'une crise économique et financière

- les finances de l'État sont en ruine

- l'appareil politique est discrédité

 

Alors il faut réformer avant que ne se produisent chaos et guerre civile, qui surviennent toujours avec la rage du désespoir ...

 

Et, pour cela, l'État ne doit pas se disperser, et ne pas intervenir :

- dans la marche des entreprises

- dans les relations entre propriétaires et locataires

- dans l'enseignement

- dans la santé

etc.

 

Dans ces conditions-là, seulement, pourront baisser :

- les impôts

- les dépenses publiques

 

L'État devra uniquement protéger les biens et les personnes :

- avec une armée puissante, respectée, bien équipée, bien entraînée

- avec une police et une justice débarrassées des faux délits engendrés par des faux droits

- avec un filet national de sécurité pour les plus démunis (chèque-santé, chèque-scolaire, chèque-logement, etc.)

- avec une fiscalité simple, un impôt unique

 

L'initiative individuelle pourra alors être rendue à chacun :

- par la libre disposition de l'intégralité de ses revenus

- par le libre choix de ses assurances personnelles

- par le libre choix des établissements d'enseignement pour ses enfants

- par le libre choix de construire ce qu'il veut sur ses propriétés (avec pour seul critère de ne pas nuire à son voisinage)

etc.

 

A ce moment-là la reconquête libérale sera accomplie; une révolution aura été évitée: et on sait très bien, l'Histoire le montre à l'envi, comment les révolutions peuvent commencer, mais jamais comment elles finissent...

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

 

Début de l'article :

8e Week-End de la Liberté du Cercle Frédéric Bastiat 1/2

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30 septembre 2017 6 30 /09 /septembre /2017 22:45
8e Week-End de la Liberté du Cercle Frédéric Bastiat, à Saint-Paul-lès-Dax 1/2

Du 22 septembre 2017 à midi jusqu'au 24 septembre 2017 au déjeuner a eu lieu, à Saint-Paul-lès-Dax, dans les Landes, le 8e Week-End de la Liberté, organisé par le Cercle Frédéric Bastiat, avec le concours de :

 

- l'ALEPS

- Contribuables associés

- l'Institut Coppet

- l'iFRAP

- l'Institut pour la justice

- l'IREF

 

Le Week-End de la Liberté est le dernier grand rendez-vous libéral en France après les disparitions, faute de moyens, de l'Université d'été de la nouvelle économie (Aix-en-Provence) et de l'Université d'automne de l'économie autrichienne (Troyes).

 

Le libéralisme, c'est bien connu, est le suppôt des puissances d'argent...

 

Le thème de ce week-end était:

Les 100 jours sous le regard de Frédéric Bastiat.

Laissez faire ou se laisser faire ?

 

Agnès Verdier-Molinié

Agnès Verdier-Molinié

Vendredi 22 septembre 2017, 13 heures

 

Le thème de la conférence d'Agnès Verdier-Molinié, directrice de l'iFRAP,  est : Ce que doit faire le nouveau président, titre dérivé de celui de son dernier livre.

 

Deux réformes ont été adoptées depuis qu'Emmanuel Macron a été élu président:

- celle du Code du Travail, par ordonnances

- celle de la moralisation de la vie politique

 

Ces réformes vont dans le bon sens, mais elles sont faibles...

 

L'oratrice donne quelques exemples.

 

Ainsi la durée légale du travail (35 heures) n'a pas été remise en cause : la durée du travail peut toutefois être négociée et faire l'objet d'un accord d'entreprise, mais cela prendra beaucoup de temps. Prendront également beaucoup de temps les négociations par branche des conditions de CDD.

 

L'iFRAP proposait non pas de fixer une autre durée légale de travail (39 heures) mais de laisser le soin aux partenaires sociaux de définir le régime des heures supplémentaires tout en enserrant cette liberté dans des limites légalement fixées (seuil maximum des heures supplémentaires de 39 heures, taux de majoration minimum de 10%).

 

Il faut noter que, dans le secteur public, la durée de travail est très largement inférieure à 35 heures par semaine... Théoriquement de 1 607 heures, la durée annuelle de travail y est inférieure du fait du maintien des congés supplémentaires (particulièrement dans la fonction publique territoriale) dont les agents disposaient à l'époque des 39 heures...

 

Pour ce qui concerne les indemnités légales de licenciement, des seuils et des plafonds (plus bas) ont été instaurés, avec le risque que le juge adopte le maximum (exemple: 20 mois désormais au lieu de 24 pour un salarié qui a 30 ans d'ancienneté).

 

Le nombre de représentants du personnel sera-t-il réduit par la fusion de leurs instances en une instance unique ? Rien n'est moins sûr. En tout cas il y a pléthore : 600 000 salariés protégés dans le secteur privé pour 500 000 syndiqués; plus de 100 000 dans le secteur public pour un million de syndiqués...

 

N'ont pas été remis en cause:

- le monopole des syndicats représentatifs au premier tour des élections syndicales

- le financement des syndicats employés et patronaux dont la consolidation des comptes n'est pas faite

- le paritarisme parce que tout le monde, syndicats employés et patronaux, y trouve son compte...

- le financement par le secteur privé du chômage des intermittents du spectacle et de l'intérim

 

Pour ce qui concerne la moralisation de la vie politique, une vraie réforme aurait considéré que les indemnités de représentation, qui ne sont pas de vrais frais, soient imposées comme des compléments de rémunération...

 

En tout cas, pendant ce temps-là, les prélèvements obligatoires continuent d'augmenter en France de même que la masse salariale et le coût des retraites de la Fonction publique; l'impôt sur les sociétés baisse tandis que que les taxes à la production, qui rapportent deux fois plus à l'État, continuent de monter... 

Vincent Ginocchio

Vincent Ginocchio

Vendredi 22 septembre 2017, 16 heures

 

Le thème de la conférence de Vincent Ginocchio, ancien président du mouvement Liberté chérie, est : Monnaie unique ou concurrence des monnaies, place des monnaies virtuelles.

 

Quels sont les rôles d'une monnaie ? C'est d'être:

- Une réserve de valeur

- Un intermédiaire d'échange

- Une unité de compte

 

L'or remplit (ou remplissait) ces trois rôles. Le dollar et l'euro les deuxième et troisième.

 

Le système de contrôle se fait au niveau des virements et des cartes bancaires.

 

Quelles sont les caractéristiques du bitcoin, inventé il y a 8 ans ? C'est une cryptomonnaie:

- transfrontalière

- intrinsèquement déflationniste

- résistante à la fraude

- résistante à la censure

- transparente (du fait de l'historique des transactions)

- dont la gouvernance est décentralisée (ce n'est ni une démocratie, ni une dictature)

 

Quelles sont les marques qui acceptent le bitcoin ?

Microsoft, Expedia, CheapAir.com, Sears, Overstock, Rakuten, CVShealth, Subway, Bitcoin RealEstate, Whole foods, Virgin Galactic etc.

 

Le réseau bitcoin nécessite l'installation d'un logiciel sur ordinateur, qui permet l'échange de transactions. La base de données des transactions est répartie et stockée en tout ou partie entre les ordinateurs du réseau, de manière aléatoire.

 

Les transactions, quand elles sont en nombre suffisant, sont regroupées par blocs et ces blocs sont rangés dans un ordre irréversible: on parle de chaînage. Le stockage actuel représente 130 Giga.

 

Le bitcoin a nécessité 30 ans de recherches et cette monnaie est conçue de telle manière qu'il n'est pas possible de dépenser 2 fois le même bitcoin. Le mécanisme de versement d'un bitcoin de A vers B est le suivant :

- le bitcoin est mis sur le réseau

- la transaction de ce bitcoin est placée dans un bloc

- le bloc est transmis à chaque membre du réseau

- la décision est prise par les membres de valider la transaction

- la transaction validée est ajoutée à la chaîne

- l'argent va à B

 

Concrètement, si A veut payer B, il doit connaître l'adresse de B, qui figure dans un QR code, avec éventuellement le montant à payer, qui, sinon, est introduit manuellement:

- A scanne le QR code de B

- A choisit les frais qu'il veut attribuer à la transaction; ces frais dépendent de la vitesse d'exécution: ils peuvent être faibles, standards ou élevés; ils rémunèrent les ordinateurs qui valident la transaction; il s'agit d'un tarif fixe et non pas d'un pourcentage.

 

La création monétaire correspondant au nombre de bitcoins émis est codée, ce d'une manière similaire à l'or : création rapide au début, ralentie par la suite, pour atteindre finalement un nombre indépassable de 21 millions, en 2030.

 

Ce sont les ordinateurs qui valident qui créent la monnaie et qui sont donc rémunérés par les frais (de plus en plus) et par la création monétaire (de moins en moins). L'analogie avec l'or se retrouve dans les termes:

 

On parle de fermes de minage à propos de ces ordinateurs créateurs de cryptomonnaie et, comme ils consomment beaucoup d'énergie, ils sont regroupés à proximité de centrales électriques (la majorité d'entre eux se situent en Chine...).

 

Aujourd'hui il y a entre 5 à 10 millions de personnes dans le monde qui utilisent le bitcoin dont la valeur est de 3 000 € à l'heure actuelle : cette valeur augmente en raison d'une offre quasi fixe et d'une demande variable.

 

Pour détenir des bitcoins il faut disposer d'un wallet. Il en est de plusieurs sortes:

- les hotwallets (pour de petites quantités), qui fonctionnent comme des comptes bancaires ( exemples de prestataires: Coinbase, Xapo, Blockchain, Uphold, GreenAddress), avec des logiciels installés sur téléphone ou ordinateur (exemples : Electrum pour PC ou Mac, Mycelium pour Android, Tread Wallet pour IOS, Copay pour multiplateforme)

- les coldwallets (pour de grandes quantités), qui détiennent les bitcoins dans un appareil sécurisé (Trezor, Ledger)

- le mode survivaliste: un bout de papier où figurent l'adresse publique pour recevoir, l'adresse privée pour dépenser

- le brainwallet: enregistrer 24 mots dans son cerveau...

 

Pour échanger des bitcoins, il existe:

- des plateformes centralisées: Kraken, Poloniex, Shapeshift (pour échanger avec d'autres cryptomonnaies)

- des plateformes décentralisées (de particulier à particulier): via les logiciels Bitsquare et Localbitcoins

- des automates : deux en France, à Paris et à Montpellier

 

Quelles sont les évolutions attendues ?

- Une simplification de l'interface

- Des transactions confidentielles (fin 2018)

- Le Lightning Network qui permettrait un beaucoup plus grand nombre de transactions par seconde (actuellement 7 seulement) et un coût infime pour les faibles montants

- Le bitcoin sans internet

- Le bitcoin sans électricité

- Le complet anonymat des transactions

 

Un site sur l'actualité du bitcoin est recommandé par l'orateur : https://bitcoin.fr/, qui recommande également la lecture du classique Pour une vraie concurrence des monnaies de Friedrich Hayek, paru aux PUF.

Nicolas Lecaussin

Nicolas Lecaussin

Vendredi 22 septembre 2017, 21 heures

 

Le thème de la conférence de Nicolas Lecaussin est : L'éducation, en finir avec une politique coûteuse et inefficace.

 

Nicolas Lecaussin est allé à l'école roumaine, puis à l'école française. A l'université Paris VIII Saint-Denis, il a eu comme professeurs Jacques Généreux et Jean-Paul Fitoussi... Ce qui ne prédispose pas forcément à devenir libéral...

 

Aujourd'hui il dirige l'IREF, dont le site internet est en trois langues (français, anglais, allemand) et qui compare ce qui se passe ailleurs avec ce qui se passe en France, où 50% des jeunes ont voté Le Pen ou Mélenchon et où 24% des enseignants ont voté pour ce dernier...

 

Le budget de l'éducation nationale en France représente 7% du PIB, soit 30 milliards d'euros de plus qu'en Allemagne avec pour résultats mirifiques que :

- le classement de la France dans l'enquête PISA ne cesse de se détériorer : 25e rang en 2012, 27e en 2015...

- le taux de chômage des jeunes est en France de 24.7% contre 13.9% dans l'OCDE, 14% au Royaume Uni, 11.3% aux Pays-Bas,11.6% aux États-Unis...

- il y a 140 000 illettrés supplémentaires par an...

 

Ces résultats peuvent être imputés :

- au monopole de l'État

- à un corps enseignant qui se méfie du monde de l'entreprise et des libertés économiques (tous les manuels d'économie de 1ère et de terminale, soit une quinzaine, étudiés par l'IREF montrent du mépris pour les entrepreneurs...)

- au dogme de l'égalitarisme chez les enseignants (le bourdivisme)

 

Ce n'est pas :

- faute de moyens (un élève coûte 9 700 € dans le privé, 5 100 € dans le privé)

- dû au nombre d'élèves par classe (la Corée est mieux classée que la France, alors qu'il y a en moyenne 30 élèves par classe contre 12 en France, où 200 000 professeurs sont d'ailleurs sans affectation...)

 

Les universités ne sont pas mieux loties. Elles se caractérisent par rapport aux autres universités européennes par un plus fort :

- taux d'accès

- taux d'échec

- taux de chômage

 

Dans le classement des universités européennes, la France occupe le 12e rang loin derrière la Belgique (1ère), les Pays-Bas (2e), la Suisse (3e) et l'Allemagne (4e).

 

Force est de constater que deux facteurs contribuent à la réussite de l'enseignement des élèves et des étudiants:

- l'autonomie

- la concurrence

des établissements.

 

Exemple : les Pays-Bas, où 75% des établissements sont privés.

 

Comme le disait Frédéric Bastiat dans Baccalauréat et socialisme (mars 1850) :

 

Une nation qui ne veut pas être la proie des partis doit se hâter de supprimer l'éducation publique, c'est-à-dire par l'État, et de proclamer la liberté de l'enseignement.

Charles Gave

Charles Gave

Samedi 23 septembre, 9 heures

 

Le thème de la conférence de Charles Gave est : Accélérer le mouvement vers la Nation européenne, la fausse bonne solution.

 

Pourquoi l'Euro a-t-il officiellement été créé ?

 

Pour aider à la convergence des économies des pays. C'est raté : depuis 2000, justement, elles divergent...

 

Pourquoi une monnaie a-t-elle de la valeur ?

- selon Aristote, parce ça coûte très cher à produire

- selon Platon, parce c'est une convention sociale

 

Le Christ avait demandé: Qu'y a-t-il sur la monnaie ? - César. La monnaie romaine, c'était César et cela servait à payer les impôts. Mais, lever les impôts signifie que s'exerce le monopole de la violence légitime...

 

Ernest Renan, dans un discours prononcé à la Sorbonne en 1882, définissait la nation comme le désir de vivre ensemble. Or les Allemands n'ont pas la même conception. Pour eux, la nation c'est une langue, une culture.

 

L'impôt et la dévaluation sont antinomiques :

- L'impôt est un transfert des entrepreneurs vers l'État

- La dévaluation un transfert de l'État vers les entrepreneurs

 

Margaret Thatcher disait :

 

L’ennui avec les banquiers centraux est que ce sont toujours des vieux messieurs et qu’ils prennent le taux de change pour un symbole de virilité.

 

Il y a deux prix, l'un résultant du taux de change, l'autre du taux d'intérêt. Si les prix sont faux, le système ne fonctionne pas. La monnaie donne des prix nominaux, tandis que les prix réels sont des prix relatifs, entre individus.

 

Si l'Euro disparaît, l'Allemagne fera faillite: un créancier fait faillite quand ses débiteurs ne le remboursent pas...

 

Les taux d'intérêt bas sont suivis de récession.

 

L'inflation, c'est la guerre contre la pauvreté, la guerre en général. La déflation, c'est le capitalisme, la croissance grâce à la technologie.

 

Pourquoi a-t-on réellement créé l'Euro ?

 

En fait il y a deux conceptions de l'Europe :

- l'Europe chrétienne (celle d'Adenauer, de Gasperi, de Schumann) : chacun est libre et fait ses expériences de son côté avec pour arbitre la papauté et pour principe la subsidiarité

- l'Europe puissance (celle de Jean Monnet) : il s'agit de reconstituer l'Empire romain, but que poursuivirent Charlemagne, Charles-Quint, Napoléon, Hitler...

 

Aussi l'Euro a-t-il été créé en contre-partie de l'acceptation de la réunification de l'Allemagne : la monnaie unique devait permettre les constitutions d'un État européen et d'une armée européenne. En faisant cela, on a mis la charrue avant les boeufs: on aurait dû commencer par se réformer.

 

Conséquence: avant l'Euro, le secteur privé croissait en France au rythme de 3% par an; depuis, il ne progresse plus que de 0.3% par an. Et le PIB ne croît désormais plus que grâce à la croissance de l'État...

 

Charles Gave rappelle le théorème de Schmidt : Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain. L'absence de profits du secteur privé ne peut donc que conduire à l'échec.

 

Selon l'orateur, il ne peut y avoir de générosité collective sans nation. La nation, c'est là où peut exister l'État de droit. Or l'Europe n'est justement pas une nation, mais une civilisation...

Guillaume Jeanson

Guillaume Jeanson

Samedi 23 septembre 2017, 11 heures

 

La conférence de Guillaume Jeanson, avocat, porte-parole de l'Institut pour la justice, est: Un quinquennat pour restaurer la Justice et la Sécurité, sacré défi !

 

Le candidat Macron avait fait les promesses de :

- restaurer l'autorité judiciaire

- créer une police de sécurité

- renforcer le renseignement contre le terrorisme

- construire 15 000 nouvelles places de prison

- faire de la cybersécurité une priorité

 

En fait des coupes budgétaires, puis des augmentations ont été décidées... Et le président Macron s'est surtout livré à un exercice de communication avec la loi sur la moralisation de la vie politique (qui lui est revenue comme un boomerang avec la démission de François Bayrou : Nicole Belloubet, qui lui a succédé, sera-t-elle aussi soucieuse que lui du droit des victimes ?) et la nouvelle loi anti-terroriste.

 

Cela fait près de deux ans que l'état d'urgence a été instauré. Et on se demande ce qu'on doit en faire. Mais il y a un problème plus urgent : la prison.

 

La prison est le dernier maillon de la chaîne pénale : il est inutile de mobiliser les autres maillons si celui-là ne tient pas.

 

Pour des raisons idéologiques, on considère la prison comme l'école du crime. Mais l'impunité, les plus récentes études criminologiques le montrent, est l'école de la récidive... comme l'entourage familial peut en être un facteur de diminution...

 

Or il y a indéniablement surpopulation carcérale en France, du moins dans les maisons d'arrêt. Le nombre de places y est-il suffisant ? En tout cas, il y a en France 100 détenus pour 100 000 habitants alors que la moyenne européenne est de 130.

 

En France il y a 130 entrées annuelles pour 100 000 habitants. Il a donc fallu adopter un mécanisme pour diminuer les flux entrants et accélérer les flux sortants.

 

Pour réduire les flux entrants, la loi Perben a été votée en 2004 et la loi Dati en 2009 : elles  permettent de ne pas exécuter des peines inférieures respectivement à un et deux ans, avec pour contre-partie de chercher un travail et de se soigner...

 

Pour accélérer les flux sortants, on rogne sur la durée des peines :

- 3 mois sur la 1ère année

- 2 mois sur les deuxième et troisième

- 7 jours par mois sur les années suivantes

 

Mais cela ne suffit pas. En effet en août 2017, il y avait 59 000 places de prison, dont 5 000 non utilisées, pour 69 000 détenus, soit un surnombre de 15 000, avec 100 000 peines en attente d'exécution.

 

Construire des prisons est long et coûteux. Or il y a urgence : il y a eu 480 incidents dans les prisons cet été, dont des gardiens pris en otages.

 

Il faudrait donc construire des prisons moins coûteuses en les diversifiant par :

- la taille (les prisons de petite taille sont cependant plus chères)

- le genre de criminels

- le maillage territorial

 

Il faudrait s'interroger aussi sur le sens de la peine :

- dissuasion individuelle

- dissuasion générale

- neutralisation

- réinsertion

 

Se pose enfin le problème du terrorisme islamiste, c'est-à-dire :

- de la qualification pénale : quand l'arrestation est faite avant le passage à l'acte (au retour de zones de conflit, par exemple), s'agit-il de crime ou de délit ?

- de l'aménagement des peines dans ce cas-là

- de la cour d'assises spéciale (qui mobilise beaucoup de magistrats professionnels)

- des fiches S (24 000) dans le fichier des personnes recherchées (400 000) : 15 000 sont relatives à l'État islamiste (2 000 sont en prison, 100 ont un permis de port d'armes ...)

- de l'isolement, et de l'isolement entre terroristes

 

Les solutions se trouvent-elles :

- dans les prisons privées, comme en Australie ou en Belgique (à ce jour, c'est tabou en France) ?

- dans la justice privée (si la justice commerciale admet l'arbitrage, la justice pénale est enracinée dans le monopole public de la violence) ?

- dans la formation des juges, qui est aujourd'hui un monopole ?

- dans l'opprobre sur le syndicalisme de certains juges, affiliés au puissant Syndicat de la magistrature, dont l'idéologie déclarée se trouve dans la harangue d'Oswald Baudot ?

- dans le régime de la légitime défense (en Suisse l'état émotionnel est maintenant pris en compte) ?

 

Comme le dit Guillaume Jeanson, les réponses à toutes ces questions se trouvent non seulement dans l'octroi de moyens suffisants, mais dans un véritable esprit de responsabilité à ré-insuffler dans la chaîne pénale.

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

 

Suite de l'article :

8e Week-End de la Liberté du Cercle Frédéric Bastiat 2/2

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21 mars 2017 2 21 /03 /mars /2017 23:55
Etat svelte: idéalisme ou nécessité? - Une conférence à Genève

Hier soir avait lieu à Genève une conférence organisée par l'Institut Libéral sur le thème d'actualité: État svelte: idéalisme ou nécessité?

 

Étaient prévues au programme trois brèves communications (suivies d'une discussion):

 

- de Charles Lassauce, membre de la direction de la Chambre de commerce, d'industrie et des services de Genève, sur Les avantages de la modération fiscale et budgétaire

- de Jean-Philippe Delsol, avocat, auteur de L'injustice fiscale, sur Existe-t-il un impôt juste?

- de Thierry Afschrift , avocat, auteur de La tyrannie de la redistribution, sur La morale de l'État redistributionniste

 

La communication de Thierry Afschrift, empêché, a été lue et résumée par Patricia Commun.

 

A l'appui de sa communication, Charles Lassauce a projeté des données tirées d'une brochure, publiée en octobre 2016 par la CCIG, intitulée Finances publiques et fiscalité: des enjeux majeurs pour l'avenir de Genève.

 

Il en ressort que:

- la baisse d'impôts acceptée en votation en 2009 s'est traduite par une augmentation des recettes au cours des années suivantes (confirmation si besoin était de la fameuse Courbe de Laffer, même si elle n'a pas été évoquée...)

- cette baisse est toute relative puisque, pour ce qui concerne les recettes fiscales par habitant, le canton de Genève occupe la première place, devant tous les autres cantons de Suisse...

- pour ce qui concerne les dépenses par habitant, le canton de Genève occupe la deuxième place derrière Bâle: il faut dire que Genève occupe tout de même la première place en matière de dépenses culturelles et sociales...

- pour 1000 habitants, il y avait 97 emplois dans le secteur public en 2012 à Genève, qui occupait la deuxième place derrière Bâle (132) et qui occupait cependant la première place en dépenses de personnel du secteur public par habitant (les salaires dans le public y sont d'ailleurs plus élevés que dans le privé...)

- le canton de Genève est le plus endetté de Suisse (40 000 francs par habitant) et son autofinancement moyen au cours des 25 dernières années n'est que de 62%

 

Ces résultats mirobolants sont obtenus en faisant payer les riches:

 

- 34,6% des contribuables ne paient pas d'impôt sur le revenu

- 0,6% des contribuables dont le revenu est supérieur à 500 000 francs paient 18% de l'impôt

- 85% de l'impôt sur la fortune est payé par 4,3% des contribuables

 

et en imposant au taux le plus élevé de Suisse les personnes morales (24,6%).

 

Or, seule la modération fiscale et budgétaire permet l'essor économique et la création d'emplois... Genève en est le contre-exemple. 

 

Jean-Philippe Delsol rappelle la distinction entre le droit et la loi:

 

- le droit est l'ensemble des meilleures règles pour les hommes, constatées par les gens sages au cours des siècles

- la loi est l'appropriation du droit par le pouvoir comme cela a été le cas par l'Empire romain

 

Quand il y a confusion entre le droit et la loi, il est impossible d'assurer le bien commun, c'est-à-dire les conditions du vivre ensemble, sous le prétexte de faire le bien...

 

Comme le disait Emmanuel Kant, un gouvernement qui serait fondé sur le principe de bienveillance envers le peuple (...) est le plus grand despotisme que l'on puisse concevoir. (Préface à la Critique de la raison pure).

 

Pour éviter cette confusion entre droit et loi, il faut retrouver des règles de conduite objectives: dans l'exemple des trois enfants qui se disputent une flûte (l'un est pauvre, ce serait son seul jouet, l'autre sait en jouer, le troisième l'a fabriqué), c'est la règle de propriété qui s'applique pour être juste...

 

Qu'est-ce que l'homme? L'homme est responsable de sa vie. La liberté est un moyen pour lui de l'être et il ne peut l'être que s'il ne subit pas de spoliation. En dehors des fonctions régaliennes, les dépenses sociales de l'État doivent en conséquence être analysées sous le critère de la responsabilité.

 

Qui dit dépenses, dit recettes. Pour que l'impôt soit juste, tout le monde doit participer à son paiement. Et, pour assurer sa neutralité, il ne peut qu'être proportionnel: l'État n'a pas à rendre la justice fiscale.

 

Thierry Afschrift va plus loin. Il s'insurge contre le mot même de redistribution: comme s'il y avait eu une distribution initiale.

 

En réalité il y a redistribution de par la volonté des autorités publiques qui considèrent que tous les biens sont en fait à leur disposition. A partir de ce moment-là elles se croient autorisées à prélever l'impôt sur ces biens sans qu'il soit nécessaire de demander leur consentement à leurs détenteurs.

 

Et lesdits détenteurs de biens, en grand nombre, du fait de la complexité de ladite redistribution, se rendent d'autant moins compte qu'ils sont victimes d'un vol, qu'ils croient finalement entre être les bénéficiaires... Pourtant l'État ne possède rien d'autre que ce qu'il a volé.

 

La droite et la gauche sont toutes deux intéressées à ce vol: elles ne divergent que sur les bénéficiaires, qui correspondent à leurs clientèles électorales. Pour justifier la redistribution, les uns comme les autres parlent de solidarité... Or la solidarité n'existe tout simplement pas sous la contrainte.

 

Au cours de la discussion qui suit, Charles Lassauce emploie l'expression d'État pampers pour exprimer qu'on demande à l'État de colmater toutes les fuites... Tant il est vrai que plus on en fait, plus on en demande.

 

Jean-Philippe Delsol exprime son désaccord avec Thierry Afschrift: il n'y a pas d'homme sans société; et avec Charles Lassauce: quand on parle d'harmonie fiscale, on entend uniformisation  alors que l'harmonie est accord de différences...

 

Francis Richard

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26 novembre 2016 6 26 /11 /novembre /2016 23:15
Journée libérale romande 2016: Système de santé: comment passer de la dépendance à la prévoyance?

Aujourd'hui, l'Institut Libéral et Médecine et Liberté, en partenariat avec le Cercle Libéral Lausanne, le Cercle Libéral de Genève et le Cercle des Libertés, organisent une Journée libérale romande, sur le thème:

 

Système de santé: comment passer de la dépendance à la prévoyance?

Pierre Bessard, directeur de l'Institut Libéral

Pierre Bessard, directeur de l'Institut Libéral

Dans son message d'accueil, Pierre Bessard, Directeur de l'Institut Libéral, n'est pas porteur de bonnes nouvelles:

 

- les dépenses de santé ont augmenté deux fois plus que les revenus depuis l'adoption de la loi sur l'assurance-maladie, LAMal, il y a vingt ans

- cette année la hausse des primes d'assurance-maladie en Suisse romande va de 4,9% dans le canton de Vaud à 7,3% dans le Jura

- la prime mensuelle moyenne d'assurance-maladie, qui était de 173 Francs en 1996, passera à 447 Francs en 2017.

 

Ce sont les fruits d'une philosophie collectiviste, égalitariste, qui se caractérise par une augmentation des subventions et des réglementations, et par une baisse de la responsabilité. On parle de concurrence réglementée, où le mot important est le qualificatif.

 

Cette journée fait partie d'une réflexion prolongée de l'Institut Libéral sur le système de santé:

- l'an passé, il a coorganisé avec Médecine et Liberté un séminaire socratique sur Médecine et économie

- il a publié deux ans plus tôt un livre collectif: Au chevet du système de santé

Gilles Rufenacht, président de Genèves-Cliniques et directeur général de Clinique des Grangettes

Gilles Rufenacht, président de Genèves-Cliniques et directeur général de Clinique des Grangettes

La concurrence fait-elle peur aux autorités cantonales?

 

Gilles Rufenacht répond oui à la question, mais c'est un oui mais, parce qu'il a bon espoir que la réforme de 2012 de la LAMal, qui est un véritable big bang, sera peu à peu appliquée.

 

Il cite d'abord Raymond Barre: La santé n'a pas de prix, mais elle a un coût.

 

Gilles Rufenacht a bon espoir parce que ce n'est pas la première fois que des monopoles connaissent une fin. Il donne l'exemple des transports aériens et des télécommunications. Ce qui s'est traduit par des prix plus bas et une plus grande efficacité.

 

Il a bon espoir parce que désormais les hôpitaux publics emploient de nouveaux mots, ce qui est le début d'un changement de paradigme: il est question maintenant de marketing, d'efficience, de concurrence...

 

Qu'il s'agisse d'établissements publics ou privés, ce sont toutes des entreprises, qui ne peuvent survivre que si elles gagnent de l'argent et n'en perdent pas, ce qui distinguait naguère le secteur privé du secteur public.

 

Le but est de soigner avec la meilleure qualité, au meilleur prix. Il ne peut être atteint que par le libre choix de l'hôpital par le patient et par une spécialisation des établissements.

 

Toutefois ce qui est dans les textes n'est pas encore traduit dans les faits, d'une part parce que les cantons restent juges et parties, sont arbitres et joueurs de champ, à la fois planificateurs et gestionnaires; d'autre part parce que le secteur public a peur et leur demande protection.

 

Le public a raison d'avoir peur, s'il ne s'améliore pas, parce que le privé est 10% moins cher que lui. Dans le canton de Genève, on limite l'accès au privé au lieu de réformer. Dans le canton de Vaud on limite l'acquisition d'équipements lourds.

 

On pense que plus il y a d'offre, plus il y a de demande. Du coup on limite l'accès aux soins... Mais, en réalité, la concurrence fait peur. Ce qui est un aveu de faiblesse. 

Yves Cuendet, membre du conseil d'administration d'Helsana, Lausanne

Yves Cuendet, membre du conseil d'administration d'Helsana, Lausanne

Comment concilier assurance sociale et concurrence?

 

L'exposé d'Yves Cuendet comporte sept points:

 

1. Le principe de l'assurance.

 

L'assurance se caractérise par:

- un regroupement de personnes

- un danger analogue

- une solidarité entre ces personnes

- une prime qui est fonction du risque, c'est-à-dire de sa probabilité et de sa gravité.

 

Le risque peut être représentée par une courbe de Gauss, une courbe en cloche. Les risques peuvent en effet être:

- normaux

- d'une gravité extrême: une personne mourante n'est pas assurable, la prime est incalculable

- d'une faible gravité: cela justifie l'existence de franchises.

 

2. Les piliers fondateurs de l'assurance-maladie en Suisse

 

Ce sont:

- l'obligation de s'assurer

- la prime par tête

- le libre choix de l'assureur

- la compensation des risques

- un catalogue unique de prestations

- l'obligation de contracter

- une protection tarifaire

- un financement par l'impôt et les primes

- des modèles alternatifs (qui permettent d'accorder des rabais de primes)

- une concurrence dans une certaine mesure

- des gains d'efficience rétrocédés aux assurés.

 

3. L'importance de la compensation des risques

 

Comment un assureur peut-il être bon marché?

- en maîtrisant ses coûts

- en maîtrisant ses risques.

 

Or il existe des risques in-assurables, d'où l'importance de leur compensation. Le problème est que cette compensation se fait au niveau cantonal, alors que les risques sont calculés sur une base nationale, à partir de moyennes, fonction de l'âge et du sexe ... D'où la limite du système...

 

4. Retour sur la LAmal

 

Ses buts ont-ils été atteints? Oui, si l'on considère que les buts étaient la solidarité et l'accès aux soins pour tous. Non, pour ce qui concerne les coûts.

 

La LAMal est une loi-cadre qui donne une marge de manoeuvre, mais le fédéralisme la rend inefficiente.

 

5. Hausse des coûts

 

Si la hausse des coûts des médecins est dans la moyenne des coûts, les quantités de soins, de RMI (Resonance Magnetic Imaging) et de CTS (Computed Tomography Scan) sont au-dessus.

 

Les facteurs:

a) dans le cadre de la LAmal:

- l'obligation de contracter

- l'augmentation de l'offre (discutable)

- l'information dissymétrique des patients et des médecins

- la couverture de prestations inutiles

b) dans le cadre général:

- le progrès

- la démographie

- le fédéralisme

- le mode de financement (dual)

- la régulation des prix et des primes

- l'absence de responsabilité individuelle

- l'inégalité des subventions suivant les cantons

 

6. Défis et régulations

 

Ce qui péjore le système, c'est donc :

- la régulation croissante

- l'obligation de contracter

- le financement dual : l'hôpital stationnaire est financé à 55% par le canton.

 

A quoi il faut ajouter que:

- les réseaux de santé sont très limités

- les prestations hors catalogue ne sont pas prises en compte (la prévention par exemple)

 

7. Conclusion

 

Le système de santé suisse est bon, mais cher.

 

En priorité, il faudrait:

- un financement moniste

- de la qualité et de la transparence

- une tarification adéquate

- la suppression de l'obligation de contracter

- une responsabilité individuelle croissante (contrats de longue durée)

- une réforme de la territorialité.

Dr Fabienne Gay-Crosier, médecin, Genève, et Dr Alphonse Crespo, médecin, Vevey

Dr Fabienne Gay-Crosier, médecin, Genève, et Dr Alphonse Crespo, médecin, Vevey

Quelle protection des données et quelle sphère privée pour les patients?

 

Alphonse Crespo a prêté le serment d'Hippocrate. Il constate que la tendance est à la disparition du contrat individuel entre le médecin et son patient. Or le contrat hippocratique a pour caractéristiques:

- qu'il n'y a pas d'intermédiaire entre le médecin et le patient,

- que le médecin s'engage à soigner le patient le mieux possible,

- qu'il s'engage à observer le secret médical,

- qu'il s'engage à ne divulguer sa science qu'à ceux qui ont prêté le serment.

 

Alphonse Crespo est bien conscient qu'à l'heure d'Internet le serment hippocratique ne peut être conservé tel quel, mais il n'en demeure pas moins que la transmission de données à une tierce personne est génératrice de conflits d'intérêts et pose des problèmes d'éthique.

 

Or le régulateur exige de plus en plus d'être informé, fût-ce de manière anonyme. Et cette information n'est même plus de médecin à médecin, mais de médecin à institution.

 

Par ailleurs la transmission de toutes ces données est chronophage, ce qui laisse moins de temps à consacrer aux patients.

 

Fabienne Gay-Crosier parle de deux projets qui montrent que le régulateur est effectivement de plus en plus exigeant en matière de données et qu'il entend piloter le système de santé:

 

- le projet MARS (Modules Ambulatoires des Relevés sur la Santé), mené par l'OFS (Office fédéral de la statistique), dont la base légale est l'art. 59a  de la LAMal, en vigueur depuis le 1er janvier 2016, prévoit la surveillance de la qualité des médecins en leur demandant notamment:

. leur genre d'activité et leurs moyens en personnel et en équipement

. leur nombre de patients

. leurs comptes

. leurs indicateurs de qualité

 

- le projet OBELISC (Objective Evaluation and Leadership in Scientific Health), mené par l'entreprise New Index, dont la base légale est l'article 31 de l'ordonnance sur l'assurance-maladie, OAMal, RS 832.102, prévoit des données nominatives sur les fournisseurs de prestation et s'intéressent à leur qualité et à l'évolution de leurs coûts.

 

Aujourd'hui, dans la spécialité de Fabienne Gay-Crosier, l'allergologie, les connaissances évoluent à une grande vitesse, ce qui fait de l'époque une période scientifique fantastique. Or cette quête obligatoire de données considérables lui rend a contrario l'époque catastrophique, et l'amène à s'interroger sur le but poursuivi par le régulateur.

 

Le but du régulateur n'est-il pas de reconnaître que les prestations doivent être faites non pas par le médecin, mais par une instance supérieure? Ne s'agit-il pas d'exclure les patients qui n'ont pas le profil de certaines pratiques? etc.

 

Or, pour Fabienne Gay-Crosier, comme pour Alphonse Crespo, il s'agit, en tant que médecin, d'intégrer l'art du soin à la biologie, c'est-à-dire de conjuguer l'art et la science, pour lutter contre la souffrance humaine. Seul un mandat personnalisé permet d'y parvenir, ce qui suppose la responsabilité du médecin dans ses choix médicaux, mais également sociaux/politiques.

Dr Olivier Marmy, médecin-dentiste, Lausanne

Dr Olivier Marmy, médecin-dentiste, Lausanne

Médecine dentaire: un cas d'école.

 

La médecine dentaire, rappelle Olivier Marmy, est financée à 89% par les patients eux-mêmes. Il n'y a de prise en charge, selon l'article 31 de la LAMal que dans le cas de maladie grave et non évitable.

 

Olivier Marmy prend l'exemple des caries pour montrer, chiffres à l'appui, combien le comportement individuel peut avoir de l'importance. Le fait de se faire contrôler régulièrement permet en effet au patient de faire de grandes économies, à la fois directement et indirectement, parce que ce qu'il fait pour ses dents a un effet sur l'ensemble de sa santé.

 

La médecine dentaire se caractérise par un rapport direct du médecin avec son patient, ce qui le conduit à tenir compte de sa situation psycho-sociale et engage sa responsabilité de praticien. Le patient lui aussi a sa responsabilité engagée. Un professeur d'Olivier Marmy a illustré celle-ci par un exemple:

 

Qu'emporteriez-vous sur une île déserte? Une brosse à dents ou un dentiste? La bonne réponse est: une brosse à dents.

 

Mais le fait que la LAMal ne prenne pas en charge la médecine dans la plupart des cas ne pose-t-il pas le problème d'une assurance dentaire obligatoire? Michel Marmy répond que le nombre de patients qui renoncent à des soins dentaires est deux fois moins élevé en Suisse qu'en France...

 

De plus, Michel Marmy a relevé, sur le site d'Economiesuisse, ces chiffres éloquents sur ce que représentent en moyenne plusieurs dépenses annuelles en Suisse:

- 7'752 Francs sont consacrés au divertissement

- 8'712 Francs à la santé

- et seulement 489 Francs à la santé bucco-dentaire (y compris les soins de confort et esthétiques).

 

Enfin le coût du projet d'assurance dentaire obligatoire se monterait à 350 millions de Francs par an, qui devrait être financé par des cotisations de 1,2 à 1,5% sur les salaires.

 

En conclusion, la médecine dentaire suisse est un cas d'école, basé sur:

- la prévention

- un rapport direct entre patient et praticien

- la responsabilité des deux parties.

Dr Laurent Seravalli, médecin, La Chaux-de-Fonds, et Jean-Hugues Busslinger, Centre Patronal, Paudex

Dr Laurent Seravalli, médecin, La Chaux-de-Fonds, et Jean-Hugues Busslinger, Centre Patronal, Paudex

Face aux défis, quelles évolutions?

 

Ce que dit Jean-Hugues Busslinger est quelque peu redondant avec ce qui a été dit au début de la journée sur ce qui caractérise la LAMal:

 

- une assurance obligatoire

- un catalogue (qui a subi une inflation avec le temps: il comporte 108 pages...)

- le libre choix de l'assureur

- le rôle des cantons qui sont à la fois planificateurs et acteurs.

 

Dans ces conditions Jean-Hugues Busslinger ne voit pas comment le privé pourrait sortir gagnant de la course avec le public. Et il donne l'exemple des PIG (Prestations d'intérêt général) qui sont des dotations aux hôpitaux publics. Elles sont variables dans leur attribution d'un canton à l'autre. Ainsi 15% sont consacrés à la formation dans le canton de Genève et 87% dans le canton de Zurich, ce qui introduit des distorsions de concurrence plus ou moins grandes avec le privé.

 

En tout cas, dans le canton de Vaud, on assiste à une main-mise de plus en plus grande de l'État sur le système de santé, ce qui a pour effet de multiplier les obligés et ce qui correspond à une philosophie:

- le refus des bénéfices

- l'égalité érigée en dogme, ce qui se traduit par un contrôle renforcé.

 

Jean-Hugues Busslinger donne les exemples:

- du projet de répartition des établissements hospitaliers en quatre régions avec un directeur unique nommé par le Conseil d'État

- des mises en réseau d'abord volontaires, puis obligatoires, pour aboutir à une intégration.

 

Quelles sont les pistes pour endiguer cet envahissement étatique?

- casser l'assurance obligatoire (c'est politiquement impossible)

- abolir l'obligation de contracter

- maintenir la planification par les cantons, mais leur retirer la gestion

- redonner leur autonomie aux établissements pour leurs investissements.

 

Quand il était enfant, son parrain avait offert à Laurent Seravalli un jeu de construction très particulier: Badaboum. En fait, pour que les 21 pièces en bois de ce jeu d'adresse et d'équilibre tiennent ensemble, tout reposait sur un mot l'alignement.

 

Cette idée d'alignement sur quelque chose est applicable au système de santé. Il faut savoir ce que l'on veut. Après seulement se pose la question: comment?

 

Laurent Seravalli donne l'exemple de Mayo Clinic aux États-Unis: son excellence résulte d'un alignement de tous, celui de donner la priorité au besoin du patient sur le résultat (en général estimé à 20% d'EBITDA). Car, sans alignement de tous sur un objectif, dans un système de contraintes, tout se casse la figure...

 

Francis Richard

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19 novembre 2016 6 19 /11 /novembre /2016 23:45
Oeuvres complètes de Frédéric Bastiat - Institut Charles Coquelin

Oeuvres complètes de Frédéric Bastiat - Institut Charles Coquelin

Dimanche 26 septembre 2016

 

9 heures

 

A l'hôtel Sourcéo de Saint Paul-Lès-Dax,  les conférences de ce dernier matin du 7e Week-End de la Liberté, organisé par le Cercle Frédéric Bastiat, avec le concours de

- l'ALEPS

- l'ASAF

- Contribuables Associés

- l'Institut Coppet

- l'iFRAP

- l'IREF Europe

- Students For Liberty - France

sont consacrées à La France face au défi de sa Défense, à La séparation de l'école et de l'État et au Développement économique et l'emploi, la libre entreprise, la liberté économique.

Le Général (2s) Pierre Zammit, Membre de l'Association de Soutien à l'Armée Française

Le Général (2s) Pierre Zammit, Membre de l'Association de Soutien à l'Armée Française

Pierre Zammit rappelle que, le 10 juin 1990, Laurent Fabius avait souhaité que la France engrange les dividendes de la paix et le fait est que, pendant 25 ans, elle a réduit considérablement son effort de Défense.

 

A la suite des attentats du 7 janvier 2015, François Hollande a décidé un moratoire sur la baisse des effectifs des forces armées et du budget de la Défense. La Défense du pays est-elle pour autant assurée avec le niveau atteint au bout de 25 ans de baisse, le budget militaire étant devenu une variable d'ajustement du budget général?

 

Avant de dresser l'état des lieux de la Défense aujourd'hui - qui est confondue avec la Sécurité nationale dans le concept de Défense globale, alors que les finalités ne sont pas les mêmes - il convient de situer la place de la France dans un monde à la dangerosité croissante.

 

Deux remarques liminaires:

 

- la guerre a changé de nature et les menaces sont multiples, si l'ennemi actuel est l'islamisme politique

- au sein de l'Europe, qui sous-traite sa défense à l'OTAN, la France demeure une puissance européenne au rayonnement global.

 

Le contexte international?

 

- il y a des conflits chauds dans tout le pourtour méditerranéen et au Moyen-Orient

- plusieurs pays possèdent l'arme nucléaire: l'Iran, la Corée du Nord, l'Inde, le Pakistan

- des pays réarment tels les États-Unis, la Russie, la Chine

- les phénomènes migratoires créent des problèmes, des tensions

- l'Europe a choisi la voie du désarmement

- les États-Unis regardent du côté de l'Asie où se trouvent désormais ses intérêts stratégiques majeurs.

 

Dans ce contexte, la France appartient au monde libre, à l'Europe continentale et maritime. Avec des eaux territoriales de 11 millions de km2, elle est en effet une puissance maritime et a conclu des accords avec de nombreux pays au-delà des mers. Membre du Conseil de sécurité de l'ONU et puissance nucléaire, elle se distingue des autres États européens.

 

Le problème est que la France est au maximum de ses capacités, ce qui ne remet pas en cause le professionnalisme de son armée, mais ce qui hypothèque l'avenir. Entre 2007 et 2012, le budget de la Défense a baissé de 25% et, depuis 2012, d'autant. En 1990, ce budget représentait 3% du PIB. En 2015, il ne représente plus que 1,5% du PIB. 

 

 

Au moment où les menaces augmentaient, les capacités opérationnelles ont diminué:

 

 

Armée de terre

Armée de l'air

  LPM 1997-2002

50 000 hommes

 100 avions de combat

  Livre blanc 2008

30 000 hommes

   70 avions de combat

  Livre blanc 2013

15 000 hommes

   30 avions de combat

 

La réduction des effectifs et des moyens n'est évidemment pas en adéquation avec les interventions sur les théâtres d'opérations extérieures - 34 000 hommes sont déployés dans le monde - et la Défense est en conséquence taillée trop juste, autrement dit elle manque d'épaisseur stratégique.

 

La France est une grande puissance moyenne et se doit d'adopter une stratégie générale en accord avec cette dimension, sachant qu'elle ne doit pas trop compter sur l'allié américain ni sur une Défense européenne significative. Pour ce faire, elle doit opérer une remontée en puissance progressive (sur dix ans) pour:

 

- anticiper les engagements (grâce aux renseignements de sources humaines et pas seulement technologiques)

- garder l'initiative dans les opérations

- accroître la mobilité des forces

- optimiser la disponibilité des matériels (moyens et maintenance).

 

Pierre Zammit propose donc:

 

- un effectif opérationnel de 100 000 hommes

- la construction d'un deuxième porte-avions

- une réévaluation de la flotte de surface

- l'acquisition de l'A400M pour le transport aérien stratégique (pour ne plus dépendre des avions américains ou russes)

- la maintenance de 50 Rafale

- la révision de la dissuasion nucléaire (inadaptée à un adversaire non-étatique ou lors d'un conflit asymétrique).

 

 

 L'OTAN préconise à ses membres un seuil de dépenses en matière de Défense de 2% de leur PIB. 2%, c'est le coût pour:

 

- bénéficier du progrès technologique

- avoir du personnel de qualité

- maintenir les capacités

 

Mais pour une remontée en puissance, 2,5% est nécessaire. Et 3% pour une puissance nucléaire comme la France.

 

Cette remontée en puissance pourrait raisonnablement se faire selon le calendrier suivant:

 

- 2% en 2018

- 2,5% en 2020

- 3% en 2025

 

En conclusion, la France doit:

 

- renouer avec une volonté de puissance proportionnée à sa situation dans le monde

- rénover sa stratégie

- inscrire son action dans le long terme

- mener une politique étrangère cohérente avec ses intérêts majeurs

- restaurer son esprit de défense

- être fier de ses valeurs: le patriotisme n'est pas le nationalisme

 

Comme le dit Jean-Philippe Delsol:

 

La liberté a besoin de sécurité, pour le reste, elle se débrouillera.

 

Damien Theillier, Président de l'Ecole de la Liberté

Damien Theillier, Président de l'Ecole de la Liberté

Damien Theillier rappelle que la situation actuelle de l'éducation en France (il vaudrait mieux parler d'instruction) peut se résumer en deux mots:

- déliquescence

- démoralisation

Or, des enfants bien éduqués permettent le bon fonctionnement d'une société...

 

Aujourd'hui qu'observe-t-on ?

 

- 25 à 30% des élèves de terminales rêvent de partir à l'étranger contre quelques % il y a quelques années

- l'école française est au plus bas dans les classements internationaux

- la dégradation est continuelle.

 

On peut donc se demander:

 

- si c'est bien le rôle de l'État d'enseigner: il s'en montre incapable

- si le monopole de l'État ne doit pas être supprimé: à supposer que l'État soit capable de bien enseigner, il y a spoliation.  

 

Privatiser l'école? Impensable! La privatisation de l'école c'est:

- la marchandisation du monde

- l'asservissement à l'économie et à la finance.

 

L'éducation est une chose trop importante pour être laissée au marché. Seul l'État peut être un rempart contre l'exploitation de l'homme par l'homme et contre les inégalités.

 

Damien Theillier résume ainsi les griefs qui sont adressés aux libéraux quand il est question de privatiser l'école. Il va plus loin. Il imagine ainsi qu'un ministre hypothétique tienne ce discours:

 

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Mon propos n'est pas de mettre en doute l'efficacité du modèle libéral qui a fait ses preuves, mais s'il est un domaine où il n'est pas possible de laisser faire, c'est bien celui de l'éducation.

Vous conviendrez avec moi que les mathématiques, la langue française et la philosophie ne sont pas des produits comme les autres.

Je me suis laissé dire que les activités marchandes pouvaient être exercées par des gens honorables. Soit. Mais s'il y a un monde qui doit être préservé de la dictature de l'argent, c'est bien celui de l'éducation.

Le droit à l'éducation, mais aussi à la musique, au cinéma, à la lecture, à la peinture, doit être garanti à nos concitoyens sans distinction de milieu social, de sexe, de race ou de moyens financiers.

Sans l'intervention de l'État, seuls seraient éduqués ceux qui auraient les moyens financiers de supporter les coûts d'une école privée. La nationalisation de l'éducation permet donc de garantir le droit à une école gratuite et égale pour tous.

 

Ce discours, toujours le même, est le discours sur les inégalités, les droits à, les prestations que État doit fournir gratuitement...

 

Arguments économiques

 

Damien Theillier cite d'abord Frédéric Bastiat:

 

Tous les monopoles sont nocifs, mais le pire de tous c'est le monopole éducatif.

 

Le monopole éducatif, c'est le système actuel. L'État est le seul:

 

- à décerner les diplômes, les grades universitaires

- à élaborer les programmes

- à choisir les méthodes pédagogiques

- à financer les écoles et les professeurs.

 

Frédéric Bastiat dit aussi:

 

Le monopole frappe d'immobilisme tout ce qu'il touche.

 

En l'occurrence, l'immobilisme c'est la stérilisation de la vie scientifique. Seule la concurrence incite à:

 

- l'excellence

- l'innovation

- l'expérimentation.

 

Quand l'État protège un secteur économique, quel qu'il soit, se créent des groupes de pression pour défendre les privilèges induits par cette protection et pour en capter d'autres. C'est ainsi que, quand il y a monopole, les bénéficiaires font tout pour que rien ne bouge.

 

Dans le domaine éducatif, cela a un impact sur la science elle-même avec la mise en place d'une censure:

 

- on occulte certains livres

- on ignore certains courants de pensée (la pensée anglo-saxonne notamment)

- on enseigne des erreurs en uniformisant les esprits et les pensées (Dans ce régime d'éducation décrété et uniforme, l'erreur est permanente, universelle et irrémédiable, dit encore Frédéric Bastiat)

- tuer la concurrence, c'est tuer l'intelligence (Frédéric Bastiat).

 

Le libéralisme est particulièrement censuré parce que justement il s'oppose aux rentiers... C'est le cas de Frédéric Bastiat qui ne se trouve pas dans les programmes, dont les oeuvres ne sont d'ailleurs pas disponibles en librairie: pour se les procurer, il faut chercher... sur Amazon.

 

Signalons les rééditions de:

 

- l'Institut Charles Coquelin, grâce à Jacques de Guénin, fondateur du Cercle Frédéric Bastiat (voir photo des oeuvres complètes en tête de cet article)

- l'Institut Coppet

 

En 1920, trois ans après la Révolution d'Octobre, Ludvig von Mises écrit un article prémonitoire, intitulé Le calcul économique en régime collectiviste. Il montre dans cet article:

 

- que, pour faire un calcul économique (nécessaire, par exemple, pour déterminer si un investissement est rentable), il faut s'appuyer sur des prix réels, c'est-à-dire des prix qui informent sur l'offre et la demande quand les échanges sont librement consentis

- qu'un régime collectiviste est incapable de savoir à quel prix les produits doivent s'échanger, qu'il est obligé de les fixer arbitrairement et qu'il en résulte un gaspillage généralisé: surproductions ou pénuries.

 

Ce raisonnement est de portée générale et applicable à l'éducation, où se forme et se transmet un capital culturel. En l'absence de vrais prix fournis par un marché libre et concurrentiel, avec des droits de propriété, le résultat est:

 

- que les professeurs sont mal payés

- qu'il y a pénurie de professeurs (ils sont déprimés ou incompétents)

- qu'il y a surproduction d'enseignements totalement inutiles et ennuyeux

- qu'il y a désintérêt des parents (ils n'ont pas payé de leur poche) et déresponsabilisation généralisée.

 

Arguments juridiques et philosophiques

 

Dans ses écrits, Frédéric Bastiat distingue deux types de droits:

 

- les droits négatifs qui sont contreparties d'un devoir positif: ce sont les droits à ne pas être entravé dans son action, d'être libre de ses choix, ce qui exige des autres de s'abstenir de nuire; ils sont le fondement de la responsabilité individuelle (exemple: j'ai le devoir de veiller à ma santé mais j'ai le droit de choisir les biens et les services qui pourront la conserver)

- les droits positifs: la société, c'est-à-dire les autres, doit fournir, sans contrepartie, un bien ou un service; il y a déresponsabilisation, transfert de la responsabilité individuelle à la collectivité. Ce ne sont pas des droits naturels, ce sont des droits économiques et sociaux, des droits collectifs, qui n'ont pas toujours existé...

 

A l'époque de Bastiat ces droits positifs, ces droits à, ont commencé à fleurir. Et il s'est rendu compte que la démocratie n'était pas la panacée, qu'elle n'était pas synonyme de liberté, puisque la majorité pouvait spolier la minorité.

 

Quel est le rôle de l'État dans le droit à l'éducation, expression ambivalente?

 

- si on l'entend comme un droit négatif, le rôle de l'État est de garantir le droit de propriété, le respect des contrats (par exemple: si les gens se maltraitent, il intervient comme arbitre)

- si on l'entend comme un droit positif, le rôle de l'État est maximal: il doit financer l'école et fournir une égale prestation à tous les enfants; on tombe alors non seulement dans les travers vus précédemment, mais aussi on va produire ce que Bastiat appelle la spoliation légale.

 

Bastiat appelle socialisme l'ensemble de tous ces droits collectifs qui ont en commun la spoliation légale. Car l'État n'a pas d'argent, il ne produit pas de richesses. Pour financer un service, il doit prendre aux uns, sans leur consentement et sans contrepartie, pour donner aux autres.

 

Bastiat précise que cette spoliation est déguisée sous les noms de fraternité, solidarité, équité... 

 

Que fait-on alors pour les pauvres?

 

- si l'État ne spoliait pas autant, les gens seraient moins pauvres: il faut leur rendre le fruit de leur travail, leur rendre leur salaire complet, et non pas amputé de taxes et de charges sociales

- des solutions de marché émergent spontanément (pour le moment de l'autre côté de l'Atlantique):

  • le home schooling, c'est-à-dire l'école à la maison (2 millions d'enfants étaient déjà scolarisés à la maison il y a 10 ans...): les coûts sont bas, parce que ce sont des associations de parents qui les organisent
  • les mooks, c'est-à-dire les cours en ligne, sur Internet

- le chèque-éducation, qui est une solution entre-deux (il reste une part de spoliation, de redistribution): on ne donne pas l'argent aux écoles, mais aux parents.

 

Nicolas Lecaussin, Directeur de l'Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Nicolas Lecaussin, Directeur de l'Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Nicolas Lecaussin commence par un panorama de l'emploi en France.

 

Officiellement le taux de chômage y est de 10,3%. En réalité il est de 25,58% si on enlève le nombre de fonctionnaires (il y a plus de 6 millions de fonctionnaires et agents publics en France) et que l'on compare le nombre de chômeurs avec la population active.

 

Partout le taux de chômage a baissé après la crise de 2008-2009. Même au plus fort de cette crise, le taux de chômage américain n'a pas atteint le taux de chômage français, qui était de 12%. La France bat le record des taux de chômage depuis des années et des années.

 

Cela se voit avec le taux d'emploi:

 

PaysTaux d'emploi
France63,6%
Royaume-Uni71,9%
Allemagne77,7%
Suisse79,8%
Canada73,0%

 

(La Suisse avec un taux d'emploi de la population élevée, près de 80%, au contraire de la France, a choisi l'entrepreneuriat et les impôts bas)

 

Et avec le taux de chômage des jeunes:

 

PaysTaux de chômage des jeunes
France      24,7%
États-Unis11,6%
Allemagne7,3%
Autriche10,6%
Pays-Bas11,3%
Royaume-Uni14,0%
OCDE13,9%

 

Ce taux de chômage élevé des jeunes est le constat d'échec de leur formation par l'éducation nationale et de l'apprentissage piloté par des hauts fonctionnaires de celle-ci, alors qu'il l'est par les entreprises en Allemagne.

 

L'IREF publie un Index de l'efficacité de la dépense publique . En matière d'éducation, la France occupe la 15e place sur 30 de l'Union européenne, alors qu'elle y consacre 7% de son PIB... Ce ne sont pas les moyens qui manquent, mais l'efficacité.

 

Les pays où il y a le moins de chômage sont ceux où il y a le plus de flexibilité:

 

PaysTaux de chômage
France10,5%
Allemagne4,7%
Royaume-Uni5,1%
Danemark6,4%
Pays-Bas6,5%
Autriche5,1%

 

Pour ce qui concerne les entreprises:

 

- la Banque Mondiale fait le classement Doing Business: la France y occupe le 31e rang sur 122.

- s'il est difficile de créer une entreprise en France (51 jours), le plus difficile est de la développer:

  • les taux de prélèvements obligatoires sont élevés:

 

PaysTaux de prélèvements obligatoires
France66.0%
Allemagne46,8%
Royaume-Uni 35,5%
Singapour27,6%

 

  • le taux de marge est passé de 31,7% en 2007 à 28,4% en 2013 et il y a 10 points d'écart par rapport à la zone euro
  • le capital est taxé 5 fois plus que les revenus
  • 90% des autoentrepreneurs gagnent moins que le SMIC, mais sortent des chiffres du chômage
  • beaucoup d'entreprises sont créées mais 55% d'entre elles, des TPE (très petites entreprises) n'ont pas de salariés: elles n'embauchent pas à cause des réglementations, des taxes, des impôts, du manque d'argent pour se développer (sur 3 millions d'entreprises,    5 000 seulement dépassent les 10 salariés)
  • 52% des entreprises créées n'existent plus après 5 ans d'activité
  • en France il existe 5 000 ETI (entreprises de taille intermédiaire) contre 10 000 au Royaume-Uni et 12 000 en Allemagne
  • parmi les 35 entreprises les plus performantes, 30 ont été créées il y a entre 40 et 50 ans: en France il n'y a pas de nouvelles entreprises créées telles qu'Amazon, Google ou Uber et les petites entreprises ne se développent pas suffisamment
  • alors que le taux d'imposition des sociétés, IS, est passé de 30 à 20% au Royaume-Uni, il est resté le même en France, à 33.33%
  • le tableau suivant montre les taux d'imposition d'il y a 3 ans et les rentrées fiscales correspondantes, c'est la confirmation de la courbe de Laffer (l'Irlande a un taux d'IS 3 fois moindre que la France et des rentrées fiscales supérieures...):

 

PaysTaux d'ISRentrées fiscales en % du PIB
Norvège24.0%11%
Luxembourg17,1%5,0%
Grande-Bretagne26,7%3,0%
Belgique17,1%3,0%
Irlande12,5%2,6%
Canada27.0%3,7%
France34,0%2,5%

 

  • les gazelles, ces PME qui se développent très vite, sont au nombre de 200 000 au Royaume-Uni et de 50 000 en France. Cela s'explique par les réglementations, les impôts et les taxes, mais aussi par le financement: il y a en France 4 500 business angels (investisseurs privés) contre 45 000 au Royaume-Uni
  • les créations d'emplois publics et privés dans les deux pays sont très différentes:

 

2010-2015Royaume-UniFrance              
Emplois publics créés- 631 000+ 300 000
Emplois privés créés + 2 500 000+ 36 000

 

Pourquoi cette situation?

 

Les causes qui font fuir les entrepreneurs sont connues:

 

- les dépenses publiques: 57% du PIB

- la dette publique: 95,2% du PIB

- les prélèvements obligatoires: 47% du PIB

- un code du travail qui tombe des mains.

 

Selon l'IREF, pour réformer la France, il faut réformer l'école et l'IREF est:

 

- pour le chèque-éducation

- pour la concurrence

- pour l'autonomie au sein des écoles, pour donner de vrais pouvoirs aux chefs d'établissement, sur le modèle, par exemple, des academic schools du Royaume-Uni (ils peuvent embaucher et licencier les enseignants, trouver de l'argent etc.)

- pour le changement des manuels d'économie: l'IREF a fait, il y a 3 ans, une étude sur une dizaine de manuels d'économie de premières et de terminales:

  • la plupart d'entre eux critiquent l'entreprise et les chefs d'entreprise
  • ils citent Alternative économique, mais pas les think tanks libéraux
  • ils ne dressent pas de portraits de chefs d'entreprise

- pour le retrait de l'apprentissage des mains de l'Éducation nationale: ce devrait être aux entreprises de décider ce qu'il faut faire, comme en Allemagne ou en Suisse, où le chômage est beaucoup moins élevé.

 

Plus généralement l'IREF est:

 

- pour la flexibilité (en Allemagne les entreprises de moins de 10 salariés ont la liberté totale de licencier)

- pour l'instauration de plusieurs SMIC en France (il y en a 4 au Royaume-Uni), à défaut de le supprimer

- pour le contrôle des chômeurs et pour la concurrence des assurances-chômage

- pour les job centers: les commerciaux sont rémunérés en fonction du nombre de personnes qu'ils ont réussi à placer

- pour réduire le Code du Travail à 50 pages, comme en Suisse (en Allemagne il n'y a pas de Code du Travail mais des accords par branches)

- pour la flat tax à 2 et 15%

- pour l'IS à 25% pour être dans la moyenne européenne

- pour moins d'État (il y a 1 million 600 000 fonctionnaires de plus que la moyenne de l'OCDE)

- pour la suppression de l'ENA

- pour la suppression du paritarisme qui est aux mains des syndicats

- pour la suppression des aides aux entreprises

- pour la création de fonds de pension (ce ne sont pas seulement des retraites, mais des emplois).

 

Certains candidats à la primaire de la droite et du centre ont repris un certain nombre de ces propositions. Il ne faut pas désespérer. Il faut continuer à se battre. Et c'est ce que veut faire l'IREF dans les années à venir.

 

Francis Richard

 

Articles précédents:

7e Week-End de la Liberté à Dax 1/5

7e Week-End de la Liberté à Dax 2/5

7e Week-End de la Liberté à Dax 3/5

7e Week-End de la Liberté à Dax 4/5

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5 novembre 2016 6 05 /11 /novembre /2016 16:30
7e Week-End de la Liberté à Dax 4/5

Samedi 24 septembre 2016

 

20 heures

 

A l'hôtel Sourcéo de Saint Paul-Lès-Dax,  les conférences du dîner du 7e Week-End de la Liberté, organisé par le Cercle Frédéric Bastiat, avec le concours de

- l'ALEPS

- l'ASAF

- Contribuables Associés

- l'Institut Coppet

- l'iFRAP

- l'IREF Europe

- Students For Liberty - France

sont consacrées l'une aux Migrations européennes en 2015 et l'autre à L'Europe: le libre échange, la libre circulation des personnes et des biens.

7e Week-End de la Liberté à Dax 4/5

Jean-Paul Gourévitch, consultant international, est l'auteur de plusieurs études sur l'immigration et l'expatriation pour Contribuables associés. Sa dernière étude a pour objet les Migrations européennes en 2015, thème de la conférence de ce soir.

 

Le conférencier, en préambule, rappelle le déchaînement médiatique que lui a valu la parution, le 11 septembre 2014, de son livre Les migrations pour les nuls aux éditions First, un ouvrage de 400 pages pourtant très documenté et aussi objectif que possible en la matière.

 

Jean-Paul Gourévitch a dû ce déchaînement à une dépêche de l'AFP, rédigée par une journaliste militante qui n'a rien trouvé de mieux que de dire que l'auteur était intervenu auprès d'organismes de droite en omettant de parler de ses interventions auprès d'organismes de gauche ou apolitiques.    

 

A cette occasion, il a pu se rendre compte qu'il était impossible d'obtenir un droit de réponse à une dépêche de l'AFP ni aux médias qui s'étaient contentés de la reproduire. De ceux qui en avaient rajouté, il a pu l'obtenir.

 

A la faveur de ses droits de réponse Jean-Paul Gourévitch a prédit des migrations en Europe de l'ordre de 1 million à 1 million et demi en 2015. Ce sont des chiffres qui ont été corroborés par la suite par Eurostat... A l'époque d'aucuns les avaient cependant considérés comme un fantasme d'expert et l'avaient traité lui de compagnon de route de la fachosphère...

 

Les migrations d'une telle ampleur, que l'Europe a connues en 2015, posent un problème financier et un problème sociétal.

 

Le coût de l'immigration a été un sujet tabou pendant 20 ans, grosso modo de 1987 à 2007. Le premier ouvrage sur la question, L'immigration sans haine ni mépris, est rédigé par Pierre Milloz pour le compte du Front national... mais elle comporte cette mention: L'immigration, une malchance pour la France.

 

En 2010, il devient possible de parler du coût de l'immigration sans se faire traiter d'extrémiste de droite ou de compagnon de route de l'extrême-droite, ou d'être considéré comme instrumentalisé par l'extrême-droite.

 

En effet, cette année-là, Xavier Chojniki, professeur de l'Université de Lille, tire la première salve. Dans une étude il conclut à un bénéfice de l'immigration de 12 milliards €, autrement dit ce que payent les immigrés est largement supérieur à ce qu'ils reçoivent de l'État.

 

En 2012, Chojniki publie un ouvrage avec Lionel Ragot, L'immigration coûte cher à la France. Qu'en pensent les économistes?, le bénéfice, basé sur des chiffres de 2005 et relatif à l'immigration légale, y est ramené à 3,9 milliards €. 

 

Tous les autres experts qui travaillent sur la question sont arrivés à des déficits. François Gemenne est le plus près de zéro: ses calculs le conduisent à un déficit de 3 à 5 milliards €, tandis que l'OCDE arrive à un déficit situé entre 3 et 10 milliards €. Marine Le Pen parle de 70 milliards de déficit...

 

Pour sa part, Jean-Paul Gourévitch situe le déficit à 8,9 milliards € (la balance recettes-dépenses de l'immigration régulière est déficitaire de 5,6 milliards et celle de l'immigration irrégulière de 3,3 milliards), auquel il convient d'ajouter les investissements de l'État.

 

Parmi ces investissements pour l'intégration des migrants, à hauteur de 6,9 milliards €, il y a:

- des investissements rentables tels que la formation, l'amélioration du logement ou la politique de la ville, mais cette rentabilité n'est pas mesurable.

- des investissements non rentables tels que l'aide au développement (dans le domaine de laquelle le conférencier travaille): cette aide devait permettre de limiter l'immigration, or c'est exactement le contraire qui s'est produit...

 

En 2015, Jean-Paul Gourévitch s'est intéressé au coût des demandeurs d'asile, au nombre de 79 130. En incluant le coût des migrants irréguliers non demandeurs d'asile, il parvient à un montant de 1,380 milliard € de coût des migrations irrégulières. Ce qui n'est pas énorme mais s'ajoute au déficit annuel.

 

En tout cas c'est un domaine dans lequel on pourrait faire des économies financières et des avancées sociétales (une majorité de Français sont en situation de rejet de l'arrivée de migrants).

 

La droite et la gauche sont d'accord sur deux choses. Il faudrait:

- traquer la fraude à l'identité: l'industrie des faux papiers est en plein développement de part et d'autre de la Méditerranée (200 000 par an selon Christophe Naudin et 15 000 selon la police de l'air et des frontières)

- traquer les passeurs: 3 000 selon une étude de Jean-Christophe Dumont de l'OCDE, mais, comme les Allemands en ont arrêté 1 500 en 2014 et à peu près autant en 2015, on aurait dû constater leur disparition: il devait y en avoir davantage ou leur nombre continue d'augmenter...

 

En fait plusieurs autres actions pourraient être entreprises:

- réduire une partie des subventions aux associations d'aide aux migrants: 50 millions sur les 200 millions € annuels

- faire contribuer les migrants aux frais de santé: paiement d'une cotisation de 50 €, qui permettrait un suivi médical de ces personnes

- faire contribuer les migrants aux frais de justice: paiement de frais de dossier de 200 €, remboursables en cas d'acceptation (18 mois de délai des recours, rejetés à 80%)

- appliquer les décisions concernant les déboutés (96% des déboutés restent en France selon la Cour des Comptes).

 

Jean-Paul Gourévitch évalue ces économies possibles, résultant de mesures raisonnables, à un total de 764 millions €, c'est-à-dire à plus de la moitié du 1,380 million € de coût total des migrations irrégulières.

 

Pour ce qui concerne le problème sociétal, ce problème est un mélange de rejet, de xénophobie et d'islamophobie.

 

Il y a en France 8,5 millions de musulmans, et non pas 4 millions comme le disent des gens comme Chevènement qui en sont restés aux années 1990: il y en avait déjà 5,5 millions en 1998 selon Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, et 6 millions en 2002 selon Bruno Etienne, président de l'Observatoire du Religieux. On ne voit pas comment 2 millions se seraient évaporés... d'autant qu'il y a de plus en plus de migrations et un différentiel de natalité.

 

Sur ces 8,5 millions, il y a environ 4 millions de musulmans actifs. Sur ces 4 millions, il y a environ 150 000 personnes qui sont proches intellectuellement de l'islamisme radical, mais pacifistes, et, sur ces 150 000, il y a environ 15 000 activistes, qui sont tout à fait prêts à commettre des attentats.

 

Compte tenu de cela, on comprend la peur, on comprend un certain rejet de l'islam que Jean-Paul Gourévitch ne confond pas pour autant avec l'islamisme.

 

Si on se projette un petit peu dans le futur, on a trois grands scénarios:

- le scénario diabolique de l'affrontement, avec ses variantes: l'invasion, la natalité, l'islamisation

- le scénario angélique du vivre ensemble, avec la multiculturalité, avec le métissage social ou avec le développement solidaire

- le scénario de la frontière, auquel on n'est pas préparé, le scénario de la coexistence, le scénario du vivre côte à côte, avec le risque de conflit quand une communauté veut intervenir chez la communauté voisine.

7e Week-End de la Liberté à Dax 4/5

Jacques Garello, président d'honneur de l'ALEPS, va répéter la conférence qu'il a faite devant le Cercle Frédéric Bastiat, le samedi 8 juin 1991, sur le thème L'Europe, super État à l'américaine ou Confédération à la Suisse?, puisque rien n'a changé depuis...

 

Le sommet européen de Bratislava vient de se terminer sur un échec. Matteo Renzi a qualifié l'Europe d'Angela Merkel et de François Hollande de sans âme et sans horizon. Joseph Stiglitz, le plus fantaisiste, le plus hétérodoxe et sans doute le plus nul des prix Nobel, a recommandé la sortie de l'euro pour l'Allemagne afin de sauver l'Europe: ceux qui resteraient dans la zone bénéficieraient d'une dévaluation compétitive...

 

L'Europe est un sujet important, un choix stratégique, et qui n'a jamais été fait.

 

Dans l'actualité, l'importance de l'Europe n'est pas niable, avec:

- Le Brexit (bien malin est celui qui pourra dire quel chemin emprunteront l'Angleterre et l'Europe)

- L'immigration (qui ne se résoudra pas dans des États-providence où en prenant aux uns pour donner aux autres on crée des privilèges, à l'origine des haines entre les gens)

- Le traité de libre-échange entre les États-Unis et le Canada d'une part et l'Union européenne de l'autre (qui suscite des oppositions, notamment en Allemagne).

 

L'Europe est déterminante pour la France:

- 2/3 des textes votés par les parlementaires français sont des textes d'introduction dans le droit français de directives données par Bruxelles

- la politique monétaire et budgétaire est guidée par les choix keynésiens et socialistes effectués par la Banque Centrale européenne (des milliards d'euros ont été mis sur le marché financier pour prétendument relancer la machine, selon le précepte que plus on dépense, plus on s'enrichit...)

- l'harmonisation fiscale est un objectif poursuivi par Bruxelles: il est scandaleux que les taux d'imposition des sociétés soient de 12% en Irlande et de 33% en France, que les impôts sur le revenu ne soient pas partout les mêmes, ce qui incite des Français à déménager en Belgique ou en Suisse...

- les élites françaises partent pour des pays où leurs efforts seront récompensés. 

 

L'Europe souffre d'un mal depuis sa création: elle n'a pas voulu choisir ce qu'elle allait être. Elle a refusé de faire un choix. Le problème est que le choix, maintenant, devient une contrainte.

 

Dès le début, il y a deux Europe:

- celle des vrais pères (Robert Schumann, Konrad Adenauer et Alcide De Gasperi):  travailler ensemble est la garantie de vivre en paix; la dimension institutionnelle n'est pas envisagée

- celle des structures (Jean Monnet), des techniciens, de la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier, d'Euratom etc.

 

Deux Europe s'opposent et se superposent: l'Europe de la planification et l'Europe du laissez-se-développer:

- le Traité de Rome (1957): c'est à la fois le marché et le libre commerce, et la politique agricole commune

- l'Acte Unique (1986): c'est à la fois une poussée vers l'Europe marchande et une poussée vers l'Europe planifiée, avec l'Union monétaire (ajoutée à l'instigation de Jacques Delors), qui induira les politiques monétaire, budgétaire et industrielle...

 

La Chute du Mur de Berlin, en 1989, a fait naître un grand espoir, vite contrebattu par les fonctionnaires de Bruxelles. Et le choix n'a jamais été fait clairement entre:

- l'Europe de la centralisation, de la planification, et celle de la liberté de circulation des personnes et des biens

- l'Europe du droit imposé et celle du droit fruit d'une lente évolution sociale

- l'Europe du pouvoir et celle de l'espace.

 

Un exemple de la vertu de concurrence est celui de la TVA sur les véhicules qui se vendaient TTC: en France, taxés à 30%, ils étaient confrontés à la concurrence des véhicules allemands taxés à 17%. En deux mois, la TVA sur les véhicules français a dû être baissée de 10 points... Cela n'empêche pas d'aucuns de considérer que la concurrence est horrible, même si elle est toujours bénéfique pour le consommateur...

 

Ce non-choix a conduit à une Europe toujours plus centralisée, plus socialisée, une Europe où l'État-providence est la règle.

 

Aujourd'hui le choix doit être fait parce que les Européens ne sont pas les maîtres de leur stratégie: ils sont intégrés dans un espace qui est beaucoup plus large. S'ils veulent se refermer sur eux-mêmes et se donner un pouvoir central, ils seront détruits. Pèsent sur eux deux hypothèques:

- la première: ils vont se disputer entre eux (l'Europe type Merkel n'est pas l'Europe type Hollande)

- la deuxième (la plus lourde): ils vont être balayés par la mondialisation (l'Europe surchargée de règlements et d'impôts n'est pas compétitive)

 

L'Europe peut imaginer cependant être celle des espaces ouverts, des espaces de libre-échange, ce qu'elle a été à la Renaissance et au XIXe siècle. Le libre-échange est en effet bon pour les gens les plus modestes: c'est le vrai progrès social, qui naît de la concurrence et de la liberté.

 

Le libre-échange n'a jamais signifié la division du travail, la spécialisation internationale. 2/3 du commerce mondial est fait d'échanges croisés: les Français exportent des voitures vers l'Allemagne, les Allemands en exportent vers la France etc.

 

Ce qui existe, c'est la communication entre les gens et la circulation des idées: peu à peu on s'enrichit parce qu'on voit ce que les autres font. Ce n'est donc pas la division du travail, c'est la division du savoir. Voilà l'intérêt de l'échange, l'intérêt du marché: permettre d'accéder sans cesse à ce qu'il y a de mieux pour tout le monde.

 

Quand, au contraire, on refuse au véhicule du savoir d'entrer, parce que, justement, on ne sait pas faire, cela veut dire que l'on n'est pas prêt à fragmenter son travail, à diminuer ses impôts et sa réglementation. Comme on n'est pas compétitif, on dit au véhicule de rester à la rue.

 

Mais, aujourd'hui, c'est l'Europe qui va rester à la rue, ou certains pays d'Europe, qui continueront à prendre l'Europe pour une forteresse contre le reste du monde.

 

L'Europe forteresse est une catastrophe. Les protectionnistes français disent, comme du temps de Bastiat: Ce n'est pas tellement pour nous, c'est pour l'intérêt général. Dans La pétition des marchands de chandelles, Bastiat disait qu'il fallait les protéger de la concurrence du soleil en fermant portes et volets...

 

Le protectionnisme est en fait une démagogie invraisemblable. On fait remarquer que ce ne sont pas les privilèges des fonctionnaires qu'on défend, ce n'est pas la SNCF, ce n'est pas l'URSSAF. Ce qu'on défend, dit-on, c'est l'intérêt général français. C'est dramatique:

 

L'échange est une rencontre libre entre des hommes libres. Si vous supprimez l'échange, si vous ne libérez pas l'échange, naissent l'incompréhension, puis, après l'incompréhension, la xénophobie, et, après la xénophobie, la guerre.

 

Entre 1930 et 1938, le commerce mondial a été divisé par 8. Les échanges étaient réduits à de purs trocs, négociés de gouvernement à gouvernement. Ce qui s'est passé? L'autre est devenu l'ennemi. Il y avait une crise? Ça venait de l'étranger. On a dit: Fermons les frontières. Enfermons-nous chez nous. Et puis la crise sera vaincue. Mais c'est la guerre qui est advenue.

 

Les dirigeants de l'après Deuxième Guerre mondiale ont eu l'intelligence de signer la Charte de La Havane (1947) parce qu'ils se sont rendus compte que, si cette guerre avait eu lieu, c'est parce qu'il y avait eu une flambée de nationalisme et de haine entre les peuples. Ils ont dit qu'il fallait faire tout ce qu'on pouvait pour aller vers le libre-échange:

- les tarifs douaniers ont été réduits, puis ont disparu

- les contingentements, les quota ont été supprimés

 

L'Europe l'a fait, en traînant les pieds...

 

Méfions-nous des discours nationalistes, patriotiques - aujourd'hui on embellit même le vice. Ces discours ne prédisposent-ils pas à haïr celui qui vient de l'étranger? Cela va poser des problèmes à l'intérieur des frontières et à l'extérieur des frontières.

 

L'Europe divisée a des racines communes. On a honte de dire que ces racines communes sont celles de la chrétienté, non pas en raison du sacrifice du Christ, qui est remarquable pour le croyant que Jacques Garello est, mais parce que la chrétienté est synonyme d'amitié, d'amour réciproque, de reconnaissance et de respect des autres, de responsabilité.

 

L'Europe va-t-elle prendre la voie de la liberté, de la responsabilité et de la dignité de la personne humaine, ou va-t-elle s'enfermer dans la protection, la collectivisation? Ses enfants seront-ils marqués par le déficit de connaissance et d'éducation, qui leur auront été inculquées à travers un système de monopole public?

 

Il faudra bien que la France et que l'Europe choisissent.

 

Francis Richard

 

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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